mercredi 2 septembre 2009

Le fou du puits...

Il était une fois un homme que d’aucuns disaient amuseur public, harangueur de foules, explorateur de passé, que d’autres -esprits malins- avaient baptisé « l’Agité du bocage ». Il voguait depuis toujours sur des vagues chouannes d’ouest vers d’espérées côtes paradisiaques riches, selon ses rêves, de radieuses perspectives de résurrection monarchique. Jusque là, il n’avait que dansé avec ses amis autour d’un puits qui, selon la légende, recélait… la Vérité, fait tinter sa clochette d’élévation, proposé à ses fidèles une communion de piste aux étoiles, chanté d’interminables contre-ut les louanges du regard porté à main droite sur le monde, chargé au galop des moulins à vent, pourfendu le monarque qu’il jugeait illégitime, sans jamais troubler l’ordre établi d’une chose publique que, parfois, il reconnaissait honorable.
Mais voilà qu’un beau matin de fin d’été, au seuil d’un automne prometteur d’hiver agité dans le bocage, tel Icare amoureux du soleil au point de se laisser dévorer par lui, l’idée lui vint de se rapprocher du Palais. Les ors rayonnants, la voix de sirène qui s’en échappait, la dévotion de ses visiteurs frappés d’émerveillement à leur sortir, sur le perron magique, avaient eu raison de sa prudence. Il s’approcha, à petits sourires d’abord, à petits pas ensuite, à grandes enjambées enfin. Il gravit les marches, pénétra dans le saint lieu, y séjourna le temps d’un offertoire, réapparut métamorphosé : son regard avait pris ces teintes qui ne se voient que dans les yeux des processionnaires entre Gave et Massabielle, ses gestes l’onction lente des bienheureux qui ont vu la Lumière, ses mots la saveur sucrée du miel récolté par les mouches à miel du voisin.
Alors, tous virent que, bien que contestés par les académies scientifiques gorgées d’infaillibilité pontificale (les mêmes qui, avec l'appui de leurs amis grands prêtres de laboratoires, nous préparent à l’assaut du virus H1N1 !), les miracles existent encore, et qu’il est essentiel d’y croire, avant, pendant, et après… toujours ! Surtout si, l’accolade fraternelle du monarque accordée à son vassal tournant à l’étreinte mortelle par étouffement, les chouans du bocage ne retrouvaient plus, une fois l’hiver passé, au fond du puits, au lieu de la Vérité, qu’une momie sèche, qu’un sac d’ossements tintinnabulants, qu’une outre plate, vidée de ses… outrances ! Brûler un cierge en invoquant la miséricorde d’en haut leur serait l’unique recours ! Miracle…
Icare l’avait pourtant prouvé à ses dépens : s’approcher trop du feu cosmique peut brûler les ailes jusques aux illusions…
Mais… une pâtée abondante, relevée d’une pincée d’épices de pouvoir, accompagnée d’une sauce médiatique à saveur de piment électoral, suivie d’une fameuse tarte à la crème, peut être promesse de revitalisation d’un corps faible, proche du trépas ! C’est, paraît-il, le menu quotidien au palais. Notre fou du puits y a goûté. Que du bonheur !
Coluche nous en amuserait sans doute…Ils ont encore de beaux jours de franche rigolade à nous offrir, les… Restos de la peur !

image photo GL

1 commentaire:

Rénica a dit…

Excellent billet terriblement bien écrit...je vous embrasse