dimanche 8 janvier 2017
Campagne électorale 2017
Au bruit de leurs sabots, ils sont partis en guerre
Suivis de godillots écharpés des couleurs
D’un drapeau lessivé par des flots de misère.
Ils se chauffent la voix ; ils mâchonnent des fleurs
Qu’ils offrent en marchant.
Des gens leur prêtent plume et nom qu’ils asservissent,
D’autres cirent leurs pompes à l’étape du jour,
Tandis que des valets rompus à leur service
Tentent de transmuter leurs rots en mots d’amour
Qu’ils mâchent en bêlant.
Ils signent des livrets qu’ils n’ont jamais écrits,
Clament des airs martiaux qu’ils n’ont pas composés,
Haranguent les cohues qu’ils ont pourtant meurtries,
Leur promettent l’Eden qu’ils ont déjà ruiné…
Et vont en souriant.
Leur désir les précède et les suit pas à pas :
Le maroquin, le siège, un perchoir, une estrade.
Leur langage est de bois, leur onction de prélat ;
Ils bénissent leurs ouailles sur un air de ballade,
Se voient déjà régnant.
Un rien leur fait honneur, un moins que rien les gave.
On les flatte, on les brosse… ils aiment, se rengorgent.
Dans leurs cités on meurt de froid. Pour eux, le grave
Est d’abord et surtout le destin qu’ils se forgent
Sur le feu des mendiants.
On dit qu’il en fallait, qu’il en faut, en faudra
De ces guerriers nourris loin des lignes du front.
On veut nous faire croire que, pour nous, les beaux draps
Sont promis si un jour nous leur faisons l’affront
De vivre en les chassant.
On dit dans les gazettes et sur l’onde servile
Que l’espoir est en eux, qu’ils sont notre avenir.
Dans les palais dorés, loin des campagnes "viles"
On promet le bonheur avec eux, et le pire
Sans eux. "Gloire aux sortants !"
Au bruit de leurs sabots, ils sont partis en guerre
Suivis de godillots écharpés des couleurs :
Bleu de ciel, blanc de neige, rouge du sang des pères.
Ils se prétendent seuls à brandir la valeur
Héritée sans talent.
Peuple, allons, debout ! C’est assis qu’ils nous voient.
Dressons-nous d’un seul corps, et précédons leurs pas.
C’est à nous, citoyens, de leur ouvrir la voie
Du devoir, du respect, et… d’un juste trépas
S’ils trompent en mentant !
Salut et Fraternité.
image : Delacroix La Liberté guidant le peuple - 1830
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3 commentaires:
Quel réquisitoire ! ! Bravo.
Je vous embrasse. J.C.
magnifiquement écrits ces alexandrins ! ils contiennent ta fougue, ta colère, ton effarement devant ces mascarades perpétuelles, (le mien aussi ) et dire que ça marche encore avec tant de gens qui vont de meetings en spectacles !!!
tes vers contiennent ma peine, celles des "petites gens"... tes mots sont nos poings fermés...
toi tu sais si bien dire ces choses que l'on ressent au fond du ventre et de l'âme et qui ne seront jamais exprimés aussi nettement.
merci cher porte-parole, cher humaniste , cher ami en fraternité
bises katy L
j'aurais pu mettre aussi un "s" à paroles de porte-paroles ... mais je voulais dire la parole portée par toi
katy
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