vendredi 30 mai 2008

Sirènes et gyrophares...


De plus en plus, la confirmation de l’arrivée à Paris, c’est… la valse des gyrophares et le concert des sirènes !
Nouveau signe de reconnaissance d’une ville qui se veut (ou se voulait) la plus belle et la plus agréable du monde ? Ou preuve que ceux qui l’administrent sont de plus en plus pressés, que ceux qui l’habitent sont de plus en plus gênants, que ceux qui gouvernent notre pays sont de plus en plus impérieux (voire impériaux) ?
De passage hier à Paris, j’ai été, dès le parvis de la Gare de l’Est, saisi, emporté, laminé, écorché, étourdi, assourdi, aveuglé par le tourbillon vociférant des voitures, certaines de couleur, d’autres d’un gris banal à faire douter de leur officialité mais bourrée d’hommes en bras de chemise, qui déboulaient du boulevard de Strasbourg, traversaient la place du 11 Novembre à grands coups de clairon en bousculant tout sur leur passage, puis filaient vers le faubourg Saint-Denis, ou dégringolaient vers le faubourg Saint-Martin. De quoi, en un clin d’œil, attraper le tournis ou la tremblante des ovins tondus trop souvent et trop court !
Clou du spectacle parisien son et volière : fin d’après-midi, même lieu (pour le retour en Lorraine)… Les voyageurs montants et avalants traînant leur sac à roulettes sur les pavés rentrent subitement la tête dans les épaules. De l’Est, vers le canal Saint-Martin montent les hurlements strident de sirènes rendues folles, sans doute, par la pollution de leur onde. L’air en est saturé. Il vibre comme une lame de ressort, brûle comme un fer chauffé à blanc. La place du 11 Novembre s’est figée, comme en attente douloureuse d’une autre drôle de guerre. Alors, surgissent de l’Est, comme autrefois les Uhlans à cheval, un cavalier bleu, puis un autre, encadrant une voiture de belle tenue, noire, vitres fumées, œil pinéal bleu collé au pare-brise, close comme un corbillard bourgeois. Le convoi gyropharant et hurlant s’engage dans la cour de la gare, longe la façade, s’immobilise devant le portail qui vit autrefois tant de jeunesse s’embarquer pour une croisière funeste. Une portière s’ouvre, une autre… apparaît une silhouette ronde, Le Monde calé sous le coude, un crâne luisant, un sourire jovial, une démarche d’apparence débonnaire: c’est le Secrétaire d’État chargé de la Fonction publique, Monsieur André Santini qui, tel le sous-préfet aux champs de Daudet… ou part en improbable voyage vers les confins orientaux de France, ou vient vérifier que le chef de gare porte bien la bonne casquette !
M’est venue alors, certainement incongrue voire anarchisante, cette pensée shakespearienne :
Beaucoup de bruit pour rien !
Et cette autre, citoyenne :
Quand commence, effectivement, pour notre État, le temps du respect de l’autre et des économies ?
Quand ?
photo fotosearch
musique distribuée par Deezer.com

2 commentaires:

micheline a dit…

ces gens qui nous gouvernent...
que nous avons choisis...
certifiés exacts sur catalogue.

Anonyme a dit…

Les sirènes qui hurlent dans la nuit, le pas de ceux qui ne savent plus marcher mais courir, après le métro, le train, la vie trépidante de ceux qui ne savent plus se pauser, pour multiples raisons.

"...Maint'nant je suis parisienne
J'me surmène
Et je connais la détresse
Et le cafard et le stress..." Marie-Paule Belle

Comme c'est bon de rentrer chez soi et d'apprécier ce calme n'est-ce pas Gilles ?

"...à l'écologie
J'm'initie
Et loin de la pollution
Je vais tondre les moutons
Des moutons." Marie-Paaule Belle