lundi 26 décembre 2011

Génocides et... Assemblée nationale.

Le zèle des responsables politiques français ne connaissant pas de bornes dès qu’il s’agit de donner des leçons de morale au monde entier, il a semblé urgent au citoyen que je suis de faire preuve d’un zèle au moins aussi dynamique en réagissant au comportement parlementaire récent concernant l’interdiction de négation de tous les génocides votée jeudi dernier sur proposition d’une élue UMP des Bouches-du-Rhône.
J’ai donc adressé, le jeudi 22 décembre, jour de présentation du texte à l’Assemblée nationale, aux quatre députés de mon département (les Vosges), et à trois autres députés dont deux présidents de groupes parlementaires (François Hollande, Christian Jacob, Jean-Marc Ayrault), le courriel suivant :

Monsieur le Député,
L'Assemblée nationale doit voter aujourd'hui la loi qui, dans le prolongement de précédentes décisions concernant le génocide arménien, vise à punir le reniement, par tout citoyen, de tous les génocides.
Nul ne peut prendre ombrage d'une telle volonté d'affirmation d'un bel humanisme qui fait honneur à notre pays.
Mais...
Outre son caractère électoral très opportuniste, ce projet me semble très dangereux et comporte un effet boomerang redoutable.
Car...
Il faudra bientôt faire appliquer cette loi en réponse à toute plainte concernant :
- le génocide indien par les Etats-unis d'Amérique au 19ème siècle
- le génocide amérindien par l'Espagne aux 16ème-17ème-18ème siècles
- le génocide vendéen par la France à la fin du 18ème siècle
- le génocide lorrain par la France (décidé par Richelieu et Louis XIII, achevé par Mazarin et Louis XIV), au 17ème siècle.
- et quelques autres aussi délicats et douloureux pour notre vie politique intérieure que pour nos relations diplomatiques avec des pays partenaires (partenariats culturel et économique, entre autres)
Si nous ouvrons la boîte de Pandore, alors...
Croyez bien que je suis triste et inquiet de voir à quel point l'Histoire et ses interprétations deviennent, toutes tendances partisanes confondues, surtout dans la redoutable conjoncture actuelle, un dangereux... outil de stratégie électorale !
Je vous remercie de m'informer de votre position sur ce projet dès que vous en aurez le temps, et vous prie d'agréer, Monsieur le Député, avec mes vœux d'excellentes fêtes de fin d'année et de très bonne année 2012, mes salutations les plus respectueuses et cordiales.

Aujourd’hui, lendemain de Noël, et pleine période de vacances, je n’ai encore reçu aucune réponse.
Evidemment, nous claironne-t-on, cette loi ne s’appliquera qu’aux génocides officiellement reconnus par la France.
Mais, puisqu’il s’agit, paraît-il, exclusivement, d’une question de morale internationale et de Droits de l’Homme, il devient urgent et indispensable que d’autres génocides (ceux par exemple cités dans le courriel) soient rapidement et officiellement reconnus par notre pays. Même au prix (sur le modèle de la relation actuelle avec la Turquie) d’une crise diplomatique majeure avec les Etats-Unis et l’Espagne (voire d’autres pays). Puisqu’il s’agit exclusivement d’une question de Droits de l’Homme, il se trouvera bien une ou un député pour proposer le texte que nos parlementaires ne manqueront pas d’adopter avec enthousiasme, droite, gauche, centre, dessus et dessous confondus !
Et si nul n’ose parler de leur histoire aux Etatsuniens, aux Espagnols et à d’autres, alors peut-être se trouvera-t-il une élue ou un élu de notre République qui aura le courage de parler sereinement à ses compatriotes de leur propre histoire… Les Lorrains et les Vendéens (qui n’en sont pas encore remis !) lui en seraient sans doute reconnaissants (peut-être pas, tout de même, au point de donner toutes leurs voix à sa seule boutique !)
Pourquoi plus la Turquie que n'importe quel autre pays ? Pourrions-nous savoir ?
Le regard de la justice, celui de la morale, ne peuvent pas, ne doivent pas être sélectifs !
Nos anciens disaient : « Avant de vouloir faire le ménage chez les autres, il faut d’abord être propre chez soi ! »
Que dira le Sénat ?

Salut et Fraternité !

Image : couverture de Au Plaisir d'ENA Gilles Laporte éd. DGP Québec 2001 photo Christophe Voegele

mardi 6 décembre 2011

Greenpeace et le nucléaire...

Quelques militants de Greenpeace ont réussi à s’infiltrer dans plusieurs centrales nucléaires françaises, et à y grimper jusque sur le dôme d’un réacteur en service.
Un exploit qui a de quoi donner froid dans le dos !
Car… supposons que cette intrusion dans le saint des saints du nucléaire français soit réussie, un jour, par quelques individus allumés et violents (notre monde n’en manque pas !), qu’ils y posent tranquillement une bombe, et fassent exploser la marmite infernale ! Que se passerait-il ?
Les propos emberlificotés et imbéciles du responsable du nucléaire EDF devant les journalistes (« Ils ont été sous contrôle permanent, suivis par des caméras, et rapidement interceptés… ») ne suffisent pas à expliquer la facilité avec laquelle ces militants de Greenpeace ont pu franchir les enceintes successives de « sécurité » puis aller jusqu’au cœur du sanctuaire.
Car… si ces militants avaient été de violents fous intégristes de quelque doctrine que ce soit, nos seuls bonheur et consolation auraient été de pouvoir assister en direct presque, à la pose des bombes, puis à leur explosion, puis à une répétition somptueuse de la fin du monde !
Rassurant, n’est-ce pas ? Et preuve de la grande efficacité, de la belle conscience professionnelle, du sens des responsabilités d’EDF, et de son sens du respect des humbles citoyens que nous sommes !
Or voilà que cette démonstration magistrale (et pacifique !) déclenche des pulsions de meurtre chez un rejeton d’UMP qui déclare sans sourciller : « La gendarmerie aurait dû abattre les terroristes de Greenpeace ! »
Redoutable !
Car… dans cette affaire, qui sont les terroristes ? Ceux qui dénoncent la mise de la vie des populations en danger, ou ceux qui la pratiquent ? Ceux qui dénoncent les fautes professionnelles graves de grands protégés de l’Etat, ou ceux qui les commettent ? Ceux qui révèlent l’existence d’un virus, ou ceux qui le propagent volontairement ?
Les campagnes électorales sont toujours, hélas, une période d’expression des pires manipulations, des pires folies et malhonnêtetés individuelles et collectives. Nous n’y échappons pas, une fois encore !
Alors qu’elles pourraient être un moment de propositions fortes pour améliorer la vie sociale, économique et culturelle dans notre pays, comme de faire de l’Etat le seul décideur en matière de politique énergétique ! Abandonner ce secteur hautement stratégique au privé et à ses préoccupations d’actionnaires et de rentiers, et le laisser diriger par des crânes d’œuf seulement préoccupés par leur carrière, c’est faire courir au peuple de grands risques. La preuve !
Plutôt qu’une condamnation à mort des militants de Greenpeace qui savent, avec courage, mettre en évidence les défaillances parfois criminelles de grandes entreprises nationales, exigeons une campagne électorale digne, même de la part des nourrissons des partis qui en seront demain les fauves assoiffés de pouvoir, et un comportement responsable et citoyen des monarchies économiques privées assises sur les besoins vitaux des Français, dont EDF est l’un des fleurons !
Mais peut-être est-ce là une invitation incompréhensible par de petits cerveaux maintenus à l’étroit dans les conditionnements de partis dits trop modestement « de droite ». Les radiations politiques sont parfois plus dangereuses que celles issues des centrales nucléaires !
Sans doute est-il plus efficace -parce qu’expéditif !- d’appeler au meurtre, pour un esprit simple et primitif dévoré par le crabe de l’ambition, que d’inviter à l’analyse de la situation réelle, et à la réflexion !
Soyons vigilants car, hélas… il reviendra, celui-là… avec d’autres !
Salut et Fraternité.