mercredi 3 septembre 2014

Chasse aux chômeurs...



Comme un chef de gare sur le quai siffle le départ du train, c ’est le ministre du Travail en personne qui vient de sonner la mise en branle de ses troupes de Pôle Emploi d’un vigoureux coup de trompe dans une campagne sociale française pourtant bien éprouvée déjà par la sécheresse entrepreneuriale et industrielle.

Autrefois, il était interdit de chasser quand, à cause des intempéries, le gibier souffrait trop et devait trop s’exposer pour tenter de se nourrir. Simple question d’apparent respect d’un semblant de vie !

Aujourd’hui, même en période de dure glaciation des emplois, les armes sont de sortie, et leurs propriétaires autorisés à tirer sur tout ce qui bouge hors des sentiers jugés acceptables par l’administration.

Régner par la terreur plutôt que par l’empathie, c’est toujours régner ! Surtout quand cette philosophie politique est soufflée aux oreilles des élus et nommés au pouvoir bien logés dans les palais nationaux, et soutenue avec vigueur par... les actifs du CAC 40.

En près d’un demi siècle de vie professionnelle (ouvrier de conserverie/SNCF/valet d’hôtel pour payer mes études de philosophie, puis enseignant Education nationale, puis emploi en service commercial, puis dans l’industrie, puis dans l’agriculture), j’ai eu la chance de ne pas vivre une heure de chômage. Je n’ai pas coûté un centime à la collectivité, mais, par ma contribution, avec tous les autres citoyens au travail, j’ai sans doute contribué à alléger les souffrances de ceux que les politiques et leurs complices financiers de ces temps-là avaient mis sur la paille.

Tous mes proches ont été touchés par la lèpre du chômage : parents et membres de ma famille ouvriers de filature et de tissage dans les Vosges, les amis, les copains d’école et d’ailleurs ! Tous, sans exception, ont subi, subissent encore, organisée par les décideurs d’hier et d’aujourd’hui, la destruction du textile, de la sidérurgie, du papier, de la mine, du commerce de proximité, la ruine programmée depuis les corbeilles de Paris et d’ailleurs, du tissu social que des générations avaient créé au prix de leur sueur et de leur sang. Tous ont vu les plus grosses fortunes de France (et maintenant de partout) s’engraisser toujours plus sur le cadavre de leurs usines, de leurs cités vendues par tranches, de leurs qualités professionnelles et humaines. Tous ont vu s’asseoir sur leur dignité de travailleurs des individus indignes, tout juste acharnés à gonfler leur bas de laine planqué pour beaucoup à l’étranger. Tous ont souffert le martyre, en souffrent encore maintenant ! Certains de mes parents, de mes amis, sont morts d’avoir été jetés comme des déchets par des coalitions de politiques-spéculateurs, morts d’avoir été spoliés à vingt, à trente, à quarante ans… de leur raison de vivre, de ce à quoi l’école de la République les avait préparés : le TRAVAIL !

Alors, ce matin, ma colère est brutale, certes, mais je l’assume pleinement de tout mon être d’héritier de la misère de ces gens-là, de leurs tragédies, de leur honte de n’être plus rien après avoir été tout.

Car ces fortunés du CAC 40, ces donneurs d’ordres qui applaudissent le Premier ministre en joignant les mains comme des enfants sages, que seraient-ils sans celles et ceux qui leur ont donné -leur donnent encore, pour les plus chanceux- leur tête, leur cœur, leurs bras, leur énergie… leur vie ? Que seraient-ils sans tous ces ouvriers et employés, agents de maîtrise et cadres qui produisent tout ce que quelques-uns dans les palais se partagent effrontément ?

Renforcer les contrôles… pourquoi pas, Monsieur le Ministre ? Mais alors tous les contrôles dont la société républicaine a besoin pour survivre ! Que tous les consommateurs de fonds publics aient à rendre des comptes : parlementaires, ministres et sous-ministres, hauts-fonctionnaires et magistrats, chargés de mission de tout poil et de toute tendance, propriétaires de sinécures régaliennes, pas seulement le médecin de campagne, l’épicier de quartier, ou les paysans français malmenés par des embargos imbéciles décidés à Washington. Que toutes les grandes fortunes « délocalisées » aient à rendre des comptes au fisc, au peuple souverain qui a contribué à les créer, pas seulement les contribuables de base. Que tous les locataires de « niches fiscale» soient considérés comme doivent l’être tous les occupants de niches souvent plus humains que ces hommes eux-mêmes.

Oui, Monsieur le Ministre, il faut des contrôles, au nom du peuple de France, au nom de tous les peuples, mais qui s’appliquent à tous les citoyens, pas seulement à ceux de la « France du bas » encore montrés du doigt comme s’ils étaient la cause de tous les terribles maux de notre pays.

Oui, Monsieur le Ministre, il faut des contrôles pour rappeler à leurs devoirs tous les marginaux, d’où qu’ils soient et quoi qu’ils pensent, qui s’estiment hors, ou au-dessus des lois de la République !

Oui, Monsieur le Ministre, il faut des contrôles pour recadrer sans cesse notre société sur la devise de cette République que nous devons à celles et ceux qui, trop souvent déjà, ont été massacrés pour la défendre : LIBERTE – EGALITE – FRATERNITE !

Et si vos chasseurs viennent à manquer d’efficacité, alors que les pêcheurs s’y mettent. Mais attention, avec des moyens nouveaux !

Que les mailles de leurs filets ne soient pas de plus en plus larges à mesure que s’éloigne le fond et qu'on s'approche de la surface où prolifèrent les grands carnivores !

Salut et Fraternité.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

oui tu as raison Gilles
moi aussi ma famille et moi-même avons souffert de périodes de chômage ( la retraite en est diminuée d'autant ) mais ceci dit si ils employaient des inspecteurs pour faire la chasse aux gros gibiers aux évadés fiscaux
1/ cela donnerait du boulot
2/ ces postes seraient rentabilisés
3/ cela éviterait de faire peur aux petits ; qui eux veulent pour la plupart du boulot!

L'ennui avec ton système de réponse c'est que ton texte est ailleurs et que nous devons répondre sans le relire, entre temps coup de tél et hop j'en ai perdu... pardon ! l'essentiel est dit par toi
amitiés
katyL

Gilles LAPORTE a dit…

Quand on me lit, il faut débrancher le téléphone, ma chère Katy ! Merci de réagir ainsi à mon billet. A bientôt. Bises.

Anonyme a dit…

le tél je ne peux le débrancher on ne sait jamais ( la petite famille) mais je te lis toujours avec beaucoup de respect et d'intérêt
je noterai la suite plus tard de ce que je voulais dire.
bises

Anonyme a dit…

Le téléphone ? le téléphone ? Serais-ce un code secret ?...
Bon mais je ne sais quoi dire, sauf que Gilles traduit toujours opportunément mais états d'âme ! Alors Est-ce la peine que je me mêle du débat ? Katy le fait très bien.
Je t'embrasse ainsi que Frédérique. A vous voir au "Livre sur la Place". Je n'y participe pas cette année, je n'ai pas sortit de nouveau livre et je me demande si c'est encore de mon âge ! J.C.

Anonyme a dit…

c'est un code J C mais ne le dites à personne !! chut !
je suis un katy-Hari parfois mais pour le bien et du bon côté (lol)

au fait JC un âge pour écrire mais vous ne devriez pas poser cette question au moment où vous avez tout compris et appris de la vie poser votre plume est un sacrilège !
à bientôt de vous lire
katy