mardi 30 mai 2017

BACCARAT... la casse !

Les spéculateurs états-uniens fricopsychopathes et dollaridolâtres auront-ils le dernier mot à Baccarat, et continueront-ils à massacrer sous nos yeux ce que nos parents, grands-parents, nos aïeux courageux et amoureux du Beau nous ont légué ?
La question est aujourd'hui urgemment posée.
Car, sous prétexte de modernité économique -en réalité réinvention de la loi de la jungle protohistorique-, ces malades mentaux qui mettent la planète en coupe réglée sont à l’œuvre, chez nous, en Lorraine (dont je rappelle au passage qu'elle est une région de... France - pas une colonie !)
Et ils agissent avec la complicité de tous les ultralibéraux du monde qui, eux, sont unis !
(Humanistes de tous les pays... unissons-nous !)
Pour y avoir tourné mon film "Les Verres du tsar" (1980 - dramatique TV-FR3, avec Henri Calef) et m'être inspiré de l'histoire de cette prestigieuse manufacture pour mon roman historique "Cantate de cristal" (2012 - Presses de la Cité), je connais bien Baccarat. 
Je connais son exigence de qualité, la passion de ses ouvrières et ouvriers, l'humanisme de ses patrons d'autrefois, l'importance de ses produits exceptionnels pour l'image de la Lorraine et de la France dans le monde... 
J'ai vu la Lumière dans les yeux de tous ses personnels, du travail à chaud au travail à froid, du banc de verrier à l'atelier de taille et de gravure, du soufflage à la canne de la paraison à 1300 degrés au montage des pampilles de splendides lustres, des bureaux administratifs au service expéditions en passant par le laboratoire de recherche ; j'ai vu l'Amour du travail bien fait et la passion du partage de ce Beau si essentiel à la vie ; j'ai vu l'enthousiasme et la volonté de faire encore et toujours plus parfait ; j'ai vu la solidarité ouvrière et l'unité d'une communauté d'hommes et de femmes embarqués depuis 1745 dans une fabuleuse aventure humaine, sociale et... spirituelle.
Car il y a l'Esprit dans ce travail de magicien, d'alchimiste capable de transmuter le sable et le plomb en... Lumière !
Mais je sais aussi que, comme bien des fleurons de notre patrimoine qui servent à gonfler le bas de laine de spéculateurs ultra-libéraux anglo-saxons, cette superbe manufacture est en cours de dépeçage par une firme criminelle états-unienne. Tout le monde savait que la belle aventure humaine, artistique, économique et sociale finirait mal entre les pattes de ces prédateurs qui ont déjà détruit une bonne partie du savoir-faire et de l'esprit de cette maison. Les élus me répondaient toujours quand je leur en parlais : "Nous ne pouvons rien à cela... c'est du domaine privé !" 
Or, quand il est de valeur patrimoniale essentielle, économique et sociale de première grandeur, quand il est le fruit du travail admirable d'une dizaine de générations de femmes et d'hommes de chez nous, quand il est la preuve irréfutable d'une culture locale exceptionnelle et le résultat d'un savoir-être et d'un savoir-faire multiséculaire, le "privé" doit être impérativement considéré comme du "public". Il l'est en réalité. Ce monument n'appartient pas de fait à celles et ceux qui s'en croient propriétaires. Il appartient à celles et ceux qui l'ont construit, nourri de leur sang et de leur sueur, enrichi de leur énergie, qui lui ont donné son rayonnement universel. Il n'est pas un bien ordinaire, encore moins vulgaire, qui se vend, s'achète, se brade. Il n'est pas une marque d'hôtels de grand luxe réservés aux nantis de ce monde de pauvres de plus en plus pauvres, et de riches de plus en plus arrogants. Il est un temple de l'humanité que tous et chacun doivent respecter, quels qu'ils soient, d'où qu'ils viennent. 
Sa réquisition, son affectation au patrimoine vivant national, n'est pas un coup de force révolutionnaire dans le monde de la finance ; elles ne sont que la récompense du travail acharné des ouvrières, ouvriers, agents de maîtrise et cadres près de trois siècles durant, et la juste sanction appliquée à celles et ceux qui, à des milliers de kilomètres du site, et à des années-lumière de la notion de qualité exprimés dans nos ateliers, ne voient que le dollar comme objectif imbécile à leur vie. 
Devons-nous attendre la mort de Baccarat entre les griffes et sous les crocs de fauves états-uniens ou chinois ? La transition politique française actuelle ne pourrait-elle pas s'illustrer de belle manière dans notre Histoire contemporaine en permettant d'agir fermement pour que cessent de tels comportements de "trumperie" internationale ? La manufacture de Baccarat peut et doit être sauvée par nous, Français, qui avons reçu d'elle un inestimable rayonnement international. Nous ne devons pas être condamnés à regarder se perpétrer l'assassinat en versant, pour quelques-uns, des larmes de crocodile, pour nous des larmes de... cristal ! Honte à ceux qui laisseront faire.
Salut et Fraternité.


Souvenons-nous que, en 2011, Baccarat était la manufacture française la plus dotée en Meilleurs Ouvriers de France (MOF - titre prestigieux unique au monde), ces femmes et ces hommes porteurs de nos trois couleurs. Ils étaient, cette année-là, à leur poste, au nombre de... 22 !
Et n'oublions pas qu'il faut 25 ans d'apprentissage pour former un bon verrier/cristallier (alors qu'il suffit de quelques minutes pour faire d'un spéculateur, un... voleur !)