lundi 26 décembre 2011

Génocides et... Assemblée nationale.

Le zèle des responsables politiques français ne connaissant pas de bornes dès qu’il s’agit de donner des leçons de morale au monde entier, il a semblé urgent au citoyen que je suis de faire preuve d’un zèle au moins aussi dynamique en réagissant au comportement parlementaire récent concernant l’interdiction de négation de tous les génocides votée jeudi dernier sur proposition d’une élue UMP des Bouches-du-Rhône.
J’ai donc adressé, le jeudi 22 décembre, jour de présentation du texte à l’Assemblée nationale, aux quatre députés de mon département (les Vosges), et à trois autres députés dont deux présidents de groupes parlementaires (François Hollande, Christian Jacob, Jean-Marc Ayrault), le courriel suivant :

Monsieur le Député,
L'Assemblée nationale doit voter aujourd'hui la loi qui, dans le prolongement de précédentes décisions concernant le génocide arménien, vise à punir le reniement, par tout citoyen, de tous les génocides.
Nul ne peut prendre ombrage d'une telle volonté d'affirmation d'un bel humanisme qui fait honneur à notre pays.
Mais...
Outre son caractère électoral très opportuniste, ce projet me semble très dangereux et comporte un effet boomerang redoutable.
Car...
Il faudra bientôt faire appliquer cette loi en réponse à toute plainte concernant :
- le génocide indien par les Etats-unis d'Amérique au 19ème siècle
- le génocide amérindien par l'Espagne aux 16ème-17ème-18ème siècles
- le génocide vendéen par la France à la fin du 18ème siècle
- le génocide lorrain par la France (décidé par Richelieu et Louis XIII, achevé par Mazarin et Louis XIV), au 17ème siècle.
- et quelques autres aussi délicats et douloureux pour notre vie politique intérieure que pour nos relations diplomatiques avec des pays partenaires (partenariats culturel et économique, entre autres)
Si nous ouvrons la boîte de Pandore, alors...
Croyez bien que je suis triste et inquiet de voir à quel point l'Histoire et ses interprétations deviennent, toutes tendances partisanes confondues, surtout dans la redoutable conjoncture actuelle, un dangereux... outil de stratégie électorale !
Je vous remercie de m'informer de votre position sur ce projet dès que vous en aurez le temps, et vous prie d'agréer, Monsieur le Député, avec mes vœux d'excellentes fêtes de fin d'année et de très bonne année 2012, mes salutations les plus respectueuses et cordiales.

Aujourd’hui, lendemain de Noël, et pleine période de vacances, je n’ai encore reçu aucune réponse.
Evidemment, nous claironne-t-on, cette loi ne s’appliquera qu’aux génocides officiellement reconnus par la France.
Mais, puisqu’il s’agit, paraît-il, exclusivement, d’une question de morale internationale et de Droits de l’Homme, il devient urgent et indispensable que d’autres génocides (ceux par exemple cités dans le courriel) soient rapidement et officiellement reconnus par notre pays. Même au prix (sur le modèle de la relation actuelle avec la Turquie) d’une crise diplomatique majeure avec les Etats-Unis et l’Espagne (voire d’autres pays). Puisqu’il s’agit exclusivement d’une question de Droits de l’Homme, il se trouvera bien une ou un député pour proposer le texte que nos parlementaires ne manqueront pas d’adopter avec enthousiasme, droite, gauche, centre, dessus et dessous confondus !
Et si nul n’ose parler de leur histoire aux Etatsuniens, aux Espagnols et à d’autres, alors peut-être se trouvera-t-il une élue ou un élu de notre République qui aura le courage de parler sereinement à ses compatriotes de leur propre histoire… Les Lorrains et les Vendéens (qui n’en sont pas encore remis !) lui en seraient sans doute reconnaissants (peut-être pas, tout de même, au point de donner toutes leurs voix à sa seule boutique !)
Pourquoi plus la Turquie que n'importe quel autre pays ? Pourrions-nous savoir ?
Le regard de la justice, celui de la morale, ne peuvent pas, ne doivent pas être sélectifs !
Nos anciens disaient : « Avant de vouloir faire le ménage chez les autres, il faut d’abord être propre chez soi ! »
Que dira le Sénat ?

Salut et Fraternité !

Image : couverture de Au Plaisir d'ENA Gilles Laporte éd. DGP Québec 2001 photo Christophe Voegele

mardi 6 décembre 2011

Greenpeace et le nucléaire...

Quelques militants de Greenpeace ont réussi à s’infiltrer dans plusieurs centrales nucléaires françaises, et à y grimper jusque sur le dôme d’un réacteur en service.
Un exploit qui a de quoi donner froid dans le dos !
Car… supposons que cette intrusion dans le saint des saints du nucléaire français soit réussie, un jour, par quelques individus allumés et violents (notre monde n’en manque pas !), qu’ils y posent tranquillement une bombe, et fassent exploser la marmite infernale ! Que se passerait-il ?
Les propos emberlificotés et imbéciles du responsable du nucléaire EDF devant les journalistes (« Ils ont été sous contrôle permanent, suivis par des caméras, et rapidement interceptés… ») ne suffisent pas à expliquer la facilité avec laquelle ces militants de Greenpeace ont pu franchir les enceintes successives de « sécurité » puis aller jusqu’au cœur du sanctuaire.
Car… si ces militants avaient été de violents fous intégristes de quelque doctrine que ce soit, nos seuls bonheur et consolation auraient été de pouvoir assister en direct presque, à la pose des bombes, puis à leur explosion, puis à une répétition somptueuse de la fin du monde !
Rassurant, n’est-ce pas ? Et preuve de la grande efficacité, de la belle conscience professionnelle, du sens des responsabilités d’EDF, et de son sens du respect des humbles citoyens que nous sommes !
Or voilà que cette démonstration magistrale (et pacifique !) déclenche des pulsions de meurtre chez un rejeton d’UMP qui déclare sans sourciller : « La gendarmerie aurait dû abattre les terroristes de Greenpeace ! »
Redoutable !
Car… dans cette affaire, qui sont les terroristes ? Ceux qui dénoncent la mise de la vie des populations en danger, ou ceux qui la pratiquent ? Ceux qui dénoncent les fautes professionnelles graves de grands protégés de l’Etat, ou ceux qui les commettent ? Ceux qui révèlent l’existence d’un virus, ou ceux qui le propagent volontairement ?
Les campagnes électorales sont toujours, hélas, une période d’expression des pires manipulations, des pires folies et malhonnêtetés individuelles et collectives. Nous n’y échappons pas, une fois encore !
Alors qu’elles pourraient être un moment de propositions fortes pour améliorer la vie sociale, économique et culturelle dans notre pays, comme de faire de l’Etat le seul décideur en matière de politique énergétique ! Abandonner ce secteur hautement stratégique au privé et à ses préoccupations d’actionnaires et de rentiers, et le laisser diriger par des crânes d’œuf seulement préoccupés par leur carrière, c’est faire courir au peuple de grands risques. La preuve !
Plutôt qu’une condamnation à mort des militants de Greenpeace qui savent, avec courage, mettre en évidence les défaillances parfois criminelles de grandes entreprises nationales, exigeons une campagne électorale digne, même de la part des nourrissons des partis qui en seront demain les fauves assoiffés de pouvoir, et un comportement responsable et citoyen des monarchies économiques privées assises sur les besoins vitaux des Français, dont EDF est l’un des fleurons !
Mais peut-être est-ce là une invitation incompréhensible par de petits cerveaux maintenus à l’étroit dans les conditionnements de partis dits trop modestement « de droite ». Les radiations politiques sont parfois plus dangereuses que celles issues des centrales nucléaires !
Sans doute est-il plus efficace -parce qu’expéditif !- d’appeler au meurtre, pour un esprit simple et primitif dévoré par le crabe de l’ambition, que d’inviter à l’analyse de la situation réelle, et à la réflexion !
Soyons vigilants car, hélas… il reviendra, celui-là… avec d’autres !
Salut et Fraternité.

lundi 28 novembre 2011

La Fontaine de Gérémoy

Mon roman La Fontaine de Gérémoy vient d'entrer au catalogue de France Loisirs !

Du coup, je vous en offre un extrait :

Juillet 1872
-Vous avez lu ce… Tartarin de Tarascon, dont tout le monde parle ? Irrésistible ! Il a déclenché une vraie révolution, là-bas, dans le pays des saucisses d’âne. D’Avignon à Marseille, ils en sont presque venus aux mains, dit-on dans la presse. Je viens de l’acheter… c’est à pisser de rire parfois, et ... tellement vrai ! J’aime beaucoup lire. Pas vous ? Voudrez-vous que je vous le prête, Marie-Amélie, quand j’en aurai fini la lecture ?
En blouse blanche à col romain par-dessus le celluloïd, la moustache collée à l’eau sucrée, le cheveux un peu fou, poivre et sel déjà, et des yeux noirs plantés sous un immense front ivoire, l’homme en imposait d’emblée. Il avait dégusté le « Marie-Amélie ». Assis derrière son bureau de l’Établissement thermal, il déchaussait son pince-nez pour poser les questions, le rechaussait pour entendre la réponse en fixant intensément la visiteuse par-dessus ses verres.
-Pourquoi pas ?
La Malie avait répondu du tac au tac.
-Ou bien… je vous le passe maintenant, puis… vous me raconterez ! Vous devez aimer raconter les histoires. Est-ce que je me trompe ?
Elle ne savait comment interpréter ce « …devez aimer raconter des histoires… », se garda bien d’exprimer la moindre impression. Elle tournait le dos à la fenêtre, le voyait bien, lui, dans la lumière, savait qu’il ne la voyait qu’à contre jour. Intrigant, cet homme qui clignait de l’œil pour l’apercevoir mieux !
-Tenez, voulez-vous que je vous en lise un ou deux extraits ?
Sans attendre si elle voulait, le docteur Darriaud avait déjà sorti le livre d’un tiroir, cherché une page dans les premiers chapitres, commencé la lecture d’une voix forte de chanteur d’opéra…
« Au temps dont je vous parle, Tartarin de Tarascon n’était pas encore le Tartarin qu’il est aujourd’hui, le grand Tartarin de Tarascon si populaire dans tout le midi de la France.
Pourtant -même à cette époque- c’était déjà le roi de Tarascon. Disons d’où lui venait cette royauté… »
Le lecteur avait pris un air mystérieux et goguenard, à la manière des comédiens qui jouaient des saynètes, le soir sur la scène de l’hôtel de l’Établissement. Il tournait les pages, choisissait les bons morceaux, s’en délectait d’avance.
« … dans le petit monde du poil et de la plume, Tarascon est très mal noté. Les oiseaux de passage eux-mêmes l’ont marqué d’une grande croix sur leurs feuilles de route, et quand les canards sauvages descendent vers la Camargue en longs triangles, aperçoivent de loin les clochers de la ville, celui qui est en tête se met à crier bien fort : « Voilà Tarascon !... voilà Tarascon ! » et toute la bande fait un crochet. Bref, en fait de gibier, il ne reste plus dans le pays qu’un vieux coquin de lièvre, échappé comme par miracle aux septembrisades tarasconnaises et qui s’entête à vivre là ! A Tarascon, ce lièvre est très connu. On lui a donné un nom. Il s’appelle le Rapide… »

Le docteur Darriaud éclata d’un rire rocailleux qui, soulevant la moustache, fit étinceler un collier de petites dents d’un blanc éclatant.
-Le Rapide ! Pas mal trouvé, n’est-ce pas ?
Il regardait la Malie par-dessus ses binocles. Son œil noir pétillait.
-N’est-ce pas ?
Il avait haussé le ton. Elle en fut frappée. Cette voix, comme celle de son père autrefois quand elle faisait mine de ne pas l’entendre, qui annonçait toujours la colère.
Son père… Une coulée de plomb brûlant traversa son corps. En un éclair elle revit là-bas, la brasserie de la rue de Lignéville, sa mère derrière sa loupe d’eau, acharnée à broder des agneaux pascals dans la percale, puis ce chiffre aux lettres entremêlées MAB, pour son trousseau… Á son retour à Vittel, elle était allée jeter un coup d’œil à cette maison à flanc de coteau, le long de la rue où s’alignaient les tombereaux d’orge à côté des chevaux écumants du relais de diligences. Elle l’avait revue sans émotion, comme si elle n’y avait jamais vécu, comme si ces lieux lui avaient toujours été étrangers. Seuls la voix du père, les regards de la mère lui étaient revenus, lointains, et la main de Léopold dans la sienne. Léo…
-N’est-ce pas ?
Le docteur Darriaud s’était levé, s’approcha de la Malie.
-Où êtes-vous, Marie-Amélie ? Á Vittel, dans le cabinet médical de l’Établissement thermal, ou bien déjà à… Tarascon, à la chasse aux casquettes ?
Elle leva les yeux vers lui. La profondeur de son regard le surprit, et la pâleur de son visage. Il hésita un instant, tira une chaise, s’installa à son côté.
-Que se passe-t-il ? Qu’ai-je dit, ou pas dit… fait, ou pas fait, qui vous trouble à ce point. Pardonnez-moi si…
-Rien, Docteur ! Soyez rassuré, rien !
-Si ! Je vois bien que quelque chose ne va pas. Je suis médecin, ne l’oubliez pas. C’est aussi mon métier de lire dans le regard du patient les douleurs qu’il ne sait pas toujours exprimer… ou qu’il ne peut pas.
La Malie se redressa, tourna la tête, fixa intensément les arbres du parc. Du bureau, par la fenêtre ouverte sur l’été, on entendait le bourdonnement régulier des abeilles dans les tilleuls en fleurs. Des bouffées de miel et de rose entraient à flot, portées par un air tiède, agréable, paisible.
-Mais je ne suis pas votre patiente ! Je suis l’une des doucheuses de l’Etablissement, et vous êtes mon… patron.
Il avait glissé le livre dans sa poche, déchaussé ses binocles, vérifié du bout de l’index la bonne tenue de sa moustache.
-Patron… patron… comme vous y allez ! Il n’y a qu’un patron, ici, Ambroise Bouloumié, le vôtre, le mien… et nous sommes… ses employés… collègues en quelque sorte ! Et vous avez même de l’avance sur moi dans la maison ! Je viens d’arriver, alors que vous, vous avez connu Monsieur Louis…

« Monsieur Louis » ! Depuis son retour, elle avait tout fait pour chasser ses souvenirs. Et voilà qu’en deux mots, et de sa voix de chanteur lyrique, ce médecin en tirait le fil. Pourquoi l’avait-il convoquée dans son bureau ? Et que faisait-elle là ? Elle n’y avait pas plus sa place que tous les autres employés de la station, du parc, des sources, ou de l’embouteillage. Son travail quotidien au-dessus de la cabine de douche ne justifiait pas un entretien particulier avec le médecin chef de service. Perchée dès six heures du matin, elle orientait toute la journée le jet d’eau sur les curistes, les invitait à changer de position, visait telle ou telle partie du corps en fonction de la prescription médicale. Le soir, elle nettoyait les lieux, puis regagnait sa chambre dans les étages de l’Établissement. Parfois, quand la fatigue n’était pas trop prenante, elle passait sa robe noire, jetait par-dessus le châle de mariage de sa mère, en cachemire rouge, reçu à son départ pour le carmel, redescendait, se mêlait aux buveurs dans le grand salon où elle assistait au spectacle donné par une troupe de comédiens. Les débuts de ce théâtre avaient été laborieux. Les baladins de L’Ile du Pélican, en costume de canotier et de canotière très indécents, et dans des postures équivoques, l’avaient choquée, comme ils avaient choqué un grand nombre de spectateurs, dont le docteur Pierre Bouloumié et son frère Ambroise qui, dès les premiers jours de représentation, avaient dû dénoncer le contrat. La station avait été privée de théâtre pendant plusieurs semaines.
-A quoi pensez-vous, chère Malie-Amélie ?
A quoi pensait-elle en observant les tilleuls bourdonnants d’abeilles ? Des martinets en vol serré trissaient et déchiraient le ciel ; des cris d’enfants joyeux montaient de la pelouse ; on entendait un chien aboyer dans le lointain. Darriaud jouait avec ses binocles.

La Fontaine de Gérémoy Gilles Laporte Presses de la Cité-Terres de France/France Loisirs

mardi 22 novembre 2011

Danielle MITTERRAND

Madame Danielle Mitterrand est morte.
Au cours de deux rencontres inoubliables, j’ai eu le plaisir et l’honneur d’échanger avec cette Femme d’exception, courageuse, simple, déterminée, engagée dans des combats dont elle encaissait sans vaciller tous les coups souvent terribles. De la Résistance dès l’âge de dix-sept ans à la défense des minorités martyres de notre planète, de la volonté de faire éclore l’humanisme dans un monde atteint de folie criminelle à la lutte acharnée pour l’accès à l’eau par tous, de sa vie intime de femme à son rôle admirablement tenu de « Première Dame de France », Danielle Mitterrand a toujours fait front. Sa souffrance n’était rien pour elle. Son action généreuse était tout ! On la frappait. Elle restait debout ! Sans bruit, loin des scènes obscènes, des projecteurs menteurs, et des lambris dorés des palais nationaux, Danielle Mitterrand pansait ses blessures en silence, puis repartait, plus forte encore, plus résolue à faire tomber les murailles élevées par quelques-uns entre les peuples. Inspiratrice probable de cœur et de philosophie du Chef de l’Etat, son mari, elle a, de l’ombre, contribué à ouvrir des perspectives inaltérable dans l’esprit français. Son image est définitivement associée à la notion de respect de l’autre, de tous les autres, de notre planète, de la vie !
Danielle Mitterrand a écrit, dans « Mot à Mot » :
« L’altermondialisme n’est pas une philosophie. C’est la conception d’une autre « politique » dans sa signification originelle, celle de l’ « organisation de la cité ». Le sort du citoyen prime sur toutes les autres considérations. Maintenir l’équilibre entre l’importance de l’être et la répartition de l’avoir. Aujourd’hui, nous sommes loin du compte. Le pouvoir financier dont personne ne connaît l’ampleur (à voir les sommes colossales, sorties d’on ne sait où) se permet de renflouer banques et grosses entreprises sans vergogne, alors qu’un petit pourcentage de ces sommes permettrait d’apporter l’eau à ceux qui n’y ont pas accès.»
(p. 11)
« Les puissants d’aujourd’hui (…) devront entériner que l’eau ne peut pas être une marchandise, pas plus que les rayons du soleil nécessaires à la photosynthèse, ou que la gravitation universelle qui nous permet de garder les pieds sur terre, de même qu’ils sont des usagers de la terre qui ne leur appartient pas. J’ai fait mienne la formule qui prétend que nous l’empruntons à nos enfants pour leur rendre en bon état. C’est pourquoi le mouvement mondial des Porteurs d’eau a élaboré une charte qui stipule en trois principes fondamentaux que l’eau n’a pas de prix. Sa gestion doit être sous un contrôle public et son accès inscrit dans toutes les Constitutions comme un droit de l’homme. » (p. 54)
« L’homme se dit tout puissant à l’aune de son Dieu qui l’aurait fait à son image. Doté d’intelligence et doué de raison, il se présente comme un dominateur. Il invente, crée, décide de l’agencement des biens de ce monde. Il puise et exploite jusqu’à épuiser les ressources vitales et les capacités de rendement de ses frères. Il va au bout de ses possibilités au mépris des manifestations d’usure et de délabrement de son environnement. Il n’entend pas les cris d’alarme de ceux qui sont en contact avec la terre et qui écoutent ses gémissements. Le cerveau d’un poussin restera à l’échelle du cerveau d’un poussin, mais, quand il exprime sa souffrance, le gros cerveau de l’homme, s’il n’est pas sclérosé, se doit de l’entendre. Parce que la douleur est la même pour tout être vivant. » (p. 161)
Merci Madame Mitterrand.
Méditons.
Salut et Fraternité !


Danielle Mitterrand Mot à Mot Entretiens avec Yorgos Archimandritis éd. le cherche midi 2010

photo portrait D. Mitterrand droits réservés

mardi 8 novembre 2011

Parlementaires hors-la-loi !

Le nouveau plan dit « de rigueur » vient d’être publié par un premier ministre cynique, en campagne électorale, et visiblement ravi de son effet d’annonce.
En deux temps trois mouvements (de reculade par rapport aux promesses d’une majorité qui ne connaît rien de la honte, pas même le mot), avec une sûreté de ton qui force l’admiration des cariatides républicaines de la tribune sacrée de l’Assemblée nationale, il a redoublé de coups sur les petits, les sans grade, les affamés, les étudiantes prostituées, les étudiants désespérés, les familles décomposées, les ouvriers licenciés, les malades et accidentés condamnés à crever dans des services d’urgence en état de surchauffe avancée, les retraités, les cadres encadrés par des actionnaires débridés, les chômeurs jeunes, moins jeunes, vieux considérés comme des fainéants invétérés, les écoliers de l’Enseignement public républicain sans maîtres ni maîtresses, les institutions locales saignées à blanc, les flics suicidaires (liste non exhaustive !)… et il a caressé dans le sens du poil (de vison) les rentiers, les millionnaires dont notre pays détient le record d’Europe du nombre (et du cynisme ?), les financiers spéculateurs, les patrons voyous plus habitués à la une des magazines de fesse qu’à l’ambiance studieuse de leurs bureaux, les hauts fonctionnaires lécheurs d’organes à promotion, les banquiers et leurs vassaux élus du peuple, les héritiers, les spéculateurs, les usuriers (les mêmes !), les faiseurs de sondages menteurs, les officines de communication pourvoyeuses de Rolex à l’heure de leurs prébendes… (liste non exhaustive !) et… il a donné (sans le dire) sa bénédiction ecclésiastique aux parlementaires de toute couleur politique, exemple parfait du refus de solidarité nationale.
Prétendant que leurs indemnités se situent dans « la moyenne européenne », les députés viennent de décider qu’il n’est ni urgent ni nécessaire de réduire lesdites indemnités, encore moins de toucher à leur régime de retraite, encore moins de remettre en question leur possibilités de survie sociale et de reconversion automatique après avoir été sortis du Palais pour incompétence (dans le meilleur des cas) par les électeurs ! Et, pendant ce temps, comme presque toujours, le Sénat fait le dos rond sous les ors du Luxembourg, l’aveugle et le sourd à ses tables bien garnies et dans ses jardins, en attendant la fin de la tempête dont aucun de ses membres (comme de ses fonctionnaires) ne sortira blessé ! Quant aux ministères… un ange (noir) passe !
Un tel mépris du peuple souffrant par ses prétendues « élites » ne s’est vu par le passé que dans des Etats totalitaires, dictatoriaux, dans des monarchies absolues qui ordonnaient à leurs classes d’en bas d’ouvrir le porte-monnaie et de fermer… leur gueule !
Nous en sommes revenus là !
L’Histoire nous le répète à chaque fois que nous prenons le temps de la consulter : ces régimes inhumains issus de systèmes iniques ont tous connu une fin terrible.
Iront-ils jusque là, celles et ceux qui prétendent nous gouverner sous l’écrasante domination des criminels « économistes » anglo-saxons et de leurs « agences de notation » ?
En attendant une issue qu’il est de plus en plus difficile (irréaliste ?) d’imaginer paisible, force est de constater que notre monde parle-ment-taire se rend coupable chaque jour davantage de délit anti-républicain (notre devise comporte encore, me semble-t-il, le mot EGALITE !), et que, bien que ne violant pas la loi qu’il s’est votée lui-même, il se rend coupable de comportement de HORS LA LOI morale. Et c’est bien plus grave ! Car…
Là est le germe de toutes les pires tragédies !
Salut et Fraternité.

dimanche 30 octobre 2011

INDIGNATION ou...

« Réjouissons-nous ! »
La France est maintenant à la remorque de l’Allemagne. Et, ensemble, France et Allemagne (avec les autres pays européens con-vaincus de la perfection du système ultra-libéral) sont à la remorque de… la Chine !
« Réjouissons-nous ! » clament nos dirigeants, qu’accompagnent le chœur des vierges ( !?!) de leur cour parle-ment-taire. « Nous avons sauvé l’euro, l’Europe, et le monde ! » Pas moins !
Ils ont surtout sauvé les banquiers, les pétroliers, les patrons délocalisateurs, et les bandits de grand chemin qui rançonnent le peuple à longueur de décision, ceux qui envisagent sans rougir de hausser le taux de la TVA, de sortir les chômeurs des logements sociaux, d’augmenter les cotisations de mutuelle, de punir les malades d’être… malades, de « dérembourser » les médicaments, de fermer les écoles, de vendre les prisons à un grand entrepreneur privé ami, les autoroutes et La Poste à d’autres (tout aussi amis)…
Ils ont surtout sauvé le record d’Europe du nombre de millionnaires détenu par la France, les actionnaires pleins aux as de Total qui vient de pulvériser le montant de ses bénéfices en même temps que de relever encore le prix du carburant (et qui ne paie toujours pas d’impôts en France !), les niches où se cachent des chiens hargneux défiscalisés, les rémunérations des hauts personnages de l’Etat (élus ou cooptés) qui préfèrent plonger les mains dans les poches des pauvres parce qu’ils sont plus nombreux, que dans celles des riches qu’ils prétendent trop rares (et qui pourraient partir à l’étranger si on leur demandait de se comporter, pour une fois, en citoyens dignes) !
« Réjouissons-nous ! »
Ils ont sauvé… leur monde !
Que les humbles crèvent n’est pas leur problème ! C’est leur seule survie qui les préoccupe et, pour elle, celle de leur système !
A quelques députés qui proposaient timidement de se montrer solidaires du peuple souffrant en réduisant sym-bo-li-que-ment leurs avantages financiers et en nature, les autres (y compris sénateurs) ont, d’une seule voix, fait aussitôt savoir que la mesure serait inutile, qu’elle ne rapporterait que des cacahuètes au Trésor ! Et tous, ceints de leur écharpe tricolore, de rester assis sur leurs lingots, tandis que le nombre de chômeurs, mal soignés, mal logés, mal éduqués, mal jugés, mal nourris… explose. Au PARLE-MENT, se TAIRE serait de mise, en ces heures de vraie tragédie !
Ils ont tout perdu, mais ils veulent nous faire croire qu’ils ont tout gagné !
Nous prendraient-ils tous pour des imbéciles ?
Aujourd’hui, le monde est sauvé, paraît-il.
Mais demain ?
Ma conscience citoyenne, celle reçue de mes parents ouvriers, de mes maîtresses et maîtres d’école (au temps où l’école républicaine existait encore), et de l’exemple de quelques responsables politiques respectueux du peuple de notre pays (j’en ai connu ! C’était voilà… bien longtemps !) me dit, maintenant, que :
Il est trop tard pour s’indigner !
Il est urgent de s’insurger !

Salut et Fraternité.

Image Adler Jules La grève au Creusot Musée des Beaux-Arts de Pau photo GL

jeudi 13 octobre 2011

La voix de Pinochet...

« Bolchevik » ! Ai-je bien entendu ?
« Bolchevik » !
Le succès démocratique est tel du côté de la primaire socialiste que la caste attachée exclusivement à ses prébendes et soucieuse de ses seuls intérêts individuels se sent obligée d’aller chercher dans l’histoire du communisme international des références qu’elle agite sous le nez des citoyens comme le matador agite le chiffon rouge au mufle du taureau. Serait-ce que ses chefs n’auraient d’objectif, tout comme le matador, que de considérer l’autre comme une bête destinée à être mise à mort ?
On les savait prêts à tout pour rester au chaud, en compagnie de leurs amis affairistes et banquiers, dans les palais de la République.
N’avaient-ils pas, déjà, relancé la chasse au loup, l’épandage en Bretagne de lisier producteur de meurtrières algues vertes, augmenté la taxation des mutuelles, fermé les écoles publiques pour ouvrir des prisons… privées, bavé sur l’homme d’Afrique, protégé les riches et massacré les pauvres, déclaré des guerres sans la moindre consultation parlementaire, acheté les voix des médecins, des paysans, des indigents chaque jour plus nombreux à grands coups de primes, assassiné la conscience citoyenne à grand renfort de promesses « qui n’engagent que celles et ceux qui y croient », vendu les services publics aux petits et grands amis, mis les Etats d’Europe à genoux devant les « marchés », écouté les journalistes, qualifié d’ « anticonstitutionnel » ce qui exprime l’esprit même de la constitution, manipulé les juges, fiché les élèves dès l’école maternelle, soviétisé à (l’extrême)droite la société française… ?
« Bolchevik » !
Prêts à tout, à davantage même !
Mais...
La situation s’éclaire chaque jour davantage.
D’un côté, terrorisés par les progrès de la démocratie et la voix du peuple enfin audible en politique, ceux qui agitent le chiffon rouge en espérant tuer bientôt la bête…
De l’autre ceux qui réveillent l’esprit citoyen, libèrent les énergies vitales du peuple, et transforment les arènes en forum…
D’un côté, des résidents de niches dorées qui aboient de fureur en voyant passer une caravane de citoyens libres…
De l’autre des femmes et hommes capables de dominer leurs différences pour regarder -et inviter à- regarder ensemble vers un avenir qu’ils voudraient plus serein et plus juste !
D’un côté, une « France du haut » gavée jusqu’à l’indigestion, qui dégueule sa primitive loi de la jungle dans des borborygmes à consonance d’insulte…
De l’autre, une « France d’en bas » qui s’organise, redécouvre les vertus citoyennes que les autres ont dites « ringardes », se range en lignes d’action autour d’une devise résolument moderne : Liberté, Egalité, Fraternité.
« Bolchevik » ?
Le déni de démocratie a toujours engendré les pires dictatures !
« Bolchevik »…
Pour faire le ménage chez l’autre, il faut déjà être propre chez soi !
« Bolchevik » !
Un terrible frisson m’a parcouru quand j’ai entendu ce mot…
J’avais cru reconnaître, venue d’outre tombe, la voix de… Pinochet !
J’ai tendu l’oreille…
C’était celle de Franco !

Salut et Fraternité.



mercredi 12 octobre 2011

La Société des Ecrivains d'Alsace, Lorraine et du Territoire de Belfort (SEAL) vient de couronner mon roman historique "La Fontaine de Gérémoy" de son prix de littérature 2011. J'en suis honoré et très touché.
Ce prix m'a été remis devant une belle assemblée, le 9 octobre, dans les salons de l'hôtel Hilton, à Strasbourg, par Madame Christiane Roederer, présidente de l'Académie d'Alsace, et Monsieur Jean-Michel Jeudy, président de la SEAL. Je les en remercie du fond du coeur.
Voici un extrait de ce livre : l'incendie qui a ravagé le casino de Vittel dans la nuit du 17 au 18 juillet 1920. Avec le personnel, les curistes, la population de la ville et les pompiers, mes héroïnes la Malie et Julie, mes héros Léo et le Polyte, luttent contre les flammes...
Bonne lecture !
Mai et juin avaient coulé lentement sur la ville et dans la station. Juillet promettait un bel été, doux et paisible. La veille, au petit matin, Léo avait réussi à entraîner le Polyte en forêt de La Voivre sous prétexte que, stimulés par les douces pluies printanières, les premiers jaunirés avaient peut-être pointé le bout de leur nez dans les sapinières. Le panier au bras, ils avaient grimpé la Courte Montjoie, franchi la passerelle sur le chemin de fer, arpenté toute la butte sous le Vieûmont et Lorima, étaient rentrés trempés jusqu’aux genoux par la rosée, bredouilles et épuisés. Mais ils avaient repéré les arbres à abattre, à la mauvaise saison, pour le bois de chauffage à venir, s’y voyaient déjà : patates sous la braise, lard à griller sur une baguette de coudrier, rouge du Montfort… Ils feraient du bon boulot, ensemble, dans cette forêt, l’hiver prochain !
-Tu entends ?
Debout sur la porte de la chambre, en panné de chemise, le cheveu en bataille, planté sur deux jambes aussi noueuses que des vieux ceps, Léo se grattait la poitrine d’inquiétude.
-Pour sûr, que j’entends ! Qu’est-ce encore que ça ?
Assis sur le bord de son lit, le Polyte secouait la tête. Il avait du mal à émerger, à cause du verre de vin d’opium avalé le soir, sur ordre du docteur Claudel, pour faire venir le sommeil. Certaines fois, il prenait en plus une infusion compliquée de passiflore, poire du bon Dieu , herbe sacrée , tilleul, camomille dans laquelle il jetait, en plus, dix cônes de houblon de Rambervillers.
-Ça à l’air sérieux ! J’y vais ! lança Léo en sautant dans sa culotte de velours.
-Attends… je viens aussi ! Ils n’auront peut-être pas trop de quatre bras de plus.
Le lourd tocsin de Saint-Rémy tombait sur la ville, répondait à celui de Saint-Louis, aigrelet et lointain. La dernière fois qu’on l’avait entendu, c’était pour l’incendie de la maison Bazelaire, sur la place des Dames, en 1906… en juillet déjà ! Drôle de mois ! Le Polyte se secoua, sauta à son tour dans sa culotte de velours, s’enroula dans la ceinture de flanelle, se précipita dans le couloir. Chien Jaune voulut le suivre. Il le retint « T’es trop jeune pour aller traîner la nuit, lui dit-il en appuyant une bonne caresse sur la tête de la bête qui se mit à geindre. Bien trop jeune ! Tu rencontrerais le loup… qu’est-ce que tu ferais, hein, qu’est-ce que tu ferais ? Il ne ferait qu’une bouchée de toi, mon pauv’tit Chien Jaune ».
Léo tournait déjà derrière de cul de Saint-Privat quand il gagna la rue. Les jointures lui faisaient mal. La tête pesait drôlement sur les épaules. Il força le pas. D’un coup d’œil, il avait pris la mesure du feu qui embrasait le ciel du côté de Gérémoy.
-Nom de Dieu ! lâcha-t-il. Nom de Dieu de nom de Dieu !

Plus ils avançaient vers la station thermale, plus les ténèbres flambaient. N’eût été la crainte d’un vrai drame à découvrir dans quelques enjambées, ils auraient pu admirer les couleurs étonnantes du ciel d’été : à main droite, sur les Seize Mutins, mauve encore de jour naissant dans les derniers voiles de nuit ; à main gauche, croqué dans son bleu de ténèbres, intense et profond, par les toits de nouvelles villas ; devant, incandescent, il bouillonnait de nuées ardentes, crachait des volées d’étincelles qu’une jeune bise portait loin vers le sud par-dessus la ville.
-Nom de Dieu de nom de Dieu !
Poings serrés dans les poches, le Polyte mâchonnait sa surprise en marchant, et sa colère. Il forçait encore le pas, n’arrivait pas à rejoindre Léo qui courait presque devant, se retournait de temps en temps, lui lançait des « Alors, tu viens… plus vite… plus vite ! »
-Nom de Dieu… il va me faire crever !
Partout, des gens s’agitaient, un seau à la main, une cuvette, une bassine, un pot de chambre, un faitout même, s’interpellaient, s’encourageaient, envoyaient chercher des renforts, des récipients, des bras, des échelles… Toute la ville était dans la rue, et convergeait vers le brasier.
-Le casino !
-Mais non, c’est le Grand Hôtel ! Pourvu qu’il n’y ait plus personne dedans !
-Mais non… c’est le casino !
Des charrettes de paysans circulaient dans tous les sens, des hommes tiraient une pompe à bras de la brasserie Samaritaine en hurlant « Place ! Place ! Place… » tandis qu’un autre, perché sur la machine, casqué à la hussarde, agitait comme un fou le battant d’une cloche… « Place ! Place ! Place ! »
-C’est le casino !
-Le casino !
Déjà le pavillon central était la proie des flammes. Les colonnes de Garnier, son dôme disparaissaient, avalés par les fumée et les langues de feu qui montaient en tourbillonnant dans le ciel, se jetaient sur les grands arbres du parc, menaçaient de s’abattre sur le théâtre et les hôtels voisins, et de les embraser à leur tour.
-Heureusement que le lieutenant Bidault a sorti son cheval pour l’entraîner à quatre heures du matin ! C’est lui qui a vu ! Il a donné l’alerte aussitôt… commentait l’un.
-Si c’est pas malheureux, un si beau bâtiment, partir en cendres, comme ça ! ajoutait l’autre.
-Vous feriez mieux de venir faire la chaîne, vous autres ! C’est pas avec la langue qu’on va l’éteindre ! hurla un troisième, écarlate et ruisselant de sueur. Faut aller puiser l’eau à l’étang… allez !
Ils y allèrent, tous, hommes, femmes et enfants, jeunes et vieux, fonctionnaires de ministères en cure et paysans en nage, forts des halles, terrassiers, malades et estropiés, artisans et commerçants, militaires aux eaux et ecclésiastiques en soutane, ouvriers de la Société, qui se passèrent de bras en bras des milliers de litres d’eau pour ajouter au pissat des pompiers dont l’énergie et les machines ne suffisaient pas à faire monter le jet des lances jusqu’au toit du casino.
Soudain, un cri :
-Kielwasser ! Reviens… Kiel…
Trop tard ! N’ayant pas vu sortir tous les occupants du casino, le veilleur s’était précipité dans la fournaise. On l’aperçut une dernière fois dans l’escalier, courant vers l’étage au moment où Goudon, le directeur, jaillissait par la verrière côté théâtre, les bras chargés des fonds, des caisses de jetons, des livres de comptes qu’il avait voulu sauver pour que l’activité pût continuer. Il avait bien conscience qu’il y allait de la survie de la station ! On vit aussi Jean Bouloumié errer dans les flammes à la recherche de possibles victimes, prendre des risques terribles pour sauver celles et ceux et le matériel qui pouvaient encore l’être.
-Le voilà !
Le fantôme de Kielwasser apparut soudain. On le vit trébucher dans l’escalier ; on se précipita, l’empoigna, le traîna sur la terrasse. Il râlait. Son visage n’était plus qu’une horrible brûlure, et ses mains, et ses pieds dont la peau s’arracha avec les chaussures. Il n’avait trouvé personne dans l’étage. Aucune victime. « Dieu soit loué ! » souffla-t-il. Puis il perdit la conscience dans les bras de ses sauveteurs.
Alors, dans des craquements sinistres et un grondement infernal, le dôme central s’effondra. De gigantesques tourbillons s’élevèrent dans le ciel laiteux. Des fumées âcres et fétides roulèrent sur les façades carbonisées. La foule poussa un grand cri. Des javelots enflammés jaillirent de la ruine. Les premiers hommes de chaîne bondirent en arrière. Aucun ne fut touché !

À l’heure où les paysans harassés regagnaient l’étable pour la traite matinale des vaches, il fallait bien se rendre à l’évidence : l’hôtel du Parc et le théâtre étaient sauvés, ainsi que le salon de lecture où les jeux pourraient reprendre le soir même, mais l’œuvre de Charles Garnier n’était plus qu’un monceau de pierres, de poutrelles tordues et d’éclats de verre sous des tonnes de gravats et un lit de cendres !
-Depuis quand êtes-vous là ?
Assis sur un banc près du Pavillon des Demoiselles, les deux hommes reprenaient leur souffle. Léo tourna la tête. Noire comme un chauffeur de locomotive, Julie se tenait derrière eux, le cheveu emmêlé, la robe échancrée sur une poitrine généreuse, les bras gantés de suie, de chaux et de poussière. Elle vint s’asseoir à côté du Polyte assommé par les restes de vin d’opium dans ses veines et la fatigue.
-Où étiez-vous ?
Elle les regardait comme si elle les voyait pour la première fois, les dévisagea pour être sûre de les avoir reconnus sous leur masque de crasse, jeta un coup d’œil à sa robe sale, ses mains, toucha son front, ouvrit les bras comme pour dire « c’est ainsi… nous sommes aussi dégoûtants, vous et moi ! », se pencha vers le Polyte…
-On pue, tu ne trouves pas… on pue le carnage !
Elle se leva, esquissa un pas de danse qui montra ses genoux couronnés de charbon, se mit à rire d’un rire sonore et cristallin. Du plus loin qu’on pût l’entendre, on se retourna.
-On était là, au milieu de la chaîne, répondit le Polyte.
-Derrière l’hôtel du Parc, précisa Léo. On est arrivés dans les premiers. Et toi ?
-Moi ? À votre avis ?
D’un même haussement d’épaules, les hommes avouèrent leur ignorance.
-J’étais avec ceux qui balançaient des seaux d’eau sur le théâtre, pardi ! Où vouliez-vous que je sois… dans mon lit ?
Elle se remit à rire, d’un rire convulsif qui trahissait sa détresse et sa fatigue, sa fierté aussi de savoir que ses deux lascars avaient participé à l’élan de tous.
-Venez ! On va aller se laver et se reposer. On l’a bien mérité, non ?
Elle avait l’air d’une combattante à l’issue de la bataille, d’une déesse de la terre surgie des flammes pour montrer l’autre chemin aux hommes. Elle pivota une fois encore sur place, fit virevolter son jupon taché de coulasses noirâtres, tendit une main à chacun… belle, très belle !


La Fontaine de Gérémoy roman historique éd. Presses de la Cité-Terres de France 2011

dimanche 2 octobre 2011

Crime contre la Société

Voici, maintenant, les flics véreux !
Après les ministres vénaux, les juges complices, les banquiers spoliateurs, les parlementaires bien nourris complaisants, les présidents gagas de circonstance, les laboratoires assassins, les patrons délocalisateurs, voici… les flics véreux !
Pas nouveau, certes ! On disait « ripoux », autrefois ! Un film leur a même été consacré par Claude Zidi.


Mais, ajouté à la liste déjà insupportable des fautes commises par celles et ceux qui se prétendent nos élites, ce comportement délictueux prend des allures de crime contre la société !
Crime contre la société !

Ce délit n’existe pas encore dans notre dictionnaire juridique.
Je propose de le baptiser et de l'y introduire d’urgence, puisqu’il est déjà, de plus en plus présent, dans les faits de notre quotidien.
A l’heure de la réintroduction à l’école d’une morale pour « France d’en bas », de la proposition d’une « règle d’or » destinée à plomber toutes celles et tous ceux qui n’ont pas contribué à la ruine actuelle de notre pays en blanchissant les fossoyeurs (ses auteurs !), de l’imbécile illumination d’une « allégeance aux armes » par un parlementaire en mal de notoriété, cette notion devient essentielle.
Crime contre la Société !

Chaque citoyen aurait ainsi la possibilité, voire le devoir, de (ou de faire) mettre en cause tout individu (élite ou non, squatteur ou non des palais nationaux) au comportement irrespectueux des règles et lois de notre République sans cesse bafouées maintenant par ceux-là même qui les conçoivent et les votent.
Dessaisissement d’un juge trop honnête, couverture d’un labo trop aventureux, d’un patron trop attaché au droit de cuissage vernaculaire ou à l’esclavage lointain, dissimulation de détournement de fonds publics ou d’abus de bien sociaux, promesses électorales sur fond d’escroquerie politicienne, deviendraient ainsi passibles, au lieu d’une cour correctionnelle ou du théâtre de boulevard de la Cour de Justice de la République, d’une Cour d’Assises fonctionnant sous le regard et avec la participation active des citoyens.
Le meurtre et le viol ne devraient pas être les seuls crimes à devoir être jugés ainsi.
Les actions de celles et ceux qui affament leurs contemporains par la création de réseaux d’entente commerciale illicite, qui procèdent à des licenciements boursiers, qui siphonnent l’argent du contribuable à des fins partisanes, personnelles et/ou pour le bonheur de leurs actionnaires , qui envoient les services secrets fouiller dans les ordinateurs de journalistes, qui posent des menottes banquières à la presse afin de mieux manipuler l’opinion, qui donnent chaque jour des leçons de morale en s’affranchissant sans cesse de ses règles essentielles, qui massacrent l’avenir de nos jeunes en massacrant l’Ecole, qui vendent les services publics à des amis privés… relèvent de cette notion fondamentale de crime contre la société.
Les criminels de guerre ne devraient pas être les seuls à devoir être jugés.
N’oublions jamais que, avant de devenir l’un des pires criminels de guerre de l’histoire de l’humanité, Hitler a d’abord été… un criminel de paix ! Tous les dictateurs fous sont passés par ce chemin aux allures ordinaires.
Les crimes contre l’humanité commencent toujours par… des CRIMES CONTRE LA SOCIETE !
Or nous sommes, aujourd'hui, engagés dans cette voie redoutable !
Sachons donc rappeler à celles et ceux qui, chaque jour, sous prétexte d’affaire d’Etat, de Secret défense ou de discrétion industrielle, mentent effrontément et commettent ces crimes chaque jour impunément sous nos yeux, que la conscience républicaine du peuple existe et que, tôt ou tard (si possible avant la catastrophe en vue), ils devront rendre des comptes !

Qu'ils soient ministres, patrons de banque, producteurs de chocolat ou de tisane, propriétaires de laboratoires, pneutiers, métallurgistes, voituristes ou serviteurs de monarque, il ne leur suffira pas, ce jour-là, d'affirmer que leur nom ne figure pas dans la liste des "ripoux", de répondre qu'ils ne savaient pas ou qu'ils ont oublié !

L'anosognosie... une fois, peut-être. Pas deux !
A bon électeur entendeur…
Salut et Fraternité !

Image couv. de Au Plaisir d'Ena Gilles Laporte éd. DGP Québec 2001 ph. Christophe Voegelé

mardi 20 septembre 2011

EDF : l'arnaque !

Transmis par des consommateurs mécontents, consommateurs floués, citoyens spoliés... je fais suivre :


C'est voté...

Et voila, dernier acte, le tour de passe-passe est joué gagnant dans une indifférence quasiment générale. Les français vont pouvoir payer plus cher leur électricité pour alimenter encore un peu plus les actionnaires !
Bonne lecture !
PS : ATTENTION vis à vis des fameux nouveaux compteurs, maintenant c'est individuellement qu'il faudra résister pour ne rien signer !!!

AUJOURD'HUI DÉBUT ET FIN DE LA SESSION PARLEMENTAIRE AU SÉNAT POUR PASSER LE PROJET DE LOI NOME .........
et les Nouveaux Compteurs EDF !
DANS QUELQUES JOURS CE NE SERA PLUS UN PROJET MAIS UNE VÉRITABLE LOI SCÉLÉRATE AVEC
APPLICATION AU 1er JANVIER 2012.

QUAND NOS FACTURES ET CELLES DE NOS AMIS AUGMENTERONT ON NE POURRA PLUS DIRE QUE L'ON NE SAVAIT PAS.
A DIFFUSER LARGEMENT ÉVIDEMMENT !

APRÈS FRANCE TÉLÉCOM, LA POSTE, LA SNCF, ETC... EDF
Pour les fameux Compteurs qui devraient être installés bientôt et qui devraient nous être facturés au prix très très Fort (vers les 300 € ) , et qui, de surcroît, ne seraient pas fiables : il ne faudra rien signer.
On ne peut pas refuser à EDF d’accéder aux Compteurs, et de les changer : par contre comme nous n’avons rien demandé, nous n’avons aucune Obligation de Signer quelque Document que ce soit, et, du moment que nous n’aurons rien signé, EDF ne pourra pas nous obliger à payer ces Compteurs….
Attention aux Signatures : aucune, même pour la Réception de Travaux, etc.
LES TARIFS D’ÉLECTRICITÉ VONT AUGMENTER POUR PERMETTRE LA CONCURRENCE ! À TERME, L’USAGER PEUT S’ATTENDRE À DES HAUSSES SUBSTANTIELLES DE SA FACTURE, COMME CELA S’EST DÉJÀ PRODUIT POUR LE GAZ.
NE LAISSONS PAS FAIRE !
C'est la Loi Nome, soit la Nouvelle Organisation du Marché de l’Electricité, concoctée par le Gouvernement.
Le principe en est simple : constatant que la Concurrence ne fonctionne pas (plus de 96 % des Français restent Fidèles à l’Opérateur Historique (EDF), le Gouvernement a décidé de la créer… artificiellement.
La Loi étant passée dans une relative indifférence, à partir du 1er Janvier 2011, EDF aura obligation de revendre à ses Concurrents jusqu’à 25 % de sa Production d’Electricité.
Un Véritable hold-up !
Les Fournisseurs d‘Electricité vont se voir offrir un quart de la Production, que les Français ont déjà payé avec leur Facture, pour qu’ils puissent réaliser des Profits, au seul bénéfice de leurs Actionnaires.
C’est une première que d’obliger une Entreprise, dans le Monde de la "Concurrence libre et non faussée", à céder une partie de ses Atouts à des Concurrents qui produisent peu ou pas du tout d’électricité.
Si vous êtes scandalisé, diffusez au moins ce message !
Une fois livré à la Concurrence et surtout au " Privé " ce sera trop tard.
Le Prix de l'Electricité sera fixé par des Groupes Privés qui en fait seront des Filiales d'un Seul et Unique Groupe ! Vous n'y croyez pas ?

Alors remettez vous dans le contexte de nos chères Autoroutes Françaises que nous, nos Parents et Grands Parents avons payé avec nos impôts et qui ont été Vendues et Bradées à de Grands Groupes Privés …
Cela profite à qui ? Et le Prix à payer pour y circuler ? N'est-ce pas Scandaleux ?
Mais c'est trop tard, car ce Réseau Routier n'appartient plus en totalité à l'Etat ! Et pour le reste ce sera pareil !

Aujourd'hui le service public coûte cher, mais ce n'est rien face à ce qui nous attend si nous le bradons à des Groupes Privés !

Faites Circuler sans Modération autour de vous ce Message, surtout n'hésitez pas !


Salut et Fraternité.

lundi 12 septembre 2011

Morale à l'école...

Dans sa grande clairvoyance d’Etat, le ministre de l’Education nationale de France enraciné dans l’ultralibéralisme états-unien, promoteur de l’école des marchés dite « libre » et liquidateur de celle de la République, dite « publique », vient de décider que, désormais, la journée de nos élèves commencera par une leçon de morale.
Réjouissons-nous, mes frères… le monde va enfin changer ! Patientons une petite génération (voire deux, le temps de redresser la trajectoire du navire à la dérive), et espérons que nos descendants verront le résultat de ce beau programme pédagogique.
Mais, malgré sa volonté de présenter cette décision comme la preuve d’une vision contemporaine et futuriste d’assainissement social, force est de constater que ce ministre ne fait que ressortir des vieux cartons républicains une pratique instaurée par Jules Ferry voilà presque un siècle et demi et respectée à la lettre par les maîtresses et maîtres d’école durant des décennies.
En outre, force est de constater que, si l’objectif paraît louable, la perversion de la pensée conceptrice semble évidente à qui s’interroge un peu. Car…
Ne sommes-nous pas face au comportement incohérent de gens qui, pour moins que cela, au sein d’une famille ou d’une entreprise par exemple, se verraient à juste titre conseiller une visite chez un médecin spécialiste des troubles mentaux, ou un psychologue sérieux.
Après l’affaire Bettencourt, l’affaire Tapie, l’affaire de l’hippodrome de Compiègne, l’affaire Clearstream, l’affaire baptisée pudiquement des « emplois fictifs de la Ville de Paris », l’affaire des financements occultes de campagne électorale, toutes les autres affaires respirantes ou étouffées… comment recevoir cette invitation au respect de la morale adressée par nos dirigeants aux futurs citoyens ?
Vouloir admettre cette décision comme salutaire en ne perdant pas de vue le comportement de ceux qui l’initient relève du grand écart !
En viendra-t-on, dans cet état d’esprit, à demander à Milosevic de donner des conférences (copieusement payées) sur les droits de l’homme, aux Bush sur les richesses culturelles essentielles du Moyen Orient (Irak en particulier), à Kadhafi (quand il aura été retrouvé) sur le nécessaire respect de ses peuples, aux concepteurs et commerçants du Médiator sur les beautés de la déontologie médicale, à Nétanyahou sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, aux inventeurs du bouclier fiscal sur la justice… fiscale, au criminel de la route sur la conduite citoyenne, au violeur de joggeuses sur le respect de la Femme, etc.
Certes, on peut nous répondre que tous ceux-là connaissent bien leur sujet pour l’avoir pratiqué jusqu’à l’indécence, parfois jusqu’au crime, ce qui fait d’eux des experts !
Mais… le premier principe n’est-il pas que, l’exemple venant d’en haut, la morale devrait d’abord être la pratique quotidienne dans les palais nationaux, assemblées, ministères, cabinets, offices et officines du pouvoir, salles de conseils d’administration, directoires et autres chapelles discrètes, voire secrètes ?
« Faites comme je dis ! Ne faites pas comme je fais ! »
Que voir donc dans la décision du ministre de l’Education nationale, sinon la volonté de déconsidérer davantage encore un corps enseignant ainsi accusé d’avoir négligé l’essentiel alors qu’il n’a pas attendu la consigne sur papier timbré pour enseigner les bonnes règles de vie sociale, et, surtout, d’asservir davantage encore les générations futures ?
Nous ne pourrons pas dire que nous ne le savions pas : dans ses Principes de politique des souverains, Diderot nous a avertis voilà plus de deux siècles :
Il ne faut de la morale et de la vertu qu’à ceux qui obéissent !
Obéit à l'aveugle qui veut.
Mais surtout… méditons !
Salut et Fraternité.

image Morale et tableau noir droits réservés

lundi 22 août 2011

Riches et... Impôt !

Le monde est sauvé !
Ils ont sauvé ce monde de la finance qui leur est si… cher !
Quelques nababs viennent de décider de mettre la main au portefeuille pour aider l’Etat à alléger la dette publique !
Courage, générosité, abnégation, compassion, altruisme… les mots manquent aux commentateurs et trices pour saluer le geste auguste du donneur fait par ces êtres héroïques bientôt détenteurs de la Légion d’honneur, du Mérite national, et autres marques de reconnaissance attribuées par les plus hautes instances politiques (si ce n’est déjà fait !).
Que se passe-t-il, au juste ?
Exonérés de contribution assise sur une évaluation juste de leurs revenus et de leur patrimoine calculée sur des bases d’égalité fiscale recommandée dans une véritable démocratie républicaine à la française fière de sa devise largement vantée dans le monde, quelques richissimes citoyens proposent dans un mouvement spontané de patriotisme (soufflé à l’oreille par l’un de leurs complices états-uniens) de… payer des impôts !
Ils se sont enfin aperçus, semble-t-il, que les bas revenus paient leur tribut à l’Etat, que les moyens revenus passent à une caisse spécialiste du racket institutionnel, et qu’ils ne sont que des satellites lointains de ce système, qu’ils sont exclus de notre vraie vie sociale, exclus donc de la Nation profonde et fraternelle. Et ils en sont malheureux ! Et ils en souffrent !
Par obligation morale et souci d’humanité, nous devons donc les accepter dans notre communauté des exploités de tout poil.
Courage, amies et amis, accueillons à bras ouverts ces citoyens que notre Etat a si longtemps… oubliés, voire méprisés !
Mais attention : ne les contraignons pas à vivre comme nous ! Trop fragilisés qu’ils sont par leur détresse d’êtres trop longtemps rejetés, ils ne le supporteraient pas. Acceptons seulement ce qu’ils veulent bien donner à la collectivité, et rendons-leur au centuple leurs bienfaits (en considération, émotion citoyenne, et -surtout- bulletins de vote dans les urnes prochaines.)
Qu’en est-il de la réalité ?
Depuis de bien longues années, ces « bienfaiteurs de l’humanité » font trimer des serfs, délocalisent, spéculent, s’abouchent avec les ministères et leurs occupants, prennent le petit déjeuner dans les palais nationaux (quels qu’en soient leurs locataires), volent dans le flambant neuf avion présidentiel pour des expéditions et dîners d’ « affaires » lointains, se partagent à Marrakech (toutes couleurs confondues) les cascades de thé à la menthe (aphrodisiaque !) et les bons parfums des étals d’épices, amusent le peuple dans des émissions flatteuses, concentrent leurs avoirs, « dégraissent » leurs équipes, spolient les personnels, jouent en Bourse, licencient d’un coup de stylo magique depuis un exil doré de l’île Maurice, ou une somptueuse mais discrète villa de Saint-Trop’…
Depuis longtemps, non seulement, ils ne paient pas d’impôts (ou si peu en proportion de leur fortune !), mais, en plus, l’Etat leur redistribue l’argent tiré des poches des plus pauvres -ou des moins fortunés- (souvenons-nous des 30 millions d’euros offerts à Madame Bettencourt, des plus de 200 millions d’euros offerts à Monsieur Tapie, des concerts de 14 juillet organisés par la Présidence de la République elle-même pour distraire la foule, chantés par des artistes dont le cachet -sur fonds publics- file aussitôt… aux Etat-Unis ! et de tous les autres cas si honteux de leur misère et si soucieux de leur dignité qu’ils ont demandé aux feuilles et antennes de ne pas parler d’eux !).
Depuis longtemps, ils se moquent comme d’une guigne de l’état de toutes les finances, y compris publiques, sauf… des leurs !
Et ils arrivent, quelques pièces dans le creux de la main, impatients de se faire redonner par le peuple une virginité toute neuve, de se faire peindre sur la tête une auréole de saint, de se faire aduler par les souffrants comme l’était autrefois le Roi capable, disait-on, de guérir des écrouelles !
Or…Notre régime, s’il était vraiment, républicain, devrait imposer à chacun d’entre nous des efforts en faveur de l’Etat proportionnels à ses moyens ! Il le fait de manière arbitraire avec les plombiers, instituteurs, infirmières, ouvriers métallos, chauffeurs routiers, professeurs de collège, caissières de supermarché… les plus humbles. Pourquoi ne le fait-il pas avec les banquiers, patrons du CAC 40, rentiers, spéculateurs, parachutistes dorés, héritiers dynastiques, dépeceurs-nécrophages d’empires industriels, vampires des fonds de pension et d’investissement… les plus riches ?
Notre République, si elle était elle-même respectueuse de sa devise gravée au fronton de ses palais, devrait ne pas attendre que l’un ou l’autre de ces nababs propose de faire un geste de clown triste déguisé en élan de générosité, de faire l’aumône à son Trésor, de lui donner ce que bon lui semble, de jeter quelques pièces à la foule, fussent-elles d’or !
Encore un effort de leur part, et l’Etat recevra d’eux leur dentier d’or obsolète, leur chemise de soie élimée, et les miettes de leurs festins au Fouquet’s !
Les services fiscaux ne demandent pas leur accord aux petits ! Pourquoi ne font-ils qu’attendre la prétendue « bonne » volonté des gros ?
On nous dit que leur imposer les mêmes règles qu’aux humbles expose notre pays au risque de les voir filer à l’étranger avec leur magot ! (Entre nous : bel exemple d’esprit citoyen de la part de ceux qui donnent sans cesse des leçons de morale politique au peuple !) Mais ne craignons rien, car… ils y sont déjà, à l’étranger ! Celles et ceux-là connaissent parfaitement la route de ces planques hors frontières, depuis la nuit des temps, depuis… la fuite des émigrés de la Révolution (qui n’ont pas hésité à combattre leurs propres frères pour défendre leurs prébendes), l’avènement de la République, le Front populaire, l’élection d’un Président à odeur de soufre (pour eux !) en 1981, la débandade récente de la Société Générale et des autres officines usuraires… Ils sont déjà, avec leurs lingots, en Suisse, au Luxembourg, au Lichtenstein, à Monaco, et plus loin encore, ailleurs…
Alors, réfléchissons…
Devons-nous saluer chapeau bas ceux que quelques organes de presse de leur bord nous présentent comme des citoyens exemplaires, désintéressés, généreux, à l’esprit éminemment social, presque comme de nouveaux… « communistes loyaux et partageux » ?
Ou bien devons-nous les voir comme de redoutables magiciens noirs seulement préoccupés de leur survie, faiseurs d’opinion qui bientôt se présenteront comme les martyres de leur propre fruit qu’ils ont baptisé « La Krise », de savants manipulateurs qui savent ce que savent tous les paysans de la terre : pour échapper à un taureau furieux, il suffit de lui abandonner un bout de son vêtement. La bête s’acharne dessus ; elle donne ainsi au fuyard le temps de… sauter la frontière du parc ! Sauvé !
Au diable les cadeaux empoisonnés.
Au diable les niches (habitat naturel des chiens) fiscales (à commencer par les régimes spéciaux de nos politiques professionnels, députés, sénateurs, ministres, sous-ministres, valets de ministres, hauts fonctionnaires…) !
Pour être fidèle aux préceptes de sa naissance, et à l’esprit de celles et ceux qui ont donné leur vie pour Elle, notre République, une et indivisible, doit rester libre, fraternelle et… égalitaire. Elle le pourra si nous n’acceptons pas les boulettes empoisonnées distribuées par quelques maîtres de peu de respect.
Vigilance, vigilance, vigilance citoyenne !
Salut et Fraternité !


Image Georges de La Tour Le Tricheur Musée du Louvre photo GL

jeudi 18 août 2011

JMJ 2011...

Plusieurs millions d’euros pour rassembler les jeunes catholiques du monde en Espagne, dont une bonne part de fonds publics : dépenses engagées pour assurer le service d’ordre, la sécurité sanitaire, l’aménagement et le nettoyage des sites, les transports des groupes vers les lieux de grande concentration, puis les en évacuer… sans compter tous les autres coûts directs et/ou indirects d’une telle manifestation. Voilà qui a de quoi surprendre, voire révolter dans un pays en détresse sociale et à un moment de grandes difficultés politico-économiques.
Voilà qui aurait de quoi surprendre et révolter dans n’importe quel pays et à n’importe quel moment, fût-il plus heureux et serein !
Car…
Dans toute société honnêtement gérée, les fonds communs doivent être utilisés dans l’intérêt commun, à l’exclusion de toute attribution communautaire ou partisane !
Dans toute société démocratique, les fonds publics issus de la contribution de (presque) tous les citoyens (les plus riches sont généralement hors jeu fiscal – voir en France !) devraient être exclusivement orientés vers des besoins inhérents au service public, qu’ils soient alimentaires, éducatifs, de santé, de défense, ou d’aménagement du territoire…
Dans toute société laïque, les fonds publics doivent permettre l’accueil et l’épanouissement de toutes et de tous, indépendamment de leurs choix philosophiques, religieux, et/ou de vie !
Or, que constatons-nous avec cette grande foire missionnaire espagnole ?
Une communauté militante internationale s’invite dans un pays aux seuls fins de faire rayonner sa « foi », sa vision dite « chrétienne » du monde, de faire croire que sa vérité est LA Vérité, et fait supporter par ce pays une bonne part de ses frais de réception.
Insupportable !
Si, en outre, nous nous interrogeons sur la nature même de ces « JMJ », que remarquons-nous ?
Présentée comme le rassemblement des jeunes du monde « Journées Mondiales de la Jeunesse » la manifestation trompe dès l’annonce par son appellation même car, voulue, présidée, animée par le Pape en personne, encadrée par l’épiscopat et le clergé romains, elle est « Journées Mondiales de la Jeunesse Catholique ». La volonté de récupération de l’ensemble des jeunes du monde par une communauté agissante est, elle aussi, insupportable ! Elle donne à penser à celles et ceux qui n’y convergent pas, ou qui ne partagent pas l’enthousiasme pour une telle foire, qu’ils ne sont pas de la jeunesse du monde ! Le sentiment d’exclusion ainsi généré chez les moins concernés participe de la démarche missionnaire à l’origine de l’évènement. Insupportable !
Et puis…
Pour en revenir à l’aspect comptable :
Les organisateurs et leurs vassaux nous expliquent que les pèlerins eux-mêmes paient leurs frais, qu’une partie du reste des dépenses est financé par des mécènes privés (que ne donnent-ils cet argent aux affamés de Somalie !), et que -argument de très grand poids-, ce rassemblement rapportera à la ville de Madrid et à l’Espagne beaucoup plus qu’il ne leur aura coûté. Manipulation ! Car il offre des affaires en or aux marchands de bondieuseries, aux vendeurs de chemisettes coton à l’effigie du Pape, aux pâtissiers créateurs de gâteaux décorés d’un souverain pontife en sucre, aux hôteliers et loueurs d’hébergement divers… aux marchands seulement qui vont pomper dans les finances publiques, et les poches de pauvres crédules qui seront ainsi doublement ponctionnés !
Que font alors les pèlerins de la Parole christique ? Que font celles et ceux qui, bannières au vent (y compris nationales) et cantiques aux lèvres défilent dans les rues sous des fenêtres pas forcément convaincues, de cet exemple donné par Jésus le jour où, violemment, il chassa ces mêmes marchands du Temple ? Ce reniement de leur sacré originel relève aussi de… l’insupportable !
Croire n’est pas affaire de paëlla géante, de boisson gazeuse à la cocaïne répandue à flots, de confessions à la chaîne ou de portraits en sucre ! Croire relève de l’intime, de l’intime seul ! Tout le reste n’est que volonté avouée ou pas de… prise de pouvoir sur l’autre !
Les êtres d'Esprit le savent qui, à l'agitation collective et aux excès de la foule, préfèrent la remise en question permanente de ce qu’ils sont et de ce qu’ils font (l’examen de conscience quotidien), la lecture libre des textes fondateurs, et… le silence !
Quant au Temple…
Je préfère, aujourd’hui, penser à celui de Charles Baudelaire (Les Fleurs du mal) :
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Méditons !

dimanche 7 août 2011

LAW... dette, banque et mémoire !

La France s’est longtemps souvenue du système économique de Law !
Mais, aujourd’hui, elle semble l’avoir oublié.
Rappel…
A la mort du roi Louis XIV qui, à force de se prendre pour le soleil, avait mis la France en faillite, le banquier écossais John LAW avait proposé d’encourager l’épargne populaire et de délivrer en retour des billets de banque dont la conversion en métal serait garantie par l’Etat. 1718 : la Banque Royale était née !
Cette banque prêterait à l’Etat moribond l’or nécessaire pour assurer sa survie. Mais, la dette publique étant abyssale, l’idée vint au banquier-escroc écossais de faire mettre sur le marché beaucoup plus de billets que prévu, pour des sommes beaucoup plus importantes que la garantie en métal détenue par cette banque !
En faillite pour avoir pété plus haut que son cul solaire, l’Etat s’était alors mis à vivre à crédit, sur du papier plus volatile que le vent, plus trompeur que son inventeur lui-même. Il avait misé sur des rentrées de fortune en provenance des colonies… Nous dirions aujourd’hui qu’il avait misé sur… la reprise de la croissance !
Patatras !
1720 : les épargnants ayant voulu récupérer le fruit de leur sueur (ou de leur spéculation !), le système s’effondra, provoquant ruines, misère et tragédie (sauf dans la famille royale, à la cour, et chez les vassaux, tous protégés…). Et le banquier LAW prit la fuite comme un malfaiteur qu’il était.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Etat surendetté (après que ses porte-voix aient, des années durant, expliqué aux simples citoyens qu’ « il n’est pas bien de vivre couvert de dettes… » !), banques bourrées de titres bidons, politiques prêts à s’en remettre au premier aventurier venu, épargnants pris par un doute de plus en plus angoissant, réunions téléphoniques d’exorcisme international depuis des lieux de villégiatures présidentielles ombragés par de frémissants palmiers, ouverts sur de douces perspectives maritimes…
Nul n’est plus aveugle que celui qui ne veut pas voir !
Qui, demain, après avoir protégé son magot, disparaîtra le plus discrètement possible comme l’a fait John Law voilà près de trois siècles ?
Qui, aujourd’hui, achevant de mettre en ruine le Pays, est déjà en train de faire ses valises ?
Qui, demain, prendra la fuite ?
Dommage que les dirigeants ne connaissent pas l’Histoire !
Dommage que les peuples aient la mémoire courte !
Souvenons-nous, et méditons :
"Qui pourrait, et qui en (le système de Law) voudrait raconter les effets, les transmissions de papiers, les marchés incroyables, les nombreuses fortunes dans leur immensité, et encore dans leur incroyable rapidité, la chute prompte de la plupart de ces enrichis par le luxe et leur démence, la ruine de tout le reste du royaume, et les plaies profondes qu’il en a reçues et qui ne guériront jamais, ferait sans doute la plus curieuse et la plus amusante histoire, mais la plus horrible en même temps, et la plus monstrueuse qui fut jamais." (Saint-Simon 1675-1755 Mémoires tome IV chap. 29)
Question subsidiaire :
Pourquoi nos dirigeants actuels suppriment-ils l’enseignement de l’Histoire des programmes scolaires ?
Vigilance et conscience citoyenne !

Salut et Fraternité.

images Billets de banque système de LAW copy. Musée de Poitiers

mercredi 3 août 2011

LIBERALISME... échec !

La mort d’une cinquantaine de sangliers dans la baie de Saint-Brieuc relance la polémique à propos de l’origine des algues vertes, à la grande irritation des agriculteurs intensifs qui, une nouvelle fois, se présentent comme les martyrs de notre époque. Et les politiques et organes de presse de concentrer l’attention du citoyen sur l’affrontement primaire monde paysan-écologie ! Alors que le problème est beaucoup plus grave que cette guerre apparente et imbécile !
Combats contres les ours des Pyrénées, les loups de la Vanoise ou des Vosges, bagarres pour l’implantation d’éoliennes, relèvement du niveau de la dette états-unienne, péage d’autoroutes, malaise à l’Office National des Forêts, plan de sauvetage de la Grèce, de l’Irlande, du Portugal, de l’Espagne, de l’Italie, peut-être bientôt de la France, affaire du Médiator, vacances métropolitaines obligées des ministres, perversion de la presse à la mode Murdoch, Total pleine aux as exonérée d’impôts en France qui relève sans cesse les prix des carburants à la pompe, ruine du SAMU social, Restaurants du Cœur assiégés par une marée de pauvres de plus en plus pauvres sous l’œil goguenard de riches de plus en plus riches, massacres en Syrie, fusion de réacteurs nucléaires au Japon…
Quelques humoristes patentés « fous officiels du roi », occupants inamovibles des étranges lucarnes, pourraient baptiser cette liste « Inventaire à la Prévert » pour le réduire à un simple jeu d’intellectuel désœuvré (style Bernard-Henri Lévy, pourtant conseiller privilégié de l’Elysée pour l’affaire lybienne !)
Mais elle est, cette liste, celle infinie des conséquences directes et visibles (les moins apparentes sont probablement les pires !) de l’effondrement d’un système politico-socio-économique pourtant toujours présenté comme la vérité absolue, et pratiqué comme la religion des religions : le libéralisme !
Redonner de l’argent aux banques, des marges de dette plus larges aux Etats, du temps au temps du crédit sous l’œil avide de requins indéfinis hypocritement appelés « les marchés » ne fait que retarder l’échéance devenue inévitable.
Voilà un quart de siècle, le monde atlantique macdonaldisé assistait en battant des mains à l’effondrement du système politico-socio-économique soviétique. Il trépignait d’impatience : la place était à prendre, en Europe centrale, en Russie, en Asie ! Il l’a prise, avec l’aide très active des mafias de tout poil. La planète allait voir ce qu’elle allait voir : la libre circulation des hommes, des marchandises, et -s’il restait de la place dans les valises- des idées ! Et la planète a vu errer des hommes serfs, circuler des liasses de billets de banque et des lingots, des femmes esclaves achetées comme on achète un fromage, des malades contraints d’aller se faire soigner ailleurs, des « plombiers polonais », des chirurgiens africains payés au lance-pierre… Elle a vu les fermetures d’écoles et d’hôpitaux, l’explosion du prix des produits de première nécessité (pain, nouilles, huile…), le déferlement des officines de mal-bouffe pourvoyeuses d’obèses, la pénurie de médicaments dans les pharmacies, les usines se transporter (en une nuit ou une semaine de congés) dans des zones de non-droit social, des voitures de marque française fabriquées à l’étranger revenir en France, des larmes et de la sueur roumaines sous le capot, des domaines agricoles de dizaines de milliers d’hectares de bonnes terres d’Europe centrale passer sous contrôle de grands investisseurs terriens occidentaux propriétaires de… fonds publics, des entreprises du CAC 40 licencier des régiments de salariés pendant qu’elles goinfraient de dollars et d’euros leurs dirigeants et actionnaires, les fonds de pension et d’investissement anglo-saxons sucer jusqu’au squelette les plus beaux fleurons de notre artisanat puis les jeter secs à la poubelle avec leurs salariés, nos vieux devenus un marché dans des maisons de retrait social plutôt que de retraite, les suicides au travail, les suicides au travail, les suicides au travail…
Hier, fruit de ce système qui encourage à péter plus haut que son cul (pour les plus délicats, lire : dépenser plus qu’on ne gagne !), les particuliers seuls étaient surendettés. On avait créé des commissions pour les « accompagner » vers… le gouffre.
Aujourd’hui, ce sont les Etats eux-mêmes qui sont surendettés pour avoir voulu vivre selon les préceptes de ce système, au-delà de leurs moyens. Et l’on crée des « fonds monétaires » pour les accompagner vers… le gouffre ! Le pire de tous ces Etats, celui qui donne des leçons d’économie à la terre entière (et de Droit humanitaire à coup de frappes dites « chirurgicales ») : les Etats-Unis d’Amérique !
Demain, le monde va revivre ce qu’il a vécu voilà un quart de siècle. Mais l’effondrement aura changé d’horizon géographique et, surtout, idéologique : il sera celui du libéralisme. Et il ne sera plus temps de se demander s’il s’agit de la mort du vieux ou du néo-libéralisme !
Il n’est déjà plus temps !
Dans notre pays, la situation des services publics abandonnés par l’Etat (ONF, transports, énergie, éducation, circulation du courrier et de l’information, santé, équipement, aménagement du territoire…) prouve, si besoin était, que cet Etat n’a plus les moyens de se payer une politique, qu’il n’a plus la force d’avoir une vision pour l’avenir.
En quelques mots, tous ces abandons prouvent, malgré les péroraisons ministérielles, les simulacres de joutes parlementaires (le voile, la « règle d’or », l’immigration, peut-être prochainement la reproduction des gastéropodes en basse Provence…), sous couvert d’une prétendue volonté de libérer les « forces vives » et de rendre la démocratie à la démocratie, que notre pays n’est plus gouverné.
La France est désormais livrée aux seuls intérêts privés des plus puissants à l’agonie ; elle n’est plus la raison d’être, de vivre, de participer à l’effort commun, de travailler, d’aimer… de tout un peuple. L’âme française a quitté ce peuple, pourtant courageux et fidèle, après le reniement de sa devise Liberté-Egalité-Fraternité par ses dirigeants, au nom du sacro-saint criminel libéralisme en train d’imploser.
Quelques charognards occupent encore le champ de ruines, y trouvent encore pitance dans quelque sordide spéculation. Mais ils vivent leurs dernières exactions.
Autrefois, un régime d’Est avait décidé d’appliquer le « tout-Etat ». Il s’est effondré.
Aujourd’hui, nos régimes d’Ouest ont voulu appliquer le « rien-d’Etat ». Il s’effondre.
Mais l’espoir demeure, d’un temps enfin… d’équilibre !
Entre l’économie totalement planifiée, et l’économie anarchique, il nous reste à construire, sur notre champ de ruines, pour demain, un système synthèse qui rende à l’Etat les moyens d’assumer ses responsabilités dans des domaines essentiels (énergie, santé, éducation, emploi, maillage industriel et artisanal, justice, ressources naturelles et humaines, communication, …), capable de dire, par exemple, s’il faut planter des éoliennes et où il faut les planter, dans quelle région il est nécessaire d’installer des médecins et les y installer, de reprendre en mains les réseaux ferré et d’autoroutes (vaches à lait de quelques grands spéculateurs), de répartir les productions agricoles sur le territoire en fonction des possibilités naturelles, du « terroir », plutôt que des ambitions ou délires de quelques-uns, de recréer un véritable service national de recherche scientifique et sociale, d’encadrer les résultats de grandes entreprises (fruits du travail de tous, pas seulement de quelques fumeurs de cigare en jet privé) et de veiller au partage équitable des profits, de décider d’ouvrir des écoles là où elles sont indispensables (partout !), des bureaux de poste, des hôpitaux de proximité, de rééquilibrer un territoire divisé maintenant entre Paris, quelques grandes métropoles satellites, et… un désert abandonné aux cultures intensives assoiffées et aux chasseurs de… loup !
Ce système n’a jamais été autant à notre portée qu’aujourd’hui, au moment où les deux autres systèmes terroristes ont disparu après avoir prouvé leur nocivité.
Nous sommes à un moment crucial de notre Histoire.
Victor Hugo nous a dit que les plus grandes œuvres naissent toujours des plus grandes tragédies… Nous y sommes !
Ne croyons pas tous ces perdants internationaux pitoyables qui nous disent qu’ils ont sauvé ou vont sauver l’euro, le dollar, les Etats, les banques et les marchés. Ils ne le disent que pour s’en persuader eux-mêmes, assurer leur réélection, et… tenter de faire durer encore leur sinécure.
Pensons plutôt à autre chose, à demain, au soleil qui brillera après la tempête !
Mettons au pouvoir l’imagination et la créativité, pour le respect de l’autre et la réussite commune.
Nous avons épuisé les vieux schémas !
La voie est ouverte.
Salut et Fraternité.


Crédit photo DAMIEN MEYER/AFP

jeudi 21 juillet 2011

PARANOIA et politique...

Curieux comme les affaires de mœurs qui touchent des Français s’enracinent désormais toujours à… new-York ! Après le procès que l’on sait, là-bas, un autre s’annonce, né en France, qui se transporte lentement mais sûrement au pied de la bien mal nommée désormais « Statue de la Liberté ». Même suspect, autre plaignante ! Des affaires qui arrangent bel et bien les caciques de l’équipe française au pouvoir à la veille d’une élection importante. A croire que…
Trouver ces conjonctions surprenantes relève de la « paranoïa collective » selon le brillantissime psycho-sociologue secrétaire général de l’UMP. Pourtant…
Certains veulent croire au hasard. D’autres savent que ce mot n’est utilisé que pour les phénomènes inexplicables ou inexpliqués. Attendons donc les explications ! Malgré le choix de l’obscurantisme fait, pour le court et le long terme par les responsables de la droite actuelle (ne ferme-t-on pas les écoles à tour de bras, et ne voit-on pas les journaux verrouillés pas les banquiers ses amis ?), nous pouvons espérer une éclaircie venue, peut-être, de la Justice, ou d’une crise majeure des médias (n’est-ce pas, Messieurs Murdoch et Cameron ?)
Ne nous méprenons pas ! Ne regardons pas ailleurs ! Car…
Sous cette puante actualité, c’est la KKKrise qui explose, l’échec monumental et tragique de ce libéralisme à l’anglo-saxonne dont quelques attardés voudraient nous faire croire qu’il est le mode de fonctionnement moderne du monde, notamment pour ce qui nous concerne, de la France et de l’Europe !
Les situations que nous offrent en ce moment nos (ir-)responsables politiques sont directement issues de ce concept issu des âges les plus reculés de l’Histoire : la loi du plus fort !
La loi du mâle dominant… la loi du plus important possédant… la loi du plus fieffé menteur… la loi du plus puissamment armé… la loi du patron de réseau le plus infiltré !
Or, dans ce monde « idéal » et « moderne », pour continuer à régner, on calomnie, on affame, on emprisonne, on interdit d’accès à la connaissance, on menace de tordre le cou au droit constitutionnel de grève, on exonère les riches pour assommer les pauvres, on ne soigne plus que celles et ceux qui peuvent payer, on achète un dangereux équilibre en accordant des primes au peuple comme autrefois le roi lui faisait lancer quelques pièces d’or par la lucarne de son carrosse gardé par dix rangs d’hommes armés jusqu’aux dents.
Dans ce monde « idéal » et « moderne », par la volonté d’une poignée de menteurs-manipulateurs-conditionneurs internationaux, nous sommes revenus à la jungle la plus féroce que des siècles de travail, de décisions des plus sages, de colères des plus impatients ou opprimés, avaient fini par… humaniser un peu !
Nous entrons dans une des périodes les plus noires de notre Histoire !
Par leur malhonnêteté, leurs crimes, leurs mensonges, leur mépris des humbles, les tenants des pouvoirs actuels sont désormais face à l’échec le plus terrible de toute l’histoire de l’humanité puisque, cette fois, à dimension planétaire ! Et ils veulent et voudront encore nous faire croire coûte que coûte que leur modèle est toujours le meilleur ! Par tous les moyens, y compris le sang (Irak, Afghanistan, Lybie, Côte d’Ivoire, Syrie…) et la famine provoquée (Sahel, corne de l’Afrique…) ils vont tenter de se maintenir dans leur paradis doré. Partout où ils le pourront, ils vont user sans nausée de tous les moyens, y compris ceux trouvés dans les caniveaux les plus puants, pour nous persuader qu’ils sont les meilleurs, les plus beaux, les seuls capables de nous mener à… leur bonheur !
Paranoïa ?
Qu’est donc allé dire le Président de Total au ministre de l’Industrie, voilà quelques heures, tandis que les prix flambaient à la pompe sans un centime d’impôt versé à l’Etat français ?
Pourquoi donner une prime aux médecins qui ne feront que l’effort d’être fidèles à leur serment d’Hippocrate (projet qui écœure les médecins sérieux) ?
Pourquoi confier (voire proposer) ses images intimes, quand on est Président de la République, à une revue très populaire, à neuf mois (une gestation !) de la prochaine élection ?
Pourquoi tellement négocier (paraît-il !) avec des banquiers qui, depuis le début de la KKKrise, engrangent plus de bénéfices que jamais ?
Pourquoi asservir la vie de tous les Etats du monde à l’avis de trois officines douteuses, les agences de notation, toutes anglo-saxonnes ?
Pourquoi les grandes entreprises françaises peuvent-elles en toute impunité internationale, faire travailler des esclaves dans des pays gagnés à l’ultralibéralisme si cher à nos dirigeants occidentaux ?
Pourquoi tous ces dirigeants si prudes et vertueux passaient-ils leurs vacances au frais de dictateurs méditerranéens qu’ils disent combattre aujourd’hui ? Etait-ce cela, l’ « Union de la Méditerranée ? »
Pourquoi, dès qu’un opposant politique, chez nous, est en passe d’être choisi par le peuple pour tenter de mener une autre stratégie, humaine et respectueuse, de développement économique, social, culturel, lui flanque-t-on des tartes de merde au visage en espérant qu’il puera davantage que ceux qui les lui ont lancées ?
Pour l’un, candidat rose, c’est la tentative de lui coller aux basques une affaire de mœurs, pour l’autre, candidate verte, c’est un doute quant à sa vraie nationalité !
Encore un effort, Messieurs les brillants psycho-sociologues-aboyeurs français du système international en déroute, après le renvoi vers la Norvège d’une candidate gênante, vous finirez par tenter de persuader les électrices et électeurs que vos possibles autres compétents concurrents sont tous des… Hollandais !
Paranoïa ?
Simple exigence de respect démocratique pour tous les citoyens, tous les êtres, quels qu’ils soient !
Paranoïa ?
Le plus malade des deux n’est pas toujours celui qu’on désigne !
Salut et Fraternité.

Image Marianne de la mairie de Igney (Vosges) Photo Christophe Voegelé

jeudi 14 juillet 2011

Agences de notation... misère !

S’appellent-elles Dupont, Hermann, ou Baldini ? Non ! Elles s’appellent Standard and Poor’s, Moody’s et Fitch ! Elles… les agences de notation qui font trembler les Etats !
Sont-elles européennes, chinoises, africaines, ou sud-américaines ? Non ! Elles sont états-uniennes ! Sont-elles des institutions publiques en charge de la surveillance des équilibres financiers nationaux et internationaux (à l’image, en France, de la Cour des Comptes tellement assassinée en ce moment par le pouvoir actuel au prétexte que, parce qu’elle aurait sévèrement jugé sa gestion -ce qu’elle avait déjà fait sous l’autorité de Philippe Séguin- elle est partisane !) ? Non ! Elles sont des entreprises privées grassement payées par leurs clients pour faire la pluie (presque toujours) et le beau temps (presque jamais) dans notre (leur) monde ultra-libéral en pleine décomposition.
La pluie ? C’est le doute injecté sur la planète des requins d’eau sale de la finance qui leur permet de faire monter ou baisser les taux d’intérêt, d’inciter les banques à prêter de l’argent aux Etats qui en ont besoin, ou de le leur refuser. Par ce moyen du doute institutionnel qu’elles créent en permanence, elles se sont autoproclamées « juge suprême de l’état de santé des Etats de la planète ». Par la violence financière, elles ont pris le pouvoir… de vie ou de mort sur… ces Etats ! Le bonheur des peuples est désormais soumis à… leur bon plaisir !
La Grèce, désormais contrainte de se vendre au plus offrant, est l’une des plus spectaculaires victimes de ces officines nauséabondes. Le port du Pirée n’est-il pas devenu propriété chinoise ? Comme le Portugal, l’Espagne, bientôt l’Italie contraintes de vendre les bijoux de famille pour se refaire un peu d’argent frais vite englouti par ceux-là même qui ont déclenché le vent de panique. Comme la France qui, déjà, liquide ses grands services publics à quelques milliardaires amis (énergie, éducation, transports…), voire ses monuments. Ne vient-on pas d’apprendre que le prestigieux siège de l’ancien ministère de la Marine, place de la Concorde, est en passe de devenir… une maison de rapport ?
Ces agences de notation se paient sur les bêtes qu’elles jugent ! Plus elles les font trembler, plus elles les rendent dépendantes, plus elles leur deviennent indispensables, plus elles se font payer cher, plus elles deviennent riches ! Elles sont l’exemple terrible du parasite qui prospère sur le vivant qu’il épuise jusqu’à le faire mourir, avant de mourir lui-même, faute de nourriture ! Elles mourront, trop tard hélas, pas de honte, mais de faim, après avoir tué les peuples du monde par… la faim.
Or, elles sont de là-bas, de ce pays « Etats-Unis d’Amérique », temple mondial du libéralisme-loi de la jungle, de ce pays grand manipulateur international qui a fait du mensonge son outil premier (souvenons-nous des « armes de destruction massive de Saddam Hussein » !) pour asseoir sa domination sur le monde. Standard and Poor’s, Moody’s et Fitch sont de ce pays en faillite !
Observons un instant…
Notent-elles les Etats-Unis, ces agences de notation si sévères avec les pays d’Europe (dont elles font la politique puisque ce sont leurs milliardaires qui, directement ou indirectement, arrosent les campagnes électorales de nombre de nos candidats, leurs partisans dans le monde) ? Disent-elles, à l’aide d’un CCC que ces Etats-Unis sont en faillite ? Révèlent-elles au monde que ces Etats-Unis d’Amérique sont en état de… cessation de paiement ? Evidemment non ! Telle est, pourtant, la réalité ! Leur stratégie : ruiner davantage encore les autres pays pour masquer leur propre ruine, pour faire en sorte qu’un pauvre continue à régner sur… plus pauvres que lui ! Pour que Washington, Chicago et New York gardent le pouvoir planétaire, à n’importe quel prix ! Et elles le font avec la complicité des politiques du monde, leurs alliés, favorables à ce qu’ils ont hypocritement nommé « le néo libéralisme », qui ne voient de survie à leurs prébendes que dans la poursuite de la stratégie actuelle. La fuite en avant, les « après moi le déjuge ! » sont à l’œuvre.
On est en droit de se demander pourquoi l’Union Européenne ne se crée pas sa propre agence de notation, institutionelle et fédérale, capable de porter un regard compétent sur la vie de ses Etats d’abord, sur celle des autres Etats, ensuite, dont -et surtout- sur les Etats-Unis. On peut se demander pourquoi la Commission Européenne évite de se proposer un tel projet, pourquoi le Parlement de Strasbourg (qui vient d’augmenter les indemnités pourtant déjà somptuaires de ses misérables députés et salariés) ne met pas cette question à son ordre du jour ! Ne serait-ce pas... parce que tous, élus ou fonctionnaires, sont le fruit de cette perversion internationale, les premiers défenseurs -parce que ses premiers bénéficiaires- de l’ultralibéralisme à l’anglo-saxonne qui met à genoux les peuples pour mieux servir quelques riches !
Qui peut me dire, par exemple, où l’entreprise Total paie ses impôts ?
Qui peut me dire aussi de quel droit, en vertu de quel choix démocratique, de quel pouvoir -divin ?-, quelques individus avides d’or et d’argent, se croient autorisés à faire cette pluie (toujours !) et ce beau temps (jamais !) dans le monde, à en gérer… la misère ?
Les peuples de tous les continents n’en peuvent plus d’être saignés.
Leur réveil sera douloureux pour… les saigneurs !
En ce jour commémoratif de la prise de la Bastille :
Paix et prospérité dans le respect et l'Egalité, à toutes et à tous !
Salut et Fraternité.