mardi 23 septembre 2014
Les gros bras...
La situation internationale est très tendue, nul ne
peut le contester. Mais, avant d’ajouter de la tension à la tension, avant de se lancer à Rafales perdus dans un nouveau
conflit armé, si nous avions tenté d’ouvrir notre livre d’Histoire afin d’y
voir plus clair… Nous nous serions souvenus que l’état actuel du Moyen-Orient
est la conséquence directe de découpages territoriaux pratiqués à l’insu des
populations locales par le monde occidental à l’issue de la Grande Guerre, que
ces découpages ont été aggravés par ceux
d’Europe centrale pratiqués par Roosevelt et Churchill avec la complicité de
leur ami Staline au terme de la Seconde
Guerre mondiale. Nous aurions redécouvert que, en ce temps-là
très proches encore, les mêmes artistes du ciseau avaient redécoupé au jugé les
régions riveraines de la
Méditerranée orientale, créant les conditions incontrôlables
désormais d’une terrible tragédie toujours vive dont ils se servent au
quotidien à des fins de manipulations diplomatiques souvent inavouables. Nous
aurions pu aussi nous demander, rafraîchissant notre mémoire en ce qui concerne
la seconde Guerre du Golf (Bush père), celles d’Afghanistan, d’Irak (Bush
fils), ce qui pouvait bien pousser ces activistes du découpage à mentir à la
planète entière à propos d’armes de destruction massive, et de repères de
terroristes internationaux. Et nous aurions peut-être pris la décision de ne
pas les accompagner dans cette nouvelle croisade des temps dits
« modernes ».
Car c’est bien d’une croisade qu’il s’agit.
Guerres de religions ?
Comment oublier que la guerre de 1914-1918 a duré deux ans de
plus, produit plusieurs millions de morts supplémentaires, à cause du refus,
par le président US protestant Wilson et son complice violent anticlérical
Clémenceau (contre l’avis du président de la République Poincaré),
de la paix proposée par l’empereur Charles 1er d’Autriche dès son accession au
pouvoir en 1916 ? Ces deux hommes étaient tellement acharnés à pulvériser
les monarchies catholiques d’Europe centrale qu’ils ont préféré faire parler
pendant deux longues années encore… les mitrailleuses du front !
Comment oublier que le président des Etats-Unis prête
serment sur la Bible
et que, dans son discours d’investiture, il s’arrange toujours pour rappeler au
monde que Dieu est son inspirateur, que son pays mosaïque détient La Vérité, et qu’il prétend
proposer cette Vérité, voire l’imposer, à la planète entière. Bush fils l’avait
résumé dans une formule aussi lapidaire qu’imbécile : « Qui n’est pas
avec nous est contre nous ! »
Bien sûr, il y a eu le 11 septembre, son avant, son
pendant, et son après.
Mais n’était-il pas le résultat de la violence faite
aux peuples du monde par cette poignée d’hommes qui, depuis deux siècles,
exterminent les Indiens, malmènent leurs propres populations en les soumettant
aux spéculateurs les plus éhontés, pratiquent le pire racisme au quotidien,
imposent leurs produits destructeurs aux paysans de partout, détiennent sans
jugement des dizaines d’hommes à Guantanamo, massacrent leurs propres enfants
dans les cours d’école, pratiquent une peine de mort assortie d’une
interminable agonie, achètent des armes dans les supermarchés, polluent chaque
jour davantage la planète et refusent de signer les accords de Kyoto, prétendent
mettre de l’ordre en Europe, en Asie, en Afrique, en Amérique du Sud, faisant
de toutes les catastrophes un atout supplémentaire pour leur stratégie de
domination (à propos du tsunami de 2004 en Thaïlande, la secrétaire d’Etat aux
Affaires étrangères Condoleezza Rice n’a-t-elle pas déclaré au Sénat le 18
janvier 2005 : « Le tsunami a été une merveilleuse occasion pour
montrer le cœur non seulement du gouvernement américain, mais du peuple
américain, et je crois que nous en avons retiré un grand bénéfice »)…
La violence appelle la violence.
Nul ne saurait excuser les actes de terrorisme quels
qu’ils soient. Ils relèvent de la barbarie la plus condamnable qui doit être
condamnée de la manière la plus ferme et définitive. Mais nul ne saurait
excuser les actes de violence politique, économique, confessionnelle, ni les
mensonges, ni les manipulations à des fins d’asservissement, d’où qu’ils
viennent.
Parce qu’il est idéologique, le terrorisme économique
est aussi criminel que le terrorisme armé. Il le précède souvent. Il le génère
toujours !
En 2003, pourtant pris dans des convulsions de
programme et d’action souvent incompréhensibles, le Président Jacques Chirac
avait eu la grande sagesse de ne pas suivre les Etats-Unis dans leur agression contre
l’Irak. Notre pays, alors, ce jour-là, grâce à lui, fut grand. Pour la dernière
fois !
Puissent nos dirigeants actuels s’en inspirer.
Mais, peut-être est-il déjà trop tard, car… la guerre
est la drogue enivrante des petits chefs d’Etat.
Nos Rafales
sont déjà en mission.
La tentation de jouer les gros bras a été la plus
forte.
Pauvre France !
Salut et Fraternité.
Image : Marianne aveuglée. Couverture de Au Plaisir d'ENA Gilles Laporte
DGP Editions Québec - 2001- photo Ch. Voegelé
mercredi 17 septembre 2014
Les Illettrés de GAD
Serions-nous
tous des imbéciles, des illettrés ?
Les
oligarques qui nous gouvernent seraient-ils les seuls individus cultivés, instruits,
lettrés, policés, sociables, en résumé : dignes du beau nom de
citoyens ?
Faudrait-il
passer par Science Po, HEC et l’ENA (promo Voltaire
de préférence) pour mériter à leurs yeux d’être reconnus comme des humains à
part entière ?
Jusque
là, ils n’avaient pas encore osé le dire. Certes, ils le pensaient tellement
fort, eux qui, à les entendre, doivent sans cesse faire des efforts de
pédagogie et d’explications-communication pour se faire comprendre de leurs électeurs/trices qu'ils considèrent comme une
peuplade d’abrutis, que nous le savions déjà.
Mais,
depuis ce matin, nous en avons la certitude, puisque l’un d’entre eux l’a
affirmé en public !
A
peine arrivé au gouvernement en remplacement d’un précédent ministre brillant
lettré qui, malade de « phobie administrative », oubliait de déclarer
ses revenus, payer ses impôts et son kiné, le nouveau ministre de l’Economie et
autres spécialités spéculatives, Monsieur Emmanuel Macron, issu de la
sacro-sainte ENA et des antichambres des Rotschild, a été clair, à propos des
salariés des abattoirs bretons GAD, à Josselin. Au micro d’Europe1, il a
déclaré : « Il y a dans cette société une majorité de femmes, pour
beaucoup illettrées. Pour beaucoup on leur explique vous n’avez pas d’avenir à
GAD ou aux alentours, allez travailler à 50 ou 60 kilomètres. Ces
gens-là n’ont pas le permis de conduire. On va leur dire quoi ? »
De
cette logorrhée en langue française exemplaire (normal, pour un lettré :
« On va leur dire quoi ? » pour « Que va-t-on leur
dire ? » ), il faut donc retenir que : 1/ les ouvriers
seraient en majorité illettrés… 2/ dans cette majorité, les femmes surtout
seraient illettrées !
Questions :
-Monsieur
le Ministre penserait-il encore, comme au Moyen-Âge, que les femmes n’ont pas
d’âme ?
-Monsieur
le Ministre penserait-il encore comme Richelieu qui affirmait : « l’éducation
du peuple est de nature à ruiner le pays » ?
-Pourquoi
seul(e)s les Breton(ne)s pourraient-ils bénéficier d’une telle reconnaissance inique
d’un ministre de notre République ? Ne pensait-il pas aussi, ce fin
lettré, en tenant ces propos, aux Lorrain(ne)s d’ArcelorMittal, et aux
victimes, dans toutes les régions, de ses complices inféodés au sacro-saint
marché ?
Nous
savions que « ces gens-là »
(appliquons-leur cette formulation, puisqu’ils nous l’appliquent !)
étaient indifférents dans leurs palais à la réalité de vie des humbles de notre
pays, aux souffrances quotidiennes de ceux qui, pourtant les font vivre, mais
nous ne savions pas encore qu’ils n’éprouvent pour eux que du mépris !
Maintenant,
nous le savons !
Trop
facile de « regretter » pour se faire pardonner, surtout quand le
dérapage est significatif d’une pensée de classe. Les plus plates excuses, même
ministérielles n’y pourront rien changer. Ce qui est dit… est dit ! Une
fois lâchés, les mots vivent leur vie. Personne ne peut plus les rattraper.
Nous
savons désormais que les « sans-dents » sont aussi des
« sans-cerveau » !
Nous sommes tous des illettrés !
Malheur
à qui l’oublierait !
Salut et Fraternité.
La Mort du Loup
Alfred de Vigny
Poème extrait du recueil Les Destinées
La
mort du loup
I
Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. — Ni le bois, ni la plaine
Ne poussaient un soupir dans les airs ; Seulement
La girouette en deuil criait au firmament ;
Car le vent élevé bien au dessus des terres,
N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d'en-bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête
A regardé le sable, attendant, à genoux,
Qu’une étoile jetât quelque lueur sur nous,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçaient la démarche et les griffes puissantes
I
Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. — Ni le bois, ni la plaine
Ne poussaient un soupir dans les airs ; Seulement
La girouette en deuil criait au firmament ;
Car le vent élevé bien au dessus des terres,
N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d'en-bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête
A regardé le sable, attendant, à genoux,
Qu’une étoile jetât quelque lueur sur nous,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçaient la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers
et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux.
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions, pas à pas, en écartant les branches.
Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,
J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse ;
Mais les enfants du loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,
Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux.
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions, pas à pas, en écartant les branches.
Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,
J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse ;
Mais les enfants du loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,
Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus
loin, contre un arbre,
Sa louve reposait comme celle de marbre
Qu'adorait les romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Remus et Romulus.
Sa louve reposait comme celle de marbre
Qu'adorait les romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Remus et Romulus.
Le Loup vient et s'assied,
les deux jambes dressées
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncés.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncés.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
II
J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
À poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux la belle et sombre veuve
Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve ;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
À ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l'homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.
III
Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes !
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C'est vous qui le savez, sublimes animaux !
À voir ce que l’on fut sur terre et ce qu’on laisse,
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.
— Ah ! je t’ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m’est allé jusqu’au cœur.
Il disait :J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
À poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux la belle et sombre veuve
Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve ;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
À ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l'homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.
III
Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes !
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C'est vous qui le savez, sublimes animaux !
À voir ce que l’on fut sur terre et ce qu’on laisse,
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.
— Ah ! je t’ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m’est allé jusqu’au cœur.
« Si tu peux, fais que ton âme arrive,
À force de rester studieuse et pensive,
Jusqu’à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j’ai tout d’abord monté.
Gémir, pleurer prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le Sort a voulu t’appeler,
Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler. »
mercredi 3 septembre 2014
Chasse aux chômeurs...
Comme un chef de gare sur le quai
siffle le départ du train, c ’est le ministre du Travail en personne qui vient
de sonner la mise en branle de ses troupes de Pôle Emploi d’un vigoureux coup de trompe dans une campagne sociale
française pourtant bien éprouvée déjà par la sécheresse entrepreneuriale et
industrielle.
Autrefois, il était interdit de
chasser quand, à cause des intempéries, le gibier souffrait trop et devait trop
s’exposer pour tenter de se nourrir. Simple question d’apparent respect d’un
semblant de vie !
Aujourd’hui, même en période de
dure glaciation des emplois, les armes sont de sortie, et leurs propriétaires
autorisés à tirer sur tout ce qui bouge hors des sentiers jugés acceptables par
l’administration.
Régner par la terreur plutôt que
par l’empathie, c’est toujours régner ! Surtout quand cette philosophie
politique est soufflée aux oreilles des élus et nommés au pouvoir bien logés
dans les palais nationaux, et soutenue avec vigueur par... les actifs du CAC 40.
En près d’un demi siècle de vie
professionnelle (ouvrier de conserverie/SNCF/valet d’hôtel pour payer mes
études de philosophie, puis enseignant Education nationale, puis emploi en
service commercial, puis dans l’industrie, puis dans l’agriculture), j’ai eu la
chance de ne pas vivre une heure de chômage. Je n’ai pas coûté un centime à la
collectivité, mais, par ma contribution, avec tous les autres citoyens au
travail, j’ai sans doute contribué à alléger les souffrances de ceux que les
politiques et leurs complices financiers de ces temps-là avaient mis sur la
paille.
Tous mes proches ont été touchés
par la lèpre du chômage : parents et membres de ma famille ouvriers de
filature et de tissage dans les Vosges, les amis, les copains d’école et
d’ailleurs ! Tous, sans exception, ont subi, subissent encore, organisée
par les décideurs d’hier et d’aujourd’hui, la destruction du textile, de la
sidérurgie, du papier, de la mine, du commerce de proximité, la ruine
programmée depuis les corbeilles de Paris et d’ailleurs, du tissu social que
des générations avaient créé au prix de leur sueur et de leur sang. Tous ont
vu les plus grosses fortunes de France (et maintenant de partout) s’engraisser
toujours plus sur le cadavre de leurs usines, de leurs cités vendues par tranches,
de leurs qualités professionnelles et humaines. Tous ont vu s’asseoir sur leur
dignité de travailleurs des individus indignes, tout juste acharnés à gonfler
leur bas de laine planqué pour beaucoup à l’étranger. Tous ont souffert le
martyre, en souffrent encore maintenant ! Certains de mes parents, de mes
amis, sont morts d’avoir été jetés comme des déchets par des coalitions de
politiques-spéculateurs, morts d’avoir été spoliés à vingt, à trente, à
quarante ans… de leur raison de vivre, de ce à quoi l’école de la République les avait
préparés : le TRAVAIL !
Alors, ce matin, ma colère est
brutale, certes, mais je l’assume pleinement de tout mon être d’héritier de la
misère de ces gens-là, de leurs tragédies, de leur honte de n’être plus rien
après avoir été tout.
Car ces fortunés du CAC 40, ces
donneurs d’ordres qui applaudissent le Premier ministre en joignant les mains
comme des enfants sages, que seraient-ils sans celles et ceux qui leur ont
donné -leur donnent encore, pour les plus chanceux- leur tête, leur cœur, leurs
bras, leur énergie… leur vie ? Que seraient-ils sans tous ces ouvriers et
employés, agents de maîtrise et cadres qui produisent tout ce que quelques-uns
dans les palais se partagent effrontément ?
Renforcer les contrôles… pourquoi
pas, Monsieur le Ministre ? Mais alors tous les contrôles dont la société
républicaine a besoin pour survivre ! Que tous les consommateurs de fonds
publics aient à rendre des comptes : parlementaires, ministres et
sous-ministres, hauts-fonctionnaires et magistrats, chargés de mission de tout
poil et de toute tendance, propriétaires de sinécures régaliennes, pas
seulement le médecin de campagne, l’épicier de quartier, ou les paysans
français malmenés par des embargos imbéciles décidés à Washington. Que toutes
les grandes fortunes « délocalisées » aient à rendre des comptes au
fisc, au peuple souverain qui a contribué à les créer, pas seulement les
contribuables de base. Que tous les locataires de « niches fiscale»
soient considérés comme doivent l’être tous les occupants de niches souvent plus
humains que ces hommes eux-mêmes.
Oui, Monsieur le Ministre, il
faut des contrôles, au nom du peuple de France, au nom de tous les peuples,
mais qui s’appliquent à tous les citoyens, pas seulement à ceux de la
« France du bas » encore montrés du doigt comme s’ils étaient la
cause de tous les terribles maux de notre pays.
Oui, Monsieur le Ministre, il
faut des contrôles pour rappeler à leurs devoirs tous les marginaux, d’où
qu’ils soient et quoi qu’ils pensent, qui s’estiment hors, ou au-dessus des
lois de la République !
Oui, Monsieur le Ministre, il
faut des contrôles pour recadrer sans cesse notre société sur la devise de
cette République que nous devons à celles et ceux qui, trop souvent déjà, ont
été massacrés pour la défendre : LIBERTE – EGALITE – FRATERNITE !
Et si vos chasseurs viennent à
manquer d’efficacité, alors que les pêcheurs s’y mettent. Mais attention, avec
des moyens nouveaux !
Que les mailles de leurs filets
ne soient pas de plus en plus larges à mesure que s’éloigne le fond et qu'on s'approche de la surface où prolifèrent les grands carnivores !
Salut et Fraternité.
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