dimanche 28 octobre 2012

Hortense et... le pouvoir féminin.

Jeanne d'Arc, la chanson et la geste.

Tel est le titre de la nouvelle biographie publiée par Hortense DUFOUR chez Flammarion.
Une biographie de notre héroïne nationale par l'une des meilleures auteures de notre temps !
Un nouveau regard de femme sur cette femme sanctifiée par l'Eglise et la République laïque, une nouvelle vision de notre histoire, des raccourcis étonnants qui mettent le quinzième siècle en prise directe avec notre vingt-et-unième prétendu moderne et activiste des droits de l'homme (et de la femme ?)
Hortense Dufour n'a jamais mâché ses mots avant de les poser sur le papier. Elle nous les livre tels qu'en eux-mêmes, riches de leur sens plein, souvent percutant, forts de leur vraie puissance qui donne à sa langue une énergie rare, à des siècles-lumière de la langue de bois si précieuse à celles et ceux qui parlent (ou écrivent) pour ne rien dire. Cette histoire revisitée par Hortense Dufour, nerveuse et militante, c'est celle que voulait faire enseigner à tous les enfants de France, futurs citoyens responsables, un certain... Denis Diderot !
Passionnant !
Quelle lecture !

Extrait :
"Philippe le Bel rétablit une « paix » avec Edouard II d’Angleterre. Paix scellée en lui donnant en mariage sa fille. Isabelle de France. Ce n’est pas la première fois que la « France » épouse l’ « Angleterre ». La jonction des mariages ne calme rien. Les sangs brouillés, les dots brouillées. L’Eglise s’en mêle et via un moine de Saint-Denis, un moine obscur, on s’empresse d’exhumer et de faire rétablir une loi. La loi salique. Cette très ancienne loi rédigée en latin, issue des « Francs Saliens », monument du machisme et de l’Eglise, vient de Germanie. La règle principale est d’exclure les femmes de la succession à la terre et à la couronne ; affaiblir le pouvoir des reines. Finis les beaux héritages administrés par Aliénor ! Les « reines » ne régneront plus. Les voilà femmes de rois, procréant de l’héritier sans couronne. Une fille de France, épouse d’un roi anglais, ne peut engendrer un futur roi de France. La succession d’un royaume ne peut venir d’une femme. La loi salique biffe ses biens, réduit la femme en machine à faire de la viande, si possible mâle. La France, ses mâles et son Eglise ne supportent pas l’idée d’un pouvoir féminin…"

Salut et Fraternité !
Hortense DUFOUR Jeanne d’Arc, la chanson et la geste p.43
Flammarion 09/2012    700p. 24,90 euros 

samedi 20 octobre 2012

Servitude volontaire ?


En ces temps de grandes perturbations politico-économiques, d'austérité imposée aux peuples par des élus  complices de commerçants internationaux, eux-mêmes manipulés par les spéculateurs, relisons cet extrait du Discours de la servitude volontaire de l'ami de Montaigne, Etienne de La Boétie (1530-1563), et... méditons ! 

Qu’une nation ne fasse aucun effort, si elle veut, pour son bonheur, mais qu’elle ne travaille pas elle-même à sa ruine. Ce sont donc les peuples qui se laissent, ou plutôt se font garrotter, puisqu’en refusant seulement de servir, ils briseraient leurs liens. C’est le peuple qui s’assujettit et se coupe la gorge : qui, pouvant choisir d’être sujet ou d’être libre, repousse la liberté et prend le joug, qui consent, qui consent à son mal ou plutôt le pourchasse. S’il lui coûtait quelque chose pour recouvrer sa liberté je ne l’en presserais point : bien que rentrer dans ses droits naturels et, pour ainsi dire, de bête de redevenir homme, soit vraiment ce qu’il doive avoir le plus à cœur. Et pourtant je n’exige pas de lui une si grande hardiesse : je ne veux pas même qu’il ambitionne une je ne sais quelle assurance de vivre plus à son aise. Mais quoi ! Si pour avoir la liberté, il ne faut que la désirer ; s’il ne suffit pour cela que du vouloir, se trouvera-t-il une nation au monde qui croie la payer trop cher en l’acquérant par un simple souhait ? Et qui regrette volonté à recouvrer un bien qu’on devrait racheter au prix du sang, et dont la seule perte rend à tout homme d’honneur la vie amère et la mort bienfaisante ? Certes, ainsi que le feu d’une étincelle devient grand et toujours se renforce, et plus il trouve de bois à brûler, plus il en dévore, mais se consume et finit par s’éteindre de lui-même quand on cesse de l’alimenter : pareillement plus les tyrans pillent, plus ils exigent ; plus ils ruinent et détruisent, plus on leur fournit, plus on les gorge ; ils se fortifient d’autant et sont toujours mieux disposés à anéantir et à détruire tout ; mais si on ne leur donne rien, si on ne leur obéit point ; sans les combattre, sans les frapper, ils demeurent nus et défaits : semblables à cet arbre qui ne recevant plus de suc et d’aliment à sa racine, n’est bientôt qu’une branche sèche et morte.
Salut et Fraternité !