mercredi 24 avril 2013

ACTA EST FABULA !

Voilà… La pièce est finie !
Une désespérante tragi-comédie tournée en décors naturels dans une Lorraine en ruines, à rebondissements tous plus cyniques les uns que les autres, avec des acteurs de triste composition dans les rôles de pseudo-décideurs politiques, de redoutables comédiens de métier dans les rôles patronaux, et des centaines, des milliers de figurants aux joues et mains noires englués dans leur sentiment permanent d’angoisse et de trahison.
La pièce est finie !
Le rideau tombe aujourd’hui sur un passé de travail qui a permis, hier encore, de faire la richesse et le rayonnement de la France.
Les comédiens professionnels ont déserté le plateau.
Ne restent, dans les coulisses, tous projecteurs et espoirs éteints, que les figurants aux joues et mains noires et parfum de ferraille, en compagnie de… leur misère !
Une nouvelle fois, ce pays lorrain, cette extrémité du nord-est dont Paris ne se souvient qu’en période critique, de toute Histoire, pour le courage de ses peuples et pour sa contribution aux finances nationales, voit s’ouvrir sur son sol un nouveau cimetière !
Comme si les champs de ruines laissés par les rois de France, les nécropoles militaires, les friches industrielles… n’y étaient pas encore assez nombreux !
Après les armées royales, les hordes cosaques et prussiennes, les rouleaux compresseurs allemands et alliés de la dernière guerre, la mise en coupe réglée de l’industrie par les spéculateurs indigènes des années 1970, il fallait bien qu’un Indien de l’Inde vînt massacrer le peu de témoignages survivants des qualités du peuple qui avait donné le plus de sang et d’énergie à la Nation !
Les hauts-fourneaux de Florange sont éteints aujourd’hui !
Avec eux, c’est la vie qui s’éteint, sacrifiée sur l’autel de la finance internationale par des grands prêtres d’un libéralisme assassin !
Car enfin, à une époque où la demande d’acier ne cesse de croître dans le monde, il était sans doute possible de maintenir en activité des machines qui ont fait leurs preuves, et des hommes dont le savoir-être et le savoir-faire sont partout reconnus.
Sans doute était-il possible de permettre à des centaines de familles de continuer à « vivre et travailler dignement au pays » !
Mais les spéculateurs aux dents longues et doigts griffus préfèrent donner du travail de bagnards à des esclaves de « pays émergents », contre une poignée de riz quotidienne !
Cette mise à mort des hauts-fourneaux de Florange est une insulte faite à l’Histoire, un crime perpétré avec la bénédiction des ordonnateurs officiels de notre monde nourris aux OGM de Wall Street et de la City, la pire négation de l’avenir infligée à toutes celles et tous ceux qui osent encore penser et vivre comme des êtres humains.
Il faudra qu’un jour… bientôt… demain… ce soir ! soit créé un tribunal exceptionnel, comme le fut celui de Nuremberg, pour juger ces individus et leurs complices qui, au vu et au su du monde entier, au prétexte de dynamisme économique, commettent les pires crimes contre l’humanité !
Amies et amis, métallos de Florange, votre drame renforce encore mes racines ouvrières et lorraines dont je suis très fier. Nous sommes faits, pour toujours, du même… métal !
La pièce est finie.
Ils en ont fait une tragédie.
Je pense à vous !
Salut et Fraternité.
Image : Herserange, le dernier haut-fourneau... couché ! photo Gilles Laporte

mercredi 17 avril 2013

Je te tiens... tu me tiens...

Entre un Président et un Premier Ministre présentés par leurs proches eux-mêmes comme des individus sourds et aveugles, des ministres qui pour toute richesse déclarent posséder un âne, une voiture 4L, ou un appartement de misère, des parlementaires pince-sans-rire soucieux (paraît-il !) de « séparation des pouvoirs » qui commentent les décisions de justice et accusent les juges de comploter contre la République, des élus locaux qui se mettent à poil dans leur salle à manger en cachant l’ « essentiel » à l’aide d’une poignée de billets de banque… Derrière les manipulations de projets de… « mariage pour tous », confessions mises en scène de menteurs prétendus repentis, lutte contre l’évasion fiscale, moralisation de la vie politique, assainissement des finances publiques, création d’une commission (une de plus !) de contrôle du patrimoine des élus…
Que reste-t-il de notre pays ?
Il reste… un pouvoir exécutif adepte d’une nouvelle danse : un pas en avant, trois pas en arrière, des députés godillots mauvais comédiens d’une pièce de théâtre télévisée chaque mercredi, des sénateurs somnolents ou passionnés par des jeux en ligne pendant les séances, des patrons et sportifs et acteurs pleins aux as émigrés, des fonctionnaires parlementaires bénéficiaires d’une prime de chauffage de 4600 euros (parce que chacun sait qu’ils souffrent plus du froid dans les palais nationaux que les SDF sur les trottoirs !), une promotion Voltaire de l’ENA omniprésente et toute puissante qui voudrait démontrer chaque jour que seul le formatage de ce moule à gaufres génère intelligence, courage, compétence et générosité, une « réserve parlementaire » (argent de poche issu de fonds publics) exempte de tout contrôle, des moyens squelettiques pour une recherche moribonde, une ministre de l’Enseignement supérieur qui prévoit de faire préparer les diplômes de l’Université française en langue… anglaise, des dents et lunettes pour ceux qui peuvent payer (les autres n’en ont pas besoin puisqu’ils n’ont pas les moyens de bouffer, encore moins de voyager pour voir le monde !), une école de classe pour enfants de classe futures recrues de l’ENA, un Paris assassin de toutes les régions et cultures de France considérées comme simple cour de récréation ou terres d’élection sauvage, une ministre de l’Environnement donneuse de leçons d’économies d’énergie amoureuse des avions à réactions pour des sauts de puce de 350 kilomètres (par route), une femme agitée qui promet du sang au président de la République, un homme qui bat sa coulpe devant un public de citoyens insultés par lui sans pour autant renoncer à ses privilèges régaliens, … un… une…
Tableau affligeant (non exhaustif !) résultat d’un jeu imbécile que partagent toutes celles et tous ceux qui prétendent légiférer pour nous et nous gouverner.
La dernière alternance droite-gauche démontre, si besoin était, que la même origine, que les mêmes conditionnements, que la même pensée unique produisent les mêmes effets.
Elle permet de vérifier, une fois de plus, que le prétendu clivage droite-gauche-centre-haut-bas-avant-arrière n’a pour objet que d’amuser le peuple en lui donnant parfois l’impression de participer par son vote à la vie démocratique. Le jeu terrifiant de ces gens qui s’autoproclament « Elites » produit les émissions les plus suivies de téléréalité, les plus beaux espoirs toujours déçus, les attentes les plus vives de lendemains plus clairs pour celles et ceux qui passent leur vie dans une obscurité savamment entretenue par les tenants des pouvoirs soucieux de leur seule survie.
Car, à ce jour, nul n’a remis en cause l’accès à la profession d’avocat pour tout député battu, ni les privilèges accordés aux statuts d’ancien Président, ancien ministre, sénateur, député, ni à ceux attachés à des fonctions mystérieuses parce que régaliennes telles que celle de Trésorier-Payeur-Général, encore moins les « missions d’Etat » confiées à des dirigeants de syndicats, hier contestataires officiels des décisions élitaires, aujourd’hui leurs plus zélés défenseurs ! Nul ne remet en cause les privilèges de notre temps pourtant abolis par nos ancêtres durant la nuit du 4 août 1789 !
A l’insu du peuple, et dans l’irrespect absolu de ses besoins réels, ces acteurs politiques de tous horizons jouent à « Je te tiens, tu me tiens par la barbichette… » aux seules fins de faire durer leur système dont ils tirent, chacun pour soi et Dieu pour tous, le plus juteux profit !
Elles/ils ne sont pas tous pourris. Nous en connaissons tous d’honnêtes. Celles et ceux qui ont un vrai sens du service public et de l’idéal démocratique sont même les plus nombreux. Mais ils sont muselés par les aboyeurs officiels, tenus au chantage pour l’investiture par les présidents de groupes parlementaires, chefs tripatouilleurs de partis politiques, et autres ambitieux en mal de trône.
C’est le système qui est pourri, cette nouvelle monarchie aussi criminelle que l’ancienne, celle couronnée qui avait tellement étranglé le peuple qu’elle en avait perdu la tête !
Prenons garde à ne pas laisser aller trop loin les dérives de ces… élites !
Parce que devenu incontrôlable, un peuple en colère est toujours terrifiant.
La TERREUR ! Notre Histoire l’a trop bien connue ! Sachons nous référer d’urgence aux vraies valeurs de l’humanisme pour éviter sa résurrection.
« Je te tiens, tu me tiens… »
Il ne faudrait pas que le couplet suivant soit celui de... La Carmagnole !
Il est grand temps de siffler la fin de la récréation.
Qui va savoir, ou oser le faire ?
Salut et Fraternité.
Image : couverture de Au plaisir d'ENA Gilles Laporte 2001 - éditions DGP Québec