lundi 5 avril 2010

Tempête Xynthia : tragédie... d'Etat !

La situation des sinistrés de la tempête Xynthia est dramatique. Marqués à jamais par la mort d’êtres chers, traumatisés par la destruction d’un patrimoine souvent patiemment et laborieusement constitué, déchirés par l’obligation de s’arracher à un sol dans lequel s’étaient profondément engagées leurs racines, ils vont devoir regarder tomber leur maison sous les coups de boutoir d’engins envoyés par l’Etat, par ses représentants, les mêmes qui, voilà quelques années, les ont encouragés à venir habiter dans cette zone meurtrière, qui leur ont accordé, en toute connaissance de cause, un redoutable permis de construire.
Alors, à juste titre, se développe un courageux et bel élan de solidarité rassurant quant à l’essence même de la nature humaine : groupes spontanés de bénévoles, associations d’aide, Secours catholique, Secours populaire, Fondation de France… Tous les Français de cœur se sentent atteints dans leur propre chair par le résultat d’une catastrophe prévisible, dont toutes les conséquences étaient prévues.
L’indemnisation qui va être décidée, certes insuffisante pour reconstituer les éléments de vie d’hier, arrivera à point pour panser quelques plaies et, osons le croire, redonner espoir aux victimes de celles et ceux qui ont provoqué la tragédie.
Victimes… pas de la mer, pas des vents, pas d’une tempête que d’autres ont précédée et qui en précède d’autres !
Mais…
Victimes des maires et responsables de l’attribution des permis de construire, services de l’Equipement, préfectures, sous-préfectures… victimes des promoteurs immobiliers (parfois en lien avec les précédents) que l’appât du gain rapide et facile encourageait à l’ignorance volontaire des règles existantes… victimes des institutions et entreprises chargées de la surveillance et de l’entretien des digues… victimes d’industriels du tourisme et d’élus départementaux qui voyaient, dans le bétonnage de cette côte, une preuve exemplaire de développement économique du pays… victimes d’architectes imprévoyants qui planifiaient là des maisons ordinaires conçues pour des lieux que l’eau ne menaceraient jamais… victimes !
Et si les malheureuses fortunes individuelles de ces pauvres gens sont définitivement englouties avec leur bonheur de vivre, qu’en est-il des fortunes autrement considérables de toutes celles et tous ceux qui les ont menés dans cet endroit maudit, qui les ont encouragés à s’y installer, qui les y ont installés, parfois au prix d’amorales pressions politiques contre les lois et règlement existants, qui les ont condamnés sciemment à la tragédie vécue aujourd’hui ?
Tandis que les uns dorment encore dans des gymnases sous des couvertures d’emprunt et se demandent comment ils pourront manger demain, les autres ronflent sous les ors républicains ou les demeures de hautes terres d’où le paysage est plus somptueux encore que du plat pays derrière la digue, et se gavent de fruits de mer… venus d’ailleurs !
Peut-être serait-il juste que, indemnisant plus correctement encore les victimes de l’insatiable appétit de quelques hommes, l’Etat arrête de nous répéter que les responsables sont le ciel trop tourmenté, les vents trop impétueux, la mer trop violente et trop haute, la terre trop basse, et qu’il demande quelques comptes aux trop discrets mais vrais auteurs de cette inoubliable et terrible page d’Histoire. Nous aurions ainsi, nous Français modestes et compatissants très affectés par la situation d’autres Français modestes ruinés, la preuve que la Justice républicaine existe encore chez nous.
Osera-t-il le faire ? Ou se contentera-t-il, une fois encore, mettant l’endosse sur la seule "impitoyable" Nature, de faire subir par l’ensemble des citoyens contribuables non protégés par le bouclier fiscal, les conséquences du mépris, de l’ignorance, de l’avidité de quelques-uns ?
Attendons… voyons, puis, le moment venu… jugeons !
photo Inondation Vendée Ouest-France Thierry Creux

1 commentaire:

vuparmwa a dit…

rien de plus à déclarer... tout à approuver...

un schéma qui se répète un peu trop souvent : c'est de la même façon ceux qui encourageaient très vivement à l'adoption du système financier américain qui ont été parmi les premiers à vouloir moraliser le capitalisme...