jeudi 4 septembre 2008

Les Visiteurs 3

Avec ses près de quatorze millions d’entrées, le premier épisode des Visiteurs avait réussi un véritable exploit qui le plaçait dans l’histoire du cinéma français juste derrière La grande Vadrouille. On se souvient de la projection dans notre année 1992, suite à une erreur de manipulation ou de dosage de l’enchanteur local, du fou d’amour Godefroy de Papincourt, comte de Montmirail et de son valet Jacquouille la Fripouille. Avec eux, la France du moment avait oublié, entre autres : l’entrée en vigueur de la "loi Evin", l’intervention "humanitaire" en Somalie, les affrontements en ex-Yougoslavie, l’affaire du sang contaminé, et la guerre en Angola…
Les couloirs du temps, second épisode de ces Visiteurs avait déjà manqué de souffle. À sa sortie, en février 1998, il n’avait pas réussi à éclipser l’assassinat du préfet Érignac, en Corse, ni la mort de l’homme des volcans reconverti dans le chaudron politique Haroun Tazieff. Peut-être cet épisode avait-il été masqué par l’adoption de la fameuse loi fixant à 35 heures la durée de travail hebdomadaire ! On avait cru alors épuisée la veine de situations comiques engendrées par le choc des cultures d’époques fort différentes.
Et on s’était trompé !
Retour à Porto-Vecchio, le troisième épisode, vient de sortir sur nos petits écrans. Avec une distribution à peine modifiée, mais dans un style très différent : le tragi-comique ! On y retrouve Jacquouille la Fripouille, le gendarme, et le monarque. Mais dans une situation trop primaire pour être crédible : sur une île paradisiaque, une bande d’indigènes décide de visiter sans y avoir été invités, au nez et à la barbe du gendarme, la propriété d’un autre âge appartenant à de curieux personnages qui ne partagent en rien leur mode de vie, ni leurs valeurs. Ils entrent, font le tour du jardin, pénètrent dans la maison, la découvrent comme ils le feraient d’un musée, rient de ceci, plaisantent de cela, puis repartent comme ils sont arrivés… les mains dans les poches vides. Pas de quoi fouetter un chat ! Des centaines, des milliers de propriétés sont visitées chaque jour en France à l’insu de leur propriétaire, pillage et saccage en sus, sans pour autant déclencher un séisme politique, parfois même sans émouvoir les représentants de la Loi ! Or, là, les conséquences de la visite vont mettre cul par-dessus tête l’administration du royaume, et le royaume lui-même, obligeant le monarque en personne à se déclarer étranger à cette affaire de voisinage rural. Peu crédible !
Rien dans cet épisode, probablement le dernier, qui déclenche le rire, ce bon rire indispensable à la santé… rien pour inviter seulement au sourire ! Rien pour détendre en ces temps de trop grande inquiétude, voire détresse. Mais tout pour inquiéter ! Car si les scénaristes sont en panne d’imagination à ce point, c’est que notre société manque cruellement d’oxygène, de bon sens, et… de générosité ! Pauvre cinéma !
Même si leur succès invitait déjà à s’interroger sur notre état mental collectif, les Ch’tis valaient bien mieux que cette mauvaise tragi-comédie de fin d’été interprétée par des acteurs... très fatigués !

2 commentaires:

Proserpine a dit…

Très marrant ta manière de commenter l'actualité... J'ai cru voir, dans ce nouvel épisode de Jacquouille la niquedouille une brève apparition de Réno, aux côtés dudit monarque (sans doute par pure amitié pour son compère moyen-ageux...)
Si, l'on rit... On rit jaune.

Anonyme a dit…

Moi j'adore les visiteurs avec dame ginette, marie anne chazel l'interprète divinement!