lundi 28 février 2011

Micro et maquereau économie...

Au moment où de nombreux citoyens du monde, responsables et vigilants, voudraient faire limiter la pêche de certaines espèces menacées, comme le thon rouge ou le saumon sauvage -indispensable si nous voulons léguer à nos enfants et petits-enfants une planète viable-, on s’aperçoit que certains « grands patrons » continuent d’agir comme si toutes les ressources naturelles étaient inépuisables, qu’elles soient minérales, animales, végétales ou… humaines ! Pour eux, tout est prétexte à l’amélioration de la productivité, et à la multiplication miraculeuse des pains offerts ensuite sans réserve à leurs actionnaires.
De forages en zone écologique fragile, à la mise sur le marché de produits meurtriers pour des insectes pourtant indispensables… de pourrissement laxiste des eaux en empoisonnement de patients par des médicaments connus pour leur dangerosité… ils se comportent comme si le temps leur était compté pour amasser, amasser, amasser avant le Déluge des pyramides d’or qui, quoi qu’ils fassent, seront englouties avec eux… avec nous ! Etrange pathologie que celle là, qui pourrait passionner quelque laboratoire médical bien intentionné ! Mais…
Parmi ces espèces en voie d’épuisement, une très ancienne, qui compte parmi les plus adaptables à toutes les conditions de vie, climatiques, économiques, physiques et politiques, qui a survécu à toutes les catastrophes et tous les régimes démocratiques ou dictatoriaux, que la souplesse d’échine a protégé jusqu’à nous contre l’ultime noyade : le travailleur de la « France d’en bas » !
Ouvrier, employé, éboueur, cadre de la fonction territoriale, petit commerçant, fossoyeur, « technicien de surface », chef de petite ou moyenne entreprise, infirmière, instituteur, cheminot ou prospecteur-placier de Pôle-emploi… tous ont réussi jusqu’à nos jours (parfois très difficilement) à assurer leurs arrières et leur avant. Mais les voici menacés !
Et le mal vient d’en haut !
C’est la grande, voire très grande entreprise qui les malmène au point de les pousser à se suspendre par le cou au plafonnier de leur bureau, avaler un tube de somnifères dans leur salle de bains, se fracasser le crâne d’une balle dans le garage de leur société, ou se jeter dans le premier canal venu au sortir du travail.
Pour l’heure, le monde de la petite entreprise, celui de la micro économie, ne semble pas encore gagné par la contagion. Il s’y rencontre encore bien des gens honorables et heureux, respectueux, fiers de leur production et de leur mission sociale.
Mais l’autre monde, celui de la grande entreprise…
Il est atteint par cette vérole au point de ne plus se rendre compte de la gravité de son état ! Ne vient-on pas de voir l’une de ces entreprises géantes, typique des nébuleuses de la macro économie, reine au royaume des télécommunications, se donner un patron tout neuf et prétendu vierge, mais garder au chaud, à son côté, l’ancien patron que d’aucuns pensent gangrené jusqu’à la moelle, celui-là même qui aurait le plus dangereusement menacé l’espèce en question. Et avec des émoluments dignes des prébendes d’ancien régime !
A voir ainsi se comporter ceux qui, à l’image des politiques leurs cousins, leurs amis, leurs frères, compte tenu de leur rayonnement naturel, devraient être exemplaires, on finit par se dire que, pour protéger le travailleur de la « France d’en bas », cette espèce indispensable et nécessaire dans un monde d’infatigables parasites rentiers immobiles, il devient urgent d’activer par tous les moyens la pêche au maquereau, jusqu’à épuisement total de la réserve mondiale.
Filets dérivants, chalutiers usines, pêche chimique, électrique ou au coup, révolution de jasmin pour océan de misère… tout doit être mis en œuvre qui permettra de débarrasser notre planète de cette redoutable… maquereau économie !
Salut et Fraternité.
photo Matton

vendredi 18 février 2011

Prix Emile Moselly 2011

Un bien beau prix littéraire, dédié à un bien bel écrivain !






(Emile Moselly en 1907)


Auteurs de nouvelles... à vos plumes !

62ème édition du prix Moselly
Ouverture du concours 2011
Le Cercle d'Études Locales du Toulois avec l'aide de la Ville de Toul, voulant rendre hommage à un enfant du pays : Émile Moselly (prix Goncourt en 1907 pour "Terres Lorraines"), organisent chaque année depuis 1949, un prix littéraire récompensant l'auteur de la meilleure nouvelle d'inspiration lorraine.
Tous les passionnés d'écriture de tous âges peuvent ainsi exprimer leur talent.
Pour obtenir le règlement, s'adresser à la secrétaire :
Micheline Montagne,
11/4 rue Haute
54200 Pierre-la-Treiche
(Joindre une enveloppe timbrée avec adresse)
Ou par courriel :
pm.montagne@orange.fr
Bonne chance à toutes et à tous !

lundi 7 février 2011

La Fontaine de Gérémoy : A Vittel, samedi, et premières réactions presse

Ce samedi 12 février 2011, je serai à VITTEL pour présenter et dédicacer mon nouveau roman historique "La Fontaine de Gérémoy" :
10 h-11h30 : bibliothèque - médiathèque présentation suivie de dédicace.
11h30-12h30 : Accueil par le Maire et son Conseil municipal. Verre amical.
14h-18h30 : dédicace-rencontre-échange à la Maison de la Presse, rue de Verdun.

Le dernier roman de Gilles Laporte, La Fontaine de Gérémoy, se déroule dans le cadre somptueux de Vittel. C'est là, un siècle durant, que va s'accomplir le destin exceptionnel d'une mère et de sa fille, Malie et Julie. Un subtil mélange de réalité et de fiction. Et "un hommage magnifique rendu aux femmes" (avis unanime de la presse).
Une bonne journée à passer ensemble, autour de... La Fontaine de Gérémoy !

Les premières réactions de la presse :
FISCHER Elise (RCF Paris – 30 12 10) :
J’ai commencé hier soir ce beau roman et je l’ai terminé les larmes aux yeux avec l’envol d’un ange, n’est-ce pas ? Voici donc cette terre des Vosges mise à l’honneur, mais pas seulement. Le Berry, Paris, le Nord ne sont jamais loin tant il est vrai que nous assistons dès la moitié du 19ème siècle à la naissance d’une véritable conscience face à l’oppression. La Révolution est passée par là et si tout n’est pas gagné les chemins s’ouvrent. On ose dire et s’opposer. Marie-Amélie peut être fière de sa fille Julie… Entre 1850 et 1945, ces deux rebelles feront beaucoup pour que le chant des femmes méprisées devienne ce puissant hymne à la liberté. À leur suite, d’autres pourront marcher. Elles auront lu et appris et fait leur ce qui pourrait être une devise… trois mots de Victor Hugo « Aimer et agir »… avec pour modèles George Sand, Louise Michel mais aussi quelques auteurs de « bonne volonté » dont Jules Romains… Merci.
VISSE Bernard (Vosges Matin – 27 01 11) :
Dans Vittel naissante et renaissante, dans Paris bouillonnante, la saga de deux héroïnes au sang vif.
Gilles Laporte est un conteur né. Il faut l’entendre, lors de ses conférences et autres lectures publiques, donner leur rondeur aux mots, ou leur tranchant ; sa hauteur au ton, ou son chuintement. Il conte à voix haute comme il écrit avec la passion qui sied aux auteurs captivants. Et il se lit avec tout autant d’émotion qu’on l’écoute.
Ici encore, l’auteur s’attache au destin d’une femme, Marie-Amélie, et à celui de sa fille, Julie. Il aime ces femmes indépendantes et fortes, fortes jusque dans leurs faiblesses. Il les accompagne dans Vittel et partout ailleurs, depuis cet arpent de « terre à renards » que Louis Bouloumié acquit pour implanter son Hôtel de l’Etablissement en 1857 jusqu’à ce jour tragique de 1944…
Cette « Fontaine de Gérémoy », venant après « Le Loup de Métendal » chez le même éditeur, confirme qu’il faut compter désormais avec cette voix et ce style-là. Mais nous le savions déjà, en Lorraine.
FRANÇOIS Nicolas (Vosges Matin – 03 02 11) :
Vittel, personnage à part entière dans un roman. Voici l’hommage qu’a voulu rendre l’écrivain Gilles Laporte à cette ville. Un hommage sincère, presque viscéral, nourri de détails historiques sur une époque qu’il n’a connue que par le biais de témoignages et autres recherches documentaires (…) un hymne à l’esprit de Vittel, et par extension à celui des « Bouloumié » créateurs et embellisseurs successifs de la station thermale. Il y narre le tumultueux destin de deux femmes de caractère, volontaires et indépendantes, sur un siècle. Une période durant laquelle tout reste à faire en matière de droits des femmes.
GAY Marcel (L’Est Républicain – 06 02 11) :



samedi 5 février 2011

La Fontaine de Gérémoy - quelques nouvelles pages...

...
A l’Etablissement thermal, la Malie venait de faire son entrée dans le bureau du docteur Darriaud.
Le cou pris dans son col de celluloïd que cerclait une cravate noire négligemment nouée, le cheveu lissé juste comme il fallait, un peu fou sur les oreilles, il avait belle allure le disciple d’Hippocrate, savant et poète à la fois. Mais, ce tantôt, son air sombre, ses narines pincées, ses grognements répétés lui donnaient une allure de chien hargneux.
Il allait et venait de son bureau à la bibliothèque, de la bibliothèque au bureau, les mains dans le dos, les besicles sur le bout du nez, faisait une halte devant la fenêtre grande ouverte que consumait l’incendie des tilleuls.
L’automne était en avance. Il avait déjà semé les colchiques au petit bonheur des prairies, donné les premiers champignons de prés, tendu ses voiles de tulle sur les ronciers du Gros Buisson où mollissaient les dernières mûres. Le parc sentait l’humus et la rose, le champignon et le crottin. Hier encore, le médecin se passionnait pour la couleur du drapeau national que le comte de Chambord voulait blanc comme celui des vieux rois, au désespoir des monarchistes qui avaient déjà accepté des républicains les trois couleurs unies dans le sang du peuple. Mais, depuis quelques minutes, il avait tout oublié, tout perdu, des éléments les plus fondamentaux d’anatomo-physiologie jusqu’aux préceptes les plus sacrés de son serment d’Hippocrate.
-Comment peux-tu penser que…
Il s’était tourné vivement vers la Malie.
-Je viens de te le dire ! Voilà deux mois que je ne… souille plus ! Et, maintenant, chaque matin, au lever, je vomis des humeurs, de la bile, de l’eau acide, alors que je n’ai encore rien mangé ni bu.
-Et quelles sont tes conclusions ?
-Tu en as de bonnes ! C’est toi le médecin, il me semble. Je te dis ce que je vis. A toi de me dire ce que ça signifie ! répondit-elle sur un ton qui ne souffrait ni contestation, ni question supplémentaire.
Il cessa brusquement de jouer les chevaux de bois, la regarda plus attentivement. Elle avait maigri. La fatigue dessinait des cernes bleuâtres sur son visage ivoire. Elle le fixait intensément. Il en fut frappé.
-Alors, tu serais…
Il lui tourna le dos, se planta devant la fenêtre, ne finit pas sa phrase. La Malie se cala bien au fond du fauteuil, les mains sur les accoudoirs, comme en consultation. Les mots s’étaient suspendus entre eux, plus douloureux encore que s’ils avaient été prononcés. Darriaud se racla la gorge plusieurs fois, à petits coups secs. Elle voyait trembler ses longues mains fines dont elle connaissait si bien la caresse.
Un silence à couper au couteau engluait le bureau du docteur Darriaud.
La Malie promenait son regard sur les reliures de livres serrées dans la bibliothèque. De loin, elle essayait d’en lire les lignes d’or sur le cuir ciré : Baron Alibert - Monographie des Dermatoses… Ioannes Agricola - De Helotide sive Plica Polonica
-Que penses-tu faire ?
En deux enjambées, Darriaud avait rejoint la Malie. Il se tenait face à elle, sa silhouette découpée au ciseau sur le cadre de lumière mauve du parc. Tout près de la fenêtre, un merle lançait son chant du soir auquel répondait un autre merle, loin vers la forêt. Georges Apostoli - Travaux d’électrothérapie gynécologique… L’alignement des reliures luisantes avait quelque chose d’apaisant. Tout paraissait à sa place dans ce meuble, sa juste place, définitivement rangé, pour les siècles des siècles…
-Je t’ai posé une question !
Pour la première fois depuis leur rencontre, le ton du médecin était brutal. Jamais il ne lui avait adressé la parole aussi sèchement. Planté devant elle, les mains dans les poches du pantalon, les pieds légèrement écartés, il avait l’air d’un chasseur devant son tableau de la journée. Jean Astruc - L’Art d’Accoucher réduit à ses principes…
Marie-Amélie se mit à rire, d’un rire nerveux, sec, cristallin qui agaça aussitôt l’homme.
-Ce n’est pas le moment de rire, ma chère ! Pas du tout ! Te rends-tu compte de la réalité de la situation ? Tu es célibataire, seule, employée dans mon service, et… enceinte !
Il avait marqué un temps d’arrêt, hésité avant de lâcher le « enceinte ». Il poursuivit aussitôt.
-Ancienne carmélite, en plus ! Moi, médecin établi, de bonne notoriété, je serais l’auteur présumé de ta grossesse ! Moi… marié !
Darriaud était retourné s’installer à son bureau, dans la position du professionnel consultant. Il avait laissé tomber ses bésicles, tiré sur ses manches pour en faire apparaître les poignets ornés de boutons d’améthyste. Du revers de la main, il chassait de ses dossiers d’improbables grains de poussière.
« Je serais l’auteur présumé… » Un froid glacial avait subitement saisi La Malie. Elle frissonna, détacha son regard des reliures anciennes. De sa mère, elle avait appris à rentrer la tête dans les épaules, le temps que passe l’orage, et à dissimuler son trouble. Le parc glissait lentement dans une nuit bleue toujours saluée par les merles qui échangeaient leurs trilles. Une douce fraîcheur baignait maintenant le cabinet. La Malie n’avait pas bougé. Elle respirait lentement, profondément, tentait de chasser de sa tête les mots « serais… auteur présumé… ».
...

Gilles Laporte La Fontaine de Gérémoy éd. Presses de la Cité -Terres de France 2011