Tous les acteurs sont déclarés, le scénario est prêt, les dialogues sont écrits, les décors repérés et montés…
Le tournage du film peut commencer !
Comme en 1965.
Souvenons-nous : « Hector Valentin revient dans ses Vosges natales hériter de la scierie familiale. Il embauche plusieurs repris de justice… »
Bien sûr, dans ces quelques lignes, vous avez reconnu le film de Robert Enrico Les Grandes gueules, dialogué par José Giovanni, mis en musique par François de Roubaix.
A cause sans doute de la Krise (mot allemand du nouveau vocabulaire diplomatique européen) et de ses effets sur le budget de la production, pour cette nouvelle mouture des Grandes gueules, les acteurs auront moins de charisme parce que moins de talent, les dialogues seront plus indigents, les décors seront de fortune : Palais Bourbon et autres palais nationaux aux décors d’or naturel, salles de concert et de réunion décorées de calicots, chaînes de radio et de télévision si possible amies afin d’obtenir des conditions financières privilégiées (après avoir fait son cinéma précédent sur le yacht Bolloré et dans l'argenterie de la "brasserie populaire" Fouquet’s, le comédien principal de la nouvelle production ne vient-il pas d’annoncer sa participation à la nouvelle aventure depuis le studio de Bouygues ?)
Il n’empêche…
L’histoire reste la même : la relance programmée d’une activité moribonde par une escouade de bras cassés, quelques-uns tout juste sortis des tribunaux, voire de prison (ou sur le point d’y entrer !)
Tout cela au nom du peuple que tous voudraient remettre au travail (l’aurait-il quitté par plaisir… ou en aurait-il été exclu ?) pour relancer l’économie en général, et les économies d’une poignée d’entre eux en particulier.
Parviendront-ils, avec de si maigres moyens et une distribution aussi médiocre, à faire oublier leurs rôles d’hier encore si proches, dans des pièces comme Le Bouclier fiscal, Vacances au Texas chez l'ami Bush, La charge des trente-cinq heures, ou Coup de foudre en Arménie ?
L’Arménie… En son temps, voilà quelques semaines (voir mon billet blog du 26 décembre 2011), j’avais posé à son propos une question simple aux responsables parle-ment-taire(s) de la distribution de droite et de gauche, comme aux seconds rôles de ma proximité géographique : « Qu’en est-il de votre position sur ce dossier ? »
Leur empressement à me répondre prouve à quel point ils respectent l’humble spectateur de leur tragi-comédie que je suis. A ce jour, aucun ne m’a répondu, à croire que, mises à part les pantomimes de l’Assemblée nationale les jours de retransmission TV, ce peuple dont je suis l’une des poussières n’existe pas ! Peut-être, après tout, ces gens sont-il de vrais artistes, désintéressés (?!?), seulement préoccupés par la beauté du geste de création politique, imperméables aux attentes de leur public, uniquement soucieux d’offrir parfois, du haut de leur chaire de velours cardinalice, leurs visions poétiques d’un autre monde !
Pas de réponse à ma question que j’ai la faiblesse de croire légitime, mais…
Un nouveau film en préparation !
Malgré les promesses d’une nouvelle société par ces nouvelles Grandes Gueules, et du redémarrage attendu de la scierie oubliée, je m’acharne à préférer les vrais comédiens du bon film d’hier, admirablement conduits par Robert Enrico : le généreux Lino Ventura, le touchant Bourvil, la délicieuse Marie Dubois, le costaud Michel Constantin, le timide Paul Crauchet… Je ne peux par oublier les harmonies émouvantes de François de Roubaix, ni les dialogues percutants d’un José Giovanni qui, lui, ne trempait pas sa plume dans le champagne frappé du palais de l’Elysée !
Ceux-là étaient sincères, et leur spectacle exprimait leur amour des gens simples !
Eux, au moins, ne faisaient pas… scier le peuple !
Salut et Fraternité !
3 commentaires:
Bien dit, comme toujours !
Je vous embrasse tous deux. J.C.
en route mauvaise troupe!
"Il faut toujours une traduction politique aux sentiments des Français qui ne peuvent rien éprouver sans l'incarner dans un homme" Maurice Barrès.
A mon avis c'est là qu'est le danger.
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