dimanche 13 novembre 2016

Malek CHEBEL... le velours de ta voix.


Cher Malek,
Nous ne sous saluerons plus sous les chapiteaux peuplés de libraires, de lecteurs et d’auteurs, quelque part en France.
Notre rencontre date de plusieurs années, au salon du livre de Nice.
Le libraire nous avait installés côte à côte.
Ton rayonnement m’impressionnait, et ton calme, et ton sourire généreux.
Tu as tourné vers moi ton regard bienveillant.
Tu m’as salué.
Alors, je me suis approché de toi, et nous avons parlé.
Nous nous sommes retrouvés souvent, toujours au milieu des livres et de leurs amoureux.
La dernière fois que nos mains se sont jointes, voilà quelques petits mois, tu as accepté d’être l’invité futur de l’un des dîners littéraires que j’anime chaque mois à Vittel.
Mais j’avais lu des traces de fatigue sur ton visage.
Tu ne viendras pas.
Je garderai de toi le souvenir d’un Homme rare qui connaissait bien le sens des mots Fraternité et Fidélité.
Toi, le lecteur, l’analyste assidu du Coran,
Toi qui nous as révélé dans ce Texte sacré toutes les invitations à partager l’Amour,
Toi qui as rendue évidente la puissance de Paix d’un Islam authentique,
Toi qui as mis en pleine Lumière le Féminin, essence même de toute vraie spiritualité…
Tu viens de quitter la scène au moment même où notre monde a le plus grand besoin de ta présence.
Ta pensée vive va nous manquer.
Mais tu nous laisses des dizaines d’études et de livres, fruits d’une vie de travail tout entière offerte à l’humanité sans réserve d’énergie aucune.
A nous de continuer maintenant dans les voies que tu as ouvertes, de respect de tous par chacun, et de chacun par tous.
Merci, mon cher Malek.
Je n’oublierai jamais le velours de ta voix.
Bon Chemin !
Salut et Fraternité.



samedi 5 novembre 2016

SNCF... Marre sur toute la ligne !



SNCF… Marre sur toute la ligne !

Sous la présidence de Guillaume Pepy, au prétexte qu’elles ne sont pas suffisamment utilisées, la SNCF vient d’annoncer la fermeture de deux lignes ferroviaires du nord-est : Nancy/Merrey et Saint-Dié-des-Vosges/Strasbourg. Les trains seront remplacés par des autocars, peut-être même par des diligences (comme, à la Poste, les facteurs remplacés par des pigeons voyageurs !)
Il est bien évident que, quand on est né dans une famille de la haute bourgeoisie de Neuilly-sur-Seine, quand on a fait ses études dans des écoles privées fréquentées seulement par des filles et fils à papa proches déjà des lieux de pouvoir, quand on a pour expérience de vie sociale celle très riche que procure l’ENA, quand on a pour connaissance du pays, de ses profondeurs et de ses populations celle qu’offre la traversée des campagnes à 320 kilomètres/heure à bord de TGV (gratuits pour lui !), on peut se dire que supprimer des lignes de chemin de fer du fin fond du pays n’a aucune conséquence sur sa vie quotidienne !
Mais quand on bosse à cinquante kilomètres de chez soi, quand on vit à Mirecourt ou à Saales, quand on n’a pas les moyens de se faire transporter au frais de l’Etat dans de confortables limousines, quand on est élu et que l’on travaille à la mise en valeur économique des campagnes de France, quand on est entrepreneur et que l’on veut créer une activité ou une nouvelle unité de production, on se rend compte que le train est indispensable, comme tous les autres services publics.
Et quand on a la curiosité (ou le courage) de repérer sur une ligne ferroviaire des lieux aussi extraordinaires que Mirecourt (déjà cité-hier encore capitale de la lutherie), Vittel et Contrexéville (centre thermaux qu’il est inutile de présenter, sauf aux natifs et résidents de Neuilly qui n’ont pour horizon que le bois de Boulogne et les palais présidentiels parisiens), on peut se dire qu’il faut y réfléchir à deux fois avant de prendre une décision lourde de conséquences de tranchage du cordon ombilical.
Hier, c’était la suppression des arrêts en gare de Neufchâteau et l’obligation faite à ses habitants et à ceux de la région de seulement regarder passer les trains en ruminant…
Aujourd’hui, c’est plus radicalement encore, l’obligation de transformer l’ancienne voie ferrée en… piste cyclable pour d’improbables touristes, voire en route d’exode comparable à celui vécu en d’autres temps dans notre pays !
Les Vosgiens, les Lorrains, les Alsaciens, les Français dits « ruraux » (par distinction avec les prétendus « urbains ») en ont marre !
MARRE d’être considérés comme des sous-citoyens dans un pays républicain dont la devise officielle est toujours, jusqu’à preuve du contraire : « Liberté – Egalité – Ftarernité » !
MARRE de constater chaque jour davantage qu’une poignée d’individus qui émargent à 450 000 euros d’émoluments par an, sans compter les avantages en nature attachés à leur fonction, prennent des décisions qui les privent de ce qui leur est essentiel et vital : le SERVICE PUBLIC !
MARRE de ce retour aux privilèges de quelques-uns développés au détriment de tous les autres condamnés à se satisfaire des miettes d’un gâteau pourtant produit par tous.
MARRE de constater que des dirigeants prétendus « grands » d’entreprises nationales ne font pas le travail (royalement rétribué) confié à eux par les citoyens (qui les paient), laissent se dégrader les équipements publics au point de n’avoir plus d’autre solution (disent-ils) que de les… fermer !
Dans n’importe quelle entreprise privée, on parlerait, à juste titre, d’incompétence.
Or, cette incompétence est contagieuse !
Aujourd’hui, ces gens qui n’ont pas fait leur boulot décident de remplacer les trains par des autocars parce que -disent-ils, reconnaissant implicitement leur incurie- les voies ferrées souffrent d’un manque d’entretien chronique.
Demain les routes (déjà très malades à cause de l’étranglement des finances locales par l’Etat !) ne supporteront plus la circulation sans risques de ces autocars de remplacement.
Alors, les clones de ces « grands serviteurs de l’Etat » supprimeront ces autocars et fermeront ces routes.
Alors, dans nos campagnes des Vosges, de Lorraine, d’Alsace, de France, nous irons à vélo (à condition d’avoir encore les moyens d’en acquérir, puisque les entrepreneurs ayant quitté ces lieux de mort sociale, il n’y aura plus de travail dans ces déserts, donc pas de salaires), ou à cheval nourri à l’avoine de Monsanto !
Autrefois, Vittel, station thermale de notoriété mondiale, était accessible par avion. La piste de l’aérodrome sacrifié aboutissait presque au seuil de ses hôtels bondés.
Aujourd’hui, Vittel souffre d’un train cacochyme qui la jette au bout du monde connu.
Demain, accessible uniquement par des chemins montants, sablonneux, malaisés (merci  La Fontaine), cette belle station thermale finira de mourir avec sa sœur Contrexéville au milieu des vestiges de leur splendeur passée, leurs populations avec elles.
MARRE de ces assassinats de régions à répétition !
MARRE, Monsieur Pepy !
Même si, loin de vos palais, nous pouvons passer pour des citoyens de seconde zone, souvenez-vous que…
NOUS, gens des campagnes de France,  NE SOMMES PAS DES SOUS-CITOYENS !
Le souvenir de Brétigny-sur-Orge vous fait peur ?
Alors mettez-vous au boulot pour éviter de nouvelles catastrophes en assurant aux Français le service public auquel ils ont droit.
Nous vous en saurons gré.
A bon entendeur…
Salut et Fraternité !

lundi 24 octobre 2016

Frédéric, le roman de Chopin


Frédéric, le roman de Chopin
par  Christophe de Jerphanion (Joyeux Drille)

Frédéric Chopin, né en 1810, mort en 1849, c'est le thème de notre roman du soir. 
Gilles Laporte, auteur de "Frédéric, le roman de Chopin", chez MA Editions, retrace ce destin particulier, tragique et romantique, depuis la fondation de sa famille, au début du XVIIIe siècle, en Lorraine, jusqu'à sa mort prématurée, rongé par la tuberculose, en passant par Majorque et son fameux séjour sur l'île, pas du tout idyllique, aux côtés de George Sand... 
Une lecture à faire en musique pour découvrir ou redécouvrir le destin d'un génie fulgurant...

 "Chapeau bas, Messieurs, un génie !" (Robert Schumann).

Avouez que le compliment n'est pas mince, surtout lorsqu'il émane d'un musicien aussi talentueux que Robert Schumann... Celui qui reçoit un tel éloge est un autre pianiste, dont le destin tragique est au coeur de notre livre du jour. Vous connaissez tous son nom, certains morceaux qu'il a composé. Ses origines, sa vie, son peut-être moins connues. Des biographies de Frédéric Chopin, c'est donc de lui dont il s'agit, il en existe sans doute beaucoup. En voici une qui adopte le ton romanesque pour retracer le parcours éclair de cet homme passionné, rongé par la maladie, à la vie tourmenté, tant professionnellement que sentimentalement. "Frédéric, le roman de Chopin", de Gilles Laporte (paru chez ESKA/MA Editions), revient sur ce destin qui semble épouser parfaitement la définition du romantisme. Et ceux qui connaissent l'auteur et son oeuvre ne seront pas surpris, la Lorraine et les femmes sont très présentes dans ce livre.. Le 1er mars 1810, à Zelazowa Wola, en Mazovie, Fryderyk Franciszek Chopin. Nicolas, son père, Lorrain d'origine, a quitté la France en 1787 pour venir vivre en Pologne, où il gagné sa vie comme précepteur, et sa mère, Justyna, qu'il a rencontrée lorsqu'il travaillait pour la famille Skarbek. Il est leur deuxième enfant et leur seul garçon.

La famille s'installe à Varsovie, Nicolas, devenu Mikolaj, enseigne le français, mais Frédéric, lui, se sent Polonais, dans une période où le pays peine à exister, régulièrement envahi par ses encombrants voisins, Autrichiens et Russes en alternance... Tout en commençant sa carrière musicale, c'est donc un garçon concerné par le sort de sa Nation que l'on découvre, qui s'engage pour la Pologne.

Et, en 1830, lorsqu'il quitte son pays natal, tombé aux mains des Russes, il sait que c'est pour longtemps, peut-être pour toujours... Malgré tout, il restera Polonais dans l'âme, entretenant la flamme avec des amis d'enfance et des compatriotes eux aussi en exil à Paris et qui l'accompagneront au long de son existence.

Mais, Chopin a beau être considéré comme un virtuose hors norme, un génie, même, par nombre de ses contemporains, il lui faut travailler énormément pour vivre décemment. Un rythme de vie qui n'est pas favorable à sa santé fragile. Depuis longtemps, Frédéric tousse, mais hors de question de parler de phtisie, non, ses problèmes n'ont rien à voir...

Drôle de façon d'exorciser le mal qui va le ronger lentement et finira par l'emporter, comme il emporta sa jeune soeur, Emilie, en 1827... Suivre la vie de Chopin, c'est aussi suivre l'évolution de cette maladie pernicieuse, en une époque où l'on meurt encore souvent très jeune. La vie de Chopin sera marquée par ces morts prématurées et par l'épée de Damoclès que représente la maladie...

La famille, la nationalité, la musique, la santé... Il faut maintenant parler des femmes. On pourrait s'imaginer le ténébreux Frédéric en séducteur invétéré, ce n'est pas le cas. Il est timide, notre Frycek (son diminutif), mal remis de premiers émois douloureux, lorsqu'il était encore en Pologne. Chat échaudé craint l'eau froide, il est assez prudent, désormais, lorsqu'il s'agit de sentiments...

Et, lorsqu'on évoque le compositeur, bien sûr, on l'associe à George Sand... Evidemment, ce fut la plus longue relation de sa vie, passionnée, mouvementée, tumultueuse, douloureuse... Mais surtout, très longue à naître. Car, si l'écrivaine a été rapidement séduite par Chopin, elle a dû faire le forcing, pardonnez-moi cette expression, pour le conquérir...

La liaison entre Chopin et Sand est un des éléments centraux du roman de Gilles Laporte, on s'en doute, mais ne vous attendez pas à une romance lisse et douce, c'est un vrai chemin cahoteux que les deux amants ont suivi, pendant une décennie, malgré un attachement sincère et réciproque. D'idylle, il n'y eut pas vraiment, en tout cas, pas celle que peut véhiculer l'imaginaire collectif, romantique en diable...

A l'image du fameux séjour à Majorque, qui n'eut rien d'une sinécure, dans tous les sens du mot. Que dire de ce voyage, censé apporter calme et sérénité aux deux artistes, permettre à Chopin de composer et à Sand d'écrire, mais aussi de ménager la santé du pianiste ? Ce fut un vrai cauchemar où rien ne se passa comme espéré...

Là encore, il faut oublier toute dimension romantique à ce séjour, tant l'île et ses habitants vont se montrer hostiles. L'accumulation des soucis est ahurissante, j'en sourirais presque rien que d'y repenser, alors que ça n'a rien de drôle. George Sand va maintenir à flot sa maisonnée pourtant sévèrement secouée par les événements et sa forte personnalité empêcha sans doute le pire.

Mais je dois dire que, sur la durée, le portrait que fait Gilles Laporte de George Sand est assez terrible ! Un vrai tyran domestique ! Son caractère, on l'imagine, était très fort, anticonformiste, sans complexe, se moquant du regard des autres. A côté d'elle, Frédéric Chopin, déjà très affaibli par la maladie et tourné entièrement vers la musique, fait pâle figure.

Dans la dernière partie de leur relation, c'est un personnage dur, insensible, intransigeant que l'on découvre. Et pas seulement avec Chopin, mais avec tout le monde, y compris ses proches, sa fille, en particulier. Mais, la rupture, inévitable, n'arrangera rien et, dans les derniers mois de la vie du musicien, elle conservera cette posture très brutale...

Mais Gilles Laporte est un malin : décrire ainsi un personnage féminin, cela ne lui convient pas, mais pas du tout ! Alors, il fait de l'auteur de "la Mare au diable", par exemple, un personnage ambivalent, sorte de Janus littéraire : lorsqu'elle se montre chaleureuse et aimante, elle est Aurore, lorsqu'elle devient impossible, aigrie, méchante, presque, alors, c'est George qui parle...

Masculin-féminin, l'ambiguïté dans laquelle la romancière a voulu s'établir joue à plein sous la plume de Gilles Laporte. George Sand semble habitée par ces deux personnalités diamétralement opposées qui s'affrontent en elle, en une époque où être femme n'a rien de facile... Mais quelle dureté, pour finir, quelle inexplicable posture !

Pour être honnête, George Sand n'est pas la seule à en prendre pour son grade : Marie d'Agoult, l'épouse de Franz Liszt, a elle aussi droit à un traitement de faveur... Jalouse, aigrie, elle aussi, elle joue les commères avec perfidie dans sa correspondance et n'épargne pas Chopin et Sand, pourtant parmi ses plus propres amis...

Pour autant, n'allez pas croire qu'il y a le martyr Chopin et les horribles harpies. C'est plus délicat que cela, évidemment. Mais, force est de reconnaître que sa vie amoureuse fut difficile, pleine de revers et de déceptions, et qu'on ressent, finalement, une grande solitude chez cet homme, qui ne réussira jamais à s'épanouir dans sa vie sentimentale.

Les femmes sont toutefois très présentes, dans le livre. J'ai un peu construit ce billet à l'envers, comme un entonnoir renversé, mais je reviens donc à des éléments qui apparaissent rapidement : Gilles Laporte a choisi de donner à ses chapitres le nom de femmes marquantes dans l'existence de Frédéric Chopin.

Des parentes, à commencer par sa mère mais aussi sa soeur Ludwika, la seule présente au début et à la toute fin de l'existence de Chopin, des proches, des amies, des amoureuses, qu'il ait pu nouer ou non de liaison avec elles... Toutes ont été présente au fil de la courte existence du musicien, mort à 39 ans seulement, emporté par cette impitoyable tuberculose...

N'imaginez pas pour autant Chopin vivant entouré de femmes et seulement de femmes, il a aussi ses amis proches, dont Eugène Delacroix et ses amis de jeunesse, originaires comme lui de Pologne. La maladie affaiblira aussi sa vie sociale, mais le Chopin qui débarque à Paris juste après les Trois Glorieuses, cette révolution de 1830 qui met fin au règne de Charles X, est un joyeux luron.

L'image, là encore, j'insiste, très romantique, du musicien souffreteux et dévoré par le mal, pressé de composer avant l'inéluctable et fatale échéance, a quelque chose de vrai, mais elle occulte une personnalité qui aurait certainement été bien différente s'il avait été en bonne santé sur une plus longue période.

Je continue ma progression à rebours sur le livre de Gilles Laporte. Avec la dimension lorraine. Gilles Laporte est Lorrain, Vosgien et fier de l'être. Et, outre, j'imagine, une admiration pour le musicien et le compositeur que fut Chopin, c'est pour une autre raison qu'il s'est attelé à raconter la vie du pianiste : parce que ses racines sont en Lorraine.

"Frédéric, le roman de Chopin" ne commence pas à la naissance du musicien, ou juste un peu avant. Non, le livre débute en... 1705, plus d'un siècle avant ! Gilles Laporte a fait le choix de retracer toute l'histoire lorraine de la famille Chopin, qui commence donc au début du XVIIIe siècle, à l'arrivée d'un certain François, dont le patronyme varie, de Chapin à Chappenc mais finira par se fixer en Chopin.

Venu du Dauphiné, l'homme est un contrebandier, venu en Lorraine, qui est alors un Duché indépendant, pour y organiser un trafic de tabac avec la France ! Eh oui, le génial pianiste a eu pour ancêtre un bandit ! Mais, il fonda aussi une famille et, au cours du XVIIIe siècle, celle-ci va connaître une lente mais réelle ascension sociale qui nous est racontée dans la première partie du roman.

Quand je dis roman, évidemment, je devrais plutôt dire "biographie romanesque". Il y a, derrière ce livre, un important travail de recherches, et Gilles Laporte a choisi d'intégrer à son récit des passages entiers de correspondances, émanant de différents personnages, dont Chopin lui-même, tout en racontant à sa manière la vie du compositeur.

J'ai d'ailleurs trouvé le style de Gilles Laporte très dynamique. Beaucoup de phrases très courtes, l'impression, par moment, de voir les mots venir au rythme des doigts de Chopin sur le clavier, une vivacité présente d'un bout à l'autre du récit et qui est très agréable à lire. On se dit aussi qu'on a là une vie qui s'égrène comme si on voyait le sable s'écouler dans un sablier...

L'urgence, l'urgence d'une vie qu'on sait d'emblée très courte, trop courte. Il faut agir vite, même lorsque rien ne va. Lorsque la toux et la fièvre terrasse l'homme, lorsque le moral flanche, que les mauvaises nouvelles s'accumulent. Et puis, toujours, c'est la musique qui relance tout, comme un ichor merveilleux coulant dans ses veines malades et lui redonnant un semblant de vie.

Et n'oublions pas la musique de Chopin. Comme je l'ai fait récemment à propos d'un roman consacré à Jean-Sébastien Bach, je vous encourage à lire en musique, au gré des compositions évoquées dans le récit. Une musique extraordinaire, dans laquelle il a parfaitement su retranscrire ses émotions et nous en donner, tellement...



mercredi 28 septembre 2016

Le Bal des Faux-culs...


Sous les ors d’un palais national flottant, l’orchestre institutionnel vient d’attaquer les premières mesures d’une valse au final incertain.
Elles/ils sont venus.
Elles/ils sont tous là.
Même ceux du sud de l’incurie.
Hier, sur toutes les tribunes, la bouche en cul de poule, elles/ils mimaient La Marseillaise.
Maintenant, sur toutes les ondes, elles/ils brament L’Elyséenne
Elles/ils sont tous là, pour le tant attendu bal traditionnel de fin de mandat !
Du pire clown triste à la moins aérienne trapéziste, en passant par l’écuyère la plus déséquilibrée et le redoutable lanceur de couteaux parlementaires, elles/ils sont entrés en piste, les artistes à paillettes du grand cirque républicain. L’un, adepte des figures de pied droit, est en justaucorps étoilé ; l’autre, plus à l’aise du pied gauche, en tutu de tulle plissé ; tous les autres en nippes, uniforme, combinaison et costume boudinant tendu sur brioche aussi contenue que débordante, jupe moulante sur fesses serrées et genoux entravés.
Elles/ils sucent du micro comme les sans-dents sucent de la glace en cornet, se fardent les pommettes comme les allumeuses des bas quartiers, se font teindre les cheveux survivants comme des poules de salon, prennent des cours d’élocution comme des enfants de maternelle, se font écrire des discours de bonimenteurs de foire et des livres qu’ils signent de faux philosophes-vrais déconnologues. Elles/ils, tous ces primates des primaires, tous ces primats des gaules (gauloises) spécialistes de la pêche aux voix, se font donner les derniers cours de Pas de deux et d’entrechat, de racisme élémentaire, de fausse vérité comme de vrai mensonge, de regard en pointe planté dans l’œil de la caméra, de gesticulations de prêchi-prêcheur, et de marche en ligne extrêmement droite qu’ils voudraient aérienne sur des tapis d’Aubusson. Et elles/ils se montrent dans les écoles où balbutient des enfants sacrifiés, se font raser le cuir sur des foires à la moustache, mousser l’image médiatique en lisière de fausse jungle ou rugissent de vrais fauves, tirer le portrait dans des positions de mémoire d’une Histoire malmenée, tirer la promesse de respect des esclaves par des médiateurs choisis sur des parvis d’usines moribondes, promener par des alliés intéressés dans des pays exotiques où ils reçoivent des fleurs de papier crépon, s’affichent en tribune de jeux d’anneaux arrosés à la boisson cocaïnée, se pavanent dans des conseils de sinistres au sourire contrefait sur les marches du saint-lieu, se lancent dans des guerres lointaines de mots à valeur de bombes et de bombes à valeur de mots, se gargarisent de rodomontades devant des cercueils alignés… avant d’aller boire enfin dans le secret tabernacle de leurs demeures princières les sirops onctueux du pouvoir.
Sous les ors du palais national flottant et dans ses studios annexes des coursives où ronronnent caméras, questionneurs et experts, l’orchestre institutionnel vient d’attaquer les premières mesures d’une valse catalane qu’ils espèrent entraînante jusqu’aux portes du graal.
Mais le palais national flottant donne déjà de la gîte.
Mais dans les cales, les soutiers sont déjà noyés.
Mais dans l’entrepont l’eau a déjà gagné le menton.
Sous les ors du pont supérieur, là où elles/ils se sont rejoints pour la grande chicanerie chorégraphique présidentielle, l’orchestre institutionnel vient d’attaquer pour eux, avant la bourrée hollandaise et la gigue hongroise, les premières mesures de la valse catalane que rien ne saurait désormais arrêter sauf, peut-être… le naufrage !
La valse ultime jouée par… l’orchestre fou du Titanic !
La valse catalane du Bal des Faux-culs.

Salut et Fraternité.

Le Bal des Faux-culs...


Sous les ors d’un palais national flottant, l’orchestre institutionnel vient d’attaquer les premières mesures d’une valse au final incertain.
Elles/ils sont venus.
Elles/ils sont tous là.
Même ceux du sud de l’incurie.
Hier, sur toutes les tribunes, la bouche en cul de poule, elles/ils mimaient La Marseillaise.
Maintenant, sur toutes les ondes, elles/ils brament L’Elyséenne
Elles/ils sont tous là, pour le tant attendu bal traditionnel de fin de mandat !
Du pire clown triste à la moins aérienne trapéziste, en passant par l’écuyère la plus déséquilibrée et le redoutable lanceur de couteaux parlementaires, elles/ils sont entrés en piste, les artistes à paillettes du grand cirque républicain. L’un, adepte des figures de pied droit, est en justaucorps étoilé ; l’autre, plus à l’aise du pied gauche, en tutu de tulle plissé ; tous les autres en nippes, uniforme, combinaison et costume boudinant tendu sur brioche aussi contenue que débordante, jupe moulante sur fesses serrées et genoux entravés.
Elles/ils sucent du micro comme les sans-dents sucent de la glace en cornet, se fardent les pommettes comme les allumeuses des bas quartiers, se font teindre les cheveux survivants comme des poules de salon, prennent des cours d’élocution comme des enfants de maternelle, se font écrire des discours de bonimenteurs de foire et des livres qu’ils signent de faux philosophes-vrais déconnologues. Elles/ils, tous ces primates des primaires, tous ces primats des gaules (gauloises) spécialistes de la pêche aux voix, se font donner les derniers cours de Pas de deux et d’entrechat, de racisme élémentaire, de fausse vérité comme de vrai mensonge, de regard en pointe planté dans l’œil de la caméra, de gesticulations de prêchi-prêcheur, et de marche en ligne extrêmement droite qu’ils voudraient aérienne sur des tapis d’Aubusson. Et elles/ils se montrent dans les écoles où balbutient des enfants sacrifiés, se font raser le cuir sur des foires à la moustache, mousser l’image médiatique en lisière de fausse jungle ou rugissent de vrais fauves, tirer le portrait dans des positions de mémoire d’une Histoire malmenée, tirer la promesse de respect des esclaves par des médiateurs choisis sur des parvis d’usines moribondes, promener par des alliés intéressés dans des pays exotiques où ils reçoivent des fleurs de papier crépon, s’affichent en tribune de jeux d’anneaux arrosés à la boisson cocaïnée, se pavanent dans des conseils de sinistres au sourire contrefait sur les marches du saint-lieu, se lancent dans des guerres lointaines de mots à valeur de bombes et de bombes à valeur de mots, se gargarisent de rodomontades devant des cercueils alignés… avant d’aller boire enfin dans le secret tabernacle de leurs demeures princières les sirops onctueux du pouvoir.
Sous les ors du palais national flottant et dans ses studios annexes des coursives où ronronnent caméras, questionneurs et experts, l’orchestre institutionnel vient d’attaquer les premières mesures d’une valse catalane qu’ils espèrent entraînante jusqu’aux portes du graal.
Mais le palais national flottant donne déjà de la gîte.
Mais dans les cales, les soutiers sont déjà noyés.
Mais dans l’entrepont l’eau a déjà gagné le menton.
Sous les ors du pont supérieur, là où elles/ils se sont rejoints pour la grande chicanerie chorégraphique présidentielle, l’orchestre institutionnel vient d’attaquer pour eux, avant la bourrée hollandaise et la gigue hongroise, les premières mesures de la valse catalane que rien ne saurait désormais arrêter sauf, peut-être… le naufrage !
La valse ultime jouée par… l’orchestre fou du Titanic !
La valse catalane du Bal des Faux-culs.

Salut et Fraternité.

mardi 23 août 2016

Frédéric, le roman de Chopin

Il naît ce mercredi 24 août 2016. 
Il pèse 630 grammes, mesure 24 cm sur 16. 
Il a pour marraine... George Sand 
et pour parrain... le peintre Eugène Delacroix. 
 Il est impatient de faire votre connaissance.
Son nom : 
Frédéric, le roman de Chopin
Voici son portrait :

Et sa fiche d'état-civil : 

Dans quelques jours, il s'ouvrira pour vous... de quelques pages.
A bientôt, donc !
Amitié.


jeudi 21 juillet 2016

NICE et la presse

De plus en plus souvent, la carte de Presse devient la compagne surprenante de la kalachnikov. Aujourd'hui, elle l'est du camion fou. Une curieuse forme de complicité les rassemble qui a de quoi inquiéter et faire réfléchir le citoyen en mal de respect, le législateur en mal de projet de loi, pour une fois… utile voire nécessaire. 
Car… 
Dès les premières heures d’après la tragédie de Nice, les commentaires de télévisions dites « d’information en continu », même ceux des chaînes publiques sous perfusion de notre redevance, ont balancé à la France entière et au monde les nom, prénom, date et lieu de naissance, profession, dossier médico-psychologique et situation de famille du criminel. Pour couronner cette vomissure médiatique nauséabonde, est apparu son visage, en très gros plan qui, comme ceux des auteurs des précédents actes terroristes criminels, habite désormais notre quotidien. Pas un jour, pas un journal sans ce portrait accompagné de détails d’état-civil qui font de lui, désormais, notre familier, peut-être même notre… héros ! En quelques heures, nous avons été invités à connaître ses ascendants mieux même, parfois, que les nôtres, son origine géographique et sociale, ses descendants, ses goûts et passions, son comportement avec les amis, femmes en particulier, ses difficultés intimes, le tout analysé et expliqué par les prétendus « experts » de tout poil, tous annoncés comme plus compétents les uns que les autres, en procession, à la queue leu leu dans les studios, impatients d’y aller de leur promo particulière sous couvert d’aide à la compréhension de la situation offerte aux imbéciles que -pour eux- nous sommes. 
Rares sont les titulaires de carte dite « de Presse » qui semblent s’apercevoir qu’ils font d’un délinquant extrême un héros, d’un criminel un… exemple. Sans doute l’obligation de résultats financiers, et les exigences actionnaires de leur organe (ils sont presque tous propriété de banques et de grands industriels proches des pouvoirs), qu’il soit journal papier, voix de son maître radiophonique ou étrange lucarne, les aveugle-t-il au point de ne plus se rendre compte eux-mêmes de la portée de leurs propos, de l’impact de leurs images, des dégâts provoqués sur les esprits (pas seulement les plus faibles !) par leur attachement pathologique au sensationnel. 
 Certes la liberté de la presse est fondamentale et sacrée en démocratie (nombre de nos grands anciens se sont battus, sont morts, pour l’acquérir, puis la défendre et nous léguer ce précieux héritage), et nous devons tout faire pour la protéger, mais… sommes-nous encore en démocratie
Exhiber ainsi ces individus couverts de sang, c’est les rendre beaucoup plus présents dans notre vie quotidienne que des millions d’individus qui, en silence, créent, accompagnent, enseignent, font survivre sans cesse notre devise républicaine, qui connaissent le sens du mot LIBERTE, qui partagent l’action en faveur de l’EGALITE, qui invitent à avancer pas à pas -entre les obstacles élevés sur notre chemin de citoyens par les spéculateurs de toute nature- vers la FRATERNITE. 
Exhiber ainsi ces tueurs, ces vecteurs de souffrance, les présenter comme des vedettes d’un insupportable spectacle dont la haine est le personnage principal, montrer qu’ils sont enfin reconnus et qu’ils existent, c’est donner envie de se faire reconnaître ainsi comme vivants aux yeux du monde entier à toutes celles et tous ceux qui, produits par notre société de l’avoir plutôt que de l’être, se sentent oubliés, ignorés, rejetés, qui se sentent déjà morts avant même d’avoir vécu. 
C’est faire leur promotion. 
Il serait bon que, dans les écoles de journalisme (pour demain), dans les rédactions (pour aujourd’hui), on se souvienne qu’informer n’est pas synonyme de manipuler, que rapporter des faits n’est pas vendre des objets de consommation courante, qu’un peuple n’est pas un marché, qu’un journal n’est pas une poubelle ouverte accompagnée de commentaires destinés à faire croire que les ordures qu’elle contient sont… de l’or. 
Le comprendre, puis l’admettre, contribuerait sans doute à assainir une atmosphère devenue irrespirable.
Partout la conscience et la vigilance citoyennes s’imposent chaque jour davantage. 
Là, peut-être, plus qu’ailleurs ! 
Salut et Fraternité.

mardi 19 juillet 2016

Sous le regard du loup

Nouvelle recension de mon roman "Sous le regard du loup". A lire en suivant ce lien : http://www.mylorraine.fr/article/sous-le-regard-du-loup-la-nouvelle-bete-de-gilles-laporte/37896 A bientôt. Amitié.

mardi 21 juin 2016

Les grenouilles de Grignols


Depuis bien longtemps, je n’ai pas confié d’éclats de voix à mon blog. Pour cause : le mensonge et l’imbécillité sont devenus tellement quotidiens dans notre société que je passerais chaque heure, chaque minute, chaque seconde de ma vie à les mettre en scène pour les démasquer et les dénoncer.
Mais, cette fois, ce que l’on nomme encore respectueusement « Justice » déraille tellement en Aquitaine que les mots se sont imposés d’eux-mêmes à mon clavier.
Car la décision de la Cour d’appel de Bordeaux dans l’ « Affaire des grenouilles de Grignols » est d’un caractère tellement inique et comique (s’il n’était pas si grave !) -du même tonneau méprisant que la sortie de l’ancien locataire de l’Elysée Sarkozy acharné à se faire passer désormais pour un amuseur public (on se souvient, c’était le 18 mai dernier, à Paris, ville de campagne… électorale !) : « Quand je suis en Asie, si vous saviez comme je me sens Européen… Quand je suis en Angleterre, si vous saviez comme je me sens Français… Et quand je suis dans les territoires et les provinces de France, si vous saviez comme je me sens Parisien ! »- que je n’ai pas pu résister.
J’ai donc abandonné quelques instants les personnages de mon roman en cours d’écriture pour jeter un pavé dans… la mare bordelaise !
La situation :
A Grignols (Dordogne) Annie et Michel Pecheras sont propriétaires d’une mare qui a eu l’heur de plaire à des grenouilles en recherche de refuge pour leurs amours. Comme certains humains, ces délicieux batraciens (je ne parle pas de leur goût quand, déculottées, elles gisent dans une assiette débordantes de beurre aillé !) ont parfois la drague, puis l’orgasme sonore. Leurs soupirs et gémissements de bonheur ne font pas marrer le voisin de cette population heureuse de vivre car, au printemps, leurs décibels érotiques (mesurés par huissier) perturbent son sommeil. Convaincu que le Droit lui donnerait les moyens de faire déménager les amants infernaux, le voisin a demandé réparation de ses insomnies à la justice. Au terme d’un examen sérieux des comportements de la faune aquatique de Grignols et de ses humains dérangés, le tribunal de grande instance de Périgueux (magistrats de bonne ruralité) a débouté le plaignant au constat que « le degré de nuisance au-delà duquel est franchie la capacité de l’homme et de son environnement » n’avait pas été atteint. Il autorisait donc les grenouilles à s’aimer en toute légalité et liberté, et à inviter par leurs coassements leurs propriétaires et voisins à partager leur bonheur.
L’affaire aurait pu en rester là, au grand plaisir des fabricants de boules Quiès dont les plus gênés auraient pu faire usage, mais…
Stimulée par le concert batracien et la décision du juge, la testostérone du voisin n’a fait qu’un tour. L'homme a porté l’affaire devant la Cour d’appel de Bordeaux (justice urbaine encombrée de gaz d’échappement et de brumes industrielles). Et là, sous le regard d’une zélée présidente décorée de peau de bête (hermine), les locataires amoureux de la mare de Grignols sont devenus de dangereux perturbateurs de l’ordre public! En application stricte d’une loi favorable au voisin insomniaque, ils ont écopé indirectement de la peine capitale puisque leurs protecteurs hébergeurs ont été mis en demeure de détruire leur paradis, de combler la mare.
Or, pas de mare pour les grenouilles… pas de vie !
Or, en France, jusqu’à preuve du contraire, nul ne peut s’arroger le droit de tuer les représentants d’une espèce protégée, que l’on soit paysan de Dordogne, Parisien égaré dans une campagne qu’il découvre soudain « hostile », ou… magistrat !
Or, les grenouilles sont une espèce protégée !

Il devient donc urgent d’attendre, pour appliquer son arrêt, que la Cour bordelaise relise son Code, qu’elle en redécouvre entre les articles la cohérence et le bon sens, qu’elle rende aux grenouilles de Grignols le droit de s’aimer eu toute quiétude, selon les traditions millénaires de leur espèce, et de vivre en paix.


Nos anciens, gens de bon sens, répétaient à qui voulait les écouter : « Ce sont les plus gênés qui doivent partir ! »
A bon entendeur (les haineux envers les cloches de villages trop bruyantes, les coqs de basse-cour trop bavards, les ânes de prairie mauvais chanteurs, les tracteurs de paysans trop ronflants, les épandages de lisier trop odorants, les abeilles trop dangereuses… j’en passe, et de pires)… SALUT !
Quittez donc ce monde de la campagne qui ne vous convient pas, qui vous fait du mal, qui nuit à votre équilibre, voire à votre santé, qui use vos sens et vos nerfs, et rentrez chez vous, là où vous vous sentez bien : en ville. DEGAGEZ !
A supposer que cette affaire devienne exemplaire en validant une justice destinée à appliquer des textes de Droit sans aucune bienveillance pour les situations locales, les traditions, les usages, les pratiques et le respect qui leur est dû, pour la vie telle que simplement vécue au plus loin des cœurs de villes (pourtant bien en France !), c'est-à-dire d’une manière mécanique et automatique, alors (toujours par souci de cohérence) :
Je suggère au ministre de la Justice de supprimer tous les juges à tous les niveaux de l’Institution judiciaire, et de les remplacer par des ordinateurs qui feront le boulot aussi bien qu’eux, parfois même mieux. Plusieurs objectifs seront ainsi atteints en une seule décision : désengorgement des couloirs et bureaux des tribunaux, traitement des dossiers en temps réel plutôt qu’aux calendes grecques et, cerise sur le gâteau (en ces temps où l’Etat cherche à réduire ses coûts de fonctionnement partout -sauf dans ses rangs-), colossale économie ! L’insupportable fardeau qui pèse actuellement sur les épaules du contribuable sera donc, du même coup allégé.
Qui dit mieux ?
Les grenouilles de Grignols, en plus du mérite de proposer à nos regards d’humains hargneux des comportements de simples ruraux qui s’aiment, auront eu celui, inestimable, de nous renseigner sur le mode de fonctionnement de la justice… de ville !
Evident… COÂ !
Salut et Fraternité. 

Pour en savoir plus sur cette tragi-comédie bordelaise, on peut consulter le remarquable site WIKIAGRI.FR, et lire sa présentation détaillée par le journaliste de qualité Antoine Jeandey. 

jeudi 9 juin 2016

Sous le regard du loup

L'écrivain du  Nord et chroniqueur littéraire Alain FABRE a lu et aimé mon nouveau roman
Sous le regard du loup
En voici la recension :
MERCI !



mercredi 23 mars 2016

Mon nouveau roman, Sous le regard du loup (Presses de la Cité/Terres de France), lu et vu par L'Echo des Vosges, sous la plume alerte de Bernard Visse :
 Merci Bernard !




lundi 8 février 2016

Ô (accent circonflexe)... Orthographe !

Aujourd’hui, comme toujours quand je mets en route ma plume (le matin, à Lumière montante), mes premières pensées sont pour mes parents, ouvriers de filature des Vosges. Ils m’ont transmis les valeurs essentielles qui sous-tendaient leur vie : amour du travail quotidien et bien fait, sens du service civique et de la citoyenneté, respect des conventions sociales (l'orthographe en est une) et des règles (dont celles de grammaire). Dans leurs traces, je me considère depuis toujours et pour toujours comme un ouvrier des Lettres.
Mes pensées matinales vont aussi à mes maîtresses et maîtres d’école qui, par leur talent de pédagogues et leur amour de la République ont contribué, à leur tour, à faire de moi ce que je suis.
J’aime me souvenir d’eux, solliciter encore et toujours leur énergie.
Madame Yvonne Jungen, tout d’abord, qui, dès mes premières années d’école primaire à Igney, m’a invité à partager sa passion de la langue, m’a fait goûter ses subtilités, sa profondeur, ses harmonies. Elle a si bien réussi que j’ai décroché le Prix de lecture au Cours élémentaire première année, et reçu ainsi mon premier livre (lire était considéré comme une occupation de fainéant dans ce milieu, à cette époque) : le Don quichotte de Cervantès, en édition illustrée pour enfant. J’ai lu, relu des dizaines, des centaines de fois ce livre en me répétant que j’aimerais, un jour, pouvoir écrire des histoires comme celle-là ! Dans sa classe, je suis tombé amoureux de notre langue (peut-être aussi de la maîtresse !)
J’ai eu la chance, ensuite, de rencontrer des professeurs remarquables. Joseph Martynciow, professeur de français au collège de Thaon-les-Vosges, arrivé de Pologne pour aimer passionnément notre langue et la faire maîtriser avec élégance et efficacité par ses élèves… Le philosophe Raymond Ruyer à la faculté de Nancy, Vosgien lui aussi, l’un des penseurs les plus prestigieux de notre temps, dont les nombreux écrits sont malheureusement oubliés aujourd’hui. Par l’intensité et la clarté de sa réflexion, ce maître à élargi à l’infini le champ de vision de plusieurs générations d’étudiants.
Qu’ils soient remerciés, avec les nombreux enseignants que je n’ai pas cités auxquels je dois beaucoup.
Souvent, lors de mes nombreuses interventions en milieu scolaire –rencontres pour moi très importantes car prolongement de mon acte d’écriture en direction de celles et ceux qui prendront notre relève- la question m’est posée : « Pourquoi écrivez-vous ? » Ma réponse est toujours : « Je n’écris pas pour distraire mes contemporains, pour les aider à s’endormir s’ils souffrent d’insomnie. Mes livres ne sont pas un substitut du Lexomil. Je n’ai pas, non plus, la prétention de délivrer un ou des messages. J’écris pour mettre en scène l’Histoire, témoigner et participer, par ma plume, à la marche en avant de notre société, pour apporter ma pierre à l’édifice social commun, pour, dans la délirante évolution de notre temps, contribuer à la survie de la prodigieuse et vitale aventure du livre.
Délirante évolution de notre temps…
Hier (1853), au retour d’une visite de centre de détention, Victor HUGO écrivait  ces vers :
Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne.
Quatre-vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
Ne sont jamais allés à l’école une fois,
Et ne savent pas lire, et signent d’une croix !
Il répétait sans cesse à la tribune de l’Assemblée nationale, et partout où il le pouvait : « Ouvrez une école, et vous fermerez une prison ! »
Que penser d’une époque, la nôtre (accent circonflexe sur le O) qui préfère construire des prisons (devenues entreprises privées, donc marché à développer !) à ouvrir des écoles ?
Que penser d’une époque qui sabote la langue en massacrant l’orthographe au prétexte de faciliter l’expression écrite aux jeunes illettrés régurgités chaque année, malgré le courage des enseignants, par un système scolaire à bout de souffle ?
Or la langue est le lien social premier. La maîtriser (accent circonflexe sur le premier I) est le premier acte d’un « Vivre ensemble » à construire chaque jour, mais devenu argument électoral imprécatoire tellement rabâché (accent circonflexe sur le 2ème A) qu’il finit par diviser plutôt que rapprocher.
Perdre la forme de ses mots, c’est très souvent en perdre le sens, c’est toujours perdre l’histoire de la langue, c’est être condamné à l’inculture !
J’ose espérer encore que l'abêtissement (accent circonflexe sur le premier E) des citoyens ordinaires (ceux qui ne forment pas les rang des "élites !") n'est pas le grand objectif de nos dirigeants depuis une trentaine d’années, toutes couleurs partisanes confondues.
J'ose espérer...
L’élu d’une démocratie digne de ce nom a le devoir d’élever la société dont il est issu, pas de s’abaisser avec elle. Dans le premier cas, il prouve qu’il la respecte ; dans le second, il prouve qu’il la méprise, qu’il ne se respecte pas lui-même !
Le pouvoir devrait s’exprimer et s’exercer d’abord par la maîtrise de la langue, ensuite seulement par la maîtrise des flux financiers. Bossuet, Hugo, Jaurès, de Gaulle l’ont bien démontré, si besoin était, qui guidaient l’évolution fondamentale de la société par le Verbe.
Priver le peuple de toutes les qualités de sa langue, de toutes ses richesses, de toutes ses harmonies, de toute son énergie, c’est lui interdire de participer à l’exercice du pouvoir, c’est vouloir exercer ce pouvoir sans lui, de manière exclusive et définitive, c’est avoir choisi un mode d’action politique plus proche de l’asservissement que de l’élévation. N’avoir plus voix au chapitre, pour le citoyen ordinaire, c’est n’avoir plus que le droit de se taire, et de marcher ou de crever. C’est ainsi qu’ont fonctionné et que fonctionnent toutes les dictatures dans le monde.
Ne nous y trompons pas : la réforme de l’orthographe n’est pas que la question de l’accent circonflexe ou du F de nénuphar, c’est aussi et surtout, celle du mode d’exercice du pouvoir dans une société qui se prétend démocratique, celle du respect et de la liberté fondamentale du peuple.
On peut noter, au passage, que Jean d’Ormesson s’est opposé à cette arme de destruction massive de la langue dès sa première apparition (1991) avec de très nombreux défenseurs de notre patrimoine linguistique, dont Bernard Pivot, Philippe Sollers, Frédéric Vitoux. Noter aussi que ce projet de réforme visait plutôt les néologismes qui, par nature, n’ont pas d’histoire, dont on peut donc choisir l’orthographe comme bon nous semble. Noter enfin que si ce projet n’a pas abouti, c’est parce qu’il a soulevé une vague d’indignation et d’opposition dans le pays dont même les syndicats enseignants étaient porteurs. On peut se demander pourquoi c’est aujourd’hui le ministère de l’Education nationale qui prend l’initiative d’un tel chambardement, comme s’il n’avait pas plus d’urgence sur la table (comme, par exemple, de ne pas produire 30% d’illettrés dans chaque contingent annuel d’élèves.) J’ose espérer que ce n’est pas seulement pour faire plaisir à quelques copains concepteurs des livres scolaires qui voient ainsi s’ouvrir des perspectives lucratives de rentrée. J’ai la faiblesse de penser qu’on ne lutte pas contre le chômage en tuant sa langue ! Mon esprit est sans doute tordu, mais j’associe cette « réforme » qui vise à supprimer toute référence à l’histoire des mots, à celle qui vise à retirer des programmes scolaires l’enseignement de périodes complètes de notre Histoire jugées subversives par les trafiquants gouvernants de tout poil. Tuer la mémoire, c’est décérébrer le peuple afin de mieux le manipuler !
En serions-nous là ?
Relisons, pour conclure, cet extrait de discours prononcé par le poète espagnol Federico Garcia Lorca lors de l’inauguration de la bibliothèque de son village natal Fuente Vaqueros en septembre 1936 :
Des livres ! Des livres ! Voilà un mot magique qui équivaut à clamer: "Amour, amour", et que devraient demander les peuples tout comme ils demandent du pain ou désirent la pluie pour leur semis. Quand le célèbre écrivain russe Fédor Dostoïevski était prisonnier en Sibérie, retranché du monde, entre quatre murs, cerné par les plaines désolées, enneigées, il demandait secours par courrier à sa famille éloignée, ne disant que : " Envoyez-moi des livres, des livres, beaucoup de livres pour que mon âme ne meure pas! ". Il avait froid,  ne demandait pas le feu ; il avait une terrible soif, ne demandait pas d'eau… il demandait des livres, c'est-à-dire des horizons, c'est-à-dire des marches pour gravir la cime de l'esprit et du cœur ! Parce que l'agonie physique, - biologique, naturelle d'un corps, à cause de la faim, de la soif ou du froid, dure peu, très peu, mais l’agonie de l’âme insatisfaite dure toute la vie !
"La devise de la République doit être : la Culture !".
La culture, parce que ce n'est qu'à travers elle que peuvent se résoudre les problèmes auxquels se confronte aujourd'hui le peuple plein de foi mais privé de lumière.
N'oubliez pas que l'origine de tout est la lumière.
"Des livres, des livres" s'exclamait-il. Or les livres sont faits de... mots chargés d'histoire, liés entre eux par des règles.
L'oublier serait prendre le risque redoutable, toujours et partout, avec son âme d'y perdre son... latin !
 Salut et Fraternité !