mercredi 27 novembre 2013
PSA-Varin Crime contre la société
Le
groupe PSA, constitué des marques Citroën et Peugeot, toujours propriété de la
famille Peugeot, est en grandes difficultés depuis plusieurs années. Aux
restructurations de chaînes d’assemblage succèdent les mesures d’économies
touchant gravement le personnel de fabrication, d’exécution comme
d’encadrement, et les rumeurs de plans sociaux manipulés par la direction afin
de préparer tous et chacun à des mesures plus sévères encore sans doute déjà
programmées.
Depuis
quatre ans à la tête de ce groupe emblématique de l’industrie automobile
française, un homme : Philippe Varin. Ancien polytechnicien, président du
directoire de PSA, c’est lui qui négocie actuellement une augmentation de
capital de 4 milliards dans laquelle sont impliqués sont partenaire chinois
Dongfeng et… l’Etat, -donc le contribuable !- français. Les craintes quant
à l’avenir de ce groupe sont fondées puisque, pour maintenir la tête des
actionnaires hors de l’eau, et la survie industrielle, son directoire orienté
par Philippe Varin a déjà considérablement réduit les dépenses d’investissement
durant le troisième trimestre 2013. Or il n’est pas nécessaire d’avoir chaussé
le bicorne noir et porté l’épée pour savoir qu’une entreprise qui n’investit
pas, ou pas assez, se condamne à une mort lente, parfois brutale !
Venu
de la sidérurgie, cet homme qui a commencé sa carrière chez Péchiney s’est
rendu visible dans le monde spéculo-industriel en vendant Corus Steel, au prix
fort, au terme d’enchères qui avaient défrayé la chronique, au groupe indien prédateur
Tata. L’opération financière avait été saluée. Mais, dans le contexte ardu de
la mondialisation assis sur une concurrence effrénée capable d’aller jusqu’au
meurtre social pour réussir ses coups, elle était loin des préoccupations
ordinaires de production d’une entreprise industrielle.
Aujourd’hui, forcée de constater qu’elle a fait le mauvais
choix en embauchant un homme de ferraille plutôt que d’automobile, la famille
Peugeot décide de revoir sa copie, d’indiquer la sortie à Philippe Varin, et de
confier les rênes de l’entreprise moribonde, dès 2014, à un nouvel expert issu
tout droit des couloirs de son rival principal Renault. La manœuvre ressemble
fort à une panique de généraux de plomb sur un front enfoncé de toutes parts.
Cette situation prouve, une fois de plus, mais toujours aux
dépens du peuple laborieux, que croire au génie des seuls rejetons de
prétendues grandes écoles mène plus souvent à la défaite qu’à la
victoire !
Monsieur Philippe Varin va donc quitter ses fonctions à la
tête du groupe PSA après avoir échoué, selon les spécialistes, et entraîné dans
son échec des milliers de salariés, généré des détresses profondes, multiplié
les promesses de misère dont il semble ne pas se sentir l’auteur. Pour preuve
de son innocence insolemment affirmée par lui, il va se retirer des affaires
avec une retraite chapeau d’un montant de 21 millions d’euros versée en rente
annuelle, somme intégralement financée par l’entreprise et, semble-t-il,
totalement exonérée de charges sociales. Chapeau… l’artiste !
A
croire que la famille Peugeot est prête à tout pour envoyer au diable ce grand
patron trop encombrant. Prête à tout, surtout à faire passer directement de la
poche déjà bien vide du contribuable (vous et moi) à la poche déjà bien pleine
de Philippe Varin la participation financière attendue de l’Etat au
redressement de l’entreprise !
Nul
doute qu’avec un tel pactole, le héros de cette entourloupe pourra se retirer
loin des lieux où se développeront les résultats de son court règne à la tête
de PSA, à des années-obscurité des tragédies créées par ses décisions. Il ne
verra rien des vies brisées, des familles condamnées à la survie, des enfants
envoyés dans des zones de non-droit plutôt qu’à l’école, des dépressions
nerveuses, de la violence née de l’inactivité forcée, des trafics de tout poil,
des suicides… Hors de sa vue les misères d’un peuple inodore, incolore et sans
saveur puisque… ignoré !
Avec
cette affligeante affaire, la société a une fois de plus sous les yeux la
démonstration que la rente de situation n’est attachée qu’à la fonction obtenue
par cooptation (synonyme de copinage), certainement pas à la compétence, ni au
talent, encore moins à la volonté de travailler ensemble pour gagner ensemble.
Une fois de plus, la « France du bas » (si élégamment qualifiée ainsi
par un ancien premier ministre) constate les étonnantes aptitudes à la cécité,
à l’amnésie, à l’insensibilité de la « France du haut », toutes
infirmités présentées par ceux-là mêmes qui en sont atteints comme des qualités
indispensables à leur rayonnement.
Fort
heureusement, tous les crimes tombent sous le coup de lois nationales ou
internationales. Outre ceux, évidents, qui constituent une infraction pénale,
passibles des tribunaux ordinaires d’un pays, ceux commis par des groupes, institutions
ou Etats sont, depuis l’accord de Londres du 8 mai 1945, jugés, leurs auteurs
condamnés par des juridictions internationales dont la Cour pénale
internationale. Ils ont été justement baptisés « Crimes contre
l’humanité ». C’est le cas de l’assassinat, de l’extermination, de la
réduction en esclavage, de la déportation, des persécutions pour des motifs
politiques, raciaux ou religieux. La qualification de « Crime contre
l’humanité » exige le constat d’une volonté, d’une intention affirmée
d’une discrimination chez son (ses) auteur(s). Ainsi en est-il, par exemple, de
l’antisémitisme.
Or,
échappent à ces règles et lois nationales et internationales les délits de
maîtres de l’économie dont les comportements aboutissent pourtant à de
véritables drames sociaux. Où sont les responsables de la catastrophe de
Bophal, en Inde, qui a fait plusieurs dizaines de milliers de victimes ?
Que devient le maharaja de Florange, à la tête du groupe Arcelor-Mittal ?
Que font aujourd’hui les manipulateurs de Good Year ? La liste pourrait
être longue ; elle grandit chaque jour nouveau qu’ouvre le calendrier.
Pourtant,
ces comportements sont eux aussi volontaires et froidement décidés, résultats
d’une intention affirmée : faire le plus vite possible (ici quatre
ans !) sur le dos de tous, personnels de l’entreprise et citoyens
contribuables, le maximum de profits à distribuer à quelques-uns, quels que
soient ce que les militaires appellent les « dégâts
collatéraux » ! Et ces stratégies de développement financier, cet
oubli programmé de celles et ceux qui, sur le chantier ou à leurs machines,
sont à l’origine même des grandes fortunes, aboutissent aux résultats
comparables à ceux obtenus par les fous d’un dieu quel qu’il soit, les
frénétiques d’une culture exclusive, les obsédés d’une frontière née seulement
dans leur délire. Elles aboutissent aux mêmes résultats : ruines
individuelles, destruction du tissu social, stérilisation des meilleurs
talents, abrutissement de la jeunesse (qui durerait jusqu’à quarante
ans !) et mépris de la vieillesse (qui commencerait à quarante
ans !), maladies provoquées par la déchéance et la cohabitation
quotidienne avec la honte, par l’épuisement, ou (répétons-le parce que notre
pays en détient de tristes records) la mort « choisie »
(souvenons-nous de France Télécom).
C’est
toute la société qui est victime de prédateurs sans foi ni loi, souvent pressés
d’aller planquer leur butin dans des paradis fiscaux, qui est exploitée, mise
en coupe réglée, saignée à blanc, rognée jusqu’à l’os, qui voit ses enfants
sacrifiés, sa culture offerte au mieux payant, ses forces vives manipulées,
détournées, retournées contre elle-même par ceux-là, en vertu d’un principe
indigne qu’ils appliquent sans sourciller : « Après moi… le
déluge ! »
A
l’heure où les Restos du cœur redoutent de dépasser le million d’assistés
durant la nouvelle saison froide, où les pouvoirs publics appellent avec raison
à la solidarité nationale, où les élus de la Nation sont pris à la gorge par
une dette publique incompressible qui rend le pays ingouvernable, où des
légions de bénévoles manquent de moyens pour tenter de limiter les dégâts
provoqués par quelques fanatiques du libéralisme économique, où explose le
nombre des détresses et des suicides, nous pouvons légitimement nous demander
pourquoi ces délinquants en col blanc, ces navigateurs internationaux de la
finance, ces spécialistes de la spoliation des humbles, présentés par le monde
anglo-saxon notamment comme des modèles de réussite, ne tombent pas sous le
coup des lois.
L’évidence
est là : ils jouent entre eux dans une cour de non-droit. Aucun texte
réglementaire ne leur interdit de commettre ces actes délictueux.
Mais,
ce constat est à mettre à l’actif de l’affaire PSA-Varin : le tragique de
notre temps nous indique que nous touchons au terme de ces jeux criminels.
Il
est urgent, maintenant, aujourd’hui, ce soir, de doter notre humanité d’un
arsenal juridique qui permettra, sinon de mettre hors d’état de nuire les
délinquants économiques et financiers et les prédateurs internationaux, au
moins de les contraindre à recouvrer la vue, l’ouïe, le cœur et, avec le sens
de l’honneur, les voies du respect de l’autre.
Il
est urgent de créer la notion de « CRIME CONTRE LA SOCIETE » !
Que
ces gens-là et leurs complices, les généreux donateurs de retraite chapeau et
leurs bénéficiaires, sur plainte de leurs victimes ou de l’Etat, soient jugés
par des représentants des peuples, qu’ils aient à rendre des comptes, qu’ils
justifient l’emploi des royaux profits réalisés sur le dos de leurs sujets d’un
nouveau genre. Qui, par exemple, savait hier encore que
l’ « exemplaire Allemagne » n’a pas de salaire minimum
obligatoire, que nombre des ses entreprises paient leurs salariés deux ou trois
euros de l’heure, et que, si certains y roulent en berlines de grand luxe, des
millions d’autres n’ont pas de quoi s’y offrir un vélo ?
Comme,
autrefois, en matière de « Crimes contre l’humanité », L’Europe peut
devenir, aujourd’hui, l’inspiratrice d’une telle révolution pacifique.
Qu’il
devienne impossible de quitter un fauteuil doré, les poches pleines de 21
millions d’euros, après avoir laissé mettre à mal la société, par voie de
conséquence, ruiné celles et ceux qui, par leur travail quotidien, ont gagné
cet argent, serait maintenant la preuve de la réelle suppression de
l’esclavage, celle aussi de la vraie modernité humaine substituée à la
primitive loi de la jungle… une exigence absolue !
Plutôt
que la TVA sur les heures de poney dans les centres équestres, les instances
européennes ont là LE chantier d’avenir à ouvrir. Pourront-elles… oseront-elles
le faire ?
C’est
à nous, citoyens électeurs, de l’exiger !
Salut
et Fraternité.
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5 commentaires:
Dans le temps (mais c'était le bon temps) à l'école on avait des bons points si l'on avait bien travailler ! Dans les entreprises ont était payé à son efficacité. Maintenant tout est changé, les plus nuls mais plus aigrefins tiennent le haut de la hiérarchie avec le salaire immérité mais copieux ! ! C'est pourquoi, comme d'habitude, je suis entièrement d'accord avec tes propos.
Je vous embrasse tous deux. J.C.
Merci, mon cher J.C. A bientôt. Je t'embrasse.
Bonjour Gilles
Evidemment que je suis entièrement d'accord avec toi ! encore ! et que le crime contre la société devrait en effet entrer en vigueur.
Que ces 21 millions d'euros soient redistribués aux ouvriers , dont le plan social pour les "recaser" ne tient pas ses promesses, pour cause !
Ces Messieurs se mettaient de côté des dividendes et des retraites chapeaux!!! quelle honte!!
Il a reporté le mintant de cette somme dit-il aux journalistes , mais il n'est pas dit qu'il ne touchera rien, ils espèrent bien que cela sera vite oublié, et ensuite il touchera en partie cette somme ....Là ils ont juste voulu faire taire les syndicats...
Si je les avais en face de moi je les giflerais bien volontiers , c'est écoeurant!!
Je ne sais pas dire les choses comme toi, mais je les ressens comme toi , et c'est bien l'essentiel...encore merci pour ce cri du coeur d'un homme de coeur
amitiés
katy
PS/ si tu pouvais me répondre aux deux autres rubriques j'en serai ravie car je guette toujours ta réponse...merci
Bonjour Gilles, oui c'est écoeurant mais où est l'esprit de 36, de 68 et de 1789 ? Les anglais nous voient toujours rebelles contre le système, toujours prêts à crier contre les injustices de ce monde. Et bien je leur réponds que tout cela c'est bien avachit. Et dans avachit, il y a vache ou plus précisément agneau, ou même ipad et confort et TV et peur du lendemain. Le lendemain, je le connais, c'est la mort pour nous tous alors pourquoi donc ne nous rebellons plus? Je pense que cela commence à l'école. Elle nous rabâche et nous fait rabâcher sans nous permettre de critiquer car cela pourrait mettre en danger l'autorité des professeurs. L'autorité des profs ne vient pas de leur place mais bien de leur apport critique à des enfants qui sont en quête de savoir et de challenges. Je voudrais m'étendre plus sur le sujet car j’ai le sang qui bout mais je dois jouer sur mon ipad ;-) Bisous et je pense très fort à mes grands parents et ancêtres qui se sont, eux, battus pour un monde meilleur. Stéphane
Et encore, me chers Katy et Stéphane, la réalité est pire encore : c'est une somme de plus de soixante-dix millions d'euros que s'apprêtaient à se distribuer (que se distribueront !)les dirigeants de ce groupe PSA en grandes difficultés financières suite à, semble-t-il, des erreurs de gouvernance que, pour l'heure, seuls paient les salariés jetés sur le trottoir ! Ne pas oublier que cet argent est, en partie... public ! Qui dit... pire ? Salut et Fraternité.
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