QUI SONT LES PADOX ?
Lundi 17 mai 2010 - Après une longue préparation avec la responsable des relations entre le théâtre d’Ivry-Antoine Vitez, Djamela, et l’animateur de la prison de Fresnes, Romain, le directeur de la prison, le juge d’application des peines, le directeur du SPIP, nous voilà enfin à la Maison d’Arrêt de Fresnes. Le projet est double, une semaine dans le quartier des femmes, avec un atelier Padox quotidien, et vendredi, restitution dans le couloir de détention de la prison, et ensuite nous abordons le quartier des hommes, avec des ateliers plus étalés dans le temps, et la réalisation du spectacle « Padox Migrateur » qui sera présenté le 11 juin dans la chapelle de la prison pour les détenus, et le 12 juin au théâtre d’Ivry Antoine Vitez, pour la clôture de saison. Le premier jour est important, la suite dépendra de ce premier contact. Le matériel est déchargé dans la cour de la prison, nous installons tout dans la cour de promenade, car nous n’avons pas la possibilité de répéter dans le couloir de détention. Mais pour avoir un lieu plus propice à la concentration, on nous ouvre la « salle rose », une cellule dédiée à l’animation. Les stagiaires arrivent, les personnalités éclatent aussitôt, entre Claudine, exubérante, une Croate qui ne parle pas français et reste dans son coin, une jeune Brésilienne, toute heureuse de voir que David, un membre de notre équipe, parle brésilien, une guyanaise, Yuna, dont le corps danse en permanence, Euridice, cachée sous une grande écharpe, Germaine, la plus âgée, très intimidée…Présentations, puis découverte de Padox : étonnement, petit recul de certaines, embrassades de Claudine, bien sûr, Jeanne et David expliquent le costume, on parle du personnage, de la technique, du projet, et toutes s’habillent en Padox. Puis, en costume, nous traversons le couloir de détention, pour aller dans la cour de promenade. Padox déride les surveillantes, qui croient reconnaître certaines détenues à leur gestuelle, un grand mouvement de sympathie de la part du personnel pénitentiaire qui nous servira pour la suite. Cette cour de promenade est coupée en deux.Une moitié sert réellement à la promenade, c’est un terrain de basket longé par de l’herbe rase, et au-delà, un mur surmonté de barbelés sans doute électrifiés. Et de l’autre coté, le même terrain mais l’herbe est haute, ce coin ne doit pas servir… On imagine la jachère, un temps d’un côté, un temps de l’autre. Entre les deux terrain, une grille. Nous commençons les exercices, cela se passe bien, quelques détenues nous observent en souriant à la fenêtre de leur cellule qui donne sur la cour, les surveillantes viennent jeter un œil. Puis les Padox jouent une improvisation dirigée, consistant à cueillir des fleurs, dans la partie herbeuse. Cela devient très beau, nos Padox après une cueillette lente filent offrir les fleurs cueillies aux filles qui tournent dans la cour d’en face. Elles étaient curieuses, elles sont touchées. Je demande à l’une d’entre elles, grande, grave, sombre, si elle veut venir et mettre le costume de Padox. Elle me répond « Mon costume est déjà assez lourd à porter ». Mais elle ajoute « Je vous regarde de la fenêtre, et je viendrai voir le spectacle. » Deux de nos stagiaires n’ont pas pu faire cette sortie, appelées au parloir. C’est un moment bouleversant, l’une ,Euridice, revient en pleurant, et dit que c’est trop d’émotion. Claudine en sort, révoltée, remontée, énervée. Demain, en Padox, elles entreront dans le jeu. On se quitte après avoir raconté la proposition de scénario, sur le thème de la page blanche. On sent de l’enthousiasme, le groupe est prêt à se lancer dans l’aventure d’une création. Remontée au premier étage, devant la porte de sa cellule, Euridice nous fait un signe et lance un touchant « Merci »
A suivre...
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