jeudi 30 octobre 2008

AFRIQUE... EXHORTATIONS !

Avec son emphase habituelle, le ministre français des Affaires étrangères exhorte les instances internationales (l’états-unienne ONU et l’indéfinissable UE) à intervenir en Afrique centrale où se développe une nouvelle guerre. En réponse, le secrétaire général Ban KI-MOON exhorte les Africains à plus de calme et préconise la paix…
Tous exhortent, mais chacun profite de la situation !
Car, enfin…
-Si Hutus et Tutsis n’avaient pas été montés les uns contre les autres par les anciens maîtres européens du pays (privilèges accordés à la royauté tutsie jusqu’en 1959 au prétexte qu’elle était de peau moins noire, donc plus apte à diriger, puis -la présence coloniale étant devenue inconfortable- renversement d’alliance et pouvoir confié aux Hutus largement majoritaires)
-Si les richesses naturelles des pays concernés (République Démocratique du Congo, Rwanda, Burundi…) étaient moins séduisantes
(diamant, or, cuivre, cobalt, étain, pétrole, gaz naturel, uranium, caoutchouc… bois précieux et utilitaires : acajou, okoumé, teck…) peut-être les convoitises des pays de l’hémisphère nord dont nous sommes seraient-elles moins aiguës, et notre propension à armer les belligérants moins soutenue !
N’oublions pas que, pour faire la guerre, il faut des armes, des véhicules, du carburant, des vivres, des uniformes, des munitions, des chefs formés, des soldats convaincus et, surtout, de bons motifs de la faire !
On peut... on doit aujourd'hui se poser la question suivante : quel rôle, dans ces conflits génocides, jouent les États-Uniens, les Européens, les Chinois, les Indiens… tous très présents sur place et… avides de matières premières devenues indispensables à leur religion imbécile de la « croissance » ?
Les manipulations des peuples africains maintenus immergés par des intérêts sordides de peuples de nations et/ou organisations prétendues émergeantes ou émergées (termes de poésie économiste) ne datent pas d’hier !
Nous avons l’expérience et la connaissance de ces crimes à répétition commis par des Africains dont nous avons armé la conviction (à coup de chèques) et le bras.
Allons-nous, une fois encore, regarder de loin couler le sang qui, bientôt, renflouera les caisses de nos banques moribondes et redorera les actions de nos fous de bourse, en acceptant la version fallacieuse des tenants riches des pouvoirs selon laquelle « nous mettons tout en œuvre pour éviter de nouveaux massacres » ?
Il semble que OUI, la bonne conscience s’étant réinstallée aux commandes d’une information-désinformation officielle efficace, puisque dans les mains des industriels et financiers internationaux animateurs du théâtre africain de marionnettes.
Pauvre Afrique !
Exhortons ! Exhortons, et… pillons !

image AFRIQUE Wikipédia

mercredi 29 octobre 2008

Prix littéraire Barrès... SURPRISE !

J'ignorais qu'il était en compétition !
Julie-Victoire, première bachelière de France
éditions ESKA 12, rue du Quatre-Septembre 75002 Paris


lundi 27 octobre 2008

Alcool et... JEUNES.

Interdire la vente d’alcool aux jeunes… n’est-ce pas s’attaquer aux symptômes plutôt qu’à la maladie ?
Pourquoi ne pas leur interdire la vente de voitures, afin de leur éviter la mort par excès de vitesse… la vente de téléviseurs pour leur éviter l’abrutissement par des chefs de chaînes pourvoyeurs de « temps de cerveau humain à Coca-Cola »… la vente de livres et journaux édifiants, afin de leur éviter de sombrer dans la révolte active…
INTERDIRE !
Et si, au lieu d’interdire… interdire… interdire… aux jeunes, aux vieux, aux femmes, aux enfants, aux ouvriers, aux pêcheurs, aux malades, aux sidérurgistes, aux ours des Pyrénées, aux lynx des Vosges… on s’autorisait à regarder notre société en face, ses disfonctionnements institutionnels, ses ratages économiques et sociaux, son mépris officiel des valeurs essentielles dont le seul respect permet une vraie vie sociale, ses mensonges, ses faux espoirs, ses miroirs aux alouettes, ses manipulations, sa mise en scène permanente d’une réussite réservée exclusivement aux... autres, son école en détresse, sa justice en capilotade, son parlement d’opérette, son sport camé, ses banques-racket, ses prisons-suicide, ses amusements-réalité, son avenir mort avant d’avoir vécu…
Et si, au lieu de s’en prendre aux symptômes (spécialité des mauvais médecins), on s’attaquait réellement à la maladie…
Et si on commençait à respecter nos jeunes, sur les bancs de l’école, dans les files d’attente et les cités d'universités, dans les entreprises, sur les marchés (tant de l’emploi que de la mode !), dans la vie de tous les jours…
Si nous les regardions autrement, comme ceux qui portent à bout de bras notre devenir, plutôt que comme des objets encombrants…
Si nous savions voir dans leurs yeux la Lumière qui, pourtant, nous éclaire…
Peut-être seraient-ils moins malades, ces citoyens de demain de la « France d’en bas »…
Peut-être auraient-ils moins besoin de vitesse et d’alcool !
Et nous… de lois fallacieuses imaginées par la « France d’en haut ».
Salut à vous, les JEUNES !

Combien d’enfants, parce qu’ils avaient envie d’atteindre la lune,
ont été traités d’imbéciles par leurs parents !
Françoise DOLTO Les chemins de l’éducation Folio Essais 2000 p. 482

vendredi 24 octobre 2008

Les fruits de l'été

Autrefois (c'était hier... 1968 !) le bel ami Bernard Clavel nous a régalés avec ses si touchants Fruits de l'hiver* dont la lecture est toujours un vrai bonheur...
Aujourd'hui, je vous offre...

les Fruits de l'été ! Pour le simple bonheur de partager.

*Les Fruits de l'hiver Bernard Clavel éd. Robert Laffont 1968
Image : Les Humbles 1 huile sur toile 33x24'5 GL

jeudi 23 octobre 2008

Blanchiment d'argent...

Entendu souvent dans les cours de récréation de nos écoles, et... les allées du pouvoir :
"Ce n'est pas moi... c'est l'autre !"

Prendre, par dizaines de millions d'Euros, cet argent sali par la sueur, le cambouis, la poussière et l'encre des métallos, ouvriers de filatures et tisserands, terrassiers, maçons, petits artisans, employés et petits cadres d'entreprises, jardiniers, instituteurs, écrivains nègres de politiques ou divas incultes, ouvriers de Renault... qui vont au charbon chaque jour, puis l'offrir à des mains propres de grands rentiers, administrateurs ou bourgeois protégés par leur bouclier fiscal, afin qu'il ressorte sous forme d'immaculées collections d'oeuvres d'art (presque toujours états-uniennes - voir les poupées gonflables de Versailles en ce moment), d'hôtels particuliers resplendissants, de yacht éblouissants, et de séjours purifiants dans les palaces de l'île Maurice (sous prétexte de relance de la consommation des ménages)... n'est-ce pas, là aussi, le blanchir ?
La machine à laver française ne se nommerait-elle pas (entre autres) : 7ème et 16ème arrondissements de Paris, Neuilly-sur-Seine, Andorre, Monaco... ?
Peut-être est-il nécessaire d'y voir de plus près, avec l'aide de... Monsieur Junker !
N'est-il pas ?

image images.gifsmaniac.com

mercredi 22 octobre 2008

En Bayonnais... après la moisson

Silence... silence...

et... voix d'or !

image Après la moisson vers Essey-la-Côte (Lorraine) 26 07 08 photo GL

mardi 21 octobre 2008

Donald, Disney et la... méchanceté !

Le silence et la beauté rayonnante d’un petit matin d’automne sont à recevoir comme un cadeau parmi les plus précieux. Ils nous invitent à la méditation et à l’humilité. Au respect de l’environnement, de tout l’environnement, au respect de… l’autre !

Mais il semble bien que les dirigeants de Disneyland Paris ne goûtent pas souvent les bienfaits de cette paix originelle :
Pour de multiples rendez-vous dans la capitale la semaine dernière, j’ai passé une bonne partie de la journée dans le métro. Dès ma descente dans ses galeries, Gare de l’Est, j’ai été saisi par la publicité géante de ce groupe états-unien si apprécié de notre Président et de son épouse, dont les affiches portaient (portent toujours !), en énormes caractères afin d’être bien visibles (ils sont maîtres dans l’art de manipuler les foules !), surmontant des images très séduisantes de fête, les mentions :
Il est délicieux d’être méchant !
Il est tentant d’être méchant !
Il est charmant d’être méchant !

Peut-être ne suis-je qu’un dinosaure tout juste bon à mettre sous vitrine au Muséum National d’Histoire Naturelle, sans doute ne suis-je pas adapté à notre société moderne, probablement ma personnalité n’est-elle que de contestation, voire de révolte permanente contre tout ce qui bouge et tout ce qui demeure immobile, peut-être… mais une telle apologie de la méchanceté aux seules fins de faire du fric m’a choqué !
Comment, dès lors que des patrons qui visent essentiellement le public jeune, voire très jeune, font modèles de comportements antisociaux, tenter de faire partager des valeurs de respect et de fraternité à l’ensemble de nos concitoyens ? Comment reprocher à des marginaux ( ?) leurs agressions, vols, viols, intimidations et autres délits (ce que les ministères qualifient pudiquement d’incivilités) si, à des fins de profit immédiat, on proclame à grand renfort de publicité tapageuse que :
la méchanceté est tentante (nous l’avions déjà malheureusement constaté), charmante et délicieuse ?
Bien sûr, cette culture d’entreprise (et de nation) n’est pas (pas encore définitivement) la nôtre. Elle vient des États-Unis si généreusement pourvoyeurs dans le monde entier de guerres, violences économiques, bouffe obésifiante, crédits hypothécaires générateurs de détresses chez les plus humbles et engraissement chez les banquiers, monopole semencier, prosélytisme religieux et, entre autres, racisme actif… mais elle s’installe chez nous, dans les couloirs du métro, les rues, les allées incontrôlables de la toile, et… les mentalités.
Certes, au nom de la sacro-sainte liberté d’entreprendre et de communiquer, nous pouvons laisser faire ! Mais l’incitation à la violence ne tombe-elle pas sous le coup d’une loi de notre République ? Je croyais naïvement (avec mes références de dinosaure) que si !
Peut-être, lors de leur prochaine traversée de Paris en métro (!?!), ou durant leur prochaine visite à Marne-la-Vallée, notre Président et son épouse découvriront-il ce manquement au bon ordre public en forme d’entorse à nos traditionnelles valeurs de LIBERTÉ (de vivre en paix), ÉGALITÉ (devant la loi française - même les États-Uniens !), FRATERNITÉ (comme ciment essentiel de notre société).
Peut-être réagira-t-Il… Peut-être réagira-t-Elle…
Il en va de la santé mentale de nos… enfants, et de leurs… parents !
Attendons et voyons !
Pas d'image ni de musique aujourd'hui... restons concentrés sur le sujet !

vendredi 17 octobre 2008

Lumière... silence !

Il est des moments où...
le silence vaut plus que toute parole !

image Lever de soleil 17 10 08 photo GL

lundi 13 octobre 2008

Dans un verre... carottes !

Dans un verre, on peut mettre aussi...
des... carottes !
Avant de les croquer...
râpées ou pas !
Image Les Humbles 11 huile sur toile 33x55 GL 2003

mercredi 8 octobre 2008

Vigne, vin et... guerre de 1914-18

Je dédie ce texte aux mutins de Craonne
et aux fusillés de Vingré
La surproduction est telle dans le midi, à la fin du 19ème siècle, que plusieurs crises éclatent chez les vignerons. La jacquerie de 1907 est si terrible que Paris envoie contre les Biterrois et les Narbonnais le 17ème régiment de ligne. Mais soldats refusent de tirer…
Le chansonnier anarchiste Montéhus écrit alors :
Salut, salut à vous
Braves soldats du dix-septième.
Salut, braves pioupious,
Chacun vous admire et vous aime.
Salut, salut à vous,
À votre geste magnifique.
Vous auriez, en tirant sur nous
Assassiné la République !

De cette épreuve sortira la première tentative de réglementation de la production : l’administration aurait pour mission de délimiter les zones de production qui bénéficieraient d’une appellation d’origine. Mais la pression professionnelle est telle que… échec ! C’est que… le Languedoc, qui pratique une monoculture intensive avec des plants à haut rendement mais de qualité médiocre, est devenu une véritable « usine à vins ». En même temps que, par habitude prise durant la ruine du vignoble par le phylloxera, on continue à fabriquer des vins artificiels, et que betteraviers et céréaliers produisent maintenant un alcool moins cher !
La crise dure. Elle est générale ! La colère a gagné toutes les régions de France (même la Champagne s’est enflammée : à Bar-sur-Aube, Ay, Damery…) Pourtant, Pasteur y avait mis du sien en déclarant quelques années plus tôt :
Ce qu’il faut tenter, c’est de porter à bas prix sur la table de l’ouvrier (…) le bon vin de France aliment, c’est-à-dire le vin naturel, celui dont Dieu a largement gratifié le beau pays de France (…) Le vin peut être, à bon droit, considéré comme la plus saine, la plus hygiénique des boissons !
On peut difficilement être plus lyrique et plus rigoureusement scientifique à la fois ! De quoi faire réfléchir l’ex-ministre Claude Et-vin !

Pour éviter une aggravation de la situation, renouant avec leur tradition terrienne de solidarité, les vignerons s’organisent eux-mêmes et créent, à l’image des autres Européens (Espagne, Portugal, Hongrie, Suisse, Italie…) les premières coopératives. Première de toutes, l’alsacienne de Ribeauvillé !
1914 : avec la nouvelle organisation (soixante-dix-neuf caves coopératives) le calme est revenu !
Mais…
28 juin 1914 : L’étudiant Gavrilo Princip tue à Sarajevo l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie. L’empereur François-Joseph déclare la guerre à la Serbie…
3 août 1914 : Par le simple jeu des alliances, l’Allemagne déclare la guerre à la France et pénètre en Belgique…
On connaît la suite !

Selon l’historien anglais, Thédore Zeldin (encore lui !)
Le vin a joué dans la vie des Français un rôle aussi considérable et aussi complexe que celui joué par les idées politiques ou sociales !

On l’a vu avec la Révolution de 1789 ! On va le voir avec cette guerre mondiale qui vient d’éclater…
Le premier souci de l’état-major sera en effet que le soldat soit constamment ravitaillé en vin : le fameux bidon de deux litres, habillé de bleu horizon, et son quart de fer blanc, sont aussi précieux que le fusil.
Guillaume Apollinaire (Alcools, Calligrammes…) grièvement blessé à la tête en 1915, écrit dans sa tranchée :
J’ai comme toi pour me réconforter
Le quart de pinard
Qui met tant de différences entre nous et les Boches !


Il boit, le Poilu, pour oublier qu’elle ne sera pas aussi courte qu’il le croyait, cette guerre… oublier l’horreur du camarade mort dont le cadavre pourrit à côté de lui dans la tranchée… oublier la folie des assauts répétés face aux mitrailleuses prussiennes ! Il boit pour tenter de croire à un monde futur moins imbécile ! Il boit son pinard (mot formé au 17ème siècle à partir du nom de cépage pinot), le Poilu de 14, pour espérer une victoire rapide et définitive, il trinque à « la der des der ! », ainsi que l’écrit Henri Margot :

Et toi, pinard ? Qui donc es-tu ?
Quel soleil a mûri ta vigne ?
Toi qui vins avec nous en ligne,
Toi qui, comme nous, t’es battu ?
(…)
Viens-tu d’Auvergne, d’Algérie,
Viens-tu de l’Hérault, de la Brie,
D’Ouest ? Du Sud ? De l’Est ? Du Nord ?
Je ne sais… mais joyeux à boire,
Emplissant nos quarts jusqu’au bord,
Tu nous a donné la victoire…

Ce pinard, même médiocre, même s’il « pue le purin », stimule le courage et l’imaginaire en même temps que la mémoire… il parle au Poilu de son pat’lin, de sa p’tite maison, il redonne de l’énergie…
Marc Leclerc écrit en 1915 :
Salut, Pinard
Vrai sang d’la terre :
Tu réchauffes et tu rafraîchis,
Grand élixir du militaire !
Plus ça va, et plus j’réfléchis
Qu’si tu n’existais pas,
En somme,
Il aurait fallu t’inventer :
« Y a pus d’pinard…
Y a pus d’bonshommes ! »
C’est l’nouveau cri d’l’humanité.
T’es à la fois plaisir et r’mède.
Et quand t’es là on s’sent veinard ;
Tu nous conbsoles et tu nous aides :
Salut pinard !

Il stimule aussi le désir, ce pinard, lui parle de sa p’tite femme, très souvent encore « promise » (ils sont très jeunes) qu’il croit reconnaître dans la personne de la cantinière ou de la servante de l’auberge. Charles-Joseph Pasquier, de son nom d’artiste Bach , écrit dès 1914 la célébrissime Madelon :
Quand Madelon vient nous servir à boire,
Sous la tonnelle on frôle son jupon…

Nous avons tous au pays une payse
Qui nous attend et que l’on épousera…

La Madelon pour nous n’est pas sévère
Quand on lui prend la taille ou le menton…

Cette Guerre de 1914-18 laissera des séquelles terribles dans notre société : familles décimées, régions anéanties (Picardie, Lorraine « Terre la plus usée de France » selon Maurice Barrès), gueules cassées, travail forcé des femmes pour remplacer les hommes morts ou estropiés, et… l’alcoolisme ! Un alcoolisme national, voire nationaliste !
Même le beau poète Jean Richepin, pourtant nourri hier encore au râtelier de l’anarchie, invite, dès la fin de la guerre, à l’Union sacrée autour du Pinard de la Victoire :
Dans des verres de paysans, ainsi que dans des calices touchés d’une main tremblante, qu’ils y boivent le pinard des Poilus, versé par nos cantinières silencieuses et payé le plus cher possible au bénéfice des veuves et des orphelins de France.

Après avoir donné la victoire, le vin va donc devoir subvenir aux besoins des survivants du massacre !
Il sera entendu, Richepin.
Même les femmes vont se mettre à boire sans modération ce vin sacré (ou ce sacré vin !), elles qui poussent maintenant des deux bras sur la charrue, manient la faux, attellent les bœufs, et triment dans les manufactures à la place de leurs hommes, tout en élevant les enfants nés de l’amour d’hier !


Alors, pour bien montrer qu’elle occupent désormais une autre place dans la société, elles boivent le vin et… vont se faire… couper les cheveux !

image du site guerre 1914-1918.fr

lundi 6 octobre 2008

Tag ? Tag... Tag !

Waouh !
La surprise !
Me voilà bellement et cordialement (et doublement) tagué.
J'en suis tout... chose !
Pour vous remercier, chères Louna
et Rénica
cet extrait de Charles Baudelaire :
Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie.

A mon tour, maintenant, de marquer d'un coeur léger et sincère mes lieux de promenades favorites. Où ? Quand ? Mystère !
Aujourd'hui, après les amies Louna et Rénica, ce sont les amis ARNOU (Christian et son épouse) que je vous propose de rencontrer :
La visite... du coeur !
Entrez chez eux sans frapper, de ma part.

Elle sera belle et bonne, cette journée en leur compagnie.
J'en suis sûr !


image : ARNOU Autoportrait inachevé

Vigne, vins et... révolution !

Dès le début du 18ème siècle, tout le monde boit du vin. Qu’il soit, selon, la rafarinade célèbre, aristocrate ou bourgeois de la « France du haut », ou miséreux taillable et corvéable à merci de la « France du bas », du nord au sud et de l’est à l’ouest, le Français boit du vin.
Car le vin circule. Du midi, il monte vers le nord par le Rhône, la Saône, le Serein, et la Seine jusqu’à Paris. De l’orient d’ « empire » il gagne l’occident « royal » pas les Côtes du Rhône, le Lyonnais, le Beaujolais, la Bourgogne et la Loire, encore jusqu’à Paris. Et des côtes océanes, il cabote, toujours vers Paris, par Bordeaux, Le Havre, et la Seine.
On le boit, en cœur de capitale, dans de très nombreux cabarets. Et à cause de l’octroi, hors les murs dans d’innombrables guinguettes dont, souvent, le nom est arrivé jusqu’à nous : le Moulin de Javelle, La Rapée, Le Gros Caillou, Mesnil-Montant, Belleville, La Courtille ou Le Prè-Saint-Gervais.
Les autres villes ne sont pas en reste : Metz, ville de garnison, consomme, dans ses guinguettes sous les remparts et sur les rives de Moselle… quarante mille hectolitres de vin chaque année pour ses dix mille soldats. Lyon compte près de deux cents de ces établissements en banlieue, dont plus de cent dans le seul faubourg de Vaise.
Cette grande consommation favorise le développement de grands vignobles, bien sûr, mais aussi incite à la pratique du coupage qu’interdiront successivement les Louis (XIII, XIV et XV). Elle incite aussi les producteurs peu scrupuleux à mettre sur le marché des… contrefaçons, comme celle que, très en colère, Boileau (Boit l’eau ???) dénoncera dans son Repas ridicule – Satire III :

Un laquais effronté m’apporte un rouge bord
D’un Auvergnat fumeux, qui, mêlé de Lignage
Se vendait chez Crenet pour vin de l’Ermitage,
Et qui, rouge et vermeil, mais fade et doucereux,
N’avait rien qu’un goût plat et qu’un déboire affreux !


Le vin entre à de tels flots dans Paris par la Halle-aux-Vins et… Bercy (aujourd’hui ce sont nos impôts qui entrent par là dans des caisses sans fond) que, toujours pour en tirer un maximum de taxes, le pouvoir royal y ordonne, comme dans les autres grandes villes du Royaume… la construction du mur des Fermiers Généraux. Ce mur dont on dira bientôt : « Le mur murant Paris rend Paris murmurant »
En 1785 : le mur mesure vingt-trois kilomètres de long. Mais, comme il est construit par tronçons, de nombreuses brèches subsistent, par lesquelles passent les fraudeurs et contrebandiers. La plus célèbre de ces brèches (donc le plus fameux et plus actif lieu de tricherie à l’État) correspond aujourd’hui à l’emplacement des jardins du palais de… l’Élysée !
1786 : premières émeutes contre le mur de Lyon. Les forces de l’ordre jettent des commis dans la Saône et le Rhône.
1787 : premières émeutes à Paris
1789 : le peuple assoiffé se lance à l’assaut des barrières d’octroi !

L’histoire des vins a marqué l’histoire des hommes. Va-t-elle encore la colorer en ces temps très difficiles ?
D’aucuns prétendent que le vin est à l’origine du coup de colère du peuple de Paris qui a fini dans le sang du Roi un certain 21 janvier 1793… Pourquoi pas ?


Souvenons-nous :
Janvier 1789 : le mur n’est pas terminé. Dans espace encore ouvert entre la Place Clichy et le Parc Monceau, les Parisiens s’en prennent aux commis de l’octroi et détruisent leurs baraques.
11juillet 1789 : Émeutes à répétition. Le Roi renvoie Necker. Les cabaretiers servent encore nuit et jour des vins à quatre sous la pinte.
12 juillet 1789 : le régiment de Royal-Allemand charge dans les jardins des Tuileries. L'insurrection éclate. Mais on boit encore.
13 juillet 1789 : Les électeurs des États Généraux, réunis à l'Hôtel de Ville, élisent une commission permanente, et un gouvernement municipal chargé d'assurer le maintien de l'ordre grâce à une « milice civique » et, très important, responsable de l'approvisionnement de la ville, surtout en vin. Mais, l’acheminement vers Paris ne se faisant plus, les réserves s’épuisent…
14 juillet 1789 : Une bande de menuisiers, ébénistes, manouvriers et marchands de vin « pleins comme des outres », venus du faubourg Saint-Antoine, marche sur la vieille Bastille pour y chercher des armes. À la suite d'un malentendu ou d'une provocation, ils attaquent la forteresse vide défendue par une poignée de Suisses et d'invalides, la prennent, massacrent le gouverneur de Launey. Le roi capitule.
16 juillet 1789 : Le Roi rappelle Necker.
17 juillet 1789 : Le Roi reconnaît les nouvelles autorités parisiennes, le maire Bailly et le commandant de la garde nationale La Fayette. Pour sceller l’acte, il fait mettre en perce les derniers tonneaux et servir à boire au peuple. Il est acclamé. Une paix provisoire s’installe. Mais…
23 juillet 1789 : Faute d’approvisionnement, les réserves sont épuisées. Le peuple a soif. Nouvelle colère. La foule arrête l’intendant Berthier de Sauvigny, le traîne sur le parvis de l’Hôtel de Ville, lui arrache le cœur, broie ce cœur dans des vases de vin et d’alcool ! Les émeutiers… boivent alors le breuvage avec avidité !
19 février 1791 : Pendant que se développe la Terreur, l’Assemblée Nationale supprime tous les octrois. Alors, décorés de rubans tricolores, d’interminables convois entrent triomphalement dans Paris, de Villejuif, Maison Blanche, Petit et Grand Gentilly. Plus de trois cent cinquante chariots qui transportent… deux cent soixante-et-onze mille livres d’eau de vie d’Orléans, et du vin, encore du vin… toujours du vin !
Après en avoir été le moteur, le vin devient le carburant de la Révolution !
Partout, on porte des toasts à la Liberté, à la Concorde, à l’Assemblée, à la Nation, au Roi. Partout, on boit pour sceller tous les serments sur des autels improvisés. Partout, des fontaines de vin coulent aux fêtes multiples organisées par les nouveaux maîtres du pays…
Et, le 20 juin 1792, devant la foule, Louis XVI accepte de boire le verre de vin que lui tend un sectionnaire armé. On exulte. On s’écrie « Le Roi boit à la santé des sans-culotte ! »
Alors, de quelque part monte une Marseillaise mise aussitôt à la mode par le chansonnier royaliste Ange Pitou, la Marseillaise du buveur :

Allons enfants de la Courtille,
Le jour de boire est arrivé.
C’est pour nous que le boudin grille,
C’est pour nous qu’on l’a préparé.
(bis)
Ne sent-on pas dans la cuisine
Rôtir et dindons et gigots ;
Ma foi, nous serions bien nigauds,
Si nous leur faisions triste mine.
À table, citoyens, videz tous les flacons ;
Buvez, buvez, qu’un vin bien pur
abreuve vos poumons.


Décoiffons chacun sept bouteilles,
Et ne laissons rien sur les plats ;
D’amour faisons les sept merveilles
Au milieu des plus doux ébats.
(bis)
Français, pour nous, ah ! quel outrage,
S’il fallait rester en chemin !
Que Bacchus, par son jus divin,
Relève encore notre courage.
À table, citoyens, videz tous les flacons ;
Buvez, buvez, qu’un vin bien pur
abreuve vos poumons.

Cet enthousiasme pour la bouteille et son contenu durant la Révolution fera écrire à l’historien anglais Théodore Zeldin :
Le Français a acquis, en même temps, le droit de vote et… le droit de boire !

Amis, en ce jour de grande annonce d’une nouvelle éthique patronale (il en serait terminé des parachutes dorés et autres privilèges des maîtres du pays), buvons à la santé du… MEDEF (Mensonges Et Dissimulation En France) !
Buvons !
image : La grève au Creusot (détail) Jules Adler Musée de Pau photo GL

jeudi 2 octobre 2008

Vigne et vin...

Après les princes d’Église et les seigneurs presque laïcs, ce sont les poètes qui s’approprient la vigne et le vin, comme François Villon qui les chante dans son Testament, les poètes et les prosateurs de tout poil !
C’est que le vin, calmant les ardeurs belliqueuses des hommes, rapproche les individus et les peuples, apaisant même parfois les terribles guerres de religion (On en aurait bien besoin aujourd’hui, dans ce monde où les autoproclamés représentants du bien prétendent mettre au pas les suppôts du mal ! Mais… la loi Evin est passée par là, une nuit -ou un jour- de grand vide habituel dans notre Assemblée Nationale… Evin… et…vin !)
Romain Rolland l’écrira, plus tard, en 1918, dans Colas Breugnon :
Après quoi, fatigués de parler, nous chantâmes, entonnant à trois voix cantiques à Bacchus, le seul dieu sur lequel nous ne disputions pas… Bacchus est un dieu de bonne souche, bien française…, que dis-je ? chrétienne, mes chers frères. Buvons donc, mes amis, à notre Rédempteur, notre Bacchus chrétien, notre Jésus riant dont le beau sang vermeil coule sur nos coteaux et parfume nos vignes, nos langues et nos âmes, et verse son esprit doux, généreux et railleur gentiment, dans notre claire France, au bon sens, au bon sang.

Quelques siècles avant lui, Montaigne n’avait pas hésité à déclarer à qui voulait bien l’entendre qu’il préférait que son fils apprît à parler dans les tavernes plutôt qu’aux écoles de la parlerie !
Pensait-il déjà à… l’ENA, notre si précieuse École Nationale d’Administration ?
C’est que le vin forge aussi la langue :
Chez Rabelais, nous dit Gilbert Garnier dans son Histoire sociale et culturelle du vin, on le chopine, on le martine (allusion à St Martin de Tours), on l’entonne, on le descend, on le lampe, on le pinte.
Chez le poète normand Olivier Basselin, né vers 1420 à Vire, on se rince le gosier comme, chez Rabelais encore, on se rinçait la dalle, les tripes ou la gargamelle (allusion à la mère de gargantua) devenue plus tard la gargoulette. Aux 15ème et 16ème siècles, on pliera le coude,
au 17ème , on le haussera et, du 18ème à nos jours, on sera adroit au coude et on le lèvera !
Le 19ème siècle très marqué par la sauvagerie des hommes (souvenons-nous de Bismarck !) fera mentir la réputation apaisante du vin, faisant de lui la source d’énergie de armées (c’est le règne des cantinières dont, au seuil du 20ème, la reine sera... la Madelon) et nous offrira des expressions très imagées comme : on se charge le fusil, on se rince le fusil, jusque chez Victor Hugo où on s’en colle un dans le fusil !

Le vin, discrètement, finit aussi par forger et unifier… une Europe toujours en gestation ! Au 13ème siècle, on buvait comme… un Anglais ! Puis on a bu à l’allemande. Enfin, depuis le 18ème, on boit comme un Polonais ! Jusqu’à devenir soûl comme un garde champêtre… français !
Et il devient écologique puisqu’il encourage à mieux connaître le monde animal… Ne dit-on pas : Soûl comme un canard, un cochon, un dindon, un dogue (17ème siècle), une grive, un pou, une tique… ou plein comme une vache !
Le vin va aussi participer à la prétendue Renaissance de la société ! La Renaissance, cette époque de régression sociale qui, contrairement au Moyen Âge respectueux, va asservir la femme en lui interdisant de jouer un rôle public, et affirmer…

Le vin fait du bien aux femmes, surtout quand ce sont les hommes qui le boivent !

Hier, illustrant l’éternel « Faites comme je dis, ne faites pas comme je fais », l’Église diabolisait Bacchus, qualifiait les participants aux Bacchanales de « singes de Dieu ». Aujourd’hui, en ces 15ème et 16ème siècles de mutation, des papes comme Sixte IV et Alexandre VI, surtout célèbres pour leurs crimes et politiques de génocide (souvenons-nous de Savonarole et de l’évangélisation des indigènes d’Amérique du sud…) commandent à des peintres comme Botticelli des fresques scabreuses. Jules II, par exemple, dont on répète partout qu’ « il n’est pape que jusqu’à midi, puisque, passée cette heure, sa béatitude est dans les vignes du Seigneur », qui commande à Léonard de Vinci un surprenant Bacchus au corps d’athlète, en tous traits semblables à son saint Jean-Baptiste de 1509. Il porte tous les attributs traditionnels : peau de panthère, couronne de feuillages et thyrse…
Du côté des princes, on n’est pas en reste : Laurent de Médicis et duc de Ferrare commandent à Bellini et Titien des représentations de Bacchus. Et, à Venise, Le Tintoret et Véronèse le représentent jusque dans les palais les plus officiels.
Fort heureusement, en France, Ronsard célébrera à sa manière le renouveau bachique et les beautés de l’amour, même si pour les prêtres de base, l’ivresse reste un péché :
Versons ces roses près ce vin
Près de ce vin versons ces roses,
Et boivons l’un à l’autre, afin
Qu’au cœur nos tristesses encloses
Prennent en boivant quelque fin (…)

Les Nymphes de rose ont le sein,
Les coudes, les flancs et les hanches :
Hébé de roses à la main,
Et les charites, tant soient blanches,
Ont le front de roses tout plein (…)

Bacchus, épris de la beauté
Des roses aux feuilles vermeilles,
Sans elles n’a jamais été,
Quand en chemise sous les treilles
Il boit au plus chaud de l’été.
Ronsard Odes Livre IV Image Fotosearch