mardi 1 avril 2008

FOOT... insultes

Les insultes proférées à l’encontre des Gens du Nord par les supporteurs parisiens lors du match de football Lens-PSG n’avaient pas de quoi surprendre qui suit un peu l’évolution de notre société !
L'insulte est en effet, aujourd’hui, le moyen classique utilisé par certaines de nos élites pour afficher leur supériorité. Souvenons-nous le « salope » de Patrick Devedjian à l’endroit de Anne-Marie Comparini… N’oublions pas le renvoi de Ségolène Royal à la maison pour y « garder ses gosses » par le sénateur Michel Charasse… Gardons en mémoire le « casse-toi, sale con » présidentiel adressé à un visiteur durant l’inauguration du Salon de l’Agriculture… L’exemple vient toujours d’en haut. Il est toujours suivi par celles et ceux qui s’identifient à nos modèles, pour ne pas dire nos héros !
Quant à la gangrène qui ronge le foot…
On nous dit qu’elle serait le fait de quelques exaltés, de groupes minoritaires d’agités, de hooligans ! Pourtant, nous avons bien vu une pièce d’étoffe, longue de trente mètres, soutenue par une tribune entière dans le stade samedi dernier ! Il en a fallu, des blousons pour en dissimuler les morceaux à l’entrée du stade, des dizaines de mains pour les assembler, autant, voire davantage de bras pour suspendre la banderole à la balustrade, et la complicité de centaines, voire de milliers de parisiens de l’ensemble de la tribune pour l’y maintenir ! Il en a fallu aussi, du temps aux forces de l’ordre, pour intervenir et la faire retirer !
Ce temps (ou les moyens) qui, curieusement, a manqué aux forces de l’ordre pour boucler fermement cette tribune (pourtant lieu clos !) et y interpeller tous les présents afin de leur demander des comptes !
Le vocabulaire lui-même usité dans ce milieu du football, et qui a tendance à gagner tous les sports, participe de cette violence banalisée. N’entend-on pas (ne lit-on pas) chez les commentateurs sportifs des expression comme « écraser l’autre », « tuer l’adversaire ou le match », « mettre le feu au stade » ? Comment, dès lors que ces expressions évoquent des réussites individuelles ou collectives, faire comprendre au commun des citoyens que nous sommes, que les actes qu’elles signifient originellement sont criminels ? Comment, dès lors que mettre le feu est synonyme de talent, juger le pyromane qui incendiera l’été prochain la garigue de Provence ?
Parce qu’elle n’appelle plus un chat un chat, c’est toute notre société qui est malade !
Parce que tous les moyens sont bons pour accéder à la notoriété ou au pouvoir, c’est tout notre présent qui est nauséabond !
Parce que le sport est devenu la pire des vitrines commerciales (les enjeux financiers y sont plus importants que la pratique sportive elle-même), c’est tout notre avenir social qui est compromis !
Pour spectaculaires et intolérables qu’elles soient, les perversions du football ne sont qu’un symptôme. Elles ne sont pas la maladie ! S’appuyer sur l’horreur des insultes du match Lens-PSG (comme sur celles du stade de Metz quelques jours plus tôt) pour développer une réflexion globale sur la nature de nos valeurs de référence et l’état de notre relationnel est indispensable et urgent. Il en va de notre santé mentale collective.
Plus nous tarderons à regarder cette réalité en face, plus la maladie deviendra incurable !
Au travail !
Salut et profonde affection aux Ch’tis !

4 commentaires:

castor a dit…

Bonjour, j'ai lu avec beaucoup d'interêt votre article. Oui, la banalisation, du mal, Hannah Arrendt l'a fort bien analysé, mais celui des mots ! votre démonstration est accablante. Le vocabulaire singulier !
Quelle représentation, et quel manque de symbolisation !
Pourquoi ? A quoi cela mène t-il ?
Ce qui est consternant cependant, c'est l'image "insultante" qui est donnée par ce fameux film soit disant sur les "gens du nord", ce sont les gens qui se sont déplacés pour voir de telles sottises, et c'est de voir que c'est ce spectacle là qui les amuse !
tristesse que tout ça !
belle journée à vous
Castor.

micheline a dit…

merci pour ce billet si pertinent comme d'habitude!
avons nous donc les spectacles que nous méritons?

Gilles LAPORTE a dit…

VecnJe crois, oui, Micheline, que nous avons les spectacles que nous méritons ; comme nous avons les gouvernants que nous méritons, l'école que nous méritons, les produits de consommation que nous méritons... collectivement parce que majoritairement ! Peut-être un jour la majorité s'inversera-t-elle ! Objectif à atteindre ? sans doute ! Raison de plus pour, chacun chez soi et autour de soi, faire en sorte de mériter mieux ! Mais, en attendant...
On ne commence jamais si bien le travail de propreté chez l'autre qu'en... balayant devant sa porte ! N'est-ce pas ?
Cordialement !

Stef a dit…

Bonjour Gilles, c'est la première fois que je participe à un blog mais je pense que ce ne sera pas la dernière tant tes commentaires sur les agissements de la société et ses acteurs sont forts et malheureusement vrais. Je voudrais dire une chose sur l'insulte. Depuis que le langage fait parti de la trousse à outil des hommes et de femmes, l'insulte à toujours existée. Insulte fraternelle entre copains ou insulte âpre entres ennemis (ou ex-copains), elle a toujours été là. L'énorme différence avec notre époque, c'est que tout est radiodiffusé, télévisé et internetisé à outrance ce qui lui donne plus de résonnance. Ce qui s'est passé sur le stade de foot est consternant mais je pense qu'en faisant toutes les unes de France et de Navarre, ces gens là sont bien arrivés à ce qu'ils voulaient au travers des médias qui ont, bien sur, vendus plus de publicité dans la volée... Long live your blog. Stef