lundi 31 décembre 2012

Demain 2013... Fraternité et Joie !

Ode à la Joie (J-C-Friedrich von Schiller)

Joie ! Joie ! Belle étincelle divine,
Fille de l’Elysée,
Nous entrons l'âme enivrée
Dans ton temple glorieux.
Ton magique attrait resserre
Ce que la mode en vain détruit ;
Tous les hommes deviennent frères
Où ton aile nous conduit.

Si le sort comblant ton âme,
D'un ami t'a fait l'ami,
Si tu as conquis l’amour d’une noble femme,
Mêle ton exultation à la nôtre !
Viens, même si tu n'aimas qu'une heure
Qu'un seul être sous les cieux !
Mais vous que nul amour n'effleure,
En pleurant, quittez ce chœur !

Tous les êtres boivent la joie,
En pressant le sein de la nature
Tous, bons et méchants,
Suivent les roses sur ses traces,
Elle nous donne baisers et vendanges,
Et nous offre l’ami à l’épreuve de la mort,
L'ivresse s’empare du vermisseau,
Et le chérubin apparaît devant Dieu.

Heureux,
tels les soleils qui volent
Dans le plan resplendissant des cieux,
Parcourez, frères, votre course,
Joyeux comme un héros volant à la victoire !

Qu'ils s'enlacent tous les êtres !
Ce baiser au monde entier !
Frères, au-dessus de la tente céleste
Doit régner un tendre père.
Vous prosternez-vous millions d’êtres ?
Pressens-tu ce créateur, Monde ?
Cherche-le au-dessus de la tente céleste,
Au-delà des étoiles il demeure nécessairement.

Texte Allemand

Freude, schöner Götterfunken
Tochter aus Elysium,
Wir betreten feuertrunken,
Himmlische, dein Heiligtum !
Deine Zauber binden wieder
Was die Mode streng geteilt ;
Alle Menschen werden Brüder,
Wo dein sanfter Flügel weilt.

Wem der große Wurf gelungen,
Eines Freundes Freund zu sein ;
Wer ein holdes Weib errungen,
Mische seinen Jubel ein !
Ja, wer auch nur eine Seele
Sein nennt auf dem Erdenrund !
Und wer's nie gekonnt, der stehle
Weinend sich aus diesem Bund !

Freude trinken alle Wesen
An den Brüsten der Natur;
Alle Guten, alle Bösen
Folgen ihrer Rosenspur.
Küsse gab sie uns und Reben,
Einen Freund, geprüft im Tod ;
Wollust ward dem Wurm gegeben,
und der Cherub steht vor Gott.

Froh,
wie seine Sonnen fliegen
Durch des Himmels prächt'gen Plan,
Laufet, Brüder, eure Bahn,
Freudig, wie ein Held zum Siegen.

Seid umschlungen, Millionen!
Diesen Kuß der ganzen Welt!
Brüder, über'm Sternenzelt
Muß ein lieber Vater wohnen.
Ihr stürzt nieder, Millionen?
Ahnest du den Schöpfer, Welt?
Such' ihn über'm Sternenzelt!
Über Sternen muß er wohnen.
Image Portrait de Johan-Christoph-Friedrich von Schiller

jeudi 27 décembre 2012

Raymond RADIGUET... hier et aujourd'hui !

Génie précoce foudroyé à l’âge de vingt ans, en 1923 par une fièvre typhoïde, Raymond Radiguet a pourtant le privilège d’appartenir au Panthéon des Lettres françaises. Son premier roman lui assure la célébrité dès sa parution. Porté par un succès de scandale, Le Diable au corps ne doit pas faire oublier l’ensemble d’une production également remarquable : poèmes, pièces de théâtre, articles, essais, contes, nouvelles et romans - œuvre d’une vie tout entière vouée à la littérature. Tant son talent que sa personnalité lui ont valu l’estime et l’amitié de l’avant-garde artistique de l’époque : Max Jacob, Jean Cocteau, Joseph Kessel, Erik Satie, Francis Poulenc, Constantin Brancusi ou Pablo Picasso… (4ème de couverture de l’édition de ses œuvres complètes établie par Chloé Radiguet et Julien Cendres).

L’amant des statues

Mi-zèbre, mi femme, centaure,
O baigneuse au rebelle torse,
Que la rame au hasard découvre,
Puisque tu ne peux pas aimer
Marbre surgi bouillant des mers
Sache au moins, devançant le Louvre,
La docilité des statues.

Depuis que Zéphyr t’a battue
Rose, tu l’aimes davantage.
Onde, amour à tous les étages :
Seul manque le fouet de Xerxès
Que de leurs écumes d’amour
Baigneuses et mer remerciaient.

Ainsi, pour vibrer, le tambour
Attend d’être roué de coups ;
Et, se faisant prier, le cygne
Si nous voulons l’entendre exige
Qu’au moins on lui coupe le cou.

Sachez encore ce qui la tue :
Elle meurt comme toi, statue,
De ne connaître des vivants
Que leurs hommages décevants,
Et que des seuls feux du dehors
Puisse être illuminé son corps.

Accrochez des lampions aux arbres,
De leur fard colorant le marbre ;
Devant ce pourpre et faux émoi,
L’amant pâlit, verdit de joie.

Des roses à toutes les bouches,
Et des lampions à nos fenêtres,
Sur le port des soldats débouchent,
C’est à ne plus s’y reconnaître.
Ne pavoisons pas : car mon cœur

Saura prodiguer la lumière
Dont je souhaitais tout à l’heure
Que vous l’arborassiez première !

Raymond Radiguet Poèmes inédits Œuvres complètes Ed. Omnibus (07/2012) p. 149-150
Image : portrait de Raymond Radiguet par Jacques-Emile BLANCHE

vendredi 14 décembre 2012

DSK-DIALLO-USA : théocratie prostitutive...

L’authentique réalité de ce pays qui se voudrait le modèle participatif mondial, le chantre des libertés fondamentales, le champion toutes catégories des droits de l’homme, et l’exemple universel de démocratie, vient enfin d’être définitivement dévoilée à celles et ceux dont le regard était encore embrumé par les vapeurs de friteuse d’une bouffe rapide obésigène et les apesanteurs vaporeuses de boissons à la cocaïne.
Par les conclusions du procès de New-York, DSK-Diallo, les USA montrent que, là-bas, tout est permis, pourvu que l’on soit suffisamment riche pour s’affranchir.
Vol, viol, spoliation, atteinte aux mœurs… tout y est permis, à la condition de disposer de quelques milliers, centaines de milliers, voire millions de dollars pour se racheter une virginité.
Dieu, paraît-il, a donné son aval à la transaction ! C’est la « victime » qui, elle-même, l’a dit dans sa courte allocution de sortie de tribunal, invitant ce même Dieu à accorder son infinie clémence à toutes celles et ceux qui entendaient ses paroles (à la manière d’une bénédiction papale urbi et orbi). Resté religieusement silencieux, l’« agresseur » du Sofitel a sans doute pensé que ce Dieu-là valait bien son pesant d’or puisqu’il lui avait permis, après avoir exprimé une pulsion biblique (« croissez et multipliez »), libéré et soulagé ses bourses trop garnies (en même temps que celle de sa femme d’alors), de recouvrer une innocence dont personne (selon lui) n’aurait jamais dû douter.
Au caractère inique de cette sortie de procès (qui, dans le désordre psychique collectif de ce pays, rejoint la situation du camp de détention de Guantanamo si facilement oubliée par Obama, et la surpopulation noire des prisons fédérales et d’états), s’ajoute fort heureusement ( ?!?) pour les tenants des pouvoirs une prometteuse perspective de redressement des finances publiques internationales mises à mal par les banquiers de ces contrées où le lingot a remplacé la main de justice.
Ne pourrions-nous pas, en effet, à l’image de ces gens de derrière l’Atlantique, afin de pourrir davantage encore la planète, permettre à tous les fraudeurs, manipulateurs, harceleurs (d’Arcelor et d’ailleurs), à tous les criminels qui en ont les moyens, d’arroser copieusement l’Etat pour se refaire une santé morale et sociale ?
Plusieurs objectifs pourraient être ainsi atteints : éjaculation des pulsions sexuellopoliticoéconomicopathologiques par les individus classés trop facilement irresponsables donc pas coupables, redressement des finances publiques, élimination de la surpopulation pénitentiaire, mise en conformité avec les préceptes religieux toujours très enracinés dans notre société laïque selon lesquelles l’indulgence plénière divine peut (doit ?) s’acheter (saint Benoît ne prêchait-il pas, voilà plus de quinze siècles, qu’ « il faut qu’il y ait des pauvres, pour permettre aux riches de racheter leurs péchés ? ») Imiter en perversion les Etatsuniens, conforterait du même coup la notion chère aux militants du curé contre l’instituteur : les « racines chrétiennes » de l’Europe !
Allons donc, soyons raisonnables à la mode de New-York ! Pour assainir notre monde si malade, donnons enfin partout la possibilité, comme chez les dégustateurs de hamburgers, de racheter (?!?) par chèque leurs incivilités, leurs fautes, leurs meurtres… à ceux qui ne savent déjà plus derrière quelle frontière planquer leur argent.
Quant aux pauvres… c’est bien connu : qu’ils se débrouillent !
Qu’ils volent une pomme, un yaourt ou une pièce de viande dans un supermarché pour se nourrir ou nourrir une famille, ils seront définitivement condamnés pour faute éternelle, ineffaçable, inexpiable, impardonnable ! Parce qu’ils sont pauvres ! Eux seuls sont coupables, et indignes d'une vie sociale normale, puisqu’ils n’ont pas les moyens de faire passer leur casier judiciaire à la machine à laver d’une justice boursicoteuse.
En corollaire à ce constat, deux questions se posent.
La première : pour ceux qui nous gouvernent, la pauvreté ne serait-elle pas le pire crime, puisqu’elle est de nature à donner mauvaise conscience… aux riches ? (A condition toutefois que ceux-là aient… une conscience située ailleurs que dans la poche portefeuille ou… sous la ceinture !)
La deuxième : Payer pour un rapport sexuel n’est-il pas le fondement ( ?!?) de la prostitution ?
DSK- Diallo - Dieu de Wall Street - USA seraient-ils, ainsi, les fondateurs d’une nouvelle philosophie politique pleine d’avenir : la théocratie prostitutive ?
De par Dieu (et Obélix), apercevrions-nous là une voie de lumière dans les ténèbres actuelles ?
Observons, et… méditons !
Salut et Fraternité.