vendredi 31 décembre 2010

Bonne année 2011

Bonne année 2011 à vous tous, chers amis, à votre famille, à toutes celles et tous ceux que vous aimez.
Que cette année nouvelle soit respectueuse de votre santé, qu’elle vous soit paisible, généreuse et lumineuse !
Qu’elle mette notre monde délirant sur le chemin de la Sagesse !
Amitié.
GL
Image Lumière d'hiver sur le Saintois photo copy Gilles Laporte

lundi 27 décembre 2010

Côte d'Ivoire... l'annexion !

L’Afrique semble être l’éternelle victime d’une terrible malédiction. Après avoir été la mine d’esclaves du monde blanc occidental, puis le coffre à bijoux des états colonisateurs -les mêmes !- qui l’ont pillée, spoliée, exploitée, elle est devenue le continent que se disputent aujourd’hui les enragés de la croissance mondiale : Chine, Russie et Etats-Unis ! Entre eux, la guerre est totale pour s’approprier ses richesses naturelles et sa main d’œuvre et s’offrir son marché.
Dans la débauche actuelle d’intimidations, de manipulations, de viols civiques, et de pillages à destination des pays les plus pauvres de notre planèete, la Côte d’Ivoire est devenu le pays martyr. C’est sur lui que se concentrent les convoitises des prétendus puissants prêts, après lui, à dépecer le continent tout entier. Ils en ont fait leur territoire d’expérience.
Les « experts » de tout poil nous rabâchent tous les jours que la « communauté internationale » réclame le départ de Laurent Gbagbo sous prétexte qu’il a perdu les élections présidentielles, et qu’il n’est qu’un Président « auto-proclamé ». Mais qu’est-ce que cette « communauté internationale » si ce n’est une alliance d’intérêts entre les Etats-Unis, l’ONU leur servante qui ne survit (à New-York !) que grâce à leur soutien financier, et les pays occidentaux farouches combattants du libéralisme économique le plus pur et le plus dur, dont la France actuelle se veut l’un des phares.
Les ordres d’abandon de son fauteuil à Gbagbo donnés chaque jour par l’homme de la Maison Blanche, ceux du Président français qui tente ainsi, en prenant le sillage de son modèle de Washington, de se maintenir à niveau international dans la perspective des prochaines présidentielles, sont trop appuyés, trop répétés, trop empressés pour ne pas être intéressés. Ils sont la preuve que, s’il y a eu fraude du coté Gbagbo, il y a aussi eu fraude du côté Ouattara. L’échec de la grève générale déclenchée par ce dernier aujourd’hui même est l’évidente révélation d’une réalité différente de celle présentée sans cesse par les officines d’outre Atlantique ou inspirées par elles : la légitimité n’est pas du côté de la poussée exercée par la « communauté internationale ». Elle est du côté de celui que les uns et les autres qualifient d’ « auto-proclamé ». Le peuple de Côte d’Ivoire ne s’y est pas trompé qui, dans sa majorité, semble rejeter le Président « occido-imposé » par les financiers de Chicago et Wall Street, et leurs vassaux d’Europe dont la France.
Et ce ne sont pas les annonces de centaines de meurtres et d’émigration massive de populations en fuite devant les risques d’éventuelle violence à venir qui pourraient impressionner un observateur attentif et honnête de la situation ivoirienne, car… ces annonces sont faites par l’ONU, donc par les Etats-Unis et leurs féaux amis. Nul ne peut, en démocratie, être juge et partie !
Ne nous laissons pas abuser !
La guerre qui se prépare là-bas est une guerre d’annexion déclenchée contre un peuple qui savait gérer sa souveraineté, même dans les impressionnantes difficultés d’après indépendance, mais faible devant des géants qui ne connaissent de la démocratie que quelques lettres du mot. Et encore !
Et, au-delà de ce peuple, cette guerre est une guerre d’annexion d’un continent tout entier par des puissances qui, aujourd’hui, se croient tout permis parce qu’elles sont la force brutale et inhumaine des systèmes devenus fous.
C’est l’Anschluss du vingt-et-unième siècle qui est en marche en Afrique.
Alassane Ouattara (n’oublions pas qu’il vient du FMI) est sans doute le premier complice des nouveaux conquérants de notre temps !
Laurent Gbagbo est sans doute le dernier résistant d’une Afrique torturée, avec ceux qui enlèvent les pompeurs européens de pétrole du Golfe de Guinée, ceux encore qui enlèvent les pilleurs d’uranium du Mali, ceux aussi qui luttent et meurent en silence pour pouvoir, envers et contre tous les tripatouilleurs financiers, produire et vendre le plus beau coton du monde, seul moyen de leur survie !
C’est, sous nos yeux, le nouveau choc du pot de fer contre le pot de terre.
Si la ferraille gagne à Abidjan, la Terre sera définitivement morte !
Pauvre Afrique !
Salut et Fraternité.

Carte Afrique e-voyageur.com

mardi 14 décembre 2010

Cartes grises et palais...

Après la vente des bijoux de la famille nationale à des commerçants de leurs amis qui en profitent pour se remplir les poches sur le dos du citoyen, aussi bien dans les domaines du gaz et de l’électricité, que dans ceux de la santé, du transport en commun, de l’énergie, des communications ou de l’audiovisuel, nos politiques ont trouvé une nouvelle source de financement de leurs activités et, paraît-il, une nouvelle garantie de survie des finances publiques : brader les citoyens eux-mêmes !
La dernière trouvaille des Enarchaïques : la vente à des constructeurs automobiles du fichier national des cartes grises !
Sous prétexte de plus grande sécurité (lesdits constructeurs auraient ainsi les moyens de rappeler directement les propriétaires d’automobiles en cas de défaut ou de problème technique majeur), les données personnelles de ce fichier jusque là confidentiel telles que téléphone, adresse, domicile, type, âge et caractéristiques de la voiture, pourraient être proposées aux industriels contre chèque à l’ordre du Trésor Public.
On imagine aisément l’amélioration ainsi obtenue de la sécurité routière ! Mais on imagine encore plus aisément la facilité accordée aux marchands de repérer, suivre, pister, relancer les clients jusque dans leur ultime retranchement : leur domicile.
Dans le même ordre d’idée, sous prétexte d’amélioration de la couverture maladie dans notre pays, pourquoi ne pas vendre le fichier des cartes vitales aux laboratoires qui pourraient ainsi plus aisément veiller sur la bonne santé de leurs… marchés ? On y était presque arrivés avec la déferlante virale de la grippe porcine et l’obligation de se faire piquer !
Allons, encore un effort, génies administrateurs de notre Etat !
Un dernier effort, et vous aurez réussi à aliéner avant 2012 l’intégralité de ce qui faisait la cohésion et la solidarité républicaines françaises, et la beauté de notre devise : Liberté – Égalité – Fraternité !
Un dernier effort, et... le Médef vous érigera des statues dans toutes les cours vides, cafétérias et ateliers déserts d’entreprises !
Autre chose…
Par la ville et la campagne court une rumeur : vous songeriez à réduire les dotations budgétaires d’entretien des palais de Versailles et du Louvre…
Et si vous les vendiez !
Vous pourriez même vendre, dans le même lot, d’autres palais nationaux : le Luxembourg, Bourbon, Matignon et l’Elysée, avec… leur présent contenu !
Ça ferait faire des économies au pays !
En voilà une idée qu’elle est bonne… n’est-ce pas ?
Salut et Fraternité.
Image Clé de voiture photo Fotosearch

lundi 13 décembre 2010

Nouvelle vague... privatisation-primitivation !

La nouvelle vague !
Une fois de plus nos décideurs nous font leur cinéma. Pas à la Rivette, Truffaud, Rohmer, Chabrol ou Godard, hélas ! Mais à la mode ultra-libérale.
La réduction annoncée de moyens financiers et d’effectifs à Météo-France, Voies Navigables de France, et Pôle-Emploi… complète celles déjà en cours dans l’Éducation Nationale, les services de Santé, La Poste, l’Equipement, et bien d’autres services que les citoyens de base que nous sommes avaient la faiblesse de croire encore publics. Sous le couvert d’économies budgétaires -prétexte bien facile par les temps qui courent !-, elles ouvrent la voie à une privatisation de plus en plus dure de toutes les structures républicaines de vie sociale juste, égalitaire et respectueuse de toutes et de tous, privatisation qui fait les beaux jours du Médef et de ses soutiens les plus actifs : actionnaires, grands manipulateurs des flux financiers, spécialistes de la multiplication des magots par le seul tripotage boursier des magots, loin de toute notion de juste rémunération du TRAVAIL.
La réforme des retraites l’a bien montré, qui fait le bonheur des banquiers-assureurs et des assureurs-banquiers dont les volumes d’affaires ne cessent d’augmenter depuis quelques mois.
Il est déjà risqué de vivre dans les campagnes sans médecins, boulangers, postiers, écoles… difficile de survivre dans des zones banlieusardes de non-droit… dangereux de circuler sur des routes percées de nids de poule seulement signalés depuis l'hiver dernier par de dérisoires panneaux « Trous en formation ! »… redoutable de faire un malaise, ou de vouloir accoucher de nuit, un dimanche, ou un jour férié…
Déjà !
Alors qu’en sera-t-il demain, par exemple, pour les chômeurs dont le nombre croît en même temps que décroît le nombre de professionnels chargés de les accueillir, orienter, accompagner dans leur recherche d’un nouvel emploi ?
On peut remarquer -autre exemple- un nouvel appel à aumône, dans les « étranges lucarnes », en faveur des Sauveteurs en Mer qui, malgré leurs évidentes qualités de courage et de dévouement, se sentent un peu seuls et démunis dans ce monde de brutes… Celles et ceux des Assemblées, ministères, grands salons et belles familles de France qui, dans quelques jours, vont se goinfrer de langoustes, homards, et autres ravissements cueillis par les hommes de la mer au creux des tempêtes, auront-ils le réflexe de penser à ceux qui, dans l’ombre, leur offre ce plaisir, mais ne survivent que grâce à la générosité populaire ?
Jusqu’où ira cette coupable évolution de l’abandon des services publics à la solidaire générosité des pauvres dont on perçoit déjà les limites, et aux marchés ?
Jusqu’à une nouvelle révolution dont, comme de toute révolution, nul ne peut prédire les excès ?
Pour éviter une telle tragédie, il serait temps que nos décideurs se souviennent -il serait temps de nous souvenir tous- que la loi du marché, c’est la loi du plus fort ! Que la loi du plus fort, c’est la loi de la jungle ! Et que la loi de la jungle, c’est l’absence d’humanité, le règne de la bestialité, l’état primitif !
Est-ce l’objectif réaffirmé de cette nouvelle vague ?
L’avenir nous le dira, si nous avons encore les moyens de… le vivre !
Le libéralisme, néo ou ancien, c’est la privatisation à tout crin. Or…
La PRIVATISATION c’est la PRIMITIVATION !
Qu’on se le dise.
Salut et Fraternité.

samedi 11 décembre 2010

Météo France

Tout va désormais aller mieux !
Le coupable des maux de notre pays vient d’être découvert, et officiellement désigné : Météo France.
Car, enfin, comment n’avions-nous pas vu plus tôt que… c’est à cause de Météo France que :
-la région parisienne est paralysée, sa population naufragée par 10 centimètres de neige…
-les jeunes filles de notre pays doivent se prostituer pour payer leurs études…
-le Sénat est devenu la maison de retraite la plus coûteuse de France…
-les grands patrons délocalisent vers de juteuses réserves d’esclaves…
-les routes sont pourries par défaut de moyens d’entretien…
-on ferme les écoles pour ouvrir des prisons…
-les députés ont, en même temps qu’ils votaient le sacrifice des Français, refusé de réformer leur propre ( ?!?) régime de retraite…
-les contrats mirifiques annoncés par la Présidence au terme d’escapades touristiques exotiques ne seront jamais signés…
-le nombre des illettrés croît dans notre pays aussi vite que décroît le nombre des instituteurs…
-depuis la privatisation rampante des moyens d’entretien des voies, les trains sont toujours en retard…
-le prix du gazole, sans aucune raison apparente ou cachée, s’envole à la pompe vers d’insolents sommets…
-chaque jour, davantage de nos concitoyens doivent renoncer à se soigner par manque d’argent…
-l’Etat rembourse des millions d’Euros à des riches déjà protégés par un indécent bouclier…
-le gaz et l’électricité, malgré les promesses ministérielles, coûtent de plus en plus en plus cher au citoyen de base…
-la moitié du parc des centrales électriques sont obsolètes, voire dangereuses…
-la violence, partout dans le pays, est de plus en plus pressante et… violente…
-certaines routes sont « inclinées » et favorisent la glissade des véhicules…
-les restaurateurs n’ont pas répercuté la baisse de la TVA…
-les banques gardent le pactole offert par l’Etat pour les sauver, et relancent leurs jeux criminels avec les moyens de survie des petits clients…
-les hôpitaux français sont désormais peuplés de médecins importés payés au lance-pierre…
-La Poste se préoccupe beaucoup plus maintenant de capter l’argent populaire, que d’acheminer le courrier…
-les « marchés » nous gouvernent aux lieu et place de nos élus…
-…

Nous le savons donc officiellement : selon nos incontestables autorités, l’origine de tous ces problèmes, c’est Météo France qui, à défaut de savoir les annoncer en temps utile, fait dans notre pays… la pluie et le beau temps !
Qu’on se le dise !
Ni droite, ni gauche, ni centre... conscience citoyenne !
Salut et Fraternité !
Image : Monnet La pie Musée d'Orsay Paris

mardi 7 décembre 2010

Côte d'Ivoire et "Communauté internationale"

Ils sont deux, désormais, à se dire « légitime » : Laurent Gbagbo, le sortant… et Alassane Dramane Ouattara, le prétendant. Et l’Occident s’émeut. Et l’Occident s’époumone à affirmer que le sortant doit sortir, laisser sa place au prétendant vainqueur. L’empressement de ceux que la presse nous qualifie de « communauté internationale » à faire monter A.D. Ouattara sur le trône ivoirien est au moins aussi suspect que la résistance d’un L. Gbagbo cramponné à son pouvoir.
Car, enfin, cette « communauté internationale » n’est autre qu’une poignée de chefs d’Etats et responsables d’institutions, tous militants acharnés d’un libéralisme terrifiant qui roule le monde dans la farine de la misère et le plonge dans des crises successives souvent effroyables au grand bonheur des « marchés ».
Cette « communauté internationale »...

C’est L’ONU, vassale des Etats-Unis, qui vient d’injecter le choléra dans une Haïti déjà ruinée par l’un des plus désastreux tremblements de terre de son histoire…
Ce sont ces mêmes Etats-Unis qui vérolent sans cesse le monde depuis Wall-Street et les sièges de multinationales dont les crimes sont toujours impunis (souvenons-nous de Union Carbide Corporation et des milliers de morts de Bhopal !), ces mêmes Etats-Unis qui, voulant se réserver comme un nouveau marché le champ de ruines de Haïti, interdisaient l’atterrissage des avions sanitaires français à Port-au-Prince…
C’est le FMI qui, sous couvert d’assistance aux pays en difficultés, protège les banques et impose chaque jour davantage aux pauvres de payer les dégâts provoqués par les riches…
Et ce sont les chefs d’Etats muselés par les grands marchands de la planète, marionnettes dans les mains des « marchés » et de ses « agences de notation » presque tous anglo-saxons !
Réfléchissons un peu, ensemble !
Et si la Côte d’Ivoire était devenue l’un des bastions de résistance d’une humanité altermondialiste attachée à autre chose qu’au profit de quelques-uns au détriment de tous ?
Et si Gbagbo visait la pérennité de la tradition africaine et son ancrage dans des valeurs de cœur, opposés à la conception économiste consumériste et concurrentielle incarnée par l’homme du FMI Ouattara ?
Et si la « communauté internationale » avait « aidé » son poulain à emplir plus rapidement et complètement les urnes, et invité sa « commission électorale » à proclamer les résultats plus rapidement que le Conseil constitutionnel ivoirien ?
Et si la fraude était soupçonnée pour l’un... pourquoi pas pour l’autre (certains éléments forts de cette « communauté internationale » sont des spécialistes : souvenons-nous d’une certaine élection de Bush dont il avait fallu attendre les résultats durant plusieurs semaines…) ?
Et si la Côte d’Ivoire était devenue, avec Gbagbo, ce que Cuba est devenue, voilà cinquante ans avec Castro ?
Et si cette malheureuse Côte d’Ivoire était devenue le symbole de la résistance des hommes de cœur contre la machine infernale téléguidée par les hommes de fric imbibés de théorie friedmanienne déjà fossoyeurs hier du Chili (à quel prix !)
L’empressement de B. Obama, comme celui de ses vassaux, à préciser sa vision de la légalité ivoirienne, et à exiger le départ de l’un (qu’ils combattent) suivi de l’intronisation de l’autre (qu’ils portent à bout de bras), est au moins aussi suspect que celui de Gbabo à se proclamer vainqueur de l’élection présidentielle.
Dans son discours d’investiture, B. Obama a annoncé qu’il ferait tout pour que les Etats-Unis réaffirment leur domination sur le monde. Sa politique de conquête est en marche !
Les récentes gesticulations du cinématographique G20 en Corée du sud, face à la Corée du nord (ne pouvait-il pas se réunir à Romorantin ou à Knokke-le-Zoute ?) le montrent clairement : le monde des seigneurs financiers veut s’imposer partout au monde des serfs.
Pot de terre contre pot de fer ? Peut-être ! Mais les potiers sont bien plus nombreux que les maîtres de forge !
Nous n’avons pas fini de parler de la Côte d’Ivoire et de pleurer sur son sort.
Il semble qu’elle soit devenue, à la grande douleur de ses citoyens qu’arment les uns contre les autres, et les autres contre les uns, le symbole de cette si belle « négritude » chère à Aimé Césaire, négritude résistante, négritude héroïque, négritude essentielle que nous portant tous en nous !
En pensant à la Côte d’Ivoire de demain, je vois les images actuelles de… Haïti !
Salut, Conscience et Fraternité.
Image Fleur de bananier photo Wikipédia

vendredi 3 décembre 2010

Côte d'Ivoire : silence !

Les analyses d’ « experts », les conseils de « politiques expérimentés », les prévisions terribles de « Messieurs Soleil » clairvoyants, les sarcasmes de bien-pensants européens... fleurissent en ce moment : la Côte d’Ivoire occupe la une de nos journaux de papier, de radio et d’ « étranges lucarnes ».
On entend ici qualifier feu Félix Houphouët-Boigny de « despote » alors qu’autrefois on lui donnait du « sage de l’Afrique », là Alassane Dramane Ouattara de suppôt du trop fameux FMI ami des banquiers internationaux, là-bas Laurent Gbagbo de dictateur sanguinaire prêt à tout pour garder son trône.
Un peu de silence respectueux et de regard sur soi seraient pourtant de bon ton !
Au diable les « devoir de mémoire » et nécessité de « repentance » qui ne servent qu’à donner bonne conscience à peu de frais ! Mais de la retenue, de la prudence, de la compassion pour ces pauvres peuples d’Afrique qui meurent sous les coups redoublés des grands bandits du monde, de faim, du sida ou… du choléra, sous l’insupportable pression de leurs nouveaux maîtres chinois, russes et états-uniens qui vampirisent le continent sans le moindre regret.
Retenue, silence, compassion et réflexion…
Deux « présidents » s’affrontent désormais. Qu’en sera-t-il de leurs peuples demain ? Davantage divisés encore, au grand bénéfice de ceux qui, tapis derrière les termitières, convoitent le cacao, les bananes, la main d'oeuvre, les considérables richesses du sous-sol ?
Le redoutable résultat actuel n’est-il pas celui de notre présence, là-bas, durant des décennies d’exploitation coloniale, de mise à sac de ce pays, d’imposition de nos modèles politiques et commerciaux absolument étrangers à la culture, à la philosophie, à la religion vernaculaire : l’animisme ?
J’ai eu la terrible chance de séjourner en Côte d’Ivoire en 1964, quatre ans après l’indépendance. La découverte d’une réalité à des années-lumière des prônes de mes livres d’école m’a foudroyé. J’ai pris, là-bas, à Bouaké, toute la dimension du mensonge d’Etat ! Ce grand écart entre l’histoire réelle et l’histoire écrite par nos scribes officiels m’est toujours insupportable parce qu’il est, aujourd’hui, le ferment de crimes commis avec notre complicité.
Nous avons tracé, là-bas, des frontières imbéciles, amputé des populations de leur culture, converti à nos croyances et rituels des praticiens au quotidien d’un panpsychisme très respectueux de la vie et de l’environnement ; nous leur avons enseigné « Nos ancêtres, les Gaulois… », puis les avons envoyés en première ligne au massacre des deux guerres mondiales. Nous avons exhibé des « spécimens noirs » dans nos foires-expositions parisiennes jusque dans l’entre-deux-guerres...
Et que dire du commerce des esclaves qui, dans un passé pas si lointain, avait déjà ruiné l’ordre social naturel africain ?
Et que dire de la sinistre théorie toujours inspiratrice de nos dirigeants : « France-Afrique » ?
J’ai mal, aujourd’hui, pour Laurent Gbagbo, Alessane Dramane Ouattara, les mânes de Félix Houphoët-Boigny, pour mes amis des peuples Dioula, Baoulé, Sénoufo, Malinké… qu’ils soient de Bouaké, Korhogo, Man, Bondoukrou ou Daloa, des rives du Bandama ou du lac de Kossou, de Daloa, Yamoussoukro ou Abidjan. J’ai mal pour eux qui sont jetés les uns contre les autres par notre diplomatie de la machette, outil de notre immémoriale cupidité. Ils sont tous nos victimes.
Retenue, silence, compassion, vigilance, réflexion et… respect !
Que les prétendus savants commentateurs et conseilleurs de notre temps se taisent devant un tel désastre. Ne pas ajouter la morve et la morgue au mépris et à la... tragédie ! De grâce !
Salut et Fraternité.
Quelques mots supplémentaires sur mon séjour en Côte d’Ivoire, dans ma biographie : site http://www.ecrivosges.com/

Images : masque Baoulé (en haut), masque Dan photos Wikipédia

mardi 30 novembre 2010

Fuites diplomatiques

Parce que des journalistes d’investigation ont révélé les propos souvent insultants, et les stratégies déloyales, voire souvent… criminelles, baladés dans leurs valises diplomatiques, les Etats-unis viennent de porter plainte pour crime !
Pourquoi pas ?
Mais pourquoi pas, aussi (d’abord même !), une plainte des femmes et hommes de notre planète pour crimes contre l’humanité perpétrés par :
-les empoisonneurs professionnels de ce pays qui, à force d’OGM, insecticides, pesticides et semences stériles, tuent toute vie à la surface d’une Terre considérée par eux comme leur bien exclusif ?
-les joueurs imbéciles de Wall-Street qui ruinent et affament le monde pour le seul résultat de leur profit immédiat ?
-les prédateurs fonds de pension et d’investissement, de Chicago et d’ailleurs, à l’affût de la moindre entreprise à vampiriser, au mépris le plus effroyable des ouvrières et ouvriers qui en ont créé le patrimoine, de leur savoir-faire souvent de haute tradition ?
-les armées à l’étoile blanche, ravageuses d’Irak, souvent violeuses (la France s’en souvient : 1944-1958), parfois tortureuses, toujours conquérantes et destructrices de civilisations même multimillénaires ?
-les dirigeants de Washington qui estiment que seuls les autres pays émettent des gaz à effet de serre, que le devoir de respect de la planète concerne toutes les nations du monde, sauf… les Etats-Unis ?
-les manipulateurs financiers de la sulfureuse école Friedmann génératrice de plus d’une odieuse dictature (le Chili en porte encore les stigmates) ?
-le rouleau compresseur de leur mal-bouffe productrice de générations d’essoufflés pathologiques et obèses tragiques ?
-les stratégies de fausse paix-vraie guerre au Moyen-Orient soigneusement entretenues pour assurer réélection présidentielle et monopole de la Bannière étoilée (dans cette région, et d’autres !), montées sur l’ignorance volontaire des misères, souffrances, programmes d’extermination de peuples entiers ?
-les politiques de là-bas qui affirment et réaffirment que le seul ordre mondial qui vaille est… le leur (Etats-uniens « gendarmes du monde » !) ?
-leurs tribunaux qui condamnent plus facilement à la chaise électrique l’homme noir que l’homme blanc ?
-l'appropriation par ces bienfaiteurs de l'humanité d'une Haïti détruite par le tremblement de terre, puis son abandon au... choléra ?
-les…
La liste pourrait être plus longue encore !
Elle pourrait comporter, par exemple, que le plus haut niveau de la diplomatie de ce pays -dit « de liberté »- (Madeleine Albright par exemple) n’a pas hésité à informer, sous le couvert du secret diplomatique, des employés et élus internationaux de l’ONU que leurs enfants, dont l’Etat connaissait tout, pouvaient être menacés jusque dans leur école si eux, parents, ne votaient pas les résolutions décidées par Washington !
Menaces criminelles passibles de procédures et justes condamnations !
Démocratie… démocratie !
Mais… raison d’Etat… raison d’Etat… qu’ils disent !
Et s’il ne s’agissait que de déraison d’Etat !
Devons-nous accepter que, partout, sous ce prétexte, le silence soit d’or pour les tenants du pouvoir, et… de plomb pour le citoyen (du monde) ordinaire ?
Comme c’est curieux : je viens subitement de repenser aux affaires Woerth-Bettencourt et Karachi !
La mémoire a, parfois, de ces mystères !
Salut et Fraternité.

vendredi 12 novembre 2010

Salons du Livre Champigneulles et Woippy

Après La célébrissime Foire du Livre de Brive la semaine dernière, son ambiance exceptionnelle et rencontres chaleureuses, je serai ce samedi 13 novembre au Salon du Livre de CHAMPIGNEULLES (Meurthe-et-Moselle), salle des Fêtes, rue Philippe Martin, et dimanche 14 novembre au Salon du Livre de WOIPPY (Moselle), salle Saint-Exupéry - place Foch.
Deux très belles occasions de nous rencontrer et, si vous en avez envie, de vous faire dédicacer mon "Loup de Métendal" (qui vient de recevoir le Prix des Conseils Généraux de Lorraine), ainsi que mes autres livres ("Les Dernières violettes de La Mothe", "Julie-Victoire, première bachelière de France", "Frédéric, le roman de Chopin"...) qui viennent tous d'être réédités !
Je serai heureux de vous voir, ou revoir, et de partager avec vous ces bons moments. Mon Loup... aussi !
Alors... à tout à l'heure !
Amitié.

lundi 1 novembre 2010

Ginette RENO... tendresse !

Ginette RENO...
Quelle voix ! Quel Esprit ! Quel coeur !
Pour l'entendre, et le vivre... cliquez là :
L'Essentiel - Ginette Reno
http://www.youtube.com/
Une chanson belle et forte, de Ginette Reno, écrite par Charles Aznavour


ANGEVIN : une voix, une mélodie, un texte...

Il est de ceux que le rouleau compresseur du marché écrabouille chaque jour. Pourtant...
Je vous invite à lui prêter une oreille.
Soyez rassurés... il vous la rendra !
Cliquez là :
C'est pas moi _ Jean-Marie ANGEVIN
http://www.youtube.com/
"C'est pas moi", premier clip extrait de l'album "Seul" de Jean-Marie ANGEVIN. Réalisé avec 3€ !
Merci à lui, et... bonne écoute !


lundi 25 octobre 2010

Le Dalaï Lama et... l'humanité !

Une once de méditation ne peut pas faire de mal...
Bonne journée !

lundi 27 septembre 2010

Les Padox à Fresnes - 13ème jour et... apothéose !

Vendredi 11 juin 2010 - Nous avions prévu d’arriver tôt pour l’installation et les dernières consignes. Nos Padox ne sont arrivés qu’à 13h45 alors que le spectacle était annoncé à 14h, mais ils étaient pratiquement tous résolus, bien concentrés, et à part deux d’entre eux qui avaient abusé de la fumette (c’est fou ce que le H est pratiqué en détention), et qui réagissaient avec retard, le spectacle s’est déroulé le mieux possible, et pourtant nous avions deux absents, Robert qui est en permission, et Hervé… qui avait un parloir !!. Alors, replâtrage de dernière minute. Ce sont vraiment des conditions de travail particulièrement éprouvantes. Les détenus Padox ont assuré, notre équipe aussi, et devant une centaine de détenus venus des 3 divisions, le spectacle est passé dans un superbe silence, un court débat a suivi, d’un bon niveau. Nos gars sont heureux, le travail de Jeanne a été particulièrement apprécié, entre autres par un détenu politique basque qui avait fait du doublage et appréciait en connaisseur, un homme cultivé avec qui Jeanne a pu parler de Marie Darrieusecq. Un enregistrement a été fait par un atelier TV, cela passera sur le canal interne à Fresnes, et nous aurons un DVD, qu’on pourra par la suite regarder avec nos Padox. Les spectateurs sont pressés de retrouver leur cellule, c’est le premier match de la coupe du monde. En rechargeant le camion, nous entendons la clameur des buts. Démontage, certains nous donnent un coup de main, rangement, chargement du camion à la porte chantier, retour à Ivry, déchargement, une longue journée, en attendant demain, le spectacle à Ivry devant une salle déjà pleine.

Samedi 12 juin 2010 - Le jour le plus long, l’apogée de ce travail, a commencé bien mal : les détenus devaient arriver à 8 heures 30, mais une panne de réveil de Romain, l’animateur du SPIP, fait qu’ils ont attendu en détention 3 longues heures, au point que l’un d’entre eux, désespéré, voulait retourner dans sa cellule. Enfin les voilà, à 11h15, l’animation du matin sur les techniques théâtrales fut écourtée considérablement. Les retrouver hors de la prison change considérablement la perception que nous avons de chacun, une atmosphère de détente, l’envie de communiquer à l’extérieur, nos téléphones servent à appeler les familles. Après le déjeuner pris avec toute l’équipe, les familles arrivent, et nous vivons le premier moment d’émotion de la journée : Mostepha, un jeune gars charmant, découvre sa fille née, il y a 3 semaines, et qu’il n’a pas voulu voir en détention. Les épouses, les parents, les enfants envahissent le jardin du théâtre, puis à 16h, c’est la répétition avec un groupe d’Atout Majeur, une association de réinsertion d’Ivry avec laquelle nous avons déjà fait de nombreuses actions Padox dans la ville. Il faut les mêler dans le spectacle, dans ce nouveau lieu que nos Padox de Fresnes découvrent. Hélas, l’un d’entre eux est sorti, a abusé de l’alcool, et revient complètement ivre à la répétition. Je suis obligé d’être dur, pour resserrer les rangs, provoquer une prise de conscience de l’enjeu du spectacle du soir. Romain, l’animateur, me dit qu’il ne peut rien, qu’ils sont en permission non surveillée, et le Directeur du SPIP confirme que nous sommes obligés de leur faire confiance. Cet électro-choc soude les détenus entre eux, qui décident d’encadrer Kim, dont on découvre qu’il est gravement toxicomane. Le spectacle arrive. La salle est pleine. Pendant le discours de Leila Cukiermann, la directrice du théâtre, un grand bruit en coulisse, Kim s’est effondré. Outre l’alcool, il a pris une drogue dure. Je suis à la régie, on m’apprend que Robert, qui est en permission depuis deux jours et qui est venu répéter à 16h, n’est pas de retour. Un drogué complètement KO, et un absent, voilà la situation de départ. Mais avec l’aide forte et efficace de notre équipe et de trois régisseuses du théâtre qui nous assistent efficacement en coulisse, les détenus s’organisent, Ahmed prend en main la redistribution des rôles, et le spectacle commence. Oh bien sur, il y a des moments curieux, un Padox titube, mais en coulisse, l’auto organisation fonctionne, Gaëlle, notre amie comédienne venue en renfort, remplace les manques au pied levé, avec son amie, Sarah et Corinne, autres comédiennes bénévoles, elles apportent leur savoir faire d'actrice et leur attention aux détenus. Ceux-ci donnent une énergie jamais vue, ils jouent « à fond » selon l’expression du grand Souleymane, un Bambara d’une gentillesse superbe, grand et athlétique. Tous, même Cédric, le trublion, tiennent leur place, le spectacle engendre une forte émotion dans la salle qui les acclame, non par politesse ou par commisération, mais avec une sincérité tangible. Beaucoup de spectateurs que nous voyons ensuite ont les larmes aux yeux. La joie éclate en coulisse. On sent le bonheur d’avoir été au bout, la fierté d’être reconnus, pris en considération, valorisé. On a beaucoup de mal à se quitter, on demandera de les retrouver dès que la vidéo prise hier sera montée pour regarder le résultat ensemble. Oui, Souleymane, tu as assuré. Oui, Cédric, je t’écrirai, et surtout, réponds- moi. Oui, Ahmed, ta gentille femme qui pleure à chaudes larmes peut être fière de toi. Oui, Aimé, on se retrouvera en Guadeloupe, où avec Jeanne nous animerons un atelier d’écriture et la réalisation d’un spectacle avec des détenus, mais tu seras un homme libre. Oui, Justin, le Guyennais, géant au bon sourire, tu as été un superbe acteur. Oui, Désiré, le congolais, tu as bien aidé en coulisse, empêché de jouer Padox par ton asthme. Oui, Douta, le joueur de tamtam, le Wolof, tu as une belle présence. Robert, on t’a regretté. Pourvu que tu ne te sois pas laissé entraîner. Merci Djamela qui a porté cette aventure, qui a appelé les familles, organisé avec le SPIP les détails nombreux, délicats de cet atelier. Merci à toute notre équipe, très particulièrement à Jeanne qui a été la confidente de nos gaillards en mal d’affection, les a chouchoutés en apportant ses tartes et ses chouquettes, et les a impressionnés en étant leurs voix multiples des Padox. Merci à Delphine, David et Félicien qui avec patience et attention ont porté le projet, aidés par Corinne, Gaëlle et Sarah, immergées brutalement dans ce milieu tellement inhabituel pour des comédiennes. Dimanche matin, en rangeant le matériel, toute notre équipe disait son plaisir d’avoir participé à ce moment exceptionnel, émouvant, inoubliable.
Dominique Houdart

Cie Dominique Houdart-Jeanne Heuclin 12, rue Vauvenargues75018 PARIS
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jeudi 16 septembre 2010

Les Padox à Fresnes - 12ème jour

Jeudi 10 juin 2010. Nous avions prévu 7 séances de travail de 2 heures. Mais les difficultés inhérentes au lieu carcéral ont pratiquement réduit de moitié le temps de formation. Résultat, il nous manque quelques jours pour être fin près, et la présentation dans la Chapelle c’est demain. L’équipe a fait ce qu’elle pouvait, mais le fait de n’avoir eu toute la distribution un seul jour est un handicap sérieux. Alors que sera demain ? Seront-ils au complet ? Nous avons passé notre temps à remplacer l’un ou l’autre, cela crée de la confusion dans les esprits. Et nous n’aurons eu qu’une seule répétition en lumière, avec deux absents. Il va falloir jouer serré. Les stagiaires ont corrigé le texte de Jeanne concernant l’arrestation des sans papiers par la police. Nous pensions qu’ils allaient l’édulcorer : pas du tout, ils l’ont simplement mis au point, remplaçant par exemple « fouille au corps « par « palpation ». Et remarque très juste, ils ne veulent pas qu’on dise "rebeu » mais « Padox », pensant que c’est une injure dans la bouche des flics. Bien vu. Nous souffrons pour eux, car la chaleur dans les Padox les mets en nage, et la douche est rare. Corinne, Gaëlle et Sarah, des vaies comédiennes, sont venues à la rescousse compléter l’effectif, car 10 Padox est un nombre insuffisant pour jouer le scénario. Les procédures d’entrée et de sortie des détenus sont très différentes d’un jour à l’autre. Le surveillant qui est venu nous ouvrir à la fin de la séance, les comptait sans arrêt, a fait l’appel, ne voulait pas que nous marchions ensemble « on pourrait vous confondre ». Ben oui ! A demain. On se serre la main, chaleureusement.
Dominique Houdart

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mercredi 8 septembre 2010

Les Padox à Fresnes - 11ème jour

Mardi 8 juin 2010. La mise en route des répétitions est de plus en plus problématique. Lorsque nous arrivons dans la première division pour récupérer notre équipe, subitement la division est bloquée, et l’on nous demande même de sortir. Une tension règne dans les couloirs. Puis nous voyons nos gars, arriver, ils sont enfermés dans une salle d’attente, on nous éloigne à nouveau, blocage général, et par les grilles du couloir central, nous voyons passer trois surveillants harnachés en Robocop, avec casques, épaulettes et genouillères, gilets pare balle, bouclier, ils traversent la division. Puis un bon moment plus tard, ils repassent, et l’attente se poursuit. On apprend qu’un détenu interné le jour même avait fait une crise violente, s’était jeté contre le mur, blessé, qu’il fallait le maîtriser. Bref, dans ces cas-là, la prison se bloque, les activités sont suspendues, et ce n’est qu’une heure plus tard que nous pouvons démarrer les répétitions. Nous obtenons de surveillants compréhensifs qu’on prolonge un peu l’atelier. Il nous manque deux personnes, l’un est en commission de révisions des peines, l’autre Mostepha, dans l’agitation générale, n’a pas été récupéré par Romain. Alors, nous devons faire des remplacements, encore une perte de temps. C’est la première, et avant dernière répétition dans le décor. Les gars sont motivés comme ils le disent, « à fond dedans », ils admirent la voix de Jeanne «, elle assure ! », ils sont plongés dans la travail avec un grand sérieux. Djamela a appelé les familles pour les inviter au spectacle à Ivry : hélas, beaucoup n’ont pas de famille à proximité. Certaines feront un long périple pour voir la représentation, 300 kilomètres. La compagne de Cédric a annoncé qu’elle passera l’après midi mais avec son bébé devra partir sans assister au spectacle . Nous ne lui dirons pas, il est très fragile, cela risque de le démobiliser. Lorsque nous abordons dans la répétition la scène ou les immigrés sans papiers sont arretés par la police, lorsque j’annonce la fouille au corps, d’instinct ils lèvent les bras… Puis Jeanne dit le texte des flics « sale rebeu, retourne chez toi » , « auvergnat, met ta casquette à l’endroit », et autres gentillesses, nos Padox nous demandent de modifier le texte, pensant que cela sera mal perçu dans la Prison. Aimé emporte le texte de Jeanne, il va le corriger. Nous voilà en pleine auto-censure. Jeanne espérait recueillir des expression vécues par eux, au contraire ils vont édulcorer le vocabulaire. Dernière répétition jeudi. Pourvu que nous ne subissions pas de tels retards, notre atelier a, depuis le début, été considérablement écourté.
Dominique Houdart
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vendredi 27 août 2010

Ça suffit !

Pour prendre ou conserver le pouvoir, nul n’est autorisé à faire n’importe quoi… surtout pas à jouer avec des thèses qui ont déjà produit les pires outrances, les pires catastrophes, les pires crimes !
Dire d’une communauté, quelle qu’elle soit, qu’elle est responsable de tous les maux du temps, la stigmatiser, la soumettre à la vindicte populaire, faire de ses membres des parias à éliminer est insupportable sous quelque régime que ce soit, dans quelque pays que ce soit ! A plus forte raison dans le pays qui se prétend celui des Droits de l’Homme et se permet de donner des leçons de bonne conduite chaque jour au monde entier !
J’ai honte !
Hier, les Juifs étaient ces rejetés !
Hier, les francs-maçons étaient ces rejetés !
Hier, les… tziganes étaient ces rejetés !
Avec les mêmes arguments, les mêmes intentions, les mêmes moyens utilisés au départ.
Ne dit-on pas que la fille de l’ancien couple présidentiel aurait déclaré que « …les Roms vivent comme des rats ! » ? Les mêmes mots qu’autrefois, quand on ouvrait les nasses !
J’ai honte !
Nombreux sont ceux qui, maintenant encore, à propos des crimes nazis, disent « on ne savait pas ! »
Mais aujourd’hui, nous savons !
Nous savons jusqu’où peut aller le fol emballement d’une machine de pouvoir séparée du monde réel par des écrans d’intérêt.
Nous savons jusqu’où peut aller la manipulation politicienne sur fond de crise économique et de misère sociale.
Nous savons jusqu’où peut aller l’aveuglement collectif.
Nous savons ce que vaut la stratégie du bouc-émissaire.
Et nous savons que nous entrons dans une période de lutte redoutable pour le trône. Les comportements actuels semblent vouloir prouver que… tous les coups seront bientôt permis !
J’ai honte !
Nous avons besoin d’une vraie démocratie, d’élus qui montrent l’exemple du comportement fraternel, égalitaire et respectueux de la liberté, de la vie, des valeurs et du travail de chacun, respectueux des règles qu’ils produisent eux-mêmes, mais qu’ils ne s’appliquent pas.
Nous avons besoin d’écoles, pas de prisons ! de maîtres, pas de gardiens ! de connaissances, pas d’inculture ! d’harmonie, pas de violence (surtout pas d’État) ! de paix, pas de guerre !
Ne jouons pas avec le feu !
Ce feu est allumé. Aujourd’hui, un seau d’eau peut encore l’éteindre. Demain, tous les pompiers du monde équipés des meilleurs matériels n’y pourront plus rien !
Nous sommes encore dans un moment de saine réaction possible.
Demain…
J’ai déjà honte !
image couverture de Au plaisir d'Ena G.Laporte éd. DGP Québec 2001 photo C. Voegelé

samedi 14 août 2010

Les Padox à Fresnes - 10ème jour

Lundi 7 juin 2010 - Journée d’installation du décor, des éclairages et du son. Sans les détenus. Entrer du matériel dans une prison, surtout un matériel aussi hétéroclite, est une aventure. Par chance, la porte-chantier n’est pas encombrée, et nous passons les premiers. Chaque fois, longue attente, pour qu’on vienne nous ouvrir, puis, après le déchargement, un surveillant examine tout le matériel. L’examen commence, très méticuleux, puis il s’accélère, tellement la liste est longue, digne d’un catalogue à la Prévert. En attendant l’ouverture de la porte pour accéder au camion, nous avons le temps de voir une scène insolite : à la fenêtre d’une cellule, un détenu nourrit des pigeons qui viennent en grand nombre. Il leur jette du pain, de gros morceaux tombent dans la cour, certains pigeons restent sur le bord de la femêtre, attendant la suite en voltigeant, d’autres foncent récupérer les morceaux au sol. Et soudain arrive un gros rat, qui va se servir, prend sa part, sans affolement des pigeons qui ne bougent pas, et il repart en trottinant. Fin de la scène, le détenu jette une bassine d’eau pour nettoyer le bord de la fenêtre plein de fientes de pigeons, les volatiles disparaissent. Un temps sans rien, puis le rat revient en trottinant, vérifier qu’il ne reste rien. On dirait la réincarnation d’un surveillant qui vient faire une ronde ultime. Les oiseaux se sont envolés. La Chapelle n’est pas le théâtre idéal, mais avec l’aide de trois techniciens d’Ivry, nous passons la journée à aménager la scène. C’est prêt pour demain.
Dominique Houdart

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image Goéland à Portivy photo GL

lundi 9 août 2010

Louise Michel... sursum corda !

Louise Michel... sursum corda

Dans les soutes d’un navire,
Naviguant sur son délire,
Elle a vogué vers le sud…
Calédonie.

Emportant les mille images,
De Lorraine en son village,
En compagnie des bannis,
Elle est partie.

Hier, sur la côte des vignes,
Lisant, déclamant des lignes
Du poète réfractaire…
Saluait Hugo.

Puis priait pendant la messe,
Se voyait déjà professe,
Seule à contempler le ciel…
Sursum corda !

Rêvait de rompre licol,
Puis de construire une école,
Enfin répondre à l’appel
De nos anciens,

Comme savoir pourquoi j’aime,
D’abord connaître soi-même,
Croire l’autre en son mystère…
Ecce homo !

Sous un pont d’ardente Seine,
En des temps de pire peine,
Au cœur de l’émoi mutin…
Aima Hugo.

Souvenir des hirondelles
Qui tournaient à tire d’aile
Sur les antiques tourelles
De son château.

C’est devant la barricade
Que la cerna l’embuscade
Pour sa mère emprisonnée…
Les mécréants !

Quand un chaton miséreux
Essuya les mille feux
D’un escadron versaillais
De fiers poltrons !

Dans les soutes d’un navire,
À genoux sous leur délire,
Elle écrivait à Maman :
« Crois… je reviens ! »

Des vers, encore et toujours,
Pour que haine soit Amour !
Des vers encore et toujours,
Pour Toi, Hugo !

Que sous les pins colonnaires,
Aux fougères millénaires,
L’esclavage soit pendu
Pour tous les temps.

Rêvait de rompre licol,
De faire sombrer les idoles,
Et de célébrer la vie…
En Algérie !

Lui offrit pour panthéon,
Les murs nus d’une prison,
République fraternelle…
Femme au piton !

Vie à nulle autre pareille
Éteinte un jour à Marseille
Dans un hôtel de passage
… Massiliensis !

Sous la pierre à Levallois
Elle imagine des lois :
Croire l’autre en son mystère…
Dura lex !

Dans le sombre du caveau
Pour l’Amour et pour le Beau
Des vers encore et toujours,
Et… pour Hugo !


Ce texte m'est venu en mai, le mois du muguet.
Si l'idée vous vient... d'une musique... pour chanter cette Femme !
© Gilles Laporte SACEM
image Louise Michel buste Bibliothèque Marguerite Durand Paris photo GL

samedi 7 août 2010

Les Padox à Fresnes - 9ème jour

Jeudi 3 juin 2010 - Merveille, toute l’équipe est là, mais il faudra attendre longtemps avant qu’une surveillante soit désignée pour nous accompagner. Alors, en attendant, ils sont confinés dans la salle d’attente, et le temps passe. Je les trouve pourtant très calmes au moment où nous pouvons enfin sortir de la division et nous acheminer vers la chapelle, eux toujours en file le long du mur. Tiens, aujourd’hui, on a pu apporter de l’eau. En arrivant dans la Chapelle, catastrophe, la salle a servi pour la fête des mères, et toutes nos affaires ont été entassées dans la pièce qui est en arrière scène, les costumes sont mélangés, et nous perdons beaucoup de temps à reconstituer le costume de chacun. Avant cela, Claude Charamathieu, le directeur du SPIP, leur explique dans quelles conditions ils pourront sortir le 12 juin. La bonne nouvelle, c’est que tous, sans exception, ont eu leur permission de sortie. C’est fondamental pour le travail de l’équipe et pour l’humeur du jour. Après tant de temps perdu, une heure, nous démarrons la répétition. Cela se déroule bien, certains sont même très appliqués et s’engagent dans le jeu. C’est la première répétition avec le costume complet, y compris la tête. Les deux premiers tableaux sont réglés, le troisième est encore à travailler. De plus en plus, nos gars sont chaleureux, expriment leur plaisir, et au moment de se quitter l’un d’entre eux, Ahmed, propose même de venir aider lors du montage de lundi prochain. Hélas cela ne sera pas possible, on ne peut pas les mettre en contact avec des outils. Dommage, mais cette proposition nous a beaucoup touchés. Plus on avance, plus on est heureux de travailler avec eux, avec ces personnalités très différentes. Lundi prochain, nous installons le décor, les éclairages et le son, et il aura encore deux répétitions avec le matériel avant la représentation dans la prison.
Dominique Houdart
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image fenêtre de prison fotosearch

mardi 3 août 2010

Les Padox à Fresnes - 8 ème jour

Mardi 2 juin 2010 - Ce n’est vraiment pas facile de travailler en prison. Nous dépendons de tellement de choses, la bonne ou mauvaise volonté des uns, par exemple la semaine dernière nous avons apporté quelques bouteilles d’eau, il fait tellement chaud dans les Padox, et aujourd’hui, un surveillant à l’entrée des sections nous refuse le passage pour l’eau. Alors que, au portillon d’entrée de la prison, Jeanne a fait passer une boîte de gâteaux secs, après un refus, la surveillante a accepté de les laisser passer. Et puis il y a ces blocages permanents, incompréhensibles pour nous. Ce qui fait que nos stagiaires se sont trouvés enfermés dans la salle d’attente une bonne demi-heure, avant qu’on puisse aller ensemble dans la chapelle. Pourquoi ? On ne saura jamais. Et puis, Mostepha manque à l’appel, on nous dit qu’il travaille aux cuisines. L’atelier commence, et soudain il nous rejoint. Romain a réussi à le sortir d’un lieu où son travail était terminé à 14h, mais la règle est qu’il doit y rester jusqu’à 17h. Romain, il vit en permanence la mission impossible, aller chercher les gars dans les cellules, essayer que l’effectif soit au complet, ce qui n’a jamais été le cas. Aujourd’hui il en manque deux, c’est la moyenne. Et Cédric nous dit que la semaine dernière, le surveillant n’a pas voulu qu’il vienne avec nous. Alors, attention, il nous dit cela, mais il faut être prudent, nous sommes facilement instrumentalisés. C’est délicat, nous ne devons pas prendre parti. Mais parfois, il y a de quoi râler… On a bien compris que ce n’est pas la bonne méthode. L’équipe est toujours motivée. Ils ne savent pas encore s’ils pourront tous sortir, nous, nous savons que le juge, Monsieur Bouvier, un juge apprécié par tous nos stagiaires, a donné son accord pour l’équipe entière. Mais cela doit leur être notifié par l’administration. Demain heureusement il n’y a pas d’atelier. Chance, car c’est un jour de grève des gardiens. Alors, on se retrouvera jeudi, ils donneront tous les coordonnées des familles à Djamela pour qu’elle les invite a passer la journée avec nous, de 14h au soir, lors de la représentation à Ivry.
Dominique Houdart
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image Les Padox à Oslo photo Cie Houdart-Heuclin

mercredi 28 juillet 2010

Les Padox à Fresnes - 7ème jour

Jeudi 27 mai 2010 - L’atelier a maintenant pris son rythme de croisière, 9 détenus sont présents, il en manque 3, un qui est inscrit mais qu’on n'a jamais vu, et deux pour lesquels nous ne savons pas pourquoi ils ne sont pas là. Et pourtant ce sont deux éléments importants, Mostepha et Cédric. Impossible d’avoir une explication sur leur absence. Espérons les pour la prochaine fois, car le travail avance à grande vitesse, nos gars sont complètement plongés dedans, la concentration est extrême, et le moment de repos est un temps d’échange très agréable. Aujourd’hui, on parle des retraites, puisque c’est le jour de mobilisation des syndicats. Hervé, jusque-là réservé, nous dit qu’il viendra volontiers à un nouveau stage Padox quand il sortira en Octobre. Et tous s’intéressent aux spectacles de la Compagnie, à nos ateliers scolaires. L’équipe est maintenant très efficace, et le spectacle s’annonce bien.Et puis, chance, le surveillant s’intéresse au travail, le suit avec attention, vient avec nous partager les chouquettes apportées par Jeanne, et dit à Djamela qu’il viendra volontiers voir la représentaiton à Ivry. L’attitude du surveillant change tout, on a tous oublié la prison pendant 2 heures.
À mardi !
Dominique Houdart
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image portrait Dominique Houdard photo Cié Houdart-Heuclin

vendredi 23 juillet 2010

Les Padox à Fresnes - 6ème jour

mardi 25 mai 2010 - Les ateliers se poursuivent maintenant à la Maison d’Arrêt des Hommes, mais seulement 2 fois par semaine, le mardi et le jeudi, jusqu’au spectacle le 11 juin dans la prison, et le 12 au théâtre d’Ivry. Après le premier contact la semaine dernière, nous retrouvons une partie de l’équipe, 6 sur 12, dont deux qui n’étaient pas là jeudi dernier. Les autres sont en parloir. Justin a perdu sa carte et le surveillant ne veut pas le laisser sortir. Nous sommes arrivés à 13h30, ce n’est qu’une heure plus tard que nous pouvons quitter la section 1 Nord. Une heure d’attente, pendant un bon moment, on nous annonce que la section est bloquée, tous les mouvements sont interdits… et l’on ne saura jamais pourquoi. Romain part les récupérer un par un , Eric est occupé à dealer dans les couloirs et ne descend pas. Le manque de personnel fait qu’il faut attendre qu’un surveillant soit libre pour nous accompagner. Notre groupe se met en marche toujours en longeant le mur en ce qui les concerne, vers la chapelle. Romain nous laisse avec eux et avec un surveillant plus ouvert, qui regarde le travail en souriant parfois. Dans la chapelle, nous initions rapidement les deux nouveaux, Hervé et Souleymane, et nous commençons la mise en place du spectacle. Ils sont tout d’un coup concentrés, attentifs, curieux, physiquement doués, on utilise les talents de danseur et de percussionniste de Douta, l’histoire les intéresse, et comme nous n’avons plus que 1h30 de travail, cela passe très vite. Avant de repartir, la sacro-sainte pose cigarette, et je parle dans un coin avec Cédric, que tout le monde considère comme un agité : il est calme, me parle de sa mère, de sa femme, de son bébé qui vient de naître, pour lui l’enjeu est important, montrer le spectacle à sa mère est un objectif majeur, il me parle de la cité dans laquelle il vit à Lyon… Ce n’est plus le même, il me confie qu’il aimerait continuer le théâtre, qu’il se sent un autre homme. Plusieurs me font cette remarque, tout est loin en Padox, la détention, les brimades, mais aussi ce bruit infernal des couloirs, les hurlements des surveillants d’un étage à l’autre, le fracas des portes lorsqu'un détenu est énervé, le mouvement incessant. Là, ils sont concentrés, sérieux appliqués. C’est de bon augure. En sortant, par la fenêtre, on aperçoit le mitard. « Le château » disent-ils. Nous insistons auprès d’eux pour qu’ils programment leurs parloirs en tenant compte de l’atelier. Ils ont eu chaud en Padox, il serait souhaitable qu’ils puissent prendre une douche. Mais elles sont limitées à deux par semaine. J’en ferai la demande à Romain, sans grand espoir. Au moins quelques bouteilles d’eau…
Dominique Houdart
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image Prison photo Matton

mercredi 21 juillet 2010

Les Padox à Fresnes - 5ème jour

Vendredi 21 mai 2010 - Retour à la Maison d’arrêt des femmes pour la dernière séance, la restitution. Tout d’abord, une bonne surprise, Euridice, charmante camerounaise, qui n’avait pas pu suivre le travail, sans arrêt appelée au parloir, ou en consultation, nous rejoint. Alors, la dernière répétition avant la séance publique lui est consacrée. Elle comprend vite le scénario, joue avec intelligence, et là voilà embarquée. Les techniciens du théâtre d’Ivry sont venus le matin installer les lumières et l’éclairage, un rideau de fond rouge fait un peu oublier le couloir de détention au bout duquel nous jouons. Les détenues arrivent, nombreuses, au moins la moitié sont venues voir les Padox. La représentation se déroule pour le mieux, et à la fin, une rencontre avec le public s’improvise, c’est un moment important pour les 4 détenues qui ont participé à l’atelier, elles disent ce qu’a été le travail, les autres ont réellement apprécié, et le leur disent, les questions sont souvent fortes : par exemple je leur ai demandé d’ écrire « je suis » sur des feuilles blanches et ensuite les spectateurs devaient compléter. Une femme d’origine basque a bien analysé la chose, en disant qu’elles ne sont qu’un numéro d’écrou, qu’elles perdent dans ce lieu leur personnalité, et ce » je suis » l’a beaucoup touchée. Plusieurs regrettent de ne pas avoir participé à l’atelier, aimeraient devenir Padox, ici ou ailleurs. Beaucoup viennent nous embrasser avant de regagner les étages. Euridice sortira bientôt de prison, elle est là par erreur, c’est au moins ce qu’elle nous dit, une usurpation d’identité, elle passait ses journées à pleurer, ne comprenant pas ce qui lui arrive, l’atelier lui a fait du bien, elle retournera très vite chez elle, mais elle viendra nous revoir au Théâtre d’Ivry le 12 juin, où nous jouons avec les détenus hommes « Padox Migrateur ». Jeanne avait préparé une tarte, que nous mangeons après les rangements avec nos Padox de Fresnes, émus de se quitter, elles gardent les livres blancs avec lesquels elles jouaient, et demandent les signatures et un mot de toute l’équipe. C’est troublant de se séparer comme cela. Euridice nous quitte en disant : « Je retourne dans ma chambre ». Claudine la reprend, « Non, ta cellule, mais au début je disais comme toi ». À bientôt, Euridice, continue à dire « ma chambre », cette épreuve se termine, pour Yuna aussi, et la charmante Julia, la jeune grand mère de 34 ans, résignée, travailleuse, qui a beaucoup aidé à installer les accessoires, attend son transfert au Brésil. Ce soir, en écrivant ces lignes, je pense à elles dans leur « chambre ».
Dominique Houdart
Cie Dominique Houdart-Jeanne Heuclin
12, rue Vauvenargues
75018 PARIS
Tél 01 42 81 09 28 GSM 06 11 87 62 77
Siret : 353 180 813 00035APE 923 A
Licence cat 3 n 15816
image Prison origine à me préciser pour indic. crédit

lundi 19 juillet 2010

Les Dadox à Fresnes - 4ème jour

Jeudi 20 mai 2010 - Donc ce matin, le travail avec les femmes est annulé, mais cet après-midi nous commençons l’atelier à la Maison d’Arrêt des hommes. Entrée pas aussi simple que chez les femmes, nous ne pouvons pas pénétrer avec le véhicule et la remorque dans la cour, on a même du mal à s’arrêter devant l’entrée car des groupes de policiers armés et vêtus de gilets pare-balles partent pour, pensons nous, le procès Colonna. Il faut donc décharger tous les costumes, le matériel de jeu, passer tout cela sous le portique et le tapis roulant de l’entrée normale, puis avec des chariots, nous véhiculons tout cela dans les couloirs, les très longs couloirs des trois sections. Le gardien chef est de mauvais poil, il ne veut pas que nous allions directement dans la chapelle, notre lieu de travail, pour installer le matériel, car il n’a pas de gardien pour nous ouvrir, nous devons aller dans la section 1 récupérer les détenus. Romain, qui heureusement est avec nous, va les chercher un à un. Nous poirotons, au milieu des cris des surveillants du brouhaha général, l’ambiance est tendue, électrique, rien à voir avec le quartier des femmes beaucoup plus calme. Ils arrivent, ils sont enfermés dans des salles d’attente, très serrés. Ils ont l’air renfrognés, ne disent pas bonjour, ne nous regardent même pas. Enfin, au bout d’une demi-heure, nous partons ensemble vers la Chapelle. Le surveillant qui les accompagne les oblige à marcher en file le long du mur. Ils passent un portique, la canne anglaise d’un des détenus sonne…Enfin dans la chapelle, au fin fond de la 3e section. Et on commence, discours de Romain, de Djamela, puis nous nous présentons. Et David arrive en Padox, aussitôt c’est la détente, ces mines renfrognées s’ouvrent, ils sourient, s’étonnent, s’intéressent. Le personnage leur plaît indiscutablement. David, finement, va s’asseoir auprès de Cédric, une forte tête qui se met à part, et l’entraîne gentiment à regagner le groupe dans les gradins. Ils se présentent, l’ambiance est détendue, on plaisante, je leur raconte l’ensemble du projet, l’histoire de Padox Migrateur, qui semble les toucher. Enfin après une pose cigarette (attention, pas de chichons, sinon l’atelier risque de s’arrêter), ils commencent à s’habiller.Et les premiers exercices sont concluants, improvisations individuelles, exercices dirigés au talkie-walkie, ils enlèvent le costume, c’est gagné. À part un, qui nous dit que ce n’est pas son truc, les autres marquent réellement de l’enthousiasme, le fait de jouer sous le masque leur plaît et les décontracte. Et Aimé nous confie que Padox lui fait tout oublier, qu’il se sent un autre. Très vite nous avons appris les prénoms, l’un d’entre eux, Mostepha, me dit que cela forme une famille. Pendant tout le travail, le surveillant est resté assis en haut des gradins, près du téléphone, et n’a pas jeté le moindre regard sur l’atelier. Il faut rentrer, on se regroupe dans le couloir de sortie, mais nous sommes bloqués par une immense clameur de chahut, encore de l’attente, enfin on rentre, avec un arrêt devant la première section sud, on se serre chaleureusement la main, Cédric le plus agité, trouve que le couple que nous formons avec Jeanne est « mignon ». On se dit à mardi. Demain on revoit les femmes, pour présenter le court spectacle répété en 3 séances. C’est incroyable d'observer la transformation de leurs visages. Dans l’espace pénitentiaire, ils sont gris, fermés sans communication. Dès que l’atelier commence, on les découvre, ils s’ouvrent.
Cie Dominique Houdart-Jeanne Heuclin
12, rue Vauvenargues
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image Jeanne Heuclin et le Padox photo Cie Houdart-Heuclin

samedi 17 juillet 2010

Les Padox à Fresnes - 3ème jour

Mercredi 19 mai 2010 - À l’atelier, nous retrouvons nos trois fidèles. En nous apprenons qu’Euridice a un parloir à 3 heures (il est 2 heures), donc qu’elle ne viendra pas, que Germaine ne viendra pas, elle a une grosse déprime. Claudine a convaincu 3 copines de venir, elles sont volontaires… Mais la chef nous dit qu’elle ne sont pas inscrites. Et Romain n’est pas avec nous pour faire le lien avec l’administration. Alors ces volontaires restent à se morfondre dans leur cellule, et nous travaillons avec nos 3 Padox. Avec notre équipe, on passe à 5, et la répétition commence : en deux heures, nous arrivons à monter l’ensemble de la présentation, les filles sont attentives, douées, expressives. Rendez vous demain ? Eh bien non, car deux d’entre elles ont CAP, Commission d’Application des Peines, c’est naturellement important et obligatoire. Donc on ne se retrouvera que vendredi, pour une heure de répétition, avant la présentation de notre page blanche. En sortant, notre petite Brésilienne, Julia, est appelée par la surveillante pour aller transporter des colis. Elle sort, revient revêtue d’une blouse bleue, et suivie par une gardienne, fait deux ou trois transports, de la cour d’entrée à l’intérieur. Et tout d’un coup, elle ne nous connaît plus, son regard est fixe, grave, comme si une barrière entre nous s’était refermée. Elle a 34 ans, 3 enfants, et son fils de 17 ans vient d’avoir un enfant. Grand-mère à 34 ans. On imagine bien pourquoi elle est là, mule, transport de drogue. Quand elle sortira d’ici, elle se retrouvera en prison au Brésil. C’est une fille très douée, elle a un sens de la comédie et du jeu. Elle pense qu’elle suivra un atelier-marionnette au Brésil, en prison. Yuna, la Guyanaise, est là pour les mêmes raisons "pour quelques grammes de cocaïne…" Ironie du sort, elle vient de Cayenne, mais son bagne est à Fresnes.
A suivre...
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vendredi 16 juillet 2010

Les Padox à Fresnes : 2ème jour.

Mardi 18 mai 2010 - Le cœur joyeux, gonflés par le premier contact d’hier, nous entrons dans la Maison d’Arrêt des Femmes. Pas de problème à la barrière, accueil agréable au contrôle. Mais une fois dans l’enceinte de la prison, cela se gâte. La surveillante en chef du couloir de détention n’est pas celle qui avait été si sympathique hier, elle fait sentir tout de suite son autorité, appelle les filles avec beaucoup de retard. Tout le monde n’est pas là, une fille a été libérée, on se réjouit pour elle mais on aurait pu nous prévenir, deux sont malades, et au moment où l’équipe est habillée, la chef revient, et demande à deux de nos stagiaires de filer pour une consultation hors de la prison, donc sans espoir de les revoir avant la fin de l’atelier. Et ces pauvres filles, désolées, n’étaient même pas au courant, ne savaient pas qui elles allaient voir. Lorsque j’ose dire que c’est un problème d’animer une activité avec des sorties, des parloirs qui cassent le groupe et le travail, la chef me répond sèchement que c’est pour leur santé. Rien à dire ! L’atelier commence, il en reste 3, alors David, et Corinne, une comédienne stagiaire de la Compagnie s’habillent en Padox, et complètent le groupe. Nous avançons la mise en scène, sur le thème de la page blanche, le groupe progresse bien, il y a une forte sensibilité et un sens du jeu évident. Le thème parle de l’angoisse de la page, de ce papier blanc sur lequel on se projette comme dans un autoportrait, au point que le livre de papier blanc se transforme en miroir, par lequel le regard de Padox communique avec le public. Nous sommes inspirés pour ce thème par des textes de Gérard Lépinois, qui fut à l’origine auteur des scénarios des Padox, et dont Jeanne dira pendant la présentation quelques aphorismes. Une des filles, Claudine, me dit : « C’est comme un procès d’assise, toi, toute seule en face de cette foule de regards qui te dévisagent » Elles mettent de la grâce et de la poésie dans le travail. En accord avec la chef, nous avons l’autorisation d’aller dans la cour de promenade à 3h20, quand toutes les promenades officielles sont terminées. (Dommage, car les autres détenues ne nous verront pas). Surprise, elle nous enferme dans la cour, et dit qu’elle revient dans 10 minutes, et que si on veut rentrer, qu’on fasse signe au mirador. 15 minutes, 20 minutes, je fais des signes, je crie pour qu’on nous ouvre. Au bout de 45 minutes, elle vient nous délivrer, en me disant « cela ne sert à rien d’appeler, j’avais des mouvements, ici c’est une prison" Rien à dire. L’atelier se termine après cette longue attente dehors, mais l’ambiance est chaleureuse et complice. Avec nos trois Padox, nous avons vécu de l’intérieur des brimades permanentes qui sont leur lot quotidien. Le problème est que nous étions livrés à nous même et sous la dépendance de la chef. Romain l’animateur du SPIP n’était pas avec nous, et impossible d’entrer dans la prison avec nos portables, donc pas de communication possible avec lui. Dans la cour, les filles ont cueilli des fleurs et les ramènent dans leur cellule. Les fleurs de Fresnes. La chef a fait semblant de ne pas nous voir partir et n’a pas répondu à nos saluts.
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jeudi 15 juillet 2010

Houdart : Les Padox à la prison de Fresnes

Journal de bord tenu pendant la période d’atelier et de spectacle à la Maison d’arrêt de Fresnes par la Compagnie Dominique Houdart-Jeanne Heuclin (Les prénoms des détenus ont été changés afin qu'ils ne soient pas reconnaissables. DH)

Ce journal, tenu du 17 mai 2010 au 14 juin 2010, sera diffusé jour par jour sur ce blog, avec l'accord de son auteur, Dominique Houdart.
QUI SONT LES PADOX ?
Padox, c'est vous, c'est moi, c'est Guignol, Tintin, le Gros Dégueulasse, Bidochon et Gaston. Ces créatures en latex du sculpteur Alain Roussel dans lesquelles se glissent les comédiens sont à mi-chemin entre la bête et l'homme. allégories de la condition humaine, à la fois tendres et inquiétants, dont la maladresse engendre l'émotion. DH
LES PADOX A LA PRISON DE FRESNES

Lundi 17 mai 2010 - Après une longue préparation avec la responsable des relations entre le théâtre d’Ivry-Antoine Vitez, Djamela, et l’animateur de la prison de Fresnes, Romain, le directeur de la prison, le juge d’application des peines, le directeur du SPIP, nous voilà enfin à la Maison d’Arrêt de Fresnes. Le projet est double, une semaine dans le quartier des femmes, avec un atelier Padox quotidien, et vendredi, restitution dans le couloir de détention de la prison, et ensuite nous abordons le quartier des hommes, avec des ateliers plus étalés dans le temps, et la réalisation du spectacle « Padox Migrateur » qui sera présenté le 11 juin dans la chapelle de la prison pour les détenus, et le 12 juin au théâtre d’Ivry Antoine Vitez, pour la clôture de saison. Le premier jour est important, la suite dépendra de ce premier contact. Le matériel est déchargé dans la cour de la prison, nous installons tout dans la cour de promenade, car nous n’avons pas la possibilité de répéter dans le couloir de détention. Mais pour avoir un lieu plus propice à la concentration, on nous ouvre la « salle rose », une cellule dédiée à l’animation. Les stagiaires arrivent, les personnalités éclatent aussitôt, entre Claudine, exubérante, une Croate qui ne parle pas français et reste dans son coin, une jeune Brésilienne, toute heureuse de voir que David, un membre de notre équipe, parle brésilien, une guyanaise, Yuna, dont le corps danse en permanence, Euridice, cachée sous une grande écharpe, Germaine, la plus âgée, très intimidée…Présentations, puis découverte de Padox : étonnement, petit recul de certaines, embrassades de Claudine, bien sûr, Jeanne et David expliquent le costume, on parle du personnage, de la technique, du projet, et toutes s’habillent en Padox. Puis, en costume, nous traversons le couloir de détention, pour aller dans la cour de promenade. Padox déride les surveillantes, qui croient reconnaître certaines détenues à leur gestuelle, un grand mouvement de sympathie de la part du personnel pénitentiaire qui nous servira pour la suite. Cette cour de promenade est coupée en deux.Une moitié sert réellement à la promenade, c’est un terrain de basket longé par de l’herbe rase, et au-delà, un mur surmonté de barbelés sans doute électrifiés. Et de l’autre coté, le même terrain mais l’herbe est haute, ce coin ne doit pas servir… On imagine la jachère, un temps d’un côté, un temps de l’autre. Entre les deux terrain, une grille. Nous commençons les exercices, cela se passe bien, quelques détenues nous observent en souriant à la fenêtre de leur cellule qui donne sur la cour, les surveillantes viennent jeter un œil. Puis les Padox jouent une improvisation dirigée, consistant à cueillir des fleurs, dans la partie herbeuse. Cela devient très beau, nos Padox après une cueillette lente filent offrir les fleurs cueillies aux filles qui tournent dans la cour d’en face. Elles étaient curieuses, elles sont touchées. Je demande à l’une d’entre elles, grande, grave, sombre, si elle veut venir et mettre le costume de Padox. Elle me répond « Mon costume est déjà assez lourd à porter ». Mais elle ajoute « Je vous regarde de la fenêtre, et je viendrai voir le spectacle. » Deux de nos stagiaires n’ont pas pu faire cette sortie, appelées au parloir. C’est un moment bouleversant, l’une ,Euridice, revient en pleurant, et dit que c’est trop d’émotion. Claudine en sort, révoltée, remontée, énervée. Demain, en Padox, elles entreront dans le jeu. On se quitte après avoir raconté la proposition de scénario, sur le thème de la page blanche. On sent de l’enthousiasme, le groupe est prêt à se lancer dans l’aventure d’une création. Remontée au premier étage, devant la porte de sa cellule, Euridice nous fait un signe et lance un touchant « Merci »

A suivre...

Cie Dominique Houdart-Jeanne Heuclin
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