jeudi 7 janvier 2010

Philippe SEGUIN... foudroyé !

Philippe Séguin est mort.
Ce matin. Foudroyé par une crise cardiaque. Il n’avait pas soixante-sept ans.
Il était un pilier solide de notre République, l’un des derniers. Le dernier ?
Il me faisait l’honneur de me compter parmi ses amis.
Hier, à Épinal, où il m’avait confié l’animation de ses réunions publiques, nous avions partagé les heures chaudes de ses campagnes municipales et législatives.
Puis, il s’était offert sans réserve à mes micros, répondant à mes questions, toutes mes questions, dans les studios de radio et de télévision. Son extrême sensibilité m’avait frappé, sa pudeur aussi, et l’émotion toujours à fleur de peau.
Je me souviens de ses larmes vite écrasées, à l’évocation de sa mère aimée, et de son père exemplaire qu’il n’avait pas connu, tombé sous les rafales nazies pour la libération de la France.
Je me souviens de son enthousiasme pour la défense de la trinité républicaine Liberté-Égalité-Fraternité, de ses colères contre tous ceux de tous les camps qui osaient y toucher pour la salir.
Je me souviens de son humanisme, de sa générosité, de son dévouement au service de ses contemporains, de sa fidélité, de sa vision pour notre pays, pour l’Europe, pour… bien plus loin encore !
Je me souviens d’avoir déplacé ma table familiale pour lui permettre d’y asseoir à son aise sa rondeur de bon vivant.
Je me souviens de quelques verres levés avec lui dans les vestiaires du stade avec ses amis footeux.
Je me souviens de l’une de ses étreintes fraternelles, un soir, dans le hall d’accueil de la mairie d’Epinal. Soir d’hiver. Présentation de l’un de mes livres sur le pays qu’il avait préfacé. En retard. Il arrive. Je disparais dans les plis de son manteau. Il me glisse « Si tu savais comme le pouvoir est fatiguant ! » Le regardant droit dans les yeux, je lui réponds « Peut-être ! Mais… que c’est bon ! N'est-ce pas ? » Nos rires complices avaient alors étonné les invités à notre petite fête autour des images et des mots.
Maire, député, ministre, président de l’Assemblée nationale, premier président de la Cour des Comptes, ami, l’homme était beau et vrai, droit dans ses convictions républicaines, imperméable à la flagornerie qui ravit tellement les petits.
Grand, conscient et visionnaire, simple et spontané, chaleureux, d’une honnêteté rare, être de qualité dans une société menée par le paraître… tel était, pour moi, Philippe Séguin.
Je me souviens... cher Philippe ! Je me souviens.
Dans ma vie d’homme, de citoyen, d’écrivain, je me souviendrai toujours de vous.
À Dieu, l’Ami !

image portrait de philippe Séguin Jacky Naegelen - Reuteurs

14 commentaires:

Anonyme a dit…

Félicitations pour ce billet ô combien sincère !
Philippe SEGUIN était véritablement tel que vous le décrivez.
Nous sommes tous tristes...

mamini a dit…

oui toutes mes félicitations, votre texte est tellement vrai, hommage à Philippe Seguin.

Gilles LAPORTE a dit…

J'aurais pu parler aussi de sa passion pour l'histoire, et dire qu'il répétait toujours à qui voulait bien l'entendre que... ne pas connaître son histoire, c'est ne pas savoir où l'on va !
A méditer, par les temps qui courent !
Merci, MC et mamini pour ce partage de l'hommage et de... l'émotion.
Cordialement.
Gilles

Anonyme a dit…

Je suis moi aussi très peiné de la disparition de Philippe Seguin. Combien de fois ais-je regretté qu'il n'accède pas à la magistrature suprème. Lui le vrai honnête homme, l'empêcheur de magouiller sur le dos du peuple, le gaulliste fervent et sincères (il en reste très peux). Derrière les grimaces de compassion, on devine la satisfaction de certains (je ne citerai pas de noms, il y en auraient trop) de voir disparaître le gêneur qui torturait leur mauvaise conscience. Comme vous avez bien fait de rappeler sa mémoire. Amitiés. J.C.

Blandine a dit…

Bonjour
j'ai entendu ce matin à la radio rcf je précise que Philippe Seguin est mort "comme autrefois" c'est à dire sans une pré-médiatisation, sans tout le tralala mais comme un etre humain. On l'a su après et on en sait peu. j'ai cru comprendre qu'il était mort en propriétaire de sa mort comme sûrement il a du être le propriétaire de sa vie. ca m'a bien plus cette description et cette mise en lumière d'un mort qui reste dans le cercle de l'intimité. merci pour votre bel article. Bien que ne partageant pas les opinions de M.Seguin, j'ai toujours été sensible à ce personnage qui ressortait dans paysage politique cordialement Blandine

blandine a dit…

RE
JE DIFFUSE SUR MON RESEAU ainsi que la presentation de votre blog si vous en etes d'accord Blandine

Gilles LAPORTE a dit…

J'apprécie ce que vous écrivez à propos de la mort de Philippe Séguin. J'espère qu'il l'a effectivement "vécue" ainsi, et qu'il est entré sans peine dans... la Lumière, lui qui -malgré parfois de vraies maladresses d'homme, comme chacun d'entre nous !- l'a tellement cherchée et honorée de son vivant, en malmenant ceux qui se croient -ou se veulent- grands, et travaillant sans relâche pour tous les autres, sans distinction d'origine, au-delà des appartenances partisanes. Bien sûr que je vous autorise, chère Blandine, à diffuser mon texte avec l'adresse de ce blog.
Très cordialement.
Gilles

mamini a dit…

par l'intermlédiaire de Philippe Seguin malheureusement décédé, j'ai découvert en vous l'auteur de ce livre que j'ai lu et relu 'la mémoire aux Alouettes".

Anonyme a dit…

Il était de ces hommes qui réconcilient avec la politique.....
le dernier ? le seul ?
à mon avis, le dernier et le seul

Organza

Gilles LAPORTE a dit…

Merci, chère Mamini, pour ces mots chaleureux à propos de Philippe Séguin et de... ma "Mémoire aux alouettes". Si mes histoires vous plaisent : dans quelques semaines (18 mars), les Presses de la Cité sortent mon nouveau roman "Le Loup de Métendal" (une émouvante histoire de Femme, de 1840 à 1920).
Oui, Organza, je pense que Philippe Séguin était le seul homme politique de cette qualité (de notre temps). J'espère qu'il n'était pas... le dernier ! Il faut y croire encore et toujours !
A bientôt.
Amitié.
Gilles

vuparmwa a dit…

je ne peux que me joindre à tout ce qui a déjà été dit aussi bien dans le petit billet que tout au long des différents commentaires...

Ce bel hommage mériterait d'être sans doute un peu plus mis en lumière...

De nombreux discours accumulés en quelques jours; quelques rares moments de sincérité dans ce flot d'éloges...
et parfois, ce qui mériterait d'être réellement mis en lumière reste dans l'ombre, à peine dévoilé...
c'est finalement peut-être vrai que ce qui est rare est précieux...

Gilles LAPORTE a dit…

La Lumière est toujours vue par celles et ceux qui... la méritent !
N'est-ce pas Vuparmwa ?
Gilles

vincent a dit…

merci pour ce bel hommage!
je compatis à ta peine qui semble bien sincère.
c'est vrai que cet homme sous aspect un peu nounours avait l'air plutôt attachant.
Et la classe politique c'est montrée très digne.

Gilles LAPORTE a dit…

Pour une fois !
Merci, cher Vince.
A bientôt.
Amitié.
Gilles