vendredi 8 juillet 2011

Sénat... Prime de Larcher... Montesquieu

Le président du Sénat, l'UMP Gérard Larcher, ministre du Travail retraité, avait proposé une prime exceptionnelle de 3 500 euros à ses sénateurs compagnons de repos qui, comme chacun sait, vivent aux confins de la plus noire misère. Alerté par ses conseillers veilleurs de nuit que de dangereux rebelles jaloux contestaient la légitimité (morale) d'un tel cadeau, il vient de renoncer. Mais... nul doute qu'il trouvera le moyen de distribuer sa cagnote sous une autre forme, moins visible (campagne électorale ouverte depuis 2007 oblige !).


Puisqu'il sera bientôt en vacances, le Président du Sénat aura peut-être le temps de lire ce texte vieux de près de trois siècles, que j'offre à son intense méditation (les sénatrices et teurs ne sont pas interdits de lecture, ni de méditation. Ne partant pas en vacances, je me tiens citoyennement à leur disposition pour l'explication de texte, si nécessaire. Je crois en être capable, puisque, à la différence de nombre d'invividus de la caste dominante nourrie de jésuitisme et fascinée par la montre Rolex, j'ai encore eu la chance de fréquenter une vraie école de la République. C'était... voilà bien longtemps !) :


MONTESQUIEU
De l’esprit des lois.
Du luxe
Le luxe est toujours en proposition avec l’inégalité des fortunes. Si, dans un État, les richesses sont également partagée, il n’y aura point de luxe ; car il n’est fondé que sur les commodités qu’on se donne par le travail des autres.
Pour que les richesses restent également partagées, il faut que la loi ne donne à chacun que le nécessaire physique. Si l’on a au-delà, les uns dépenseront, les autres acquerront, et l’inégalité s’établira
(Livre VII chapitre 1)
.
Je viens de dire que, dans les républiques, où les richesses sont également partagées, il ne peut point y avoir de luxe : et, comme on a vu au livre cinquième que cette égalité de distribution faisait l’excellence d’une république, il suit que, moins il y a de luxe dans une république, plus elle est parfaite
(…) À mesure que le luxe s’établit dans une république, l’esprit se tourne vers l’intérêt particulier. À des gens à qui il ne faut rien que le nécessaire, il ne reste à désirer que la gloire de la patrie et la sienne propre. Mais une âme corrompue par le luxe a bien d’autres désirs ; bientôt elle devient ennemie des lois qui la gênent. Le luxe que la garnison de Rhège commença à connaître, fit qu’elle en égorgea les habitants (…) Les républiques finissent pas le luxe : les monarchies par la pauvreté (Livre VII chapitre 2).

Méditons. Salut et Fraternité !

Image : portrait de Montesquieu.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ta causticité m'enchante. Surtout lorsqu'elle vise des personnages dont on attend autre chose
Je t'embrasse. J.C.