Tel est le titre du nouveau livre que vient de publier François Guillaume, paysan, ancien président de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles), ancien député, parlementaire européen et Ministre de l’agriculture. Un livre en forme de terrible constat, certes, mais défricheur de pistes porteuses d’espoir ! À condition que le tout-libéral ne s’impose pas davantage au monde, que la loi anglo-saxonne du sacro-saint profit ne mette pas la planète en coupe réglée, et que les hommes prennent conscience de leur devoir de… respect de l’autre !
Quelques extraits édifiants :
« En 1988, suite à leur rencontre avec Sœur Emmanuelle, la protectrice des chiffonniers du Caire, ils (les producteurs de lait) étaient effectivement prêts à accroître leur production pour livrer gratuitement en Egypte ce supplément indispensable aux dispensaires et aux écoles de la Congrégation religieuse animés par cette Sœur mondialement connue. Ce don exemplaire aurait pu s’étendre ensuite à d’autres pays du monde. Il avait, en outre, l’avantage de ne pas porter atteinte à la maîtrise des quantités commercialisées. Néanmoins, les autorités communautaires s’y opposèrent. »
(…)
« En 1996, l’Union Européenne connaissait un nouvel excédent de viande bovine après tant d’autres. Faute de l’avoir prévu et d’avoir à temps recherché des débouchés, les eurocrates prirent une mesure d’abattage et d’incinération, dès la naissance, des veaux mâles nés dans les élevages laitiers moyennant une prime de 122 euros à l’éleveur, ce qui, à terme, avait évidemment une incidence sur le volume de viande produit. En France, en trois ans, 600 000 veaux furent ainsi euthanasiés au titre du programme Hérode ainsi identifié par le Commission européenne, qui s’ingénie à chercher dans l’Histoire ou dans la mythologie grecque et latine des acronymes évocateurs pour personnaliser ses politiques (Erasmus, Poseïdon…). Mais quel est donc, au Berlémont -ce Parnasse européen sans âme-, le technocrate à l’imagination perverse qui a osé baptiser « Hérode » ce sacrifice des veaux en référence au massacre des innocents perpétré, selon les Evangiles, par le roi de Judée pour éliminer avec plus de certitude Jésus, le Messie annoncé ? Et comment le collège des commissaires a-t-il pu adopter cette ignoble proposition ? Pourtant, aucune voix professionnelle, aucune voix politique ne s’est élevée pour dénoncer ce péché contre l’esprit. »
(…)
« En 2000, rien qu’en France, 55000 tonnes de carcasses de bovins ont été sorties des congélateurs pour être incinérées dans le but de dégager les marchés encombrés et de faire remonter les cours. Les autorités européennes avaient estimé que c’était la méthode la moins coûteuse pour faire disparaître cet excédent. Après dénaturation pour décourager les fraudeurs, ces viandes ont été transformées en farines qui, elles-mêmes, après un stockage onéreux, ont été détruites.
Quand on calcule le coût de ces opérations en cascade et qu’on le compare à celui d’une livraison gratuite en Afrique (…) il n’est pas certain que la différence eut été en faveur de la solution retenue par les technocrates de Bruxelles. »
Alors que dans le même temps, notre planète est passée de 850 millions de mal-nourris en 1970 à… 1 020 millions en 2009 !
François Guillaume était l’invité de notre dîner littéraire Plumes et Saveurs que j’animais à l’hôtel-restaurant L’Orée du Bois à Vittel, samedi dernier. Il en a ému plus d’une et plus d’un ! Soirée dense, moments forts de réflexion ! Oubliant le politique qu'il est toujours, le paysan Guillaume, président du Plan qui porte son nom (destiné à agir dans les pays du « tiers-monde »), à laissé la bride sur le cou à sa colère, à sa générosité, à son engagement total en faveur des victimes d’une société avide et injuste : la nôtre.
Vaincre la faim (éditions Eyrolles)…
A lire absolument !
1 commentaire:
Pris bonne note.Merci
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