jeudi 31 juillet 2008

Promenade à Sion - 7


De l’époque où je ne la connaissais pas encore, j’ai gardé de la colline de Sion-Vaudémont l’image qu’en donnait aux enfants du catéchisme le curé de mon village. Un homme impotent d’une rare érudition, autrefois professeur de théologie qui, entre le récit de ses voyages en Terre Sainte (il en avait rapporté une très grande palme qu’il brandissait le dimanche des Rameaux) et un cours sur le style rococo, nous entretenait de ses rencontres à Rome avec le Saint-Père dont il avait l’oreille, et… des pèlerinages de septembre à Sion. Le gamin d’ouvriers de filature que j’étais alors, trop jeune pour aller à la mer en colonie de vacances, trop pauvre pour oser imaginer une quelconque évasion, confiné comme les autres de même condition entre Moselle et Bois de l’Âtre, buvait ses récits merveilleux d’escalade de la Colline entre les vergers dorés d’automne, imaginait la foule sous les tilleuls, les hymnes à la Vierge, les victuailles partagées sur la prairie, les salutations à la Dame couronnée de la tour, puis le retour de nuit en autocar. Je la voyais, cette Colline, élevée jusqu’au ciel, vaste comme une planète, peuplée de personnages fantastiques vêtus de brocard qui parlaient une langue mystérieuse. Avec les paysages de La Mancha parcourus par un Don Quichotte prix de lecture à l’école, elle était le lieu mythique de toutes mes libertés, celui de tous mes combats contre tous les moulins à vent de la terre !

Mes souvenirs d’enfance m’ont occupé l’esprit tout le temps de la marche Sur la Côte. La distance m’a paru bien courte jusqu’à la croix de Vaudémont, les congères modestes malgré la neige dans mes chaussures, le vent du Bois de la Conge -vent de France qui a toujours engourdi la Lorraine- presque doux ! Mes souvenirs d’enfance et… leurs écrits : Barrès toujours, le chanoine Martin*, le tiercelin Ange Trouillot**, le professeur Mangenot*** et quelques autres dont la lecture avait nourri ma curiosité d’adolescent. Leurs phrases me revenaient à chaque pas. Quant aux images d’André Jacquemin… En marchant, j’entendais sa voix. Il me parlait si souvent des autres amoureux de notre terre, ses amis peintres Ventrillon, Monchablon, Husson, Colin, l’admirable Victor Guillaume dont les cendres reposent sous le buis dans l’ombre de la petite église. Il me racontait ses hivers de morsure du cuivre par l’acide et de ses doigts par le gel, sur les flancs de la Colline dont il voulait coûte que coûte exprimer la majesté. Il est là, à mon côté, à deux pas de la Tour du Guet en ruines… sa voix, ses intonations de conteur, ses frasques d’enfant à Dombrot-sur-Vair -il précisait toujours « le Bouzey d’avant Révolution !»- chez son oncle « l’Ours », son trait dans le métal pour la célébration esthétique, et son amour de la vie ! André Jacquemin, le Maître toujours présent !

A suivre...
GL

*Notre-Dame de Sion en Lorraine éd. Librairie Letouzet et Ané Paris 1923
** Histoire de l’Image miraculeuse de Notre-Dame de Sion, en Lorraine, avec une pratique de dévotion éd. Charlot et Messin Nancy 1757
***
Sion, son pèlerinage, son sanctuaire éd. Ancienne Imprimerie Vagner Nancy 1919
réf. publication voir billets antérieurs
image Sion, soir d'orage 29 07 08 photo GL

mardi 29 juillet 2008

Promenade à Sion - 6


Entre les deux rives de la forêt, j’ai marché, de la neige jusqu’aux genoux, soulevant malgré moi mes ailes de manchot, comme un passeur de gué. Le jour pointait. Je l’apercevais entre les troncs des grands hêtres que trois hommes n’auraient pas suffi à embrasser, dans leurs branches immobiles, par-dessus les ronciers où froufroutait çà et là le renard retour de chasse, ou le lapin. Quelque part, dans une cour de Forcelles, un coq avait salué la lumière montante. Plusieurs fois. La dernière, tandis que je gravissais les degrés de… la lanterne des morts.

L’horizon qui cerne cette plaine, c’est celui qui cerne toute vie ;

il donne une place d’honneur à notre soif d’infini,
en même temps qu’il nous rappelle nos limites*.

Je retire mon gant, laisse courir mes doigts sur la pierre, dans le creux de ces lettres gravées qui, après l’admiration du Saintois, invitent à l’exploration du soi. Et je lis, encore et encore, avec le tailleur de pierre d’autrefois : L’horizon qui cerne cette plaine… Je ferme les yeux. J’inspire profondément. Les airs sont immobiles. En bas, c’est le chien qui a pris maintenant la relève du coq, un chien à grosse voix éraillée, comme d’un vieux fumeur pilier de bistrot ; il aboie sans conviction, pour s’entendre seulement, pour se prouver par l’énervement des vaches qu’il provoque, dont on perçoit les cliquetis de licol, qu’il est toujours de ce monde. Et les ordres du maître qui pose des seaux vides sur un pavé sonore. Traces de vie éternellement simple au cœur du silence d’un lieu en étrange apesanteur …en même temps qu’il nous rappelle nos limites ! J’ouvre les yeux. Le ciel a pris des nuances d’acier. Je marche jusqu’au nez de la falaise, descend de quelques marches scabreuses les roches posées sur le Cul-de-Jatte, m’appuie à la paroi. Le spectacle est grandiose. Jamais il ne m’en est apparu de plus beau, ni en Grèce dans les perspectives infinies du Péloponnèse, ni dans la houle saharienne du sud tunisien, ni sur le large d’océan que fend pour l’éternité l’Île Belle à la Pointe des Poulains ! Jamais !
Juste à hauteur de regard, comme voulue là par un metteur en scène de génie, une fine lame de nuages coupe en deux le monde. Au-dessus, le jour. En dessous, la nuit. Au-dessus, la Lumière. En dessous, les ténèbres. Au-dessus, posés sur le rayonnement du matin comme un portrait découpé, les Vosges outremer, puis, surplombant le Mont Curel, les crêtes du Jura, verdâtres et argentées… puis, à main droite, flottant sur le Bois de Gugney, proches à toucher du doigt : les Alpes ! L’émotion me saisit. Je détourne le regard… me protéger de la lumière trop intense… reprendre pied et me garder du vertige… essuyer quelques larmes d’un revers de gant… le froid ! Alors, je vois, en dessous, comme un jeu d’enfant dans sa boîte, les taches jaunes des réverbères sur la neige, un faisceau de phares sur une route en pointillé derrière les croix noires du cimetière, quelques fenêtres éclairées sur des cours encore vides.
Le chien s’est remis à gueuler. Et le coq. Et le maître qui appelle la femme qui secoue ses enfants qui traînent et vont rater l’autobus pour l’école ! Une autre voiture sort d’un garage… une autre encore… un tracteur s’ébranle… la pétarade des moteurs monte vers ma crête de Lumière tandis que leurs ombres se tassent.
Un nouveau jour vient de naître !
Ce soir, peut-être… la fouine…
A suivre...
GL
*La Colline inspirée Maurice Barrès illust. Paul-Émile Colin éd. Pelletan Paris 1915 p. 12
réf. publication : voir billets précédents
image : Sion aux colzas mai 2008 photo GL

samedi 26 juillet 2008

Promenade à Sion - 5


Le chemin montait en pente douce vers le Haut du Châtillon. À main droite, le gouffre ouvert sur le village de Saxon où un siècle plus tôt, les Baillard avaient installé leur ferme-école, comme un infini bleu de Prusse dans une symphonie de blancs ténébreux. Invisibles, les maisons blotties, les jardins enclos, les larges granges pleines, hier encore, de bon foin. Mais je les sentais, à ces parfums de cave qui m’arrivaient par bouffées, à ces fumées de chêne et de bois de curé* que l’on venait de rallumer dans les fourneaux, à ces remugles d’ensilage qui débordaient des étables après avoir enivré les vaches. En bas, dans le ventre de la Colline, la vie avait déjà repris. Deux ou trois ronflements de moteur étouffés par la neige s’éteignirent bien vite du côté de Chaouilley… quelque part, on partait vers la ville !
Alors, comme une épiphanie, la Croix Sainte-Marguerite avait surgi de son entassement de roches sur le front de la forêt. D’aucuns la disaient plantée là depuis plus de trois siècles par Marguerite de Gonzague, épouse du duc Henri II, pour rappeler le Saut de la Pucelle. Car c’est là, comme le raconte si bien notre ami conteur Roger Wadier**, que la princesse saxonne Margarita fille d’Amatus, pour échapper à son fougueux prétendant Sigismer qui la poursuivait, aurait lancé, du haut de la falaise vers Vaudémont, son cheval dont les fers ont marqué la pierre à jamais ! Je n’ai pas cherché ces traces. La neige les protégeait des trop curieux. Les légendes ont besoin de convenances pour survivre ! Comme je n’ai pas cherché ces étoiles d’or que, pourtant, je sentais sous mes pieds ! Impressions anciennes d’enfance, souvenirs d’excursions de patronage, mémoire de trop rares échappées familiales… Ensemble, le nez au ras d’infinies routes de fourmis, sous les buissons qui nous gardaient des ardeurs du soleil, à quatre pattes, nous grattions la terre ocre… et les exclamations fusaient des heureux découvreurs, et les soupirs de lassitude des chercheurs à vue basse ! C’est qu’elles ne se montrent qu’au regard élevé, ces étoiles divines qui m’ont fait l’hommage d’une belle histoire voilà quelques années !*** Des hommes de science affirment en levant le menton qu’elles sont des fossiles de lis de mer dont la tige aurait été faite de ces minuscules « vertèbres »… D’autres… Qu’en savent-ils, au juste ? Pourquoi le sacré devrait-il disparaître dans la lunette à explorer la matière et le temps ?
Oui, les légendes ont besoin de convenances pour survivre… et l’être humain a besoin de légendes pour grandir !
GL
A suivre...
* Charme
**
Le Saut de la Pucelle Roger Wadier in Nouvelles Lorraines (collectif) éd. Pierron Prix Maurice Barrès 1980
***Les Étoiles de Plaimont Prix Émile Moselly 1983 éd. Études Touloises 1983, Une Page à l’Autre 2001
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image : Sion coucher de soleil 02 08 photo GL

mardi 22 juillet 2008

Promenade à Sion - 4


Comment vivaient-ils en ces lieux, nos premiers ancêtres dont les traces rassemblées jadis par les Tiercelins, se sont perdues dans la tourmente révolutionnaire ? Les Leuques à l’abondante chevelure, adoraient-ils cette lumière montante qui teinte d’un mauve laiteux le ciel d’orient ? Élevaient-ils en ces lieux des autels au bon Esus, à Taranis au nom de tonnerre, ou au populaire Teutatès ? Quel culte vouaient-ils à Rosmerta, cette compagne de Mercure dont les attributions marchandes cousinaient avec les pulsions guerrières de Mars, comme si de toute éternité le commerce n’avait d’autre prolongement naturel que la guerre ? Ils forgeaient, là, ces ancêtres… ils chassaient, cueillaient le gui, dressaient des pierres, allumaient de grands feux que pouvaient même apercevoir leurs voisins, Lingons, Médiomatriques ou Séquanes… ils aimaient, naissaient, mouraient puis se dissolvaient là, dans cette terre que je foule aujourd’hui, leurs os mêlés aux poteries sigillées et fers de lances qu’exhume parfois le travail du bûcheron ou le groin du sanglier. Ils y priaient aussi, ainsi qu’en témoigne l’inscription taillée dans notre calcaire doré conservée au Musée Lorrain : Au dieu Mercure et à Rosmerta, Caranius, pour la santé d’Urbicus, son fils…
Peut-être y pratiquaient-ils des sacrifices… humains !
Frisson.

J’ai marché dans la neige craquante, toutes mes pensées tournées vers cet autrefois de mystère dont nous sommes aujourd’hui de bien curieux rameaux. Que présenterons-nous avec nos ossements à nos lointains descendants lorsqu’ils fouilleront ce sol à la recherche de leurs racines ? Des pots d’échappement rouillés… des boîtes de boisson gazeuse à la cocaïne… des sacs de supermarché ? Quel avenir préparons-nous à notre présent, leur passé ? Réflexions de comptoir, certes… mais qui occupaient ma tête tandis que mes pieds marquaient la neige d’une voie rectiligne ponctuée chaque deux enjambées par la pointe de ma canne…
GL
A suivre...

réf. publication voir billets précédents
Image Sion soir de printemps 2008 photo GL

lundi 21 juillet 2008

Promenade à Sion - 3


J’ai marché comme suspendu dans les vestiges de la nuit. Je savais que, là-bas, à main droite, finit de s’effondrer la maison de la Marie-Anne Sellier. Dans les ronces, les orties, et les sureaux où nichent des volées de moineaux. Mon maître, ami et complice André Jacquemin l’a gravée autrefois, au temps de sa fameuse bataille de La Colline Inspirée*. Il a taillé dans le cuivre sa porte branlante, ses fenêtres disjointes, ses tuiles encore alignées sur la charpente, et son poirier de façade dressé contre les esprits malicieux. Encore debout, la maison… maudite ! Car c’est là qu’ils sont morts, les Léopold et grand François, dans ces murs-là, au terme de grandes douleurs et enveloppés de nuages de soufre épandus par l’Église… mais protégés envers et contre l’ordre épiscopal par une femme, la Marie-Anne. Hier, encore debout la maison que les clercs romains ont déclarée maudite. Aujourd’hui ruine que j’irai saluer plus tard, au grand jour de midi, sur le retour.

Le plateau de Plaimont m’est apparu juste après le coup de rein du chemin derrière la croisée aux quatre vents de la Chapelotte, découpé sur les ténèbres comme un décor de théâtre. Des silhouettes de mirabelliers tordus qui réjouissaient Maurice Barrès bien plus que les splendeurs mutilées du monde antique**, des bouquets de coudriers fins et droits comme des lances, des touffes de ronces au feuillage incandescent dont les flammes perçaient la neige, et… à perte de vue dans les premières lueurs du jour, la prairie visitée çà et là par des ombres de grands chevaux.
* La Colline Inspirée Maurice Barrès illustrée de 83 eaux-fortes originales du graveur vosgien André Jacquemin, membre de l’Institut. Tirage 120 exemplaires. éd. Société des Bibliophiles franco-suisses. 1941
** Le Voyage de Sparte Maurice Barrès éd. Juven Paris 1906

GL
A suivre

publicat. : voir billets précédents image : Sion Monument Barrès hiver 2007-08 photo GL


samedi 19 juillet 2008

Promenade à Sion - 2

Petit matin fragile comme une lame de cristal.
J’ai quitté le couvent dans les dernières traînées bleues de la nuit. Resserré l’écharpe. Remonté le col. Tendu l’oreille vers le silence vertigineux du grand puits couronné de neige. Regardé le ciel par-dessus les toits cristallisés. Des brumes laiteuses le couvraient comme un pallium. Voulais-je y découvrir des images, surprendre des mânes vêtus du froc de bure brune ceint d’une corde de poils de chèvre, apercevoir l’ombre blanche de la chouette chevêche dont les chuintements m’avaient tenu éveillé ? N’y ai vu que le fond du grand puits !
Frisson.
J’ai marché vers le portail ouvert sur une baie lunaire, caressé du plat de la main l’abside glacée de la basilique, frôlé le chevet du cimetière.
On dit que, sur décision d’Église, les restes des Baillard y furent jetés sans ménagement. Le grand François par-dessus le mur, comme une dépouille de pestiféré, pour n’avoir pas abjuré sa foi schismatique ; pour une éternité d’excommunié, il reposerait là, avec sa mère, la Marie-Anne Boulay, sous une dalle d’ardoise noire fendue en deux, mangée par le lierre, à peine gravée de leurs noms. L’aîné Léopold, par qui tout est arrivé : la brillante réussite tant au spirituel qu’au temporel, puis la chute dans le laminoir politique actionné par un évêque français dont l’ambition profane ne supportait pas le rayonnement lorrain ! On dit qu’il ne serait pas là, le cadavre de Léopold, sous la croix marquée de sa devise Spes mea Deus, que, malgré son reniement d’hérésie arraché par Rome dans son dernier souffle, il aurait été enterré sans repère de reconnaissance sous un contrefort de la basilique… « Ils n’ont même pas voulu qu’il ait une croix su’l’ventre ! » m’avait murmuré entre deux portes la vieille femme de Saxon rencontrée lorsque j’enquêtais pour mon film à eux consacré Les Chardons de la Colline*
. Étonnante persistance de la haine politique envers des hommes de coeur ! On dit que le jeune Quirin, dernier des frères Baillard, prêtre comme les deux autres, aurait été englouti par les brumes de l’histoire, du côté de Rosières-aux-Salines, mort sans abjuration, sans témoins et… sans sépulture !
On dit…

GL
A suivre...
*Les Chardons de la Colline dramatique 52’ FR3 1983 aut. G. Laporte réal E. Logereau
avec Bernadette Le Saché, Louis Arbessier, Claude Brosset , Jean-Claude Arnaud, Jacques Campain…

Texte publié en 2006 dans "Sion : une colline d'histoire"
ouvrage collectif dirigé par le professeur Philippe Martin
Editions Conseil Général de Meurthe-et-Moselle/Annales de l'Est/Université NancyII
Image : Sion au crépuscule 02 08 photo GL

jeudi 17 juillet 2008

Promenade à Sion - 1


Petit matin fragile comme une lame de cristal. D’un froid tranchant. D’une lumière d’acier. La neige des derniers jours scintille et craque sous mes semelles et se fendille, et s’élève à chaque pas, fine et poudreuse, en gerbes transparentes.
Plaimont s’éveille.

J’ai écrit, puis dormi au couvent des Oblats, dans la cellule étriquée que la communauté réserve d’ordinaire au malade. Au bout du couloir. Derrière la cuisine. Face à l’enclos que cultivaient jadis les Tertiaires réguliers de saint François d’Assise familièrement appelés par les Lorrains « Tiercelins ». Une fouine m’a vu derrière ma fenêtre, hier au soir. Dressée sur ses postérieures entre deux groseilliers faméliques, immobile, elle m’a salué. Peut-être, ce soir… ou demain… je suis là pour une semaine. C’était juste après la discussion avec le Père Supérieur*. Comme chaque soir durant mes séjours sur la Colline. Je l’avais rejoint. Il m’attendait, dans son fauteuil. L’autre fauteuil, bras ouverts. Sur la table basse, l’éternel paquet de Gitanes. Et la bouteille de whisky. Et deux verres qu’il avait emplis aussitôt. La fumée et l’alcool avaient vite troublé nos perspectives. En deux lampées écossaises et trois bouffées de tabac brun, nous avions refait le monde. J’aimais la douce présence de cet homme-là, sa générosité vraie, sa connaissance du monde que, comme tous les Oblats, il avait parcouru à pied, à cheval et en voiture, et sa culture immense qu’il savait n’appeler qu’au bon moment en se gardant bien d’en réduire le visiteur.
Peut-être reviendra-t-elle, ce soir… me faire l’hommage de son plastron blanc… la belle fouine !

* OMI Michel Berche Supérieur de la communauté des Oblats de Marie Immaculée de 1979 à 1990. † 2006 à Nice.
GL
A suivre...

Texte publié en 2006 dans "Sion : une colline d'histoire"
ouvrage collectif dirigé par le professeur Philippe Martin
Editions Conseil Général de Meurthe-et-Moselle/Annales de l'Est
Image : coucher de soleil sur Sion 12 07 08 photo GL

vendredi 11 juillet 2008

Savoir et... sens !


Mais celui qui pense qu'on ne sait rien ne sait pas même
si on peut le savoir puisqu'il avoue ne rien savoir.
Je négligerai donc de plaider une cause
contre qui a décidé de marcher sur la tête.
Même si je lui accorde cet unique savoir
qu'il me dise comment, s'il n'a rien vu de vrai au monde,
il sait ce qu'est savoir et ne pas savoir,
d'où provient la notion du vrai et au faux,
quel est le critère du doute et de la certitude.
Tu découvriras que les sens formèrent les premiers
la notion de vérité et qu'ils sont infaillibles.
Car il faut reconnaître comme plus digne de foi
ce qui peut de soi-même réfuter le faux par le vrai.
Que trouver en ce cas de plus fiable que les sens ?
La raison tout entière issue de la sensation
Pourra-t-elle les réfuter si sa source est trompeuse ?
Lucrèce De la nature livre IV
BUSSIERE Ernest Le Sommeil 1903 musée des Beaux Arts Nancy cliché GL

lundi 7 juillet 2008

Qu'aurait-il pensé ?

La préparation finale de deux livres à sortir à la rentrée de septembre est très consommatrice d'énergie et... de temps !
Mais...

Qu'aurait-il pensé de notre société de dollars en tornade, de chapelets en collier, de bouchons sur la route des vacances, de charters bourrés d'ébène, de nouvelles icônes laïques, de réduction de TVA sur les restos alors qu'il aurait mieux valu l'augmenter sur les gargotes à hamburger qui ont toujours bénéficié d'un taux très réduit, de G8 plein aux as tandis que crève l'Afrique...
Qu'en aurait-il pensé... lui ?


Denis DIDEROT par Jean-Honoré Fragonard 1769 Musée du Louvre photo GL

mercredi 2 juillet 2008

VOSGES...


Retour de Mulhouse, hier, par la Route des Crêtes...


perspective bleutée, et...

rencontre avec... la SAGESSE !

photos GL