vendredi 10 juillet 2015

Macron : le temps des diligences !


Voilà, c’est fait !
À coup de massue, notre gouvernement vient de réinventer le temps des diligences.
Au 19ème siècle, nos anciens (qui ne marchaient pas tous sur la tête) considéraient que le chemin de fer était le plus sûr moyen, et le plus économique, pour aller d’un point à un autre du territoire.
Ils ont donc créé le réseau ferroviaire le plus dense possible pour relier les villes, parfois les villages de notre pays, ses lieux de production industrielle et de développement touristique, ses sites de vie, de soins, d’enseignement, de travail et de loisirs.
Ils l’avaient si bien conçu que nos grands-parents pouvaient aller de l’un à l’autre des quatre coins de notre pays (six pour les tenants, bouche en cœur, de « l’Hexagone » !) en quelques coups de piston et de bielle de machine à vapeur, dans des voitures qui sentaient bon la cohabitation, parfois la cochonnaille, souvent la sueur, toujours la fumée âcre de charbon.
Les accidents étaient rares, la conscience professionnelle des cheminots telle que les trains arrivaient presque toujours à l’heure, leurs voyageurs de commerce artisanal ou amoureux  toujours noirs de suie à l’arrivée, des escarbilles et des paysages plein les yeux, mais toujours satisfaits.
Or un infaillible ministre issu de la toute puissante énarchie, adepte inconditionnel de la macron-déconomie, sensible aux regards enamourés de la chancelière allemande et de ses entreprises de transport routier vient de faire passer sans avis du Parlement une loi qu’il voudrait nous présenter comme avant-gardiste mais qui nous renvoie au temps de la fameuse lampe à huile si redoutée par le visionnaire général de Gaulle (souvenons-nous :
« Il est tout à fait naturel que l’on ressente la nostalgie de qui était l’Empire, comme on peut regretter la douceur des lampes à huile, la splendeur de la marine à voile, le charme du temps des équipages… » allocution télévisée du 14 juin 1960)
Demain donc, grâce à ce ministre qui n’a de culture que celle de l’ENA et des banquiers Rothschild, nous irons de Bordeaux à Marseille en autobus, de Clermont-Ferrand à Toulouse en autobus, de Nevers à Bourges en autobus, d’Arras à Amiens en autobus, de Troyes à Dijon en autobus… sur des routes encombrées l’été, verglacées l’hiver, qui longeront les anciennes voies de chemin de fer devenues, dans le meilleur des cas, parcours de santé, dans des véhicules dont il nous dit, pour faire passer la pilule qu’ils seront équipés de prises électriques, du miraculeux procédé WI-FI, de climatiseurs et, pourquoi pas, de lecteurs de films hollywoodiens et de toilettes appropriées aux dégueulis à répétition. Bref, les grands enfants que nous sommes auront de quoi survivre dans ces véhicules du 22ème siècle !
Merci, Monsieur le Ministre.
Et ce n’est pas tout : par cette révolution des transports, ce redoutable homme politique inspiré nous promet des créations d’emploi en nombre et une grande souplesse de déplacements, qui plus est… moins onéreux ! Miracle ! (Compte-tenu du caractère surnaturel de cette réforme, la ligne Lourdes-Pau sera peut-être la première à bénéficier de cette nouvelle organisation !)
Pourquoi personne n’a-t-il donc pensé plus tôt à cette révolution ?
Une question toutefois se pose : la passoire européenne actuelle qui se moque du droit du travail des différents pays que constituent l’Union ne va-t-elle pas nous offrir des conducteurs polonais, slovaques, espagnols ou roumains sous-payés au volant d’autobus… allemands ? D’ores et déjà, les  entreprises de transport de Madame Merkel sont toutes à l’affût de ce nouveau marché, certaines déjà en place… À qui va donc bénéficier cet amour passionnel du temps… des lampes à huile ?
Quant au respect de l’environnement…
Madame Royal ne doit pas être au courant !
Après la privatisation rampante du réseau de la santé, des aéroports, de l’université… nous voyons ainsi naître, l’un des nouveaux épisodes de l’ultra-libéralisation de notre pays, en vertu de préceptes issus tout droit de la fameuse et criminelle idéologie économique de l’ «École de Chicago » chère à Milton Friedman.
Mais pourquoi s’en étonner, puisque nous avons tous, désormais, que la France est devenue une nouvelle colonie états-unienne, administrée aujourd’hui par… l’Allemagne bismarko-merkelienne !
France, méfie-toi de tes ministres qui te feront bientôt aller à dos d’âne sur les chemins de traverse de son aventureuse politique !
Bon voyage !
Salut et Fraternité.