vendredi 27 août 2010

Ça suffit !

Pour prendre ou conserver le pouvoir, nul n’est autorisé à faire n’importe quoi… surtout pas à jouer avec des thèses qui ont déjà produit les pires outrances, les pires catastrophes, les pires crimes !
Dire d’une communauté, quelle qu’elle soit, qu’elle est responsable de tous les maux du temps, la stigmatiser, la soumettre à la vindicte populaire, faire de ses membres des parias à éliminer est insupportable sous quelque régime que ce soit, dans quelque pays que ce soit ! A plus forte raison dans le pays qui se prétend celui des Droits de l’Homme et se permet de donner des leçons de bonne conduite chaque jour au monde entier !
J’ai honte !
Hier, les Juifs étaient ces rejetés !
Hier, les francs-maçons étaient ces rejetés !
Hier, les… tziganes étaient ces rejetés !
Avec les mêmes arguments, les mêmes intentions, les mêmes moyens utilisés au départ.
Ne dit-on pas que la fille de l’ancien couple présidentiel aurait déclaré que « …les Roms vivent comme des rats ! » ? Les mêmes mots qu’autrefois, quand on ouvrait les nasses !
J’ai honte !
Nombreux sont ceux qui, maintenant encore, à propos des crimes nazis, disent « on ne savait pas ! »
Mais aujourd’hui, nous savons !
Nous savons jusqu’où peut aller le fol emballement d’une machine de pouvoir séparée du monde réel par des écrans d’intérêt.
Nous savons jusqu’où peut aller la manipulation politicienne sur fond de crise économique et de misère sociale.
Nous savons jusqu’où peut aller l’aveuglement collectif.
Nous savons ce que vaut la stratégie du bouc-émissaire.
Et nous savons que nous entrons dans une période de lutte redoutable pour le trône. Les comportements actuels semblent vouloir prouver que… tous les coups seront bientôt permis !
J’ai honte !
Nous avons besoin d’une vraie démocratie, d’élus qui montrent l’exemple du comportement fraternel, égalitaire et respectueux de la liberté, de la vie, des valeurs et du travail de chacun, respectueux des règles qu’ils produisent eux-mêmes, mais qu’ils ne s’appliquent pas.
Nous avons besoin d’écoles, pas de prisons ! de maîtres, pas de gardiens ! de connaissances, pas d’inculture ! d’harmonie, pas de violence (surtout pas d’État) ! de paix, pas de guerre !
Ne jouons pas avec le feu !
Ce feu est allumé. Aujourd’hui, un seau d’eau peut encore l’éteindre. Demain, tous les pompiers du monde équipés des meilleurs matériels n’y pourront plus rien !
Nous sommes encore dans un moment de saine réaction possible.
Demain…
J’ai déjà honte !
image couverture de Au plaisir d'Ena G.Laporte éd. DGP Québec 2001 photo C. Voegelé

samedi 14 août 2010

Les Padox à Fresnes - 10ème jour

Lundi 7 juin 2010 - Journée d’installation du décor, des éclairages et du son. Sans les détenus. Entrer du matériel dans une prison, surtout un matériel aussi hétéroclite, est une aventure. Par chance, la porte-chantier n’est pas encombrée, et nous passons les premiers. Chaque fois, longue attente, pour qu’on vienne nous ouvrir, puis, après le déchargement, un surveillant examine tout le matériel. L’examen commence, très méticuleux, puis il s’accélère, tellement la liste est longue, digne d’un catalogue à la Prévert. En attendant l’ouverture de la porte pour accéder au camion, nous avons le temps de voir une scène insolite : à la fenêtre d’une cellule, un détenu nourrit des pigeons qui viennent en grand nombre. Il leur jette du pain, de gros morceaux tombent dans la cour, certains pigeons restent sur le bord de la femêtre, attendant la suite en voltigeant, d’autres foncent récupérer les morceaux au sol. Et soudain arrive un gros rat, qui va se servir, prend sa part, sans affolement des pigeons qui ne bougent pas, et il repart en trottinant. Fin de la scène, le détenu jette une bassine d’eau pour nettoyer le bord de la fenêtre plein de fientes de pigeons, les volatiles disparaissent. Un temps sans rien, puis le rat revient en trottinant, vérifier qu’il ne reste rien. On dirait la réincarnation d’un surveillant qui vient faire une ronde ultime. Les oiseaux se sont envolés. La Chapelle n’est pas le théâtre idéal, mais avec l’aide de trois techniciens d’Ivry, nous passons la journée à aménager la scène. C’est prêt pour demain.
Dominique Houdart

Cie Dominique Houdart-Jeanne Heuclin
12, rue Vauvenargues75018 PARIS
Tél 01 42 81 09 28 GSM 06 11 87 62 77
Siret : 353 180 813 00035APE 923 A
Licence cat 3 n 15816
image Goéland à Portivy photo GL

lundi 9 août 2010

Louise Michel... sursum corda !

Louise Michel... sursum corda

Dans les soutes d’un navire,
Naviguant sur son délire,
Elle a vogué vers le sud…
Calédonie.

Emportant les mille images,
De Lorraine en son village,
En compagnie des bannis,
Elle est partie.

Hier, sur la côte des vignes,
Lisant, déclamant des lignes
Du poète réfractaire…
Saluait Hugo.

Puis priait pendant la messe,
Se voyait déjà professe,
Seule à contempler le ciel…
Sursum corda !

Rêvait de rompre licol,
Puis de construire une école,
Enfin répondre à l’appel
De nos anciens,

Comme savoir pourquoi j’aime,
D’abord connaître soi-même,
Croire l’autre en son mystère…
Ecce homo !

Sous un pont d’ardente Seine,
En des temps de pire peine,
Au cœur de l’émoi mutin…
Aima Hugo.

Souvenir des hirondelles
Qui tournaient à tire d’aile
Sur les antiques tourelles
De son château.

C’est devant la barricade
Que la cerna l’embuscade
Pour sa mère emprisonnée…
Les mécréants !

Quand un chaton miséreux
Essuya les mille feux
D’un escadron versaillais
De fiers poltrons !

Dans les soutes d’un navire,
À genoux sous leur délire,
Elle écrivait à Maman :
« Crois… je reviens ! »

Des vers, encore et toujours,
Pour que haine soit Amour !
Des vers encore et toujours,
Pour Toi, Hugo !

Que sous les pins colonnaires,
Aux fougères millénaires,
L’esclavage soit pendu
Pour tous les temps.

Rêvait de rompre licol,
De faire sombrer les idoles,
Et de célébrer la vie…
En Algérie !

Lui offrit pour panthéon,
Les murs nus d’une prison,
République fraternelle…
Femme au piton !

Vie à nulle autre pareille
Éteinte un jour à Marseille
Dans un hôtel de passage
… Massiliensis !

Sous la pierre à Levallois
Elle imagine des lois :
Croire l’autre en son mystère…
Dura lex !

Dans le sombre du caveau
Pour l’Amour et pour le Beau
Des vers encore et toujours,
Et… pour Hugo !


Ce texte m'est venu en mai, le mois du muguet.
Si l'idée vous vient... d'une musique... pour chanter cette Femme !
© Gilles Laporte SACEM
image Louise Michel buste Bibliothèque Marguerite Durand Paris photo GL

samedi 7 août 2010

Les Padox à Fresnes - 9ème jour

Jeudi 3 juin 2010 - Merveille, toute l’équipe est là, mais il faudra attendre longtemps avant qu’une surveillante soit désignée pour nous accompagner. Alors, en attendant, ils sont confinés dans la salle d’attente, et le temps passe. Je les trouve pourtant très calmes au moment où nous pouvons enfin sortir de la division et nous acheminer vers la chapelle, eux toujours en file le long du mur. Tiens, aujourd’hui, on a pu apporter de l’eau. En arrivant dans la Chapelle, catastrophe, la salle a servi pour la fête des mères, et toutes nos affaires ont été entassées dans la pièce qui est en arrière scène, les costumes sont mélangés, et nous perdons beaucoup de temps à reconstituer le costume de chacun. Avant cela, Claude Charamathieu, le directeur du SPIP, leur explique dans quelles conditions ils pourront sortir le 12 juin. La bonne nouvelle, c’est que tous, sans exception, ont eu leur permission de sortie. C’est fondamental pour le travail de l’équipe et pour l’humeur du jour. Après tant de temps perdu, une heure, nous démarrons la répétition. Cela se déroule bien, certains sont même très appliqués et s’engagent dans le jeu. C’est la première répétition avec le costume complet, y compris la tête. Les deux premiers tableaux sont réglés, le troisième est encore à travailler. De plus en plus, nos gars sont chaleureux, expriment leur plaisir, et au moment de se quitter l’un d’entre eux, Ahmed, propose même de venir aider lors du montage de lundi prochain. Hélas cela ne sera pas possible, on ne peut pas les mettre en contact avec des outils. Dommage, mais cette proposition nous a beaucoup touchés. Plus on avance, plus on est heureux de travailler avec eux, avec ces personnalités très différentes. Lundi prochain, nous installons le décor, les éclairages et le son, et il aura encore deux répétitions avec le matériel avant la représentation dans la prison.
Dominique Houdart
Cie Dominique Houdart-Jeanne Heuclin
12, rue Vauvenargues75018 PARIS
Tél 01 42 81 09 28 GSM 06 11 87 62 77
Siret : 353 180 813 00035APE 923 A
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image fenêtre de prison fotosearch

mardi 3 août 2010

Les Padox à Fresnes - 8 ème jour

Mardi 2 juin 2010 - Ce n’est vraiment pas facile de travailler en prison. Nous dépendons de tellement de choses, la bonne ou mauvaise volonté des uns, par exemple la semaine dernière nous avons apporté quelques bouteilles d’eau, il fait tellement chaud dans les Padox, et aujourd’hui, un surveillant à l’entrée des sections nous refuse le passage pour l’eau. Alors que, au portillon d’entrée de la prison, Jeanne a fait passer une boîte de gâteaux secs, après un refus, la surveillante a accepté de les laisser passer. Et puis il y a ces blocages permanents, incompréhensibles pour nous. Ce qui fait que nos stagiaires se sont trouvés enfermés dans la salle d’attente une bonne demi-heure, avant qu’on puisse aller ensemble dans la chapelle. Pourquoi ? On ne saura jamais. Et puis, Mostepha manque à l’appel, on nous dit qu’il travaille aux cuisines. L’atelier commence, et soudain il nous rejoint. Romain a réussi à le sortir d’un lieu où son travail était terminé à 14h, mais la règle est qu’il doit y rester jusqu’à 17h. Romain, il vit en permanence la mission impossible, aller chercher les gars dans les cellules, essayer que l’effectif soit au complet, ce qui n’a jamais été le cas. Aujourd’hui il en manque deux, c’est la moyenne. Et Cédric nous dit que la semaine dernière, le surveillant n’a pas voulu qu’il vienne avec nous. Alors, attention, il nous dit cela, mais il faut être prudent, nous sommes facilement instrumentalisés. C’est délicat, nous ne devons pas prendre parti. Mais parfois, il y a de quoi râler… On a bien compris que ce n’est pas la bonne méthode. L’équipe est toujours motivée. Ils ne savent pas encore s’ils pourront tous sortir, nous, nous savons que le juge, Monsieur Bouvier, un juge apprécié par tous nos stagiaires, a donné son accord pour l’équipe entière. Mais cela doit leur être notifié par l’administration. Demain heureusement il n’y a pas d’atelier. Chance, car c’est un jour de grève des gardiens. Alors, on se retrouvera jeudi, ils donneront tous les coordonnées des familles à Djamela pour qu’elle les invite a passer la journée avec nous, de 14h au soir, lors de la représentation à Ivry.
Dominique Houdart
Cie Dominique Houdart-Jeanne Heuclin
12, rue Vauvenargues
75018 PARIS
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image Les Padox à Oslo photo Cie Houdart-Heuclin