lundi 13 mars 2023

RETRAITES... la tempête !


 Le spectacle d’opérette joué par les élus de notre pays, du plus bas au plus haut de l’échelle républicaine, et par nos fonctionnaires ministériels dits « grands serviteurs de l’Etat », prêterait à rire s’il n’était pas aussi tragique !

Il a au moins le mérite de rendre évidentes la stérilité de pensée et d’actions, l'impuissance à imaginer un autre cadre règlementaire que celui de 1941 modifié en profondeur par le Conseil National de la Résistance en 1945, l’absence de capacité d’analyse du présent réel et de vision d’avenir du plus grand nombre d’entre eux.

Le mérite aussi de confirmer, si besoin était, la belle réactivité du peuple français face à l’étroitesse de vue et/ou au machiavélisme de ses dirigeants.

Car…

Tous nous rebattent les oreilles avec le même argument suffisant pour –paraît-il !- justifier la « réforme des retraites » voulue par le Président et ses courtisans : les cotisations des « actifs » dont le nombre est en constante diminution ne sera plus -n’est déjà plus selon certains !- suffisant pour offrir des années de repos paisible après une vie de travail aux « inactifs » (les plus présents, soulignons-le, en engagements citoyens et associatifs !) dont le nombre ne cesse de grandir à cause de l’allongement de la durée de la vie !

Or… que constatons-nous ?

1/ suite à des volontés énarchiques successives de faire de la France un pays d’employés de banques et de bureaucrates (voir les politiques de l’apprentissage, de l’orientation scolaire, de l’ancienne ANPE…) le nombre d’entreprises industrielles autrefois très dynamiques sur le marché de l’emploi s’effondre. Ces entreprises créatrices d’emplois, donc de richesses collectives, ont été délocalisées dans des pays où sévit encore un esclavage de masse, vendues comme bijoux de famille à des « amis » étrangers intéressés par nos brevets -voir Alsthom-General Electric-, ou liquidées pour satisfaire des courants idéologiques hors-sol à des fins de résultats électoraux immédiats -souvenons-nous du nucléaire !-. Choix politiques qui produisent une chute spectaculaire du nombre de salariés dans le pays.

2/ les grandes entreprises survivantes automatisent le plus possible leur lignes de production afin de s’affranchir des contraintes de personnel et d’améliorer leur capacité de production. Décisions justifiées par l’adaptation du monde du travail aux avancées technologiques de notre temps et l’exigence de nécessaire rentabilité des investissements réalisées par leurs apporteurs de capitaux -les financiers-, mais qui engendrent une réduction très importante des effectifs salariés.

3/ les cotisations sociales ont pour base, depuis la nuit des temps, l’assiette des rémunérations (salaires et assimilés) payées à leur salariés par lesdites entreprises, assiette globale -niveau national- et particulière -niveau unité de production- qui, conséquence des constats précédents, se réduit comme peau de chagrin d’année en année, de mois en mois, de jour en jour…

 

Les solutions majeures -et ineptes- proposées par l’Exécutif aujourd’hui sont : A/ faire des enfants, futurs travailleurs cotisants (mais pour quels emplois disparus ?), stratégie digne du 19ème siècle... on fabrique non de la chair à canon, mais du tout-venant à cotisations B/allonger la durée du temps de travail, donc reporter l’âge de départ en retraite à 64 ans (demain 65, dans deux ans 67, dans cinq ans… ?), alors que la vieillesse -donc le renvoi des travailleurs à la maison ou dans les couloirs de l’assistance sociale- telle qu’identifiée par le monde patronal actuel commence à 50-55 ans ! Qui donc proposera un emploi à ces salariés jugés par les employeurs inaptes à la tâche ou trop peu performants à cause de l’âge ?

Qui ?

 

Voilà près de quarante ans, un vrai responsable politique (pas de ces tristes amuseurs de galerie qui se donnent en spectacle vulgaire au Parlement et dans les palais dorés républicains), un remarquable ministre des Affaires sociales et de l’Emploi : Philippe SEGUIN me faisait le plaisir -l’honneur surtout !- de me compter parmi ses proches. Il m’invitait parfois à réfléchir avec lui à des problèmes de l’époque, en tête à tête dans son bureau de maire d’Epinal ou dans une brasserie discrète de la ville, à prendre aussi la parole en public devant des assemblées patronales sur le rôle social de l’entreprise. Un soir d’automne 1986, en dînette à deux, il aborda la question du financement des régimes de retraite qui le préoccupait déjà. Nous fîmes ensemble le constat que je viens d’évoquer et, m’appuyant sur mes souvenirs de recherches universitaires basées sur De la division du travail social du sociologue Emile Durckheim, et mon expérience de vingt-cinq années de salariat en industrie chimique et commerce, je lui fis cette proposition seule capable pensais-je d’assurer l’avenir du régime de retraite par répartition, précieux modèle français basé sur la notion de solidarité intergénérationnelle, que d’aucuns voudraient remplacer aujourd’hui par un régime égoïste et spéculateur à l’anglo-saxonne par capitalisation  : abandonner l’assiette des rémunérations pour le calcul du montant des cotisations sociales et la remplacer par ce que je baptisai alors le PPE (Potentiel Productif de l’Entreprise). Cette nouvelle base de calcul tiendrait toujours compte, bien sûr, des salaires versés et assimilés, mais elle intègrerait la capacité de production des robots appelés à remplacer l’humain dans la filière. Cette capacité serait évaluée sur la base d’ « Equivalent Temps Plein Humain » par automate selon le principe élémentaire suivant : la machine remplace trois salariés, elle paie les cotisations des trois salariés remplacés. Modalités d’application à définir, certes, selon les cas particuliers, types de productions et évolution de l’emploi dans le secteur professionnel concerné (chantier qui pourrait donner une occupation sérieuse et utile autre que de communication manipulatoire à nombre de « grands serviteurs de l’Etat).  

Philippe SEGUIN réfléchit un instant avant de constater que l’idée était excellente, mais que le temps de la mettre en application n’était pas venu parce que le monde politique dépendant des exigences de la finance internationale et que le patronat attaché au rendement d’investissements de ses actionnaires…  n’y étaient pas prêts. Et de conclure : « Le responsable politique qui la proposerait ce matin verrait sa carrière ruinée le soir-même !  Ce n’est pas encore le moment ! Demain, sans doute ! c’est inéluctable… demain certainement ! »

Cette semaine décisive de mars 2023, posons donc la question aux responsables des convulsions qui secouent en ce moment notre pays, du plus bas au plus haut de l’échelle sociale et politique : ce « demain » évoqué par le ministre visionnaire Philippe SEGUIN voilà près de quarante ans n’est-il pas aujourd’hui ?

S’il ne l’est pas, demandons-nous très sérieusement (il en va de la survie de notre modèle fraternel hérité de nos grands anciens qui, eux, savaient voir loin !) :

Combien de temps encore le peuple de France va-t-il accepter de se soumettre à la dictature de la finance internationale (anglo-saxonne relayée par l’Union européenne de Madame Von der Leyen) ?

Combien de temps encore le peuple de France va-t-il accepter de voir sacrifier les fruits de son travail et sa dignité sur l’autel des carrières de politiques professionnels plus soucieux de leur intérêt électoral (et particulier) que de l’intérêt général ?

Combien de temps ?

Salut et Fraternité. 


                                                              

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle justesse....

Anonyme a dit…

Oui combien de temps à patienter encore avant de se libérer des chaînes de la finance ? Ces politiciens ont perdu tout bon sens. Ils prennent le problème à l'envers (si tant est qu'il y ait un problème) : l'économie doit être au service de l'homme et non l'inverse. Et si, tous ensemble, on décidait de s'affranchir du système, de reprendre notre destin en mains ... C'est le rêve que je souhaite partager dans Le destin de Julie. Amitiés. Stéphane