vendredi 29 août 2014
Droite... Gauche ? Ouest !
Août 2014.
Nouveau gouvernement : on prend les mêmes (ou
leurs jumeaux !), et on continue !
Hier, la
France était gouvernée par une prétendue droite qui, selon
ses détracteurs, faisait une politique de gauche.
Aujourd’hui, elle est gouvernée par une prétendue
gauche qui, selon ses détracteurs, fait une politique de droite.
Derrière les étiquettes partisanes -toutes les
étiquettes-, il semble bien que se dissimulent des légions de personnages, ni
de droite, ni de gauche, silencieux et transparents, attachés à leurs fauteuil
et avantages acquis, qui ne pensent qu’évolution de carrière, et progression
des émoluments directs et/ou indirects, en espèces ou en nature.
Planquée dans ses tranchées, issue de « grandes
écoles » pondeuses d’ « élite » cette armée de l’inertie est en
réalité le véritable moteur grippé d’une guerre perdue d’avance par notre pays,
celle des progrès politique, économique, social et culturel.
Madame Edith Cresson, ancienne Premier Ministre de la France, me confiait un jour
en public que sa grande découverte avait été, en arrivant à Matignon, celle de
l’impuissance tragique des responsables politiques désignés par le peuple, élus
ou choisis de quelque niveau, même le plus élevé, face au pouvoir absolu des
membres de Cabinets et boulets de la haute administration de tout poil. Quelques
années plus tôt, le regretté Philippe Séguin m’avait fait la même confidence,
s’étant aussitôt empressé de la corriger d’un : « Mais avec moi, ils
ont tout de même du fil à retordre ! »
Il ressort naturellement de ce constat que, quel que
soit le résultat d’élections législatives ou présidentielle, la dynamique du
pays reste la même, c'est-à-dire nulle, puisque le même moteur en panne
instille à tous les titulaires de mandat ou propriétaires de portefeuille les
mêmes invitations à… l’immobilisme.
Ce matin même, le ministre du Travail François Rebsamen expliquait sur
France Culture qu’il existe au moins trois temps dans la vie d’un pays. J’ai
cru comprendre (peut-être suis-je trop bête pour tout saisir d’emblée de son exposé
puisque, une fois de plus, il a ajouté qu’il devait faire preuve de davantage
de pédagogie pour être bien saisi de ses concitoyens) que ces trois temps
sont : le temps de la réflexion politique, le temps de la décision, le
temps de la mise en application de cette décision, que ces trois temps ne sont
pas solubles l’un dans l’autre, qu’il arrive même qu’ils soient antinomiques.
Il expliquait -excusait- ainsi le manque chronique de résultats immédiats, à
moyen ou long terme, de l’activité
politique.
Trois temps… nous l’avons échappé belle ! Selon
Brel, il en existerait… mille !
Alors, que penser des discours et gesticulations
actuelles autour du devenir d’un pays en détresse, et d’un peuple de plus en
plus souffrant ? Les mots seraient-ils suffisants pour faire croire à
l’action ? Quoi qu’il en soit, ils semblent bien incapables d’inciter
Monsieur Gattaz à inviter ses grands patrons à investir dans leurs entreprises
l’argent public offert par l’Etat plutôt que de le glisser directement dans les
poches de leurs actionnaires (nous pourrions presque, concernant ce qui s’est
passé au cours du premier semestre 2014 -voir Les Echos- parler de « détournement de fonds
publics » !)
Alors, que dire ?
Rien, pour ne pas ajouter de discours aux discours,
d’imprécations aux imprécations, de mensonges aux mensonges.
Alors, que faire ?
Peut-être seulement constater que notre pays échappe à
celles et ceux qui ont reçu mission du peuple de le gouverner, que notre pays
ainsi abandonné à la loi naturelle de dérive des continents, glisse dangereusement
vers l’Ouest que, toujours fasciné par le « rêve américain », il
s’est relancé dans une aventure d’amoureux transi avec l’OTAN après la rupture
décidée voilà longtemps par le général de Gaulle.
Force est de constater que notre pays a choisi, sans
se l’avouer, de prendre désormais ses ordres de politique étrangère directement
auprès du Département d’Etat dirigé à Washington par John Kerry, d’adopter
toutes les résolutions états-uniennes et la vision obamanienne à propos de l’Irak,
la Syrie, la Lybie, l’Iran, le conflit
israélo-palestinien, l’Ukraine, de se coucher avec la Commission européenne
devant les Etats-Unis quant à la politique de l’Organisation Mondiale du
Commerce, à croire que le quai d’Orsay n’est plus qu’un bureau annexe d’un sous
secrétariat d’Etat installé de l’autre côté de l’Atlantique.
Force est de constater aussi que la stratégie
économique de la France
est désormais décidée par l’Allemagne dirigée par une chancelière ignorante
encore de l’effondrement spectaculaire de l’Union soviétique voilà plus de
vingt ans, acharnée encore à résister à feu le danger communiste enraciné
autrefois à l’Est, et soumise à la fascination de l’Ouest semblable à celle qui
anesthésiait celles et ceux d’Europe centrale qui, voilà bien longtemps,
découvraient le blue-jean et la première gorgée de boisson gazeuse à la cocaïne.
Droite… gauche ?
Il est évident, aujourd’hui, que ce choix fondamental
à exercer entre les tenants d’une économie au service de l’Homme, et de l’Homme
au service de l’économie, n’existe plus que sur les bulletins de vote et dans
des professions de foi électorales qui n’engagent que celles et ceux qui les
reçoivent, parfois les lisent.
Soyons lucides : quelles que soient les équipes
logées aujourd’hui dans les palais nationaux, parce qu’elle a perdu ses racines
européennes, la France
n’est plus gouvernée à gauche, la
France n’est plus gouvernée à droite.
La France est gouvernée à… l’Ouest !
Qu’on se le dise.
Salut et Fraternité.
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