dimanche 20 avril 2008

Césaire... la grâce !

Ils sont venus, ils sont tous là,
Même ceux du sud de… l’ironie !
Il vient de mourir…

Oui, ils étaient tous là, dans une étrange communion, celles et ceux de métropole qui, en notre nom, ont rendu un hommage national au poète rebelle Aimé Césaire. Même celles et ceux qui, voilà quelques mois seulement, voulaient faire voter une loi imposant aux historiens de décrire dans leurs livres et d’enseigner à nos enfants les « bienfaits » de la colonisation. Tout ce contre quoi, justement et avec force (mais pacifiquement), Césaire a combattu toute sa vie !
Décidément, il est puissant notre conditionnement religieux de la confession que double toujours l’autre, sincère ou pas, de la contrition !
Car enfin, si les affligés d’hier, réunis en étrange communion autour du cadavre de l’un des plus beaux hommes de cœur de notre humanité, n’avaient pour dessein personnel et partisan que de se recréer une virginité politique à peu de frais, alors ils étaient insultants, une fois de plus, envers le poète, envers son peuple, envers cette belle mais douloureuse négritude qu’il incarnait. Tout comme sont insultants envers la miséricorde divine (si on y croit) celles et ceux qui vont s’agenouiller au fond d'un confessionnal, débiter des fadaises dans l'obscurité à un homme invisible (rarement une femme !), réciter quelques mantras de pénitence pour, de retour sur le parvis, reprendre aussitôt leurs activités d’asservissement de l’autre !
Mais peut-être (après tout !) étaient-ils là sincèrement, les élus et grands seigneurs de l'Etat, après que la grâce les eût touchés, cette grâce particulière venue du fond du cœur, des vers et de l’action politique d’Aimé Césaire, qui fait subitement prendre conscience de la notion de dignité !
Peut-être !
Alors, si cela est, nous allons voir bientôt (tout de suite) les comportements changer de celles et ceux qui pleurnichaient, dimanche à Fort-de-France, autour du cercueil de l’homme qu’André Breton avait baptisé « prototype de la dignité humaine » ! Notamment les comportements de patrons pour l’embauche de candidats différents, de ministres pour les expulsions-reconduites à la frontière, de commerçants internationaux en conquête de marchés dans le monde des miséreux, d’associations pour le placement d’enfants, de missionnaires acharnés à convertir, de Président qui devrait désormais se sentir plus proche du peuple que des phalanges oisives et possédantes, ses amies d’hier !
Si cela est... Peut-être !
Dimanche 20 avril 2008 : date charnière de notre histoire ? Possible. Ce matin, grâce à Aimé Césaire, commence peut-être une ère politique et sociale nouvelle. Soyons donc attentifs. Ne ratons pas la métamorphose. Réjouissons-nous et participons !
Mais, si nous ne remarquons aucun changement (ce qui serait surprenant, n'est-ce pas ?), alors il nous restera à nous réunir autour du souvenir du poète insulté pour chanter avec son peuple, à plein chœur (cœur ?)
Ils sont venus, ils étaient tous là,
Même ceux du sud de… l’ironie !
photo source inconnue. Merci de m'en indiquer l'origine pour mention

7 commentaires:

Rénica a dit…

On peut rêver ??? Allez juste quelques instants...Aimé Césaire a dit aussi: "La justice écoute aux portes de la beauté..."
Et si c'était vrai...?

Gilles LAPORTE a dit…

Je veux croire que c'est vrai, chère Rénica, je le veux de toutes mes forces !
Et vous ?
Amitié

Rénica a dit…

oui je veux y croire......Mais je pense que nous n'avons pas le bon gardien aux "portes de la beauté"...et de ce fait, la justice n'entend pas bien... Quand je vois les préoccupations "gling gling" de nos dirigeants et plus particulièrement du notre...j'ai froid dans le dos.....amitiés

micheline a dit…

je mets votre article sur mon blog, je pense que vous n'y voyez aucun inconvénient.
bien à vous micheline

Gilles LAPORTE a dit…

Vous avez mon accord, chère Micheline.
Bonne soirée.
Amitié.

diplodocus continental a dit…

Que votre texte est beau,Gilles!Comme vous etes généreux et profond dans votre analyse!La tonalité de Jospin était la plus juste dans cette assemblée.Il y avait des forces contraires dans ce cortège!Et on doute!...

Gilles LAPORTE a dit…

Merci, chère Diplodocus, pour votre commentaire, lui aussi beau et généreux.
Doutons ! Le doute et sa compagne la curiosité sont le parvis de la conscience.
Doutons de tout, sauf de l'Amour du poète militant Aimé Césaire et de sa force rayonnante !
Amitié.