vendredi 16 octobre 2009

ALONSO... Fille de rouge

Son père, Angel, a fui l’Espagne après avoir combattu Franco. Il est venu en France, tenter de reprendre des forces. Puis, républicain convaincu, il est retourné dans ce pays martyr. Il a repris le combat, Angel, contre le cancer du totalitarisme, s’est fait prendre, jeter en prison, là-bas, surveiller et maltraiter jour et nuit par des hommes au chapeau de carton noir vernis, armés jusqu’aux dents.
Il a connu la douleur, Angel, douleur d’avoir perdu ce combat que l’Europe veule d’alors avait choisi d’ignorer, douleur de la séparation d’avec ceux qu’il aimait : Libertad la belle Andalouse, sa femme, et Rodrigo, le fils qui leur était né à Madrid.
Il a connu le camp de concentration de Saint-Cyprien, Angel, en France, ce lieu indigne du pays dit des Droits de l’Homme gardé par des gendarmes français. Il a subi l’humiliation par ces Français qui ne voulaient pas de ces « communistes espagnols », qui les contenaient, les rejetaient, les renvoyaient parfois chez eux vers une mort certaine, les parquaient dans des réduits pour pestiférés.
Il a sauvé sa dignité, et sa famille, Angel.
Interdit de territoire espagnol jusqu’à la mort du « Generalisimo », il s’est installé, lui l’homme du soleil, à Vieillottes, un petit village de Bourgogne moins lumineux, plus froid, plus humide que sa Valencia natale.
Mais LIBRE !
« Pour Libertad, la France c’était la République, les droits de l’homme, la générosité, les qualités d’âme gravées dans la loi, tout ce qu’elle avait appris à vénérer et qui flottait dans l’air de ce pays exemplaire de révolte et de joie de vivre où elle avait tant à découvrir. »
Libres et ensemble !
« Au premier abord, toute à la joie de ses retrouvailles avec Angel, confiante en la vie, confiante en sa jeunesse, Libertad ne vit que la beauté médiévale de la petite cité, ses clochers et ses façades à colombages. Très joli, très typique, vraiment charmant. Elle ne prêta aucune attention aux regards pesants des premiers paletos entrevus dans ce décor de carte postale, ne les perçut que comme la toile de fond du premier épisode d’une vie toute neuve.»
Angel avait une très belle situation en Espagne.
En Bourgogne, il deviendra fraiseur. Il partagera la vie de ceux qui triment au quotidien pour gagner une bouchée de pain. De l’intérieur même du monde ouvrier tellement méprisé par les obsédés du profit, il développera son désir de société juste, généreuse, respectueuse de l’Homme et de son environnement : son communisme !


En Bourgogne, elle fera des miracles pour, de rien, donner à sa famille l’impression qu’elle dispose de tout, taillera un manteau dans de vieilles tentures, réussira une soupe somptueuse de trois légumes, coudra, dans des rideaux défraîchis, une robe pour sa fille.
Car une fille est née de l’amour d’Angel et Libertad, une brunette déjà remuante qui devra attendre l’âge de huit ans pour devenir officiellement Française, Angustias… une Femme, bientôt, qui parlera là où d’autres se taisent, qui fera beaucoup parler d’elle,… une Femme qui, de son pays d’exil, saura montrer avec cœur et talent ce qu’est une… Fille de rouge !
Angustias… Isabelle…
Une histoire à lire et à vivre… absolument !

L'exil est mon pays roman - Fille de rouge roman Ed. Héloïse d'Ormesson

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