mardi 7 décembre 2010

Côte d'Ivoire et "Communauté internationale"

Ils sont deux, désormais, à se dire « légitime » : Laurent Gbagbo, le sortant… et Alassane Dramane Ouattara, le prétendant. Et l’Occident s’émeut. Et l’Occident s’époumone à affirmer que le sortant doit sortir, laisser sa place au prétendant vainqueur. L’empressement de ceux que la presse nous qualifie de « communauté internationale » à faire monter A.D. Ouattara sur le trône ivoirien est au moins aussi suspect que la résistance d’un L. Gbagbo cramponné à son pouvoir.
Car, enfin, cette « communauté internationale » n’est autre qu’une poignée de chefs d’Etats et responsables d’institutions, tous militants acharnés d’un libéralisme terrifiant qui roule le monde dans la farine de la misère et le plonge dans des crises successives souvent effroyables au grand bonheur des « marchés ».
Cette « communauté internationale »...

C’est L’ONU, vassale des Etats-Unis, qui vient d’injecter le choléra dans une Haïti déjà ruinée par l’un des plus désastreux tremblements de terre de son histoire…
Ce sont ces mêmes Etats-Unis qui vérolent sans cesse le monde depuis Wall-Street et les sièges de multinationales dont les crimes sont toujours impunis (souvenons-nous de Union Carbide Corporation et des milliers de morts de Bhopal !), ces mêmes Etats-Unis qui, voulant se réserver comme un nouveau marché le champ de ruines de Haïti, interdisaient l’atterrissage des avions sanitaires français à Port-au-Prince…
C’est le FMI qui, sous couvert d’assistance aux pays en difficultés, protège les banques et impose chaque jour davantage aux pauvres de payer les dégâts provoqués par les riches…
Et ce sont les chefs d’Etats muselés par les grands marchands de la planète, marionnettes dans les mains des « marchés » et de ses « agences de notation » presque tous anglo-saxons !
Réfléchissons un peu, ensemble !
Et si la Côte d’Ivoire était devenue l’un des bastions de résistance d’une humanité altermondialiste attachée à autre chose qu’au profit de quelques-uns au détriment de tous ?
Et si Gbagbo visait la pérennité de la tradition africaine et son ancrage dans des valeurs de cœur, opposés à la conception économiste consumériste et concurrentielle incarnée par l’homme du FMI Ouattara ?
Et si la « communauté internationale » avait « aidé » son poulain à emplir plus rapidement et complètement les urnes, et invité sa « commission électorale » à proclamer les résultats plus rapidement que le Conseil constitutionnel ivoirien ?
Et si la fraude était soupçonnée pour l’un... pourquoi pas pour l’autre (certains éléments forts de cette « communauté internationale » sont des spécialistes : souvenons-nous d’une certaine élection de Bush dont il avait fallu attendre les résultats durant plusieurs semaines…) ?
Et si la Côte d’Ivoire était devenue, avec Gbagbo, ce que Cuba est devenue, voilà cinquante ans avec Castro ?
Et si cette malheureuse Côte d’Ivoire était devenue le symbole de la résistance des hommes de cœur contre la machine infernale téléguidée par les hommes de fric imbibés de théorie friedmanienne déjà fossoyeurs hier du Chili (à quel prix !)
L’empressement de B. Obama, comme celui de ses vassaux, à préciser sa vision de la légalité ivoirienne, et à exiger le départ de l’un (qu’ils combattent) suivi de l’intronisation de l’autre (qu’ils portent à bout de bras), est au moins aussi suspect que celui de Gbabo à se proclamer vainqueur de l’élection présidentielle.
Dans son discours d’investiture, B. Obama a annoncé qu’il ferait tout pour que les Etats-Unis réaffirment leur domination sur le monde. Sa politique de conquête est en marche !
Les récentes gesticulations du cinématographique G20 en Corée du sud, face à la Corée du nord (ne pouvait-il pas se réunir à Romorantin ou à Knokke-le-Zoute ?) le montrent clairement : le monde des seigneurs financiers veut s’imposer partout au monde des serfs.
Pot de terre contre pot de fer ? Peut-être ! Mais les potiers sont bien plus nombreux que les maîtres de forge !
Nous n’avons pas fini de parler de la Côte d’Ivoire et de pleurer sur son sort.
Il semble qu’elle soit devenue, à la grande douleur de ses citoyens qu’arment les uns contre les autres, et les autres contre les uns, le symbole de cette si belle « négritude » chère à Aimé Césaire, négritude résistante, négritude héroïque, négritude essentielle que nous portant tous en nous !
En pensant à la Côte d’Ivoire de demain, je vois les images actuelles de… Haïti !
Salut, Conscience et Fraternité.
Image Fleur de bananier photo Wikipédia

4 commentaires:

JPI a dit…

Excellente analyse , les politiques de tous bords devraient s'en inspirer

Gilles LAPORTE a dit…

Merci, cher JPI. Heureusement, on peut -encore- rêver !
Très cordialement.

Anonyme a dit…

J'aprecie bien votre article. Cependant, qu'il me soit permis de dire que seuls les révolutionnaires remporte de tels combats avec brio!
Ceux qui veulent mener un tel combat déjà déçoivent au plan interne (national) depuis près de 10 ans de gestion non convaincante. Aujourd'hui, le peuple lutte divisée. Parceque d'une part, on veut avoir à manger et à vivre heureux dans son propre pays, ce que les militants de ADO pour la plupart disent; et d'autre part, on veut éviter une situation gabonnaise où le pays serait prisonnière des puissances occidentales, ce que les militants Gbagbo (pour la plupart bénéficiaire de cette situation qui les maintient au pouvoir) disent avec force sans s'empêcher de monter une véritable propagande via la RTI. Ce qui est normal puisque c'est le seul media de ''combat'' qu'il dispose.
Mais il y a une chose sur laquelle que même ceux qui se disent 'spécialiste de l'Afrique' oublie de mentionner : au Sud comme au Nord, il y a eu des irrégularités. Mais quelle est la vérité sur toutes ces fautes graves ?? moi je voudrais qu'on me parle de toutes les irrégularités et pas seulement celles du Nord ... ou pas seulement des 'impolitesses de Gbagbo' vis à vis de l'Occident, car on le sait tous ils viennent toujours pour leurs intérêts.
Abandonnons un peu ces faux fuyants pour discuter un peu entre nous ivoiriens et se dire franchement, ce qui a été et prendre les mesures conséquentes. Je crois qu'on devait aboutir à une reprise des élections et c'est pourquoi j'encourage toujours la discussion et la vérité. Pour l'heure, je défend Gbagbo contre l'Occident pour qu'il reste car on a besoin de connaitre la vérité. Et la vérité et la décision consensuelle, on en a besoin sinon on va tout droit vers le chaos et la situation serait intenable pour Gbagbo

Gilles LAPORTE a dit…

Merci, l'Ami, d'avoir apporté de "l'intérieur" ces précisions importantes qui complètent fort bien le contenu de mon billet.
Je reconnais dans vos mots la générosité et la sagesse que j'ai découvertes auprès des vôtres voilà près de cinquante ans !
Bonne chance à la Côte d'Ivoire !
Très cordialement.
Gilles