mercredi 28 juillet 2010

Les Padox à Fresnes - 7ème jour

Jeudi 27 mai 2010 - L’atelier a maintenant pris son rythme de croisière, 9 détenus sont présents, il en manque 3, un qui est inscrit mais qu’on n'a jamais vu, et deux pour lesquels nous ne savons pas pourquoi ils ne sont pas là. Et pourtant ce sont deux éléments importants, Mostepha et Cédric. Impossible d’avoir une explication sur leur absence. Espérons les pour la prochaine fois, car le travail avance à grande vitesse, nos gars sont complètement plongés dedans, la concentration est extrême, et le moment de repos est un temps d’échange très agréable. Aujourd’hui, on parle des retraites, puisque c’est le jour de mobilisation des syndicats. Hervé, jusque-là réservé, nous dit qu’il viendra volontiers à un nouveau stage Padox quand il sortira en Octobre. Et tous s’intéressent aux spectacles de la Compagnie, à nos ateliers scolaires. L’équipe est maintenant très efficace, et le spectacle s’annonce bien.Et puis, chance, le surveillant s’intéresse au travail, le suit avec attention, vient avec nous partager les chouquettes apportées par Jeanne, et dit à Djamela qu’il viendra volontiers voir la représentaiton à Ivry. L’attitude du surveillant change tout, on a tous oublié la prison pendant 2 heures.
À mardi !
Dominique Houdart
Cie Dominique Houdart-Jeanne Heuclin
12, rue Vauvenargues
75018 PARIS
Tél 01 42 81 09 28 GSM 06 11 87 62 77
Siret : 353 180 813 00035APE 923 A
Licence cat 3 n 15816
image portrait Dominique Houdard photo Cié Houdart-Heuclin

vendredi 23 juillet 2010

Les Padox à Fresnes - 6ème jour

mardi 25 mai 2010 - Les ateliers se poursuivent maintenant à la Maison d’Arrêt des Hommes, mais seulement 2 fois par semaine, le mardi et le jeudi, jusqu’au spectacle le 11 juin dans la prison, et le 12 au théâtre d’Ivry. Après le premier contact la semaine dernière, nous retrouvons une partie de l’équipe, 6 sur 12, dont deux qui n’étaient pas là jeudi dernier. Les autres sont en parloir. Justin a perdu sa carte et le surveillant ne veut pas le laisser sortir. Nous sommes arrivés à 13h30, ce n’est qu’une heure plus tard que nous pouvons quitter la section 1 Nord. Une heure d’attente, pendant un bon moment, on nous annonce que la section est bloquée, tous les mouvements sont interdits… et l’on ne saura jamais pourquoi. Romain part les récupérer un par un , Eric est occupé à dealer dans les couloirs et ne descend pas. Le manque de personnel fait qu’il faut attendre qu’un surveillant soit libre pour nous accompagner. Notre groupe se met en marche toujours en longeant le mur en ce qui les concerne, vers la chapelle. Romain nous laisse avec eux et avec un surveillant plus ouvert, qui regarde le travail en souriant parfois. Dans la chapelle, nous initions rapidement les deux nouveaux, Hervé et Souleymane, et nous commençons la mise en place du spectacle. Ils sont tout d’un coup concentrés, attentifs, curieux, physiquement doués, on utilise les talents de danseur et de percussionniste de Douta, l’histoire les intéresse, et comme nous n’avons plus que 1h30 de travail, cela passe très vite. Avant de repartir, la sacro-sainte pose cigarette, et je parle dans un coin avec Cédric, que tout le monde considère comme un agité : il est calme, me parle de sa mère, de sa femme, de son bébé qui vient de naître, pour lui l’enjeu est important, montrer le spectacle à sa mère est un objectif majeur, il me parle de la cité dans laquelle il vit à Lyon… Ce n’est plus le même, il me confie qu’il aimerait continuer le théâtre, qu’il se sent un autre homme. Plusieurs me font cette remarque, tout est loin en Padox, la détention, les brimades, mais aussi ce bruit infernal des couloirs, les hurlements des surveillants d’un étage à l’autre, le fracas des portes lorsqu'un détenu est énervé, le mouvement incessant. Là, ils sont concentrés, sérieux appliqués. C’est de bon augure. En sortant, par la fenêtre, on aperçoit le mitard. « Le château » disent-ils. Nous insistons auprès d’eux pour qu’ils programment leurs parloirs en tenant compte de l’atelier. Ils ont eu chaud en Padox, il serait souhaitable qu’ils puissent prendre une douche. Mais elles sont limitées à deux par semaine. J’en ferai la demande à Romain, sans grand espoir. Au moins quelques bouteilles d’eau…
Dominique Houdart
Cie Dominique Houdart-Jeanne Heuclin
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image Prison photo Matton

mercredi 21 juillet 2010

Les Padox à Fresnes - 5ème jour

Vendredi 21 mai 2010 - Retour à la Maison d’arrêt des femmes pour la dernière séance, la restitution. Tout d’abord, une bonne surprise, Euridice, charmante camerounaise, qui n’avait pas pu suivre le travail, sans arrêt appelée au parloir, ou en consultation, nous rejoint. Alors, la dernière répétition avant la séance publique lui est consacrée. Elle comprend vite le scénario, joue avec intelligence, et là voilà embarquée. Les techniciens du théâtre d’Ivry sont venus le matin installer les lumières et l’éclairage, un rideau de fond rouge fait un peu oublier le couloir de détention au bout duquel nous jouons. Les détenues arrivent, nombreuses, au moins la moitié sont venues voir les Padox. La représentation se déroule pour le mieux, et à la fin, une rencontre avec le public s’improvise, c’est un moment important pour les 4 détenues qui ont participé à l’atelier, elles disent ce qu’a été le travail, les autres ont réellement apprécié, et le leur disent, les questions sont souvent fortes : par exemple je leur ai demandé d’ écrire « je suis » sur des feuilles blanches et ensuite les spectateurs devaient compléter. Une femme d’origine basque a bien analysé la chose, en disant qu’elles ne sont qu’un numéro d’écrou, qu’elles perdent dans ce lieu leur personnalité, et ce » je suis » l’a beaucoup touchée. Plusieurs regrettent de ne pas avoir participé à l’atelier, aimeraient devenir Padox, ici ou ailleurs. Beaucoup viennent nous embrasser avant de regagner les étages. Euridice sortira bientôt de prison, elle est là par erreur, c’est au moins ce qu’elle nous dit, une usurpation d’identité, elle passait ses journées à pleurer, ne comprenant pas ce qui lui arrive, l’atelier lui a fait du bien, elle retournera très vite chez elle, mais elle viendra nous revoir au Théâtre d’Ivry le 12 juin, où nous jouons avec les détenus hommes « Padox Migrateur ». Jeanne avait préparé une tarte, que nous mangeons après les rangements avec nos Padox de Fresnes, émus de se quitter, elles gardent les livres blancs avec lesquels elles jouaient, et demandent les signatures et un mot de toute l’équipe. C’est troublant de se séparer comme cela. Euridice nous quitte en disant : « Je retourne dans ma chambre ». Claudine la reprend, « Non, ta cellule, mais au début je disais comme toi ». À bientôt, Euridice, continue à dire « ma chambre », cette épreuve se termine, pour Yuna aussi, et la charmante Julia, la jeune grand mère de 34 ans, résignée, travailleuse, qui a beaucoup aidé à installer les accessoires, attend son transfert au Brésil. Ce soir, en écrivant ces lignes, je pense à elles dans leur « chambre ».
Dominique Houdart
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image Prison origine à me préciser pour indic. crédit

lundi 19 juillet 2010

Les Dadox à Fresnes - 4ème jour

Jeudi 20 mai 2010 - Donc ce matin, le travail avec les femmes est annulé, mais cet après-midi nous commençons l’atelier à la Maison d’Arrêt des hommes. Entrée pas aussi simple que chez les femmes, nous ne pouvons pas pénétrer avec le véhicule et la remorque dans la cour, on a même du mal à s’arrêter devant l’entrée car des groupes de policiers armés et vêtus de gilets pare-balles partent pour, pensons nous, le procès Colonna. Il faut donc décharger tous les costumes, le matériel de jeu, passer tout cela sous le portique et le tapis roulant de l’entrée normale, puis avec des chariots, nous véhiculons tout cela dans les couloirs, les très longs couloirs des trois sections. Le gardien chef est de mauvais poil, il ne veut pas que nous allions directement dans la chapelle, notre lieu de travail, pour installer le matériel, car il n’a pas de gardien pour nous ouvrir, nous devons aller dans la section 1 récupérer les détenus. Romain, qui heureusement est avec nous, va les chercher un à un. Nous poirotons, au milieu des cris des surveillants du brouhaha général, l’ambiance est tendue, électrique, rien à voir avec le quartier des femmes beaucoup plus calme. Ils arrivent, ils sont enfermés dans des salles d’attente, très serrés. Ils ont l’air renfrognés, ne disent pas bonjour, ne nous regardent même pas. Enfin, au bout d’une demi-heure, nous partons ensemble vers la Chapelle. Le surveillant qui les accompagne les oblige à marcher en file le long du mur. Ils passent un portique, la canne anglaise d’un des détenus sonne…Enfin dans la chapelle, au fin fond de la 3e section. Et on commence, discours de Romain, de Djamela, puis nous nous présentons. Et David arrive en Padox, aussitôt c’est la détente, ces mines renfrognées s’ouvrent, ils sourient, s’étonnent, s’intéressent. Le personnage leur plaît indiscutablement. David, finement, va s’asseoir auprès de Cédric, une forte tête qui se met à part, et l’entraîne gentiment à regagner le groupe dans les gradins. Ils se présentent, l’ambiance est détendue, on plaisante, je leur raconte l’ensemble du projet, l’histoire de Padox Migrateur, qui semble les toucher. Enfin après une pose cigarette (attention, pas de chichons, sinon l’atelier risque de s’arrêter), ils commencent à s’habiller.Et les premiers exercices sont concluants, improvisations individuelles, exercices dirigés au talkie-walkie, ils enlèvent le costume, c’est gagné. À part un, qui nous dit que ce n’est pas son truc, les autres marquent réellement de l’enthousiasme, le fait de jouer sous le masque leur plaît et les décontracte. Et Aimé nous confie que Padox lui fait tout oublier, qu’il se sent un autre. Très vite nous avons appris les prénoms, l’un d’entre eux, Mostepha, me dit que cela forme une famille. Pendant tout le travail, le surveillant est resté assis en haut des gradins, près du téléphone, et n’a pas jeté le moindre regard sur l’atelier. Il faut rentrer, on se regroupe dans le couloir de sortie, mais nous sommes bloqués par une immense clameur de chahut, encore de l’attente, enfin on rentre, avec un arrêt devant la première section sud, on se serre chaleureusement la main, Cédric le plus agité, trouve que le couple que nous formons avec Jeanne est « mignon ». On se dit à mardi. Demain on revoit les femmes, pour présenter le court spectacle répété en 3 séances. C’est incroyable d'observer la transformation de leurs visages. Dans l’espace pénitentiaire, ils sont gris, fermés sans communication. Dès que l’atelier commence, on les découvre, ils s’ouvrent.
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image Jeanne Heuclin et le Padox photo Cie Houdart-Heuclin

samedi 17 juillet 2010

Les Padox à Fresnes - 3ème jour

Mercredi 19 mai 2010 - À l’atelier, nous retrouvons nos trois fidèles. En nous apprenons qu’Euridice a un parloir à 3 heures (il est 2 heures), donc qu’elle ne viendra pas, que Germaine ne viendra pas, elle a une grosse déprime. Claudine a convaincu 3 copines de venir, elles sont volontaires… Mais la chef nous dit qu’elle ne sont pas inscrites. Et Romain n’est pas avec nous pour faire le lien avec l’administration. Alors ces volontaires restent à se morfondre dans leur cellule, et nous travaillons avec nos 3 Padox. Avec notre équipe, on passe à 5, et la répétition commence : en deux heures, nous arrivons à monter l’ensemble de la présentation, les filles sont attentives, douées, expressives. Rendez vous demain ? Eh bien non, car deux d’entre elles ont CAP, Commission d’Application des Peines, c’est naturellement important et obligatoire. Donc on ne se retrouvera que vendredi, pour une heure de répétition, avant la présentation de notre page blanche. En sortant, notre petite Brésilienne, Julia, est appelée par la surveillante pour aller transporter des colis. Elle sort, revient revêtue d’une blouse bleue, et suivie par une gardienne, fait deux ou trois transports, de la cour d’entrée à l’intérieur. Et tout d’un coup, elle ne nous connaît plus, son regard est fixe, grave, comme si une barrière entre nous s’était refermée. Elle a 34 ans, 3 enfants, et son fils de 17 ans vient d’avoir un enfant. Grand-mère à 34 ans. On imagine bien pourquoi elle est là, mule, transport de drogue. Quand elle sortira d’ici, elle se retrouvera en prison au Brésil. C’est une fille très douée, elle a un sens de la comédie et du jeu. Elle pense qu’elle suivra un atelier-marionnette au Brésil, en prison. Yuna, la Guyanaise, est là pour les mêmes raisons "pour quelques grammes de cocaïne…" Ironie du sort, elle vient de Cayenne, mais son bagne est à Fresnes.
A suivre...
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vendredi 16 juillet 2010

Les Padox à Fresnes : 2ème jour.

Mardi 18 mai 2010 - Le cœur joyeux, gonflés par le premier contact d’hier, nous entrons dans la Maison d’Arrêt des Femmes. Pas de problème à la barrière, accueil agréable au contrôle. Mais une fois dans l’enceinte de la prison, cela se gâte. La surveillante en chef du couloir de détention n’est pas celle qui avait été si sympathique hier, elle fait sentir tout de suite son autorité, appelle les filles avec beaucoup de retard. Tout le monde n’est pas là, une fille a été libérée, on se réjouit pour elle mais on aurait pu nous prévenir, deux sont malades, et au moment où l’équipe est habillée, la chef revient, et demande à deux de nos stagiaires de filer pour une consultation hors de la prison, donc sans espoir de les revoir avant la fin de l’atelier. Et ces pauvres filles, désolées, n’étaient même pas au courant, ne savaient pas qui elles allaient voir. Lorsque j’ose dire que c’est un problème d’animer une activité avec des sorties, des parloirs qui cassent le groupe et le travail, la chef me répond sèchement que c’est pour leur santé. Rien à dire ! L’atelier commence, il en reste 3, alors David, et Corinne, une comédienne stagiaire de la Compagnie s’habillent en Padox, et complètent le groupe. Nous avançons la mise en scène, sur le thème de la page blanche, le groupe progresse bien, il y a une forte sensibilité et un sens du jeu évident. Le thème parle de l’angoisse de la page, de ce papier blanc sur lequel on se projette comme dans un autoportrait, au point que le livre de papier blanc se transforme en miroir, par lequel le regard de Padox communique avec le public. Nous sommes inspirés pour ce thème par des textes de Gérard Lépinois, qui fut à l’origine auteur des scénarios des Padox, et dont Jeanne dira pendant la présentation quelques aphorismes. Une des filles, Claudine, me dit : « C’est comme un procès d’assise, toi, toute seule en face de cette foule de regards qui te dévisagent » Elles mettent de la grâce et de la poésie dans le travail. En accord avec la chef, nous avons l’autorisation d’aller dans la cour de promenade à 3h20, quand toutes les promenades officielles sont terminées. (Dommage, car les autres détenues ne nous verront pas). Surprise, elle nous enferme dans la cour, et dit qu’elle revient dans 10 minutes, et que si on veut rentrer, qu’on fasse signe au mirador. 15 minutes, 20 minutes, je fais des signes, je crie pour qu’on nous ouvre. Au bout de 45 minutes, elle vient nous délivrer, en me disant « cela ne sert à rien d’appeler, j’avais des mouvements, ici c’est une prison" Rien à dire. L’atelier se termine après cette longue attente dehors, mais l’ambiance est chaleureuse et complice. Avec nos trois Padox, nous avons vécu de l’intérieur des brimades permanentes qui sont leur lot quotidien. Le problème est que nous étions livrés à nous même et sous la dépendance de la chef. Romain l’animateur du SPIP n’était pas avec nous, et impossible d’entrer dans la prison avec nos portables, donc pas de communication possible avec lui. Dans la cour, les filles ont cueilli des fleurs et les ramènent dans leur cellule. Les fleurs de Fresnes. La chef a fait semblant de ne pas nous voir partir et n’a pas répondu à nos saluts.
Cie Dominique Houdart-Jeanne Heuclin
12 RUE VAUVENARGUES
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jeudi 15 juillet 2010

Houdart : Les Padox à la prison de Fresnes

Journal de bord tenu pendant la période d’atelier et de spectacle à la Maison d’arrêt de Fresnes par la Compagnie Dominique Houdart-Jeanne Heuclin (Les prénoms des détenus ont été changés afin qu'ils ne soient pas reconnaissables. DH)

Ce journal, tenu du 17 mai 2010 au 14 juin 2010, sera diffusé jour par jour sur ce blog, avec l'accord de son auteur, Dominique Houdart.
QUI SONT LES PADOX ?
Padox, c'est vous, c'est moi, c'est Guignol, Tintin, le Gros Dégueulasse, Bidochon et Gaston. Ces créatures en latex du sculpteur Alain Roussel dans lesquelles se glissent les comédiens sont à mi-chemin entre la bête et l'homme. allégories de la condition humaine, à la fois tendres et inquiétants, dont la maladresse engendre l'émotion. DH
LES PADOX A LA PRISON DE FRESNES

Lundi 17 mai 2010 - Après une longue préparation avec la responsable des relations entre le théâtre d’Ivry-Antoine Vitez, Djamela, et l’animateur de la prison de Fresnes, Romain, le directeur de la prison, le juge d’application des peines, le directeur du SPIP, nous voilà enfin à la Maison d’Arrêt de Fresnes. Le projet est double, une semaine dans le quartier des femmes, avec un atelier Padox quotidien, et vendredi, restitution dans le couloir de détention de la prison, et ensuite nous abordons le quartier des hommes, avec des ateliers plus étalés dans le temps, et la réalisation du spectacle « Padox Migrateur » qui sera présenté le 11 juin dans la chapelle de la prison pour les détenus, et le 12 juin au théâtre d’Ivry Antoine Vitez, pour la clôture de saison. Le premier jour est important, la suite dépendra de ce premier contact. Le matériel est déchargé dans la cour de la prison, nous installons tout dans la cour de promenade, car nous n’avons pas la possibilité de répéter dans le couloir de détention. Mais pour avoir un lieu plus propice à la concentration, on nous ouvre la « salle rose », une cellule dédiée à l’animation. Les stagiaires arrivent, les personnalités éclatent aussitôt, entre Claudine, exubérante, une Croate qui ne parle pas français et reste dans son coin, une jeune Brésilienne, toute heureuse de voir que David, un membre de notre équipe, parle brésilien, une guyanaise, Yuna, dont le corps danse en permanence, Euridice, cachée sous une grande écharpe, Germaine, la plus âgée, très intimidée…Présentations, puis découverte de Padox : étonnement, petit recul de certaines, embrassades de Claudine, bien sûr, Jeanne et David expliquent le costume, on parle du personnage, de la technique, du projet, et toutes s’habillent en Padox. Puis, en costume, nous traversons le couloir de détention, pour aller dans la cour de promenade. Padox déride les surveillantes, qui croient reconnaître certaines détenues à leur gestuelle, un grand mouvement de sympathie de la part du personnel pénitentiaire qui nous servira pour la suite. Cette cour de promenade est coupée en deux.Une moitié sert réellement à la promenade, c’est un terrain de basket longé par de l’herbe rase, et au-delà, un mur surmonté de barbelés sans doute électrifiés. Et de l’autre coté, le même terrain mais l’herbe est haute, ce coin ne doit pas servir… On imagine la jachère, un temps d’un côté, un temps de l’autre. Entre les deux terrain, une grille. Nous commençons les exercices, cela se passe bien, quelques détenues nous observent en souriant à la fenêtre de leur cellule qui donne sur la cour, les surveillantes viennent jeter un œil. Puis les Padox jouent une improvisation dirigée, consistant à cueillir des fleurs, dans la partie herbeuse. Cela devient très beau, nos Padox après une cueillette lente filent offrir les fleurs cueillies aux filles qui tournent dans la cour d’en face. Elles étaient curieuses, elles sont touchées. Je demande à l’une d’entre elles, grande, grave, sombre, si elle veut venir et mettre le costume de Padox. Elle me répond « Mon costume est déjà assez lourd à porter ». Mais elle ajoute « Je vous regarde de la fenêtre, et je viendrai voir le spectacle. » Deux de nos stagiaires n’ont pas pu faire cette sortie, appelées au parloir. C’est un moment bouleversant, l’une ,Euridice, revient en pleurant, et dit que c’est trop d’émotion. Claudine en sort, révoltée, remontée, énervée. Demain, en Padox, elles entreront dans le jeu. On se quitte après avoir raconté la proposition de scénario, sur le thème de la page blanche. On sent de l’enthousiasme, le groupe est prêt à se lancer dans l’aventure d’une création. Remontée au premier étage, devant la porte de sa cellule, Euridice nous fait un signe et lance un touchant « Merci »

A suivre...

Cie Dominique Houdart-Jeanne Heuclin
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vendredi 9 juillet 2010

RILANCE et MOLITIQUE...

Comme pour nous prouver que l’Histoire n’est qu’un perpétuel recommencement, nos politiques ont décidé de nous faire revivre les pires moments de la Troisième République.
Aux scandales financiers s’ajoutent, sous nos yeux, les mensonges d’État, l’irresponsabilité chronique, la volonté de dissimuler les exactions, le plaisir de fumer en douce les économies du peuple, les ronds de jambe électoraux et moulinets de matraques, les trafics d’influence et logement de capitaux en niches fiscales paradis des chiens, les promesses qui n’engagent que ceux qui les reçoivent, la confusion des pouvoirs et des idées, les guerres de religion sous couvert de lutte contre le terrorisme, les ouvertures de prisons associées aux fermetures d’écoles, les hausses de tarif de gaz et d’électricité indexés sur des chimères actionnaires, la grande manipulation des retraites des travailleurs par ceux qui n’ont du travail que la vision des palais nationaux, le sauvetage des banquiers, la spoliation du peuple, l’usage à des fins personnelles de mandats issus du suffrage universel…
Et, pour faire passer la pilule, ils nous inventent des mots nouveaux capables de créer un écran de fumée (de Havane) entre leur monde virtuel et notre monde réel :
RILANCE !
Pauvre marmelade de RIgueur et de reLANCE !
Peut-être son auteure ministérielle espère-t-elle se faire recevoir un jour, grâce à ce néologisme, sous la Coupole où se sculpte sans cesse le nouveau dictionnaire.
Ça te la coupe, Paul ! (Même niveau…)
Afin d’assurer son succès académique, garantie d’une reconversion réussie (voir l’élection, à un fauteuil de la vénérable institution, d’un ancien Président-ancien amant fantasmatique de Lady D), nous pouvons suggérer à Madame la Ministre la mise sur le marché médiatique d’un nouveau mot, heureux mariage de MOrale et poLITIQUE
MOLITIQUE !
En voilà une idée qu’elle est bonne !
Pas vrai ?

Qu'en pensent donc nos mous de la morale-accros de la politique ?
Peut-être pour la Sixième République !

Ah, bon...
A suivre…

image Billets de banque et monnaie photo GL