mercredi 23 janvier 2008

La vision Attali...


Nous y sommes...
Notre monde a enfin trouvé son guide vers la monarchie marchande modestement baptisée libéralisme !

Cette vision de notre société, cette promesse de... survie (pour... la fange !) qui va éclore en ce jour d'hiver, m'invite à vous offrir quelques passages de mon conte impertinent Au Plaisir d'ENA (éditions DGP Québec Canada 2001) tellement politiquement incorrect qu'il a dû trouver un éditeur chez nos cousins d'outre Atlantique !

Pour... le plaisir !

(...)
Le chef d'ENA serait choisi par la Forme d’Homme parmi les valides de la fange (pas tordus, pas estropiés, pas rêveurs), pour la couleur de ses yeux, la taille de ses mains et l’importance de son appétit. Mais, surtout, le volume de sa tête serait retenu comme critère fondamental et déterminant. Plus la tête sera grosse, ronde et lisse, plus il est convenu qu’il sera un bon chef d’école.
Ainsi, le premier chef fut celui qui rebondissaient le mieux à chaque fois que la Forme d’Homme le frappait violemment du plat de la main, celui aussi qui résonnait le plus puissamment et le plus longuement sous la gifle.
Le choix fut reconnu et admis par tous.
Il était le bon !

Mais puisqu’un vrai chef ne se reconnaît réellement qu’au nombre des sous-chefs qui lui obéissent, celui-là se donna comme première tâche, et des plus importantes, de s’en choisir une kyrielle. Il rechercha les mêmes qualités. Les trouva.
Les sous-chefs engagés, il les relia à lui, de tête à tête, par une sorte de tube transparent qui véhiculait, en lente procession, des milliers de bulles à reflets verdâtres.
Les sous-chefs ressemblaient fort au chef, à la différence toutefois de la tête qu’ils avaient plus petite, beaucoup plus petite, mais tout aussi ronde et lisse.
Ces sous-chefs reçurent pour mission exclusive d’animer une horde de maîtres globuleux à la tête tellement rétrécie qu’elle se pouvait prendre pour un bouton de fièvre sur un sein de sorcière.
Ils n’attendirent pas longtemps, ces maîtres, pour savoir ce qu’ils auraient à faire dans la nouvelle organisation énaïque. Avant de faire le premier pas de sa neuve vie, chacun reçut une spécialité et l’ordre de la transmettre à tous, notamment ceux qui seraient appelés à fréquenter l’Ecole. Au total, sept mille sept cent septante-sept spécialités, toutes filles des trois piliers fondamentaux de la nouvelle sagesse :

la SOCIOCRYPTOELUCUBROLOGIE
la POLITICOMAGOUILLOTHERAPIE
la GESTIOFISCOTROMPOLOGIE.

Trois spécialités mythiques, trois sciences presque exactes, trois grandes lumières sans lesquelles l’action sur la fange ne serait que miction de prostatique !
(...)
Par éjaculations successives, les ordres des génitures énaïques assénés à la fange avaient profondément modifié la vie à bord.
D'abord, les hublots avaient été occultés, puis interdits les échelles et escaliers d’accès aux ponts supérieurs, condamnées les écoutilles, réduites les manches à air à la plus étroite nécessité de passage du plus maigre flux de survie.
Enfin, en application des lois des trois sciences fondamentales, les préceptes de la nouvelle philosophie politique -formule récemment inventée par l'Ecole- visaient à maintenir la fange dans son état originel, ni plus, ni moins, mais fange désormais parfaitement ordonnée, soumise et -ils l’affirmaient sans cesse avec force- violemment aimée.
Des études sérieuses et théologopoliticoscientifiques menées par les rejetons des sociocryptoélucubrologues, les multiples héritiers des politicomagouillothérapeutes et les innombrables clones des gestiofiscotrompographes venaient de mettre en évidence l’impérieuse obligation pour la fange, afin que son bienheureux équilibre se maintînt, de demeurer pour l’éternité en l’état où elle était, là où elle était et comme elle y était. Il y allait de son bonheur, de son bien-être, de sa sécurité, de son épanouissement et, pour tout dire, de son seul moyen d’exister.
Peut-être même de sa seule vraie raison d’exister !
Et la fange l’avait compris qui avait fini par se trouver bien dans sa mollesse nauséabonde que certains commençaient à prendre pour un nirvanesque état d'apesanteur.

Comment aurait-il pu en être autrement ?
Les politicomagouillothérapeutes ne cessaient de s’occuper d’elle. Les sociocryptoélucubrologues la choyaient sans relâche. Quant aux gestiofiscotrompographes, leur sollicitude n’avait d’égal que leur empressement à lui résoudre tous les problèmes avant même leur apparition !
(...)
Il arrive parfois (souvent) que la réalité dépasse la fiction !
A votre service pour la suite, sur mon blog ou... dans les journaux papier, radio, télévisés !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

belle analyse, vous écrivez bien, merci de passer en ma chaumière, et vous m'avez laissé sous la photo des cruches un beau com sur l'eau, je vous ai mis en bas à droite ds 1 rubrique juste pr vous depuis l'attaque des valdenaire et pour montrer combien je vous soutiens vous et ce beau livre écrit sur Julie-victoire, mon aïeule, en ce moment, je suis petite vitesse car j'ai eu des problèmes de santé, ah les 60 ans (depuis le mois d'août dernier), amicalement, merci de m'avoir laissé votre adresse blog, be happy

Dodo a dit…

Excellent ces trois principes qui meuvent le gouvernement!
Je suis étonnée d'apprendre la réticence des éditeurs français!