lundi 22 août 2011

Riches et... Impôt !

Le monde est sauvé !
Ils ont sauvé ce monde de la finance qui leur est si… cher !
Quelques nababs viennent de décider de mettre la main au portefeuille pour aider l’Etat à alléger la dette publique !
Courage, générosité, abnégation, compassion, altruisme… les mots manquent aux commentateurs et trices pour saluer le geste auguste du donneur fait par ces êtres héroïques bientôt détenteurs de la Légion d’honneur, du Mérite national, et autres marques de reconnaissance attribuées par les plus hautes instances politiques (si ce n’est déjà fait !).
Que se passe-t-il, au juste ?
Exonérés de contribution assise sur une évaluation juste de leurs revenus et de leur patrimoine calculée sur des bases d’égalité fiscale recommandée dans une véritable démocratie républicaine à la française fière de sa devise largement vantée dans le monde, quelques richissimes citoyens proposent dans un mouvement spontané de patriotisme (soufflé à l’oreille par l’un de leurs complices états-uniens) de… payer des impôts !
Ils se sont enfin aperçus, semble-t-il, que les bas revenus paient leur tribut à l’Etat, que les moyens revenus passent à une caisse spécialiste du racket institutionnel, et qu’ils ne sont que des satellites lointains de ce système, qu’ils sont exclus de notre vraie vie sociale, exclus donc de la Nation profonde et fraternelle. Et ils en sont malheureux ! Et ils en souffrent !
Par obligation morale et souci d’humanité, nous devons donc les accepter dans notre communauté des exploités de tout poil.
Courage, amies et amis, accueillons à bras ouverts ces citoyens que notre Etat a si longtemps… oubliés, voire méprisés !
Mais attention : ne les contraignons pas à vivre comme nous ! Trop fragilisés qu’ils sont par leur détresse d’êtres trop longtemps rejetés, ils ne le supporteraient pas. Acceptons seulement ce qu’ils veulent bien donner à la collectivité, et rendons-leur au centuple leurs bienfaits (en considération, émotion citoyenne, et -surtout- bulletins de vote dans les urnes prochaines.)
Qu’en est-il de la réalité ?
Depuis de bien longues années, ces « bienfaiteurs de l’humanité » font trimer des serfs, délocalisent, spéculent, s’abouchent avec les ministères et leurs occupants, prennent le petit déjeuner dans les palais nationaux (quels qu’en soient leurs locataires), volent dans le flambant neuf avion présidentiel pour des expéditions et dîners d’ « affaires » lointains, se partagent à Marrakech (toutes couleurs confondues) les cascades de thé à la menthe (aphrodisiaque !) et les bons parfums des étals d’épices, amusent le peuple dans des émissions flatteuses, concentrent leurs avoirs, « dégraissent » leurs équipes, spolient les personnels, jouent en Bourse, licencient d’un coup de stylo magique depuis un exil doré de l’île Maurice, ou une somptueuse mais discrète villa de Saint-Trop’…
Depuis longtemps, non seulement, ils ne paient pas d’impôts (ou si peu en proportion de leur fortune !), mais, en plus, l’Etat leur redistribue l’argent tiré des poches des plus pauvres -ou des moins fortunés- (souvenons-nous des 30 millions d’euros offerts à Madame Bettencourt, des plus de 200 millions d’euros offerts à Monsieur Tapie, des concerts de 14 juillet organisés par la Présidence de la République elle-même pour distraire la foule, chantés par des artistes dont le cachet -sur fonds publics- file aussitôt… aux Etat-Unis ! et de tous les autres cas si honteux de leur misère et si soucieux de leur dignité qu’ils ont demandé aux feuilles et antennes de ne pas parler d’eux !).
Depuis longtemps, ils se moquent comme d’une guigne de l’état de toutes les finances, y compris publiques, sauf… des leurs !
Et ils arrivent, quelques pièces dans le creux de la main, impatients de se faire redonner par le peuple une virginité toute neuve, de se faire peindre sur la tête une auréole de saint, de se faire aduler par les souffrants comme l’était autrefois le Roi capable, disait-on, de guérir des écrouelles !
Or…Notre régime, s’il était vraiment, républicain, devrait imposer à chacun d’entre nous des efforts en faveur de l’Etat proportionnels à ses moyens ! Il le fait de manière arbitraire avec les plombiers, instituteurs, infirmières, ouvriers métallos, chauffeurs routiers, professeurs de collège, caissières de supermarché… les plus humbles. Pourquoi ne le fait-il pas avec les banquiers, patrons du CAC 40, rentiers, spéculateurs, parachutistes dorés, héritiers dynastiques, dépeceurs-nécrophages d’empires industriels, vampires des fonds de pension et d’investissement… les plus riches ?
Notre République, si elle était elle-même respectueuse de sa devise gravée au fronton de ses palais, devrait ne pas attendre que l’un ou l’autre de ces nababs propose de faire un geste de clown triste déguisé en élan de générosité, de faire l’aumône à son Trésor, de lui donner ce que bon lui semble, de jeter quelques pièces à la foule, fussent-elles d’or !
Encore un effort de leur part, et l’Etat recevra d’eux leur dentier d’or obsolète, leur chemise de soie élimée, et les miettes de leurs festins au Fouquet’s !
Les services fiscaux ne demandent pas leur accord aux petits ! Pourquoi ne font-ils qu’attendre la prétendue « bonne » volonté des gros ?
On nous dit que leur imposer les mêmes règles qu’aux humbles expose notre pays au risque de les voir filer à l’étranger avec leur magot ! (Entre nous : bel exemple d’esprit citoyen de la part de ceux qui donnent sans cesse des leçons de morale politique au peuple !) Mais ne craignons rien, car… ils y sont déjà, à l’étranger ! Celles et ceux-là connaissent parfaitement la route de ces planques hors frontières, depuis la nuit des temps, depuis… la fuite des émigrés de la Révolution (qui n’ont pas hésité à combattre leurs propres frères pour défendre leurs prébendes), l’avènement de la République, le Front populaire, l’élection d’un Président à odeur de soufre (pour eux !) en 1981, la débandade récente de la Société Générale et des autres officines usuraires… Ils sont déjà, avec leurs lingots, en Suisse, au Luxembourg, au Lichtenstein, à Monaco, et plus loin encore, ailleurs…
Alors, réfléchissons…
Devons-nous saluer chapeau bas ceux que quelques organes de presse de leur bord nous présentent comme des citoyens exemplaires, désintéressés, généreux, à l’esprit éminemment social, presque comme de nouveaux… « communistes loyaux et partageux » ?
Ou bien devons-nous les voir comme de redoutables magiciens noirs seulement préoccupés de leur survie, faiseurs d’opinion qui bientôt se présenteront comme les martyres de leur propre fruit qu’ils ont baptisé « La Krise », de savants manipulateurs qui savent ce que savent tous les paysans de la terre : pour échapper à un taureau furieux, il suffit de lui abandonner un bout de son vêtement. La bête s’acharne dessus ; elle donne ainsi au fuyard le temps de… sauter la frontière du parc ! Sauvé !
Au diable les cadeaux empoisonnés.
Au diable les niches (habitat naturel des chiens) fiscales (à commencer par les régimes spéciaux de nos politiques professionnels, députés, sénateurs, ministres, sous-ministres, valets de ministres, hauts fonctionnaires…) !
Pour être fidèle aux préceptes de sa naissance, et à l’esprit de celles et ceux qui ont donné leur vie pour Elle, notre République, une et indivisible, doit rester libre, fraternelle et… égalitaire. Elle le pourra si nous n’acceptons pas les boulettes empoisonnées distribuées par quelques maîtres de peu de respect.
Vigilance, vigilance, vigilance citoyenne !
Salut et Fraternité !


Image Georges de La Tour Le Tricheur Musée du Louvre photo GL

jeudi 18 août 2011

JMJ 2011...

Plusieurs millions d’euros pour rassembler les jeunes catholiques du monde en Espagne, dont une bonne part de fonds publics : dépenses engagées pour assurer le service d’ordre, la sécurité sanitaire, l’aménagement et le nettoyage des sites, les transports des groupes vers les lieux de grande concentration, puis les en évacuer… sans compter tous les autres coûts directs et/ou indirects d’une telle manifestation. Voilà qui a de quoi surprendre, voire révolter dans un pays en détresse sociale et à un moment de grandes difficultés politico-économiques.
Voilà qui aurait de quoi surprendre et révolter dans n’importe quel pays et à n’importe quel moment, fût-il plus heureux et serein !
Car…
Dans toute société honnêtement gérée, les fonds communs doivent être utilisés dans l’intérêt commun, à l’exclusion de toute attribution communautaire ou partisane !
Dans toute société démocratique, les fonds publics issus de la contribution de (presque) tous les citoyens (les plus riches sont généralement hors jeu fiscal – voir en France !) devraient être exclusivement orientés vers des besoins inhérents au service public, qu’ils soient alimentaires, éducatifs, de santé, de défense, ou d’aménagement du territoire…
Dans toute société laïque, les fonds publics doivent permettre l’accueil et l’épanouissement de toutes et de tous, indépendamment de leurs choix philosophiques, religieux, et/ou de vie !
Or, que constatons-nous avec cette grande foire missionnaire espagnole ?
Une communauté militante internationale s’invite dans un pays aux seuls fins de faire rayonner sa « foi », sa vision dite « chrétienne » du monde, de faire croire que sa vérité est LA Vérité, et fait supporter par ce pays une bonne part de ses frais de réception.
Insupportable !
Si, en outre, nous nous interrogeons sur la nature même de ces « JMJ », que remarquons-nous ?
Présentée comme le rassemblement des jeunes du monde « Journées Mondiales de la Jeunesse » la manifestation trompe dès l’annonce par son appellation même car, voulue, présidée, animée par le Pape en personne, encadrée par l’épiscopat et le clergé romains, elle est « Journées Mondiales de la Jeunesse Catholique ». La volonté de récupération de l’ensemble des jeunes du monde par une communauté agissante est, elle aussi, insupportable ! Elle donne à penser à celles et ceux qui n’y convergent pas, ou qui ne partagent pas l’enthousiasme pour une telle foire, qu’ils ne sont pas de la jeunesse du monde ! Le sentiment d’exclusion ainsi généré chez les moins concernés participe de la démarche missionnaire à l’origine de l’évènement. Insupportable !
Et puis…
Pour en revenir à l’aspect comptable :
Les organisateurs et leurs vassaux nous expliquent que les pèlerins eux-mêmes paient leurs frais, qu’une partie du reste des dépenses est financé par des mécènes privés (que ne donnent-ils cet argent aux affamés de Somalie !), et que -argument de très grand poids-, ce rassemblement rapportera à la ville de Madrid et à l’Espagne beaucoup plus qu’il ne leur aura coûté. Manipulation ! Car il offre des affaires en or aux marchands de bondieuseries, aux vendeurs de chemisettes coton à l’effigie du Pape, aux pâtissiers créateurs de gâteaux décorés d’un souverain pontife en sucre, aux hôteliers et loueurs d’hébergement divers… aux marchands seulement qui vont pomper dans les finances publiques, et les poches de pauvres crédules qui seront ainsi doublement ponctionnés !
Que font alors les pèlerins de la Parole christique ? Que font celles et ceux qui, bannières au vent (y compris nationales) et cantiques aux lèvres défilent dans les rues sous des fenêtres pas forcément convaincues, de cet exemple donné par Jésus le jour où, violemment, il chassa ces mêmes marchands du Temple ? Ce reniement de leur sacré originel relève aussi de… l’insupportable !
Croire n’est pas affaire de paëlla géante, de boisson gazeuse à la cocaïne répandue à flots, de confessions à la chaîne ou de portraits en sucre ! Croire relève de l’intime, de l’intime seul ! Tout le reste n’est que volonté avouée ou pas de… prise de pouvoir sur l’autre !
Les êtres d'Esprit le savent qui, à l'agitation collective et aux excès de la foule, préfèrent la remise en question permanente de ce qu’ils sont et de ce qu’ils font (l’examen de conscience quotidien), la lecture libre des textes fondateurs, et… le silence !
Quant au Temple…
Je préfère, aujourd’hui, penser à celui de Charles Baudelaire (Les Fleurs du mal) :
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Méditons !

dimanche 7 août 2011

LAW... dette, banque et mémoire !

La France s’est longtemps souvenue du système économique de Law !
Mais, aujourd’hui, elle semble l’avoir oublié.
Rappel…
A la mort du roi Louis XIV qui, à force de se prendre pour le soleil, avait mis la France en faillite, le banquier écossais John LAW avait proposé d’encourager l’épargne populaire et de délivrer en retour des billets de banque dont la conversion en métal serait garantie par l’Etat. 1718 : la Banque Royale était née !
Cette banque prêterait à l’Etat moribond l’or nécessaire pour assurer sa survie. Mais, la dette publique étant abyssale, l’idée vint au banquier-escroc écossais de faire mettre sur le marché beaucoup plus de billets que prévu, pour des sommes beaucoup plus importantes que la garantie en métal détenue par cette banque !
En faillite pour avoir pété plus haut que son cul solaire, l’Etat s’était alors mis à vivre à crédit, sur du papier plus volatile que le vent, plus trompeur que son inventeur lui-même. Il avait misé sur des rentrées de fortune en provenance des colonies… Nous dirions aujourd’hui qu’il avait misé sur… la reprise de la croissance !
Patatras !
1720 : les épargnants ayant voulu récupérer le fruit de leur sueur (ou de leur spéculation !), le système s’effondra, provoquant ruines, misère et tragédie (sauf dans la famille royale, à la cour, et chez les vassaux, tous protégés…). Et le banquier LAW prit la fuite comme un malfaiteur qu’il était.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Etat surendetté (après que ses porte-voix aient, des années durant, expliqué aux simples citoyens qu’ « il n’est pas bien de vivre couvert de dettes… » !), banques bourrées de titres bidons, politiques prêts à s’en remettre au premier aventurier venu, épargnants pris par un doute de plus en plus angoissant, réunions téléphoniques d’exorcisme international depuis des lieux de villégiatures présidentielles ombragés par de frémissants palmiers, ouverts sur de douces perspectives maritimes…
Nul n’est plus aveugle que celui qui ne veut pas voir !
Qui, demain, après avoir protégé son magot, disparaîtra le plus discrètement possible comme l’a fait John Law voilà près de trois siècles ?
Qui, aujourd’hui, achevant de mettre en ruine le Pays, est déjà en train de faire ses valises ?
Qui, demain, prendra la fuite ?
Dommage que les dirigeants ne connaissent pas l’Histoire !
Dommage que les peuples aient la mémoire courte !
Souvenons-nous, et méditons :
"Qui pourrait, et qui en (le système de Law) voudrait raconter les effets, les transmissions de papiers, les marchés incroyables, les nombreuses fortunes dans leur immensité, et encore dans leur incroyable rapidité, la chute prompte de la plupart de ces enrichis par le luxe et leur démence, la ruine de tout le reste du royaume, et les plaies profondes qu’il en a reçues et qui ne guériront jamais, ferait sans doute la plus curieuse et la plus amusante histoire, mais la plus horrible en même temps, et la plus monstrueuse qui fut jamais." (Saint-Simon 1675-1755 Mémoires tome IV chap. 29)
Question subsidiaire :
Pourquoi nos dirigeants actuels suppriment-ils l’enseignement de l’Histoire des programmes scolaires ?
Vigilance et conscience citoyenne !

Salut et Fraternité.

images Billets de banque système de LAW copy. Musée de Poitiers

mercredi 3 août 2011

LIBERALISME... échec !

La mort d’une cinquantaine de sangliers dans la baie de Saint-Brieuc relance la polémique à propos de l’origine des algues vertes, à la grande irritation des agriculteurs intensifs qui, une nouvelle fois, se présentent comme les martyrs de notre époque. Et les politiques et organes de presse de concentrer l’attention du citoyen sur l’affrontement primaire monde paysan-écologie ! Alors que le problème est beaucoup plus grave que cette guerre apparente et imbécile !
Combats contres les ours des Pyrénées, les loups de la Vanoise ou des Vosges, bagarres pour l’implantation d’éoliennes, relèvement du niveau de la dette états-unienne, péage d’autoroutes, malaise à l’Office National des Forêts, plan de sauvetage de la Grèce, de l’Irlande, du Portugal, de l’Espagne, de l’Italie, peut-être bientôt de la France, affaire du Médiator, vacances métropolitaines obligées des ministres, perversion de la presse à la mode Murdoch, Total pleine aux as exonérée d’impôts en France qui relève sans cesse les prix des carburants à la pompe, ruine du SAMU social, Restaurants du Cœur assiégés par une marée de pauvres de plus en plus pauvres sous l’œil goguenard de riches de plus en plus riches, massacres en Syrie, fusion de réacteurs nucléaires au Japon…
Quelques humoristes patentés « fous officiels du roi », occupants inamovibles des étranges lucarnes, pourraient baptiser cette liste « Inventaire à la Prévert » pour le réduire à un simple jeu d’intellectuel désœuvré (style Bernard-Henri Lévy, pourtant conseiller privilégié de l’Elysée pour l’affaire lybienne !)
Mais elle est, cette liste, celle infinie des conséquences directes et visibles (les moins apparentes sont probablement les pires !) de l’effondrement d’un système politico-socio-économique pourtant toujours présenté comme la vérité absolue, et pratiqué comme la religion des religions : le libéralisme !
Redonner de l’argent aux banques, des marges de dette plus larges aux Etats, du temps au temps du crédit sous l’œil avide de requins indéfinis hypocritement appelés « les marchés » ne fait que retarder l’échéance devenue inévitable.
Voilà un quart de siècle, le monde atlantique macdonaldisé assistait en battant des mains à l’effondrement du système politico-socio-économique soviétique. Il trépignait d’impatience : la place était à prendre, en Europe centrale, en Russie, en Asie ! Il l’a prise, avec l’aide très active des mafias de tout poil. La planète allait voir ce qu’elle allait voir : la libre circulation des hommes, des marchandises, et -s’il restait de la place dans les valises- des idées ! Et la planète a vu errer des hommes serfs, circuler des liasses de billets de banque et des lingots, des femmes esclaves achetées comme on achète un fromage, des malades contraints d’aller se faire soigner ailleurs, des « plombiers polonais », des chirurgiens africains payés au lance-pierre… Elle a vu les fermetures d’écoles et d’hôpitaux, l’explosion du prix des produits de première nécessité (pain, nouilles, huile…), le déferlement des officines de mal-bouffe pourvoyeuses d’obèses, la pénurie de médicaments dans les pharmacies, les usines se transporter (en une nuit ou une semaine de congés) dans des zones de non-droit social, des voitures de marque française fabriquées à l’étranger revenir en France, des larmes et de la sueur roumaines sous le capot, des domaines agricoles de dizaines de milliers d’hectares de bonnes terres d’Europe centrale passer sous contrôle de grands investisseurs terriens occidentaux propriétaires de… fonds publics, des entreprises du CAC 40 licencier des régiments de salariés pendant qu’elles goinfraient de dollars et d’euros leurs dirigeants et actionnaires, les fonds de pension et d’investissement anglo-saxons sucer jusqu’au squelette les plus beaux fleurons de notre artisanat puis les jeter secs à la poubelle avec leurs salariés, nos vieux devenus un marché dans des maisons de retrait social plutôt que de retraite, les suicides au travail, les suicides au travail, les suicides au travail…
Hier, fruit de ce système qui encourage à péter plus haut que son cul (pour les plus délicats, lire : dépenser plus qu’on ne gagne !), les particuliers seuls étaient surendettés. On avait créé des commissions pour les « accompagner » vers… le gouffre.
Aujourd’hui, ce sont les Etats eux-mêmes qui sont surendettés pour avoir voulu vivre selon les préceptes de ce système, au-delà de leurs moyens. Et l’on crée des « fonds monétaires » pour les accompagner vers… le gouffre ! Le pire de tous ces Etats, celui qui donne des leçons d’économie à la terre entière (et de Droit humanitaire à coup de frappes dites « chirurgicales ») : les Etats-Unis d’Amérique !
Demain, le monde va revivre ce qu’il a vécu voilà un quart de siècle. Mais l’effondrement aura changé d’horizon géographique et, surtout, idéologique : il sera celui du libéralisme. Et il ne sera plus temps de se demander s’il s’agit de la mort du vieux ou du néo-libéralisme !
Il n’est déjà plus temps !
Dans notre pays, la situation des services publics abandonnés par l’Etat (ONF, transports, énergie, éducation, circulation du courrier et de l’information, santé, équipement, aménagement du territoire…) prouve, si besoin était, que cet Etat n’a plus les moyens de se payer une politique, qu’il n’a plus la force d’avoir une vision pour l’avenir.
En quelques mots, tous ces abandons prouvent, malgré les péroraisons ministérielles, les simulacres de joutes parlementaires (le voile, la « règle d’or », l’immigration, peut-être prochainement la reproduction des gastéropodes en basse Provence…), sous couvert d’une prétendue volonté de libérer les « forces vives » et de rendre la démocratie à la démocratie, que notre pays n’est plus gouverné.
La France est désormais livrée aux seuls intérêts privés des plus puissants à l’agonie ; elle n’est plus la raison d’être, de vivre, de participer à l’effort commun, de travailler, d’aimer… de tout un peuple. L’âme française a quitté ce peuple, pourtant courageux et fidèle, après le reniement de sa devise Liberté-Egalité-Fraternité par ses dirigeants, au nom du sacro-saint criminel libéralisme en train d’imploser.
Quelques charognards occupent encore le champ de ruines, y trouvent encore pitance dans quelque sordide spéculation. Mais ils vivent leurs dernières exactions.
Autrefois, un régime d’Est avait décidé d’appliquer le « tout-Etat ». Il s’est effondré.
Aujourd’hui, nos régimes d’Ouest ont voulu appliquer le « rien-d’Etat ». Il s’effondre.
Mais l’espoir demeure, d’un temps enfin… d’équilibre !
Entre l’économie totalement planifiée, et l’économie anarchique, il nous reste à construire, sur notre champ de ruines, pour demain, un système synthèse qui rende à l’Etat les moyens d’assumer ses responsabilités dans des domaines essentiels (énergie, santé, éducation, emploi, maillage industriel et artisanal, justice, ressources naturelles et humaines, communication, …), capable de dire, par exemple, s’il faut planter des éoliennes et où il faut les planter, dans quelle région il est nécessaire d’installer des médecins et les y installer, de reprendre en mains les réseaux ferré et d’autoroutes (vaches à lait de quelques grands spéculateurs), de répartir les productions agricoles sur le territoire en fonction des possibilités naturelles, du « terroir », plutôt que des ambitions ou délires de quelques-uns, de recréer un véritable service national de recherche scientifique et sociale, d’encadrer les résultats de grandes entreprises (fruits du travail de tous, pas seulement de quelques fumeurs de cigare en jet privé) et de veiller au partage équitable des profits, de décider d’ouvrir des écoles là où elles sont indispensables (partout !), des bureaux de poste, des hôpitaux de proximité, de rééquilibrer un territoire divisé maintenant entre Paris, quelques grandes métropoles satellites, et… un désert abandonné aux cultures intensives assoiffées et aux chasseurs de… loup !
Ce système n’a jamais été autant à notre portée qu’aujourd’hui, au moment où les deux autres systèmes terroristes ont disparu après avoir prouvé leur nocivité.
Nous sommes à un moment crucial de notre Histoire.
Victor Hugo nous a dit que les plus grandes œuvres naissent toujours des plus grandes tragédies… Nous y sommes !
Ne croyons pas tous ces perdants internationaux pitoyables qui nous disent qu’ils ont sauvé ou vont sauver l’euro, le dollar, les Etats, les banques et les marchés. Ils ne le disent que pour s’en persuader eux-mêmes, assurer leur réélection, et… tenter de faire durer encore leur sinécure.
Pensons plutôt à autre chose, à demain, au soleil qui brillera après la tempête !
Mettons au pouvoir l’imagination et la créativité, pour le respect de l’autre et la réussite commune.
Nous avons épuisé les vieux schémas !
La voie est ouverte.
Salut et Fraternité.


Crédit photo DAMIEN MEYER/AFP