mercredi 28 septembre 2016
Le Bal des Faux-culs...
Sous
les ors d’un palais national flottant, l’orchestre institutionnel vient
d’attaquer les premières mesures d’une valse au final incertain.
Elles/ils
sont venus.
Elles/ils
sont tous là.
Même
ceux du sud de l’incurie.
Hier,
sur toutes les tribunes, la bouche en cul de poule, elles/ils mimaient La
Marseillaise.
Maintenant,
sur toutes les ondes, elles/ils brament L’Elyséenne.
Elles/ils
sont tous là, pour le tant attendu bal traditionnel de fin de mandat !
Du
pire clown triste à la moins aérienne trapéziste, en passant par l’écuyère la
plus déséquilibrée et le redoutable lanceur de couteaux parlementaires, elles/ils
sont entrés en piste, les artistes à paillettes du grand cirque républicain.
L’un, adepte des figures de pied droit, est en justaucorps étoilé ;
l’autre, plus à l’aise du pied gauche, en tutu de tulle plissé ; tous les
autres en nippes, uniforme, combinaison et costume boudinant tendu sur brioche
aussi contenue que débordante, jupe moulante sur fesses serrées et genoux
entravés.
Elles/ils
sucent du micro comme les sans-dents sucent de la glace en cornet, se fardent
les pommettes comme les allumeuses des bas quartiers, se font teindre les
cheveux survivants comme des poules de salon, prennent des cours d’élocution
comme des enfants de maternelle, se font écrire des discours de bonimenteurs de
foire et des livres qu’ils signent de faux philosophes-vrais déconnologues. Elles/ils,
tous ces primates des primaires, tous ces primats des gaules (gauloises)
spécialistes de la pêche aux voix, se font donner les derniers cours de Pas de
deux et d’entrechat, de racisme élémentaire, de fausse vérité comme de vrai
mensonge, de regard en pointe planté dans l’œil de la caméra, de gesticulations
de prêchi-prêcheur, et de marche en ligne extrêmement droite qu’ils voudraient
aérienne sur des tapis d’Aubusson. Et elles/ils se montrent dans les écoles où
balbutient des enfants sacrifiés, se font raser le cuir sur des foires à la
moustache, mousser l’image médiatique en lisière de fausse jungle ou rugissent
de vrais fauves, tirer le portrait dans des positions de mémoire d’une Histoire
malmenée, tirer la promesse de respect des esclaves par des médiateurs choisis
sur des parvis d’usines moribondes, promener par des alliés intéressés dans des
pays exotiques où ils reçoivent des fleurs de papier crépon, s’affichent en
tribune de jeux d’anneaux arrosés à la boisson cocaïnée, se pavanent dans des
conseils de sinistres au sourire contrefait sur les marches du saint-lieu, se
lancent dans des guerres lointaines de mots à valeur de bombes et de bombes à
valeur de mots, se gargarisent de rodomontades devant des cercueils alignés…
avant d’aller boire enfin dans le secret tabernacle de leurs demeures
princières les sirops onctueux du pouvoir.
Sous
les ors du palais national flottant et dans ses studios annexes des coursives
où ronronnent caméras, questionneurs et experts, l’orchestre institutionnel
vient d’attaquer les premières mesures d’une valse catalane qu’ils espèrent
entraînante jusqu’aux portes du graal.
Mais
le palais national flottant donne déjà de la gîte.
Mais
dans les cales, les soutiers sont déjà noyés.
Mais
dans l’entrepont l’eau a déjà gagné le menton.
Sous
les ors du pont supérieur, là où elles/ils se sont rejoints pour la grande
chicanerie chorégraphique présidentielle, l’orchestre institutionnel vient
d’attaquer pour eux, avant la bourrée hollandaise et la gigue hongroise, les
premières mesures de la valse catalane que rien ne saurait désormais arrêter
sauf, peut-être… le naufrage !
La
valse ultime jouée par… l’orchestre fou du Titanic !
La
valse catalane du Bal des Faux-culs.
Salut
et Fraternité.
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