mercredi 24 mars 2010

Mouvement immobile...

Il aura suffi d’une défaite électorale (mais quelle défaite !) pour que passent à la trappe l’amour de la planète, les promesses d’action, les règles destinées à faire rentrer dans le rang la plupart des vandales qui confondent espace commun et poubelle personnelle ! A Dieu donc, ou… au diable, les interdictions de rejets toxiques, l’obligation de filtration des fumées et gaz nauséabonds et dangereux, les limitations de volume d’intrants et incitations au changement de comportement en agriculture intensive, la préservation d’espèces en survie comme le thon rouge et, plus grave encore, les abeilles, la mise sous surveillance plus étroite encore des eaux libres et de consommation… A Dieu, ou… au diable ! Il aura suffi d’une claque (mais quelle claque !) pour que les danseurs fous soient encouragés à forcer le rythme sur le volcan, que les producteurs d’engrais et pesticides crachent des montagnes supplémentaires de poison vendu très cher au seul profit de leurs actionnaires, que le Medef reçoive la récompense tant attendue pour sa laborieuse fidélité à un régime qui, pourtant, l’avait déjà bien servi !
Et, tandis qu’il tord le cou au Grenelle de l’Environnement qu’il a voulu et sur lequel il a fait plancher des centaines de spécialistes, d’institutions et de bonnes volontés, qu’il fait donc une volte face spectaculaire, incompréhensible et terriblement dangereuse, le Chef de l’Etat affirme qu’il ne changera rien à sa politique, que tout continuera comme si rien ne s’était passé !
Peut-être avons-nous déjà le cerveau rongé par des effluents acides : nous ne comprenons plus ! De deux choses l’une : ou l’on continue comme avant, y compris et surtout dans ce domaine environnemental (auquel on peut ajouter la mise au pas des banquiers, la « refonte » du libéralisme, …), ou l’on arrête ! Mais, sauf à inventer une nouvelle physique du mouvement, on ne peut pas continuer en s’arrêtant !
Qu’en pense donc l’humoriste Stéphane Guillon ? Qu’en pense donc le ministre Eric Besson ?
Mais… chut ! En dire davantage obligerait à présenter des excuses !
Alors… silence, et… en attendant la retraite…
Méditons sur les nouveaux principes républicains de la marche en avant… immobile !

image couverture de Au plaisir d'Ena Gilles Laporte éd. DGP Québec 2001

2 commentaires:

micheline a dit…

"Faut-il pleurer, faut-il en rire?
je n'ai pas le oeur à le dire"
(Ferrat)

vuparmwa a dit…

excellent texte et triste résumé de la malheureuse réalité...
je n'en dirais pas plus, je risquerais de devoir moi aussi me trouver des excuses par la suite