mercredi 14 avril 2010

Juges... jugés ?

D’un côté : accusé d’un meurtre dont s’accuse un autre homme, Marc Machin a passé sept ans en prison. Sans cesser de clamer son innocence. De l’autre : condamné pour un viol dont la victime affirme avoir tout inventé, Loïc Sécher a été condamné à seize ans de prison malgré ses cris d’innocence.
D’un côté comme de l’autre, des individus victimes d’une machine judiciaire qui, malgré ses preuves de terribles cafouillages (souvenons-nous d’Outreau, de Patrick Dils, Christine Villemin, Omar Raddad, ou, plus loin dans le temps, de Seznec…) se comporte comme une annexe du Vatican, arguant sans cesse de son absolue infaillibilité.
La justice vient de les « blanchir », mais refuse de les innocenter. Marc et Loïc devront être rejugés par la cour d’assises de Paris !
Tout se passe comme si les juges redoutaient d’être jugés.
Tout se passe comme s’ils partaient du principe qu’ils ne peuvent jamais se tromper.
Or…
Suffit-il de se parer d’hermine ou de dentelle de Calais, de revêtir une robe, de se couvrir d’une mitre ou d’un mortier, de jargonner une langue incompréhensible du commun, latin ou juridosabir, de n’apparaître qu’en procession dans des lieux d’ancien ou de nouveau culte, pour se croire devenus des incarnations de l’absolue Vérité ?
On constate de plus en plus fréquemment des acharnements curieux de la part des juges, aussi bien contre des petits dont pourtant l’innocence semble établie, qu’en faveur des grands (exilés en Suisse par exemple), dont la responsabilité semble pourtant clairement engagée !
Comme on constate un silence retentissant de la justice à l’égard de celles et ceux qui ont conspiré, permis, puis effectué des constructions dans des zones que la loi avait pourtant reconnues dangereuses et classées inconstructibles.
Infaillibilité ?
A quand la prière collective du peuple, un genou en terre, sous la loggia ministérielle, et la bénédiction Urbi et Juri reçue sur les pavés luisants de la place Vendôme ?
Quand ?
Attendons et… jugeons !

image Marc Machin AFP Olivier Laban - Loïc Secher MATTEI Mehdi Fedouach

4 commentaires:

Belkine a dit…

Loïc Sécher accusé d’avoir violé une adolescente de 13 ans en Loire-Atlantique a été condamné à 16 ans de prison. Alors qu’il en a déjà effectué 9, la Cour de révision devrait prochainement annuler sa peine après que la jeune « victime » a écrit une lettre au parquet de Rennes dans laquelle elle innocentait le condamné.

Le consensus pour la condamnation paraissait irréfutable. Ce qui est plus étonnant c’est qu’aux yeux de la Cour ce consensus reste valable même lorsque tout s’effondre.
Voici une condamnation qui repose sur une base qui montre aujourd’hui sa fragilité mais nos juridictions ont toujours du mal à admettre qu’elles ont pu se tromper comme le démontrent les déclarations de l’avocat général et surtout celles de la Cour.

L’avocat général a formulé la requête de révision « non pas parce (qu’il est) convaincu de l’innocence, mais parcequ’on n’a pas fait la démonstration de sa culpabilité »

La Cour quant à elle reconnaît que les rétractions de la jeune fille constituaient un « élément nouveau », mais il subsistait néanmoins de nombreux éléments à charges : Les confidences de la jeune fille à ses professeurs, son journal intime, son changement d’attitude à l’époque des faits ou encore la crédibilité accordée par les experts à ces déclarations.

Quant à l’argument qui consiste à dire que l’accusé n’a pas démontré qu’il ne l'a pas violée, la réponse est premièrement : qui pourra démontrer qu’il n’a pas violé une femme de son entourage ou même une femme croisé un jour par hasard? Pas moi, ni vous, ni même l’avocat général ! Deuxièmement il y a là un véritable renversement de la charge de la preuve : il ne s’agit plus de démontrer que l’accusé est coupable mais c’est à l’accusé de montrer qu’il est innocent.

Belkine a dit…

Loïc Sécher accusé d’avoir violé une adolescente de 13 ans en Loire-Atlantique a été condamné à 16 ans de prison. Alors qu’il en a déjà effectué 9, la Cour de révision devrait prochainement annuler sa peine après que la jeune « victime » a écrit une lettre au parquet de Rennes dans laquelle elle innocentait le condamné.

Le consensus pour la condamnation paraissait irréfutable. Ce qui est plus étonnant c’est qu’aux yeux de la Cour ce consensus reste valable même lorsque tout s’effondre.
Voici une condamnation qui repose sur une base qui montre aujourd’hui sa fragilité mais nos juridictions ont toujours du mal à admettre qu’elles ont pu se tromper comme le démontrent les déclarations de l’avocat général et surtout celles de la Cour.

L’avocat général a formulé la requête de révision « non pas parce (qu’il est) convaincu de l’innocence, mais parcequ’on n’a pas fait la démonstration de sa culpabilité »

La Cour quant à elle reconnaît que les rétractions de la jeune fille constituaient un « élément nouveau », mais il subsistait néanmoins de nombreux éléments à charges : Les confidences de la jeune fille à ses professeurs, son journal intime, son changement d’attitude à l’époque des faits ou encore la crédibilité accordée par les experts à ces déclarations.

Quant à l’argument qui consiste à dire que l’accusé n’a pas démontré qu’il ne l'a pas violée, la réponse est premièrement : qui pourra démontrer qu’il n’a pas violé une femme de son entourage ou même une femme croisé un jour par hasard? Pas moi, ni vous, ni même l’avocat général ! Deuxièmement il y a là un véritable renversement de la charge de la preuve : il ne s’agit plus de démontrer que l’accusé est coupable mais c’est à l’accusé de montrer qu’il est innocent.

vuparmwa a dit…

désolé mais pour une fois, je vais avoir du mal à être totalement d'accord avec vous... je vous propose de lire mon article sur le sujet : http://vuparmwa.over-blog.com/article-demande-de-revision-des-condamnations-annulees-et-pourtant-des-innocents-renvoyes-devant-la-justice-48620975.html

Gilles LAPORTE a dit…

Merci, les amis, pour votre éclairage.
Votre rappel à la sacro-sainte règle de la présomption d'innocence tellement bafouée aujourd'hui est essentiel, cher Belkine.
Quant à votre avis, cher Vuparmwa... on peut ne pas être d'accord avec ma vision de la situation. Mais je n'affirme rien d'autre que ce qu'impose l'article 625 alinéa 5 du Code de Procédure pénale que vous citez en conclusion. N'eût été l'insupportable prétention des juges à se croire (et à tenter de nous faire croire) infaillibles, la justice aurait dû en rester là !
Vous voyez... nous sommes d'accord !
Amitié.